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Ecrit par Yann Charles |
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vendredi, 18 février 2022
ALTA ROSSA
https://www.facebook.com/altarossa/
Rencontre avec le groupe Alta Rossa qui nous présente « Void Of An
Era », son nouvel album. Un album noir, profond, qui dénonce les
défaillance de notre époque …
Salut. Pouvez-vous présenter le groupe Alta Rossa,
et forcément cette question, pourquoi ce nom ?
T : Alta Rossa, c’est Mathieu à la batterie, Dess à la basse,
Antoine au chant et Thomas et Jordan aux guitares. Le nom du groupe
renvoie à un état de conscience général. Une vision très pessimiste
qu’on a du monde tel qu’il est aujourd’hui, et tel qu’il sera
demain. C’est ce qui pourrait définir le nom du groupe Alta Rossa,
on a ce truc qui pend au-dessus de nos têtes, comme une sorte
d’alerte rouge.
Comment pouvez-vous définir réellement votre musique car sur le
dossier presse, on trouve un peu de tout : post metal, punk
hardcore, noise, black metal, bref beaucoup d'univers différents …
T : La définition du style nous importe peu, on a tous évolué
dans des univers distincts, avec des projets electro, black, indus,
death metal, punk HxC, post, etc. Toutes ces zones explorées
participent aujourd'hui à élaborer notre musique, mais la base reste
le metal dans sa diversité et c’est certainement pour cela qu’on se
retrouve souvent sous l’étiquette post-metal. Au-delà de ça, on
voulait avant tout réaliser quelque chose de sombre et d’efficace,
un ensemble très direct afin d’illustrer au mieux nos textes et nos
idées.
Vous venez de différents groupes, alors petite question, est ce
que vous faites avec Alta Rossa ce que vous ne pouvez pas faire
avec vos autres groupes ?
T : Doit y avoir de ça … Nos autres projets sont assez
différents de ce qu’on propose avec Alta Rossa. Mais c’est aussi et
surtout l’occasion pour nous de pouvoir jouer ensemble, sur une
esthétique nouvelle pour nous, et c’est ça qui nous a poussé à
monter le groupe, on avait tous envie de faire cette musique depuis
un moment.
Alta Rossa est une sorte de fenêtre de liberté musicale ?
T : Comme on l’a dit juste avant, c’est nouveau pour nous et
donc c’est forcément un moyen de prendre des libertés, avec ce
projet on ne se fixe pas de limites, toutes les influences sont les
bienvenues. On essaye de respecter les envies de chacun au sein du
groupe, en fusionnant tout ça on espère arriver à quelque chose de
singulier. On n'avait pas d’objectif particulier ou de groupe
référence. C’est en commençant à jouer tous ensemble qu’on a compris
ce qu’on pouvait faire avec Alta Rossa, mais tout cela reste ouvert
et c’est très important pour nous.
Pourquoi ce titre d'album, « Void Of An Era » ?
T : « Void Of An Era », c’est le vide de notre époque, une
époque où tout perd de sa consistance, notre façon de vivre évolue
si brutalement qu’on cherche malgré tout à combler ce vide, de plus
ou moins bonne manière, et on est tous concernés ! Évidemment on ne
peut pas s'empêcher d’y associer tout ce que l’on a vécu ces deux
dernières années. Ça renvoie à un état de conscience, une vision du
monde que l’on dépeint de façon sévère et sombre, à l’image de ce
qu’est la condition humaine. C’est ce qui pourrait définir le thème
de cet album.
Quels thèmes développez-vous sur cet album ?
T : On est plus sur un thème général avec « Void Of An Era »,
les défaillances d’une époque qui entraînent toute une civilisation
vers l’autodestruction, on va droit dans le mur, on le sait depuis
bien longtemps. Les preuves s’accumulent, mais on persiste. C’est à
la fois terrifiant, mais aussi très intéressant à décrypter, car on
est tous acteurs de ce qui passe quoi que l’on pense. Il y a
plusieurs façons d’aborder ce thème, c’est ce qu’illustre notre
musique.
Cet album a-t-il été composé et écrit pendant la pandémie ? Si
oui, cette période plutôt anxiogène vous conforte-t-elle encore
plus dans les problèmes et les thèmes que vous citez dedans ?
T : La pandémie ne fait pas vraiment partie du sujet, le
problème est bien plus large, et bien plus ancré dans nos vies, nous
avions commencé à composer l’album avant que toute cette merde
commence. Mais bien sûr, ce virus, au-delà de tuer des gens, aura
révélé un mal profond dans nos sociétés, c’est la planète entière
qui est impactée et ça ne peut que servir les propos abordés
aujourd’hui sur cet album.
Est-ce que cette pandémie a été un frein au plan
que vous aviez prévu pour la sortie de l'album ?
T : En effet, ça a pas mal ralenti les choses. Début 2021 tout
était prêt, on a du décaler la sortie de presque un an car ce n’est
que dans un second temps qu’on a trouvé notre label, Source Atone
Records, puis il a fallu attendre encore un peu avant de pouvoir
enfin sortir ce premier opus physiquement.
D'un autre côté, cette pandémie vous a-t-elle permis d'aller
encore plus loin musicalement que ce que vous aviez prévu au
départ pour cet album ?
T : L’approche à certainement été différente, surtout sur les
dernières semaines de préparation, il y a une urgence plus flagrante
que ce à quoi on s’attendait en composant cet album. On l'a tout de
suite ressenti en entrant en studio.
Vous a-t-elle permis de retravailler certains morceaux ?
T : Le travail des morceaux était déjà bien avancé avant
l'arrivée de cette pandémie, ça a certainement plus affecté notre
façon d'interpréter les morceaux que la composition elle-même.
Comment vous avez travaillé ? Vous avez pu bosser ensemble, ou
bien à distance ?
T : Ça n’a pas toujours été simple d’aller en répétition,
impossible de se voir, impossible d’échanger ailleurs que sur les
réseaux, alors même qu’on était en train de finaliser la
composition, avec plein de choses à essayer et à mettre en place
avant d’aller en studio. On a joué l’efficacité, avec le peu de
temps qui nous était imparti. On a vu ça comme un défi, qu’on a pris
plaisir à relever !
Les morceaux que vous vous étiez envoyés ont-ils été conservés en
l'état en studio, ou le fait de les jouer ensemble a fait que vous
en avez retravaillé voir réécrit certains ?
T : On finalise toujours nos morceaux tous ensemble, dans notre
local de répète. C’est important pour nous de pouvoir faire ça
ensemble, même si les occasions étaient moindres, on a réussi à
faire le travail nécessaire pour arriver à ce qu’on voulait avant
d’entrer en studio.
On peut parler de cette cover très anxiogène aussi. Est-ce votre
idée ?
T : L’illustration qu’on retrouve sur la couverture est l'œuvre
de Kirill Semenov, un artiste russe qu’on a découvert sur internet.
Il fait un travail remarquable, on a souhaité utiliser deux de ses
illustrations pour mettre en image ce premier album. On est entré en
contact puis on lui a passé commande. Son univers colle parfaitement
à l’image qu’on veut renvoyer avec « Void Of An Era », comme tu le
dis c’est anxiogène, le but étant de retranscrire ce malaise pesant,
autant à travers notre musique que les images qui l'accompagnent .
On a des questions rituelles pour finir les interviews.
Pouvez-vous définir le groupe en deux ou trois mots ?
T : Vite … la fin du monde !
Et dernière question: Quel est le dernier morceau ou le dernier
album que vous avez écouté ?
T : DVNE : « Etemen Aenka, Gravpel - Power To The Filthy
Masses », LLNN : « Unmaker » et VUKARI : « Omnes Nihil ». Tous
ces albums tournent en boucle depuis leur sortie.
Merci pour cette interview
T : Merci à toi.
Propos recueillis par Yann Charles
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