|
|
|
|
|
BLUES-SUR-SEINE : LA NUIT DU BLUES à MANTES-LA-VILLE (78)
|
|
|
|
|
Ecrit par Fred Delforge |
|
|
dimanche, 21 novembre 2021
LA NUIT DU BLUES – BLUES SUR SEINE
RONAN ONE MAN BAND – THOMAD DOUCET & THE G LIGHTS –
LOWLAND BROTHERS
SALLE JACQUES BREL – MANTES LA VILLE (78)
Le 20 novembre 2021
https://ronanonemanband.wixsite.com/ronan-omb
https://thomasdoucet.com
https://www.facebook.com/lowlandbrothers/
https://www.blues-sur-seine.com
C’est en pleine cinquième vague de la pandémie que se tient cette
22ème Edition de Blues sur Seine et si une chose est certaine, c’est
que ce grand rendez-vous de l’ouest francilien fait les frais de
cette psychose qui s’installe une fois encore sur le pays. On a
droit à une fréquentation en berne malgré une affiche des plus
alléchantes, bien plus teintée blues qu’à son habitude, et pourtant
le cocktail trouille plus pass sanitaire fait une fois encore des
siennes et c’est une Salle Jacques Brel très loin de sa jauge
maximale qui va accueillir cette nuit du blues pourtant très
réussie. Au moins ne nous sera-t-il pas reproché de ne pas respecter
les gestes barrières au niveau de la distanciation physique !
C’est un peu avant 20 heures que la soirée commence avec Ronan, en
version One Man Band pour deux titres d’abord, le fameux « Soldier »
de Calvin Russell et le « Death Letter Blues » de Son House, puis en
trio avec l’inénarrable Marko Balland aux harmonicas et le non moins
charismatique Pascal Blanc à la basse. La complicité est bien en
place et après deux soirées marathon passées ensemble sur scène, le
trio se montre sous son meilleur jour et pose sans se faire prier de
superbes banderilles dans le dos d’un public qui, lentement mais
surement, va venir au contact des trois hommes et établir une
véritable relation avec eux. La grosse voix bien éraillée de Ronan
fait des merveilles et le groove imposé par Pascal n’en finit plus
de faire mouche, le tout habilement soutenu par des guitares
toujours très rugueuses et par un jeu d’harmonica qui allume l’une
après l’autre des étincelles sur le plafond d’une salle qui marche
de plus en plus facilement dans la direction indiquée par cette
formation séduisante dont le leader, ce n’est pas rien, avait été se
produire en finale de l’International Blues Challenge à Memphis en
2019. Blues-sur-Seine applaudit comme il se doit mais en garde
toutefois un peu sous la pédale car la soirée est loin d’être
terminée …
Cruel dilemme que cette soirée avec d’un côté les Bleus d’Antoine
Dupond qui défient les Blacks au Stade de France et de l’autre
Thomas Doucet & The G Lights qui viennent baigner la Salle
Jacques Brel de leur cocktail de soul à la mode de chez Stax … Qu’à
cela ne tienne, on préfère de loin cette musique savoureuse que nous
avions pu apprécier sur ses terres en janvier 2020, juste avant le
premier confinement, lorsque le groupe avait lui aussi fait ses
preuves à l’International Blues Challenge. « Make Love Great Again !
», telle est la devise d’une formation qui n’en finit plus d’avancer
à grand pas vers le Graal avec une musique caviar qui marche dans
les pas d’Al Green, de Booker T & The M.G.’s et bien entendu
d’Otis Redding dont les G Ligths livreront ce soir encore une
version profonde et forte de l’immense « I’ve Been Loving You So
Long », celle-là même qui nous avait mis les poils au Club 152 sur
Beale Street. Arborant fièrement le logo de Black Lives Matter,
Thomas vit pleinement cette soul qui l’imprègne depuis des années,
laissant sa voix porter son âme bleue, décochant quelques belles
flèches de saxophone et s’appuyant sur un groupe solide et soudé
avec Maxime à la basse, François aux claviers, Bruno à la batterie
et Dimitri au son. Et quand tout ce joli monde se met à jouer debout
au beau milieu de la scène, c’est tout un pan de l’histoire de
Soulsville qui se présente à une salle qui cette fois exulte !
La Nouvelle Zélande est menée 24 à 6 à la mi-temps mais on ne
regrette pas pour autant d’être venu à Blues-sur-Seine puisque
l’événement est lui aussi de taille et que la fin de la soirée va
elle aussi être formidable avec une formation que l’on ne finit plus
de retrouver cette année, les fameux Lowland Brothers du non moins
fameux Nico Duportal ! S’acoquinant avec une partie du gratin de la
scène nantaise, et on sait à quel point elle est riche, le chanteur
et guitariste parisien qui vit aujourd’hui près de Dunkerque revient
en grande pompe avec ce projet particulièrement abouti qui
transporte le public du côté de la soul bien entendu, mais aussi du
blues et du rock, le tout dans une ambiance du tonnerre et avec une
musicalité de tous les instants. Hugo Deviers à la guitare et aux
percussions, Damien Cornélis aux claviers, Max Genouel à la basse et
Fabrice Bessouat à la batterie, il n’en faut pas plus pour que les
choses se passent de commentaires et c’est la fleur au fusil que les
Lowland Brothers déroulent un set superbement rodé et porté de main
de maître par un Nico aussi brillant à la guitare que séduisant au
chant. Dévoilant quelques morceaux de son prochain album, le groupe
entretient le mystère mais se lâche totalement durant un set
construit avec un mélange d’élégance, de musicalité et d’efficacité.
Le public ne s’y trompe pas et finit de passer une superbe soirée en
très bonne compagnie. Comme on le dit souvent, les absents ont eu
tort car il n’est pas fréquent d’avoir un tel plateau dans le
Mantois !
Cette Nuit du Blues aura tenu toutes ses promesses, sauf peut-être
celle de fédérer les foules, mais ça c’est une autre histoire. Il
reste regrettable de constater qu’en vingt-deux éditions, le public
n’a toujours pas réussi à se mobiliser derrière un concept tel que
celui de Blues sur Seine qui mérite pourtant d’être soutenu et
respecté. Comme on le dit souvent, nul n’est prophète en son pays et
si le festival a été le premier en France à être récompensé
mondialement en recevant un Keeping The Blues Alive Award à Memphis
en 2008, il reste malheureusement le parent pauvre d’un territoire
qui ne daigne le suivre que quand il met à son affiche de grosses
vedettes dont la musique est parfois assez loin de son fonds de
commerce … Bravo à toute cette belle équipe et à ses bénévoles pour
tant d’années de dévouement. Blues sur Seine continue jusqu’au 27
novembre alors n’hésitez pas, plus que jamais le festival a besoin
de vous
!
Fred Delforge – novembre 2021
|
|
|
|