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Ecrit par Yann Charles |
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samedi, 13 novembre 2021
DESTINITY
https://www.destinityofficial.com
Rencontre avec Mick Caesare, chanteur du groupe Destinity, qui nous
revient avec un excellent album, « In Continuum ». Après une longue
pause, ils sont de retour en 2021 pour nous offrir un pur produit
Melodic Death Metal. En attendant de retrouver sur scène un des
groupes pionniers du style en France, ils étaient en promotion au
Black Dog à Paris. Un très bon moment …
Salut Mick, peux-tu nous présenter le groupe, son
histoire, et pourquoi ce nom Destinity ?
On a créé Destinity quand on était gosses. Ça commence à dater.
En 1996, j'ai créé ce groupe avec Stéphan et Florent Barboni,
respectivement guitariste et batteur. Au début, on était plus Death,
Black symphonique, et le gros virage a été en 2005 avec « Synthetic
Existence », un album un peu charnière où on a été plus dans le
Death Metal en incluant des choses un peu plus mélodiques. Et petit
à petit, on a évolué gentiment vers un Death Mélodique, voir un
Trash Death très scandinave même à une époque, pour arriver à cet
album, « In Continuum », qui lui est purement Melodic Death Metal.
C'est assumé. On n'a pas mal évolué. Ça s'est fait tout à fait
naturellement. Après pour d'autres détails, énormément de tournées,
concerts, jusqu'à un hiatus après 5 ou 6 ans et ensuite, et puis
nous voilà. Tout neuf et je pense bien meilleur musicalement, et
dans nos têtes. Ça va quoi ! (Rires)
Comment définir votre musique : on peut dire Death Metal
mélodique, mais avec beaucoup de guitares, de solos de guitares,
ce qui n'est pas très courant dans ce style ?
Oui, c'est vrai. On a toujours attaché beaucoup d'importance aux
lignes de lead, de mélodies, et même des solos de guitare. Ça vient
aussi de Seb, notre guitariste, qui a une grosse culture Rock. Et
c'est rare d'entendre des gros morceaux de Rock sans solos de
guitare. Donc ça vient de là aussi, c'est notre culture de base.
Mais on a choisi de mettre des solos s'ils ont quelque chose à
apporter au morceau. Sinon, on n'en met pas. On ne va pas faire des
solos pour faire des solos tu vois. Sur une chanson, je pensais
qu'il y en avait limite trop. Mais au final non. Car tout ce
qu'apporte Seb avec ses petites touches est totalement cohérent avec
le morceau. On n'a pas de règle. On ne s'est pas fixé un quota en se
disant "c'est un solo et pas plus". Il faut vraiment que ça apporte
au morceau. C'est ce qu'on a essayé de faire sur cet album.
Cet album est une évolution du groupe ou c'est juste pour cet
album ?
Non, comme je te disais, c'est une évolution logique. On a
complètement assumé le fait de faire du Melodic Metal depuis 2012.
Par contre, je pense qu'on va un peu plus loin avec cet album. On a
trouvé notre voie. On a essayé d'autres sonorités. Parfois, on se
rapproche du Post Metal voir du Black Metal par moments. C'est parce
qu'on ne s'est rien interdit et que ça colle dans le concept de cet
album. Ce sont des courants qui se rapprochent de notre style Death
Melo.
C'est pour ça le titre « In Continuum » ?
« In Continuum » est lié à la thématique qui parle du temps.
Mais évidemment, il y a un clin d'œil à notre retour.
Quels thèmes vous abordez sur cet album ?
Ce sont des thématiques liées au temps qui passe. On avait envie
de parler de nous. De nos peurs, de nos regrets … On aborde plein de
sujets à des moments bien différents dans le temps, à un instant T.
Il y a le futur, le passé, on aborde un peu tous ces sujets-là. J'ai
proposé ça aux gars. Je me suis dit que c'était mieux de parler de
nous, de parler des gens qu'on a perdus. Et puis cela collé
parfaitement avec notre retour. Voilà, c'est de là qu'est partie
l'idée, même si je ne parle pas de concept album. Et tout le monde a
vraiment adoré cette idée. Et on en est arrivé à cet album et à ce
nom, « In Continuum », qui paraît très logique.
L'album était-il déjà écrit avant cette pandémie ?
On avait déjà quelques titres. On avait attaqué déjà. Mais on
l'a fait pendant la pandémie. Et on a enregistré en octobre,
novembre et décembre de l'année dernière.
La pandémie vous a-t-elle influencé pour réécrire des textes ou
bien retravailler des compos, des riffs ou autres ?
Je ne pense pas que cela ait eu un impact sur la composition,
mais je pense que cela a eu un gros impact sur tout ce qu'il y a à
côté. On a pris notre temps pour arranger, fignoler, faire les
choses correctement. Et je pense que c'est là-dessus que ça a changé
beaucoup de choses. Quand on était chez Lifeforce Records, c'était
un bon label, un bon réseau, honnêtement, ils vendaient bien, ils
faisaient une bonne promo, mais tout était précipité. Et c'est le
regret que je pourrais avoir par rapport au passé. Là, on a mis les
petits plats dans les grands. On a pris le temps en sortant single
par single qui ont été bien travaillés correctement. Donc, la
dynamique n'est pas du tout la même sur le départ de la promo.
La pandémie vous a fait travailler différemment. C'est quelque
chose que vous allez adopter ?
Oui. Je pense que sur les prises de son, on continuera comme on
a fait. Je ne sais pas si on continuera à mixer et masteriser chez
Jonas Kjellgren en Suède, mais maintenant, on est équipé. Ça fait
des années que l'on fait de la MAO. Mais là, on a rentré du très bon
matériel. J'ai beaucoup écouté les conseils de Jonas et on a investi
dans vraiment du très bon matos. C'est un investissement, mais
maintenant on peut pinailler sur des détails. Chose qu'on ne pouvait
pas faire en studio, surtout pour un chanteur. Car le planning est
toujours en retard, et c'est toujours sur le chanteur qu'on se
rattrape. Et ça, moi, j'en avais marre. Maintenant, on enregistre et
on envoie toutes les prises brutes, et lui, il bosse avec tout ça.
Pourquoi avoir choisi le Black Lounge Studio et Jonas Kjellgren ?
C'était pour apporter une nouvelle sonorité au groupe ? Plus de
poids dans la musique ou une swedish touch à votre son ?
Tu sais, les quatre albums précédents on les a enregistrés au
Hansen Studio au Danemark, donc en termes de sons scandinaves, on
est bien dedans. Mais surtout, on a adoré certaines productions que
Jonas a sorti dernièrement, et on cherchait un son plus organique
pour justement mettre en valeur tous les petits détails dans notre
musique comme les parties acoustiques par exemple. On voulait
quelque chose de chaud. Et je ne regrette absolument pas. On s'est
mis en danger, on a pris des risques. Mais c'était l'album où on a
changé certains process et c'était, je pense, une bonne idée.
C'est ce vers quoi vous tendez pour l'avenir ?
C'est un peu trop tôt pour en parler. Mais ce qui est sûr, c'est
qu'on a adoré travailler avec lui. Et pour cet album ça allait
vraiment bien. Avec toutes ces ambiances, ces différents tempos. Et
on recherchait un son de batterie plus acoustique. On est entré en
studio à côté de chez nous. On est allé chez notre ingé son live qui
a un super studio et on a fait tous les sons des batteries chez lui.
On a fait un truc avec énormément de micros pour éviter d'avoir le
même son que tout le monde. Et ensuite on a tout envoyé à Jonas. Je
pense qu'on a réussi notre pari d'avoir un son organique et
acoustique.
Cet album a été composé pour la scène ou pas
spécialement ?
Oui. Je pense comme beaucoup de groupes inconsciemment, on
réfléchit ou on compose pour la scène. Il y a deux sortes de
musiciens : celui qui fait un album pour tourner et un musicien qui
tourne pour vendre son album. Et moi, je fais un album pour tourner,
tu vois (Rires). Je kiffe ça. Nous, on essaie de faire un
morceau comme il doit être. Si c'est un morceau qui ne doit être que
sur le CD, on ne le jouera pas sur scène. Donc, on ne cherche pas
spécialement la compo pour la scène, mais si ça colle, tant mieux.
Mais on ne va pas modifier un titre pour qu'il puisse passer pour
être joué en live.
Pourquoi cette pause, on va dire entre 2012 et 2018, un manque
d'inspirations, un ras-le-bol ?
Non non. Après la tournée de 2013 où on a vraiment énormément
tourné, on s'est un peu pris le bec et moi je suis parti. Ils ont
essayé de continuer, mais ça ne l'a pas fait. Et pas trop longtemps
après, on s'est remis à se parler. On s'était pris la tête. Mais
bon, on se connaît depuis qu'on est gosses. Et c'est comme une
famille. Ça clashe car on est tous un peu des grandes gueules. Mais
j'ai toujours su que ça allait se refaire, que ce n'était qu'une
question de temps. Et voilà, ensuite on a recommencé ...
Qu'est-ce qui a fait que vous vous êtes dit "allez maintenant on
remet ça" ?
On a eu une réunion. On s'est dit tout ce qui n'allait pas, et
une fois qu'on a tout étalé sur une table, ça allait mieux pour tout
le monde, ça s'est vite décidé !!
Maintenant qu'on va enfin, j'espère, pouvoir retourner sur les
scènes, vous languissiez de vous retrouver devant votre public ?
Vous avez appréhendé ça comment ?
Oui. On a appréhendé, mais on a passé le baptême du feu au
Furios Fest et c'était absolument génial. On était un peu tendu. Et
moi, je n'ai jamais connu une pause aussi longue. Les dernières
années, je tapais dans les trente ou quarante concerts dans l'année,
donc c'est vrai que j'appréhendais un peu. Émotionnellement, c'était
très très fort. Les gens étaient super contents d'être là. C'était
un moment un peu privilégié. Tu sais, j'ai dû faire à peu près sept
cents dates, mais celle-là je m'en rappellerais longtemps, car elle
a une saveur spéciale. C'est un peu comme si tu avais été privé d'un
truc, c'est un peu ça d'ailleurs, et que d'un coup, on te le
redonne. Et les gens aussi attendaient ça. C'était vraiment un
moment spécial. Difficile à décrire, mais c'était très très fort.
Bon, ensuite, on a quelques dates d'ici à la fin de l'année, mais on
réattaque doucement. On a joué aussi le jour de la release party,
dans notre ville natale, donc c'était blindé et c'était une grosse
fiesta. Grand moment là aussi. Ensuite, on va enchaîner avec
Loudblast et Dagoba au Lezard'Os fest le 18 novembre, le 19 en
Allemagne, et après ça va commencer à s'intensifier à partir de
début janvier 2022 jusqu'aux festivals d'été avant la tournée
européenne l'automne prochain !
C'est bon quand même !!
Ah oui. J'ai hâte de remettre mes fesses dans un tour bus et de
partir sur les routes. Moi, c'est vraiment ça qui m'a manqué.
En 1996, votre force était d'aller toujours vers l'avant, c'est
la même chose maintenant, ou avec l'âge et la maturité, vous vous
dites "posons-nous et travaillons autrement" ?
Non. On est toujours avec cette même envie. Sauf que maintenant,
on se rajoute l'adage de faire bien. On est un peu plus posés. Et on
est dans le décor Metal depuis un moment maintenant. On a beaucoup
tourné et on a appris énormément. On a mûri et on connaît aussi pas
mal les rouages. Donc, du coup, on fait les choses bien, sans
prétention, et c'est super cool de voir que les fans suivent et
qu'on écoute nos albums. C'est la base. Honnêtement, on prend
beaucoup de plaisir à voir et lire les messages des fans un peu
partout sur la planète, qui nous attendent, et ça nous touche
beaucoup. On a mis notre âme dans cet album et ça fait plaisir de
voir que les gens écoutent, te détaillent des passages.
Questions rituelles pour terminer : peux-tu définir le groupe en
deux ou trois mots ?
En trois mots ? Je dirais Melodic Death Metal. Oui, je sais,
c'est facile. Plus sérieusement pour le groupe, les gars, je dirais
passionné, amour du Metal et copains.
Quel est le dernier morceau ou le dernier album que tu as écouté
?
Le tout dernier ? Alors c'est le dernier Amenra. Je suis en
pleine découverte de ce groupe.
Ils étaient en concert acoustique il y a quelques jours à Paris.
Ah mince, j'étais en vacances, si j'avais su, je serais venu. Ça
devait être génial.
Merci pour cette interview.
Merci à toi. C'était cool.
Propos recueillis par Yann Charles
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