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Ecrit par Yann Charles |
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lundi, 08 novembre 2021
6:33
https://www.facebook.com/6h33official
Rencontre avec les membres du groupe 6:33 qui nous présentent leur
nouvel album « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome ». Plus
qu'un album, c'est une plongée dans leur univers de furax dans
lequel ils nous entraînent … Sans trop de résistance il faut bien
l'avouer. Un grand moment au Hard Rock Café à Paris ...
Salut les gars. Bon, je me débarrasse tout de suite
de la question con, je connaissais « 3h10 pour Yuma », mais 6h33
c'est quelle destination ?
N : (Rires) Bon, il faut aller se coucher là ...
Bon, plus sérieusement, pour les petits jeunes qui vous
découvrent qui êtes-vous, pourquoi ce nom ?
N : Alors, nous sommes le groupe 6:33, ou 6 h 33 ou Six Thirty
Three si tu veux te la péter en Anglais en cour de récré ! Et on
fait du rock, metal, prog, nawak, fusion.
Il y a six ou sept ans que vous n'aviez plus sorti d'albums, que
s'est-il donc passé ?
M : Non, ça fait cinq ans.
N : Heu, dernier album janvier 2015. Donc ça fait six ans.
M : Hum, ça me chagrine ce que tu me dis là. Mais au moins, ça ne
fait pas sept ! (Rires)
N : Ben sinon que s'est-il passé ? Ben la vie déjà. On a pas mal
tourné avec l'album « Deadly Scenes » justement. Et au moment où on
s'est dit qu'on allait composer, nos vies ont un petit peu changé.
Manu a déménagé, j'ai eu un enfant, et un enfant quand tu veux faire
de la musique, ça fait un peu chier (Rires) ! Je l'aime,
mais pour la musique ... Du coup, tout cela nous a pas mal retardé
sur les nouvelles compos. On a mis quatre ans à peu près. Et puis il
y a eu une pandémie également. Et les gens n'y pensent pas assez (Rires).
Une pandémie pour écrire et faire des albums, c'est compliqué.
Surtout quand tu dois te réunir, ou faire venir un musicien chez
toi.
Et là vous revenez avec un nouvel album, je ne vais même pas dire
un ovni, puisque plein de gens l'appellent déjà comme ça dans
leurs chroniques. Mais même vous, êtes-vous capable de le décrire
musicalement ?
M : Je dirais Nawak, mais étant donné que c'est toi qui l’as
composé, t'es le mieux placé pour en parler.
N : La démarche par rapport aux albums précédents n'a pas changé. Ce
qui a changé, c'est qu'on a mis plus de temps, qu'on a plus
d'expérience et que ça nous a permis de partir un peu plus loin,
dans toutes les directions. Mais ce n'est pas un album qui a été
pensé pour de la musique conceptualisée. C'est fait de plein de
toutes petites expériences musicales qui des fois fonctionnent et
d'autres fois non.
M : Je trouve qu'il y a quand même un petit fil rouge, c'est ce côté
Madeleine de Proust. On a voulu expérimenter des choses qu'on aimait
bien écouter dans les années 80 et 90. On a récupéré des vieilles
boîtes à rythmes, des vieux synthés ... On avait quand même cette
envie un peu particulière sur cet album.
Funk, disco, un peu de rock indus, bref un peu nostalgique de ces
années-là ?
N : Ah, moi, complètement.
M : C'est vrai qu'en fait, c'est un album de vieux. (Rires)
On peut parler de metal théâtral, d'univers déjanté ?
N : Ça par contre, ça a toujours été. On a toujours aimé ce côté
théâtral et je trouve que cet album est un peu plus coloré, plus
joyeux. Visuellement, il est tourné vers cette période Pop Culture
année 80.
Nostalgie d'une époque où on pouvait se lâcher plus facilement ?
Maintenant, tout a l'air tellement stéréotypé, cadré, même encadré
…
N : En musique, c'était une période de découvertes où les gens
osaient. Il y a plein d'albums géniaux qui viennent de cette
période-là. Et pour notre génération, c'est une période qui nous
touche plus particulièrement.
Mais d'où vous sont venus ces idées loufoques, comme les vers
loufoques du premier titre, c'est bien trouvé cette question non ?
N : (Rires) oui, tu as bien fait (Rires). Du
coup, je suis dans la merde (Rires).
M : J'ai des pistes si tu veux. Et en plus, comme il n'est pas là,
on peut en parler. Je pense qu'il y a un petit côté autobiographique
du petit gars de la campagne (Flow NDLR) qui vient à la
ville pour faire de la musique. Et qui va repartir à la campagne
ensuite (Rires). Et les petits vers, il suffit de parler
avec cette personne pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas loin du
tout. Et je pense qu'il vit avec depuis un bout de temps. (Rires)
Dans l'inspiration, on trouve de tout : références
cinématographiques, BD, Jeux vidéo, références littéraires,
références disco, bref, vous avez fait un mix de tout ça ?
N : Au niveau de la musique, on n'a pas réfléchi comme ça. C'est
vrai que quand Flo écrit ces textes, il aime bien mettre des petits
"easter eggs" à droite à gauche, ça le fait marrer. Des fois, il
vient nous voir pour nous dire qu'il a placé une phrase de «
Futurama ». Et là, il est content. Du coup, oui, on peut
parler de références à tout ça, mais dans l'écriture du texte.
Dans quel univers vous nous entraînez cette fois-ci ?
N : On va dans un immense dôme, une mégapole à la « Blade Runner
» ou à la « Sin City », colorée, joyeuse et malfamée dans certains
quartiers. Tripadvisor 3.0
Vous allez transposer tout ça sur scène ?
N : Mais pas du tout (Rires).
C : Oui, oui. Avec pas mal de jeux de lumières au final. Beaucoup
d'effets, des néons, des miroirs. En tant que batteur du groupe, je
vais essayer d'habiller la grosse caisse. Et il y aura une boule
disco !
N : Et plus tard, on aura un écran. Mais plus tard. Je n'ai pas
envie qu'on fasse la même erreur que pour « Deadly Scenes » où on a
attendu d'avoir tout le matériel pour tourner. Là, on va tourner, on
va faire des concerts, et l'écran reviendra quand tout sera vraiment
prêt.
Vous finirez le concert comme le dernier morceau sur l'album.
C'est très "CUT" quand même ?
N : C'est vrai que tout le monde m'en parle de cette fin. Mais,
en fait, on voulait sous-entendre que l'histoire n'était pas finie.
Et quand j'explique ça, on me dit que c'est réussi ! Des amis m'ont
appelé pour me dire qu'il y a eu un souci dans l'export des fichiers
audio, car il manque la fin du dernier morceau. Non non, c'est
normal ! (Rires)
Comment avez-vous travaillé pour cet album ?
M : Les premiers enregistrements étaient en 2017. Ensuite, on a
eu des périodes d'activité et de pauses. Certes une période de pause
plus longue que d'autres. Sinon, au niveau du process, ça n'a pas
vraiment changé. C'est Nico qui s'enferme dans sa chambre et qui
pond des tubes. Et une fois que le tube est prêt, on le polit. Je
lui envoie les démos, et on se fait une sorte de ping-pong en se
disant "qu'est-ce que tu en penses si on fait ça ou ça". Et il
découvre le morceau qui se construit. Et du coup, il a cette oreille
neuve et il a assez de recul pour me dire que c'est une bonne idée,
ou que ça ne s'enchaîne pas bien, et à cause, ou grâce à ce système,
il y a beaucoup de morceaux pour lesquels on a fait marche arrière.
Et puis on ré-avance. On a fonctionné comme ça.
Et les textes viennent après ?
M : Oui toujours. Il y a des lignes de chant qui rentrent en
compte, mais les textes définitifs arrivent à la fin. Et il est doué
pour ça car il arrive à prendre les espèces de yaourts qu'on fait et
il arrive à y mettre une histoire. Alors que ça pourrait être casse
gueule.
L'album sort maintenant, mais vous l'aviez prévu
avant la pandémie, ou bien, vous êtes bien dans votre plan ?
N : Pour être tout à fait honnête, je voulais absolument le
sortir en mai de cette année. C'était pour dire, l'album est fini,
enfin. Et tout le monde m'a dit que c'était une très mauvaise idée
car il y avait encore la pandémie. Et le marché ne s'est pas encore
remis de ça donc ce n'était pas une bonne idée. Et avec le recul,
heureusement qu'on l'a sorti à la rentrée ! Mais j'avais du mal à me
dire qu'il fallait encore attendre quatre mois, c'était compliqué.
M : Si on regarde un peu l'historique du groupe, on s'est souvent
distingués par nos erreurs de timing (Rires). C'est
difficile quand tu as fini un truc de ne pas le sortir tout de
suite, car tu as envie de le faire découvrir à tout le monde. Et
donc, des fois, il faut savoir prendre son mal en patience et savoir
attendre. Et je pense qu'on s'est beaucoup planté à ce niveau-là
avant. Peut-être des erreurs de jeunesse. Il y a des choses qui
auraient pu être faites autrement.
C'est la maturité ça non ?
N : Ben disons que quand tu as marché trois fois dans la crotte,
tu te dis que ça pue un peu et donc tu fais gaffe la quatrième fois
(Rires).
La pandémie justement, vous en avez profité pour peaufiner
l'album ou bien tout était déjà en boîte ?
N : On a fini l'enregistrement pendant la pandémie. Je sais que
quand j'ai dû enregistrer toutes mes guitares et mes parties de
chant, la pandémie, je l'ai remerciée. Sinon, j'y serais peut-être
encore (Rires).
M : C'est vrai que ça nous a permis de mettre un énorme coup de
collier. C'est vrai qu'on avait une To Do List angoissante pour cet
album quand tu regardais la quantité de choses qui restaient à
faire. Et ça a permis d'accélérer les choses. Je me rappelle quand
même, et ça nous a fait mal au cœur sur le coup, mais c'était bien
de l'avoir fait, mais cet album s'est tellement étiré dans son
enregistrement, qu'on a enregistré et mixé deux fois deux ou trois
morceaux. Tout a changé sur ces morceaux, à part le chant, car le
standard de l'album avait évolué.
N : C'est dur de remixer des morceaux que tu as déjà travaillé et
mixé. Mais sur quatre ans, tu n'es plus forcément d'accord avec ce
que tu as fait il y a deux ans et demi.
Ça remonte à loin, mais quelles sont les évolutions musicales, ou
les changements dans les inspirations depuis les premiers albums ?
N : Je n'ai pas la sensation qu'on ait beaucoup changé. Est-ce
qu'on ne s'est pas un petit peu assagi ? La différence qu'il y a
avec le premier album, c'est que par rapport à aujourd'hui, on
courrait dans tous les sens. Et on avait aussi ce côté petit con où
on faisait des choix au niveau de la musique pour choquer. Et
aujourd'hui, ce n'est plus du tout le cas. On fait ce que l'on a
envie de faire, mais c'est plus calculé, plus maîtrisé. Ça part
moins dans tous les sens. Comme un petit chien fou qui court partout
après sa balle.
M : Au niveau de l'instrumentation, si on regarde depuis le premier
album, on voit mieux les rôles de chacun qui se développent. Et ça,
c'est fort de la part de Nico, car il joue de la guitare, mais c'est
lui qui compose aussi. Et au fur et à mesure on voit que le rôle de
la guitare se transforme car par rapport au côté très riffs des
premiers albums où les synthés venaient derrière, cette fois il y a
une ouverture au niveau des sons.
N : C'est vrai que je suis le seul guitariste qui doit être assez
con pour ne pas privilégier son instrument (Rires).
On passe aux questions rituelles pour terminer : pouvez-vous
décrire le groupe en deux ou trois mots ?
C : Créatif.
N : Imagé.
M : Tardif (Rires)
Quel est le dernier morceau ou le dernier album que vous avez
écouté ?
C : Seth, groupe de metal français.
N : La BO de « Squid Game », la série de Netflix.
M : « Concerto pour violon » de Daniel Hoffman, car c'est hors du
registre de la musique de film et c'est vraiment un album
complètement dingue.
Merci à vous les gars.
Merci à toi.
Propos recueillis par Yann Charles
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