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Ecrit par Yann Charles |
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vendredi, 22 octobre 2021
FISHING WITH GUNS
https://www.facebook.com/fishingwithgunsband
Une rencontre avec Guillaume Selleck, bassiste d'un combo au nom
étrange, Fishing With Guns. Il va nous faire découvrir le groupe
bien sûr, et leur tout dernier EP, « Under The Silver Lake », sorti
en septembre. Un très bon moment et un groupe à découvrir sur album,
mais surtout sur scène !
Peux-tu nous présenter le groupe et la question
qu'on vous pose tout le temps, pourquoi ce nom, Fishing With Guns
?
C'est un groupe qui existe depuis 2005 avec des line up qui ont
évolué, et aujourd'hui il y a Christophe, John Bouif et moi,
Guillaume, qui sommes du line up d'origine. On a fait quelques
albums que l'on peut retrouver sur différentes plateformes.
Initialement, on avait des influences plutôt hardcore et rock’n’roll
qu'on voulait absolument mixer. Et depuis l'arrivée de Mickey à la
guitare et Fred à la batterie, qui sont venus avec des influences
plus metal moderne, on ajoute un peu plus d'agressivité dans les
compos. Et ça nous va bien. Ça nous permet d'évoluer par rapport à
ce que l'on faisait avant. Et alors pourquoi Fishing With Guns ?
C'est une idée du premier chanteur. C'est une réplique qu'il avait
entendue dans un film, et ça nous va bien. C'est comme écraser une
mouche avec une bombe atomique. C'est l'idée d'un côté un petit peu
violent et agressif, mais avec pas mal de dérision en gardant un
recul et surtout envie de se faire plaisir et de se marrer. Ça
soulignait bien les deux composantes que l'on voulait faire
ressortir.
J'adore votre présentation : "Avec la délicatesse d'un pachyderme
dans ton salon". Bon, avec ça le ton est donné.
C'est ça. On ne veut pas se prendre la tête. On fait de la
musique depuis un paquet d'années. Certes, on n'envisage pas de
vivre avec ça, mais on fait ça sérieusement pour faire plaisir aux
autres, et à nous également. On aime garder ce côté dérision, car
pour nous, la musique, surtout avec du public, c'est avant tout se
faire plaisir.
Pourquoi un EP ? Avec la pandémie vous n'auriez pas eu la
possibilité d'aller jusqu'à faire un album ?
On aurait pu. Mais on voulait marquer le coup avec l'arrivée de
Fred et Mickey. Et puis on se disait que ce foutu Covid allait
s'arrêter assez rapidement. Donc l'EP correspondait à ce que l'on
avait en banque et on voulait vraiment le coucher sur une galette.
Et l'idée d'attendre encore quelques mois alors que c'était
tellement incertain a fait que dès que l'on a eu une fenêtre de tir,
on s'est dit "Go, on y va !". On a vu notre ami Francis Caste et
cela s'est fait assez rapidement.
Vous aviez déjà la matière, ce ne sont pas les nouveaux arrivants
qui vous ont amenés de nouvelles compos ?
Non, on avait de quoi faire. Mais Mickey a beaucoup emmené de
nouveaux riffs et quelques compos. Sur les albums précédents,
c'était plus collégial. Là, il avait des idées assez précises. Du
coup, ça a été une autre façon de composer et de travailler qui a
été assez sympa aussi. On a quand même ramené notre sel, mais peut
être de façon un peu moins forte. Et c'est Mickey qui est à
l'origine de tout ça. Et puis comme je te le disais, on voulait
surtout marquer le coup et c'était le bon moment.
Comment avez-vous travaillé ? Avec la pandémie et votre style
musical, ça n'a pas dû être évident de tout mettre en place ? Vous
avez réussi à vous réunir ou bien vous avez bossé à distance ?
Habituellement on répète beaucoup à Paris, mais là, pendant la
pandémie, c'était fermé. L'arrivée de Fred qui avait déjà son propre
studio nous a permis de plus nous retrouver. Et c'est vrai que
comparé aux précédents albums, on a travaillé beaucoup plus à
distance. On avait chacun notre station de travail. Mickey envoyait
des riffs et des idées de compos, et nous, on travaillait par
rapport à ça. Là aussi c'est un peu un virage, certes dû à la
pandémie, mais on était de la vieille école où tout se faisait en
répétition. Alors oui, plus de musique sur ordinateur, mais ce qu'on
aime, c'est se retrouver toutes les semaines autour des guitares,
d'une bière, et pouvoir avancer comme ça. Mais c'est vrai qu'on est
plus productif tout seul devant sa station.
La pandémie vous a fait changer également votre façon de faire,
je parle musicalement ?
Non. Je ne dirais pas que la pandémie nous a fait varier ce
qu'on savait faire. Je dirais que cela a modifié la fréquence de
travail et la façon de travailler. Mais je ne suis pas sûr que
cela nous ait fait changer notre manière d'aborder la musique qu'on
pouvait produire. Ce qui a vraiment changé, c'est l'arrivée de deux
personnalités, de styles différents, qui se sont bien intégrés dans
le groupe. On était bien content d'avoir de la nouveauté, mais il
fallait qu'elle se mixe avec ce que l'on a produit depuis 2005 car
il y a un certain nombre de morceaux des albums précédents que l'on
continue de jouer et on voulait que cela reste quand même cohérent.
Il fallait que les trajectoires se rejoignent sans dénaturer le
style originel.
Quelles évolutions notes-tu de vos débuts jusqu'à maintenant ?
Comment pourrais-je qualifier ça ? Avant, je ne sais pas si tu
as eu l'occasion d'écouter ce que l'on faisait, mais c'était quand
même plus hardcore, un rock’n’roll techniquement assez simple et
direct. Là, on a travaillé de façon différente, avec une technique
qui a quand même pas mal évolué. Mickey est arrivé avec un bagage
technique qui nous a fait pas mal progresser et qui surtout a été
plus exigeant avec ce que l'on faisait avant. On ne peut nous
traiter de feignasses sur ce qu'on faisait avant. On avait nos
petits trucs, qui marchaient pas mal, donc on ne cherchait pas à se
remettre en question. Là, on a un petit jeune qui arrive, qui nous a
foutu un coup de pied au cul et qui nous a fait bosser différemment.
Et du coup, il y a également un gros travail de Iñigo, le chanteur,
qui a composé les passages un peu plus véners qui concluent l'album.
Quels thèmes abordez-vous ?
Alors, c'est pas mal autour du film « Under The Silver Lake ».
C'est Iñigo qui a écrit toutes les paroles. On aborde des petites
choses qui comptent pour nous, mais tout tourne autour de ce
film-là. « Homeless Ghost » qui est un des titres dont on parle pas
mal, c'est l'histoire d'un SDF qui, à force de ne pas être regardé
dans la rue, a l'impression d'être un fantôme. Ça parle de pauvreté,
de solitude, de la démence que cela peut provoquer. Ce n'est pas
forcément des choses toujours réjouissantes, mais ça parle, car
c'est assez proche du monde réel. Et la pandémie renforce cette
sensation de devenir un fantôme aux yeux de la société.
Pourquoi ce titre, « Under The Silver Lake », et surtout
pourquoi cette référence ?
Parce qu'en-dehors de la musique, on est vraiment fan de tout ce
qui est ciné ou séries. Iñigo, le chanteur, peut y passer des heures
et des heures, et c’est notre référence sur ce qu'il faut qu'on
regarde. Il est un passionné, peut-être un peu moins depuis qu'il a
son gamin, mais ça reste toujours une source d'inspiration dans son
écriture. Et pour nous, tous ces thèmes sont une base d'écriture et
d'inspirations qui sont intéressantes.
Même si je me doute de la réponse, cet EP a été composé pour la
scène ?
Après ces temps de sécheresse scénique imposée par la pandémie,
c'est clair qu'on aimerait bien aller bastonner un peu tout ça sur
une scène. Donc, forcément, on a composé dans ce but-là ! Mais pour
autant, je trouve que le CD passe plutôt pas mal sur ma platine à la
maison ou dans la voiture, mais le but du jeu, c'est de se faire une
sorte de carte de visite musicale pour les gens qui connaissent un
petit peu le groupe, et ensuite, oui, c'est aller sur une scène.
Nous, le côté plaisir de faire ça, c'est de monter sur les planches
et de partager avec le public notre côté dérision, et notre son.
Que vous a apporté Francis Caste du Studio Sainte Marthe ?
On a toujours enregistré nos albums au Studio Sainte Marthe.
Auparavant, c'était avec Guillaume Mauduit. Guillaume étant parti
sur Lyon, on s'est dit qu'on allait enregistrer avec Francis.
Francis est une référence de l'enregistrement sur Paris. Ce qu'il
nous a apporté ? Il a été beaucoup à l'écoute de nos références et
de nos envies de sons. Mais il ne s'est pas contenté de ça. Après
les pré-productions poussées qu'on a fait avec lui, il est venu
rajouter sa patte. Autant sur les mélanges de voix, dans le mix, il
a été très très présent pour faire ressortir les instruments ou les
voix. Une grosse partie du son de l'album vient de ses idées
excellentes. Et on ne peut que le remercier de cet apport-là. On
savait qu'il viendrait avec ses idées. On savait qu'il serait hyper
exigeant lors de l'enregistrement, et on n'a pas été déçu (rires).
Entre Mickey qui vous a poussés et ensuite Francis, ça a dû vous
donner un bon coup de pression ?
C'est vrai que ça faisait pas mal de temps qu'on n'avait pas
enregistré, et comme tu l'as souligné, le rythme du travail et des
répètes était un peu changé. Donc ça nous a mis un coup de pression
comme tu disais, qui est toujours salvatrice dans ce genre de cas.
Et l'approximation dans ce style de musique est assez néfaste, donc
on n'a pas eu le choix.
En gros, c'est le coup de pied au cul qu'il vous fallait ?
Oui. On avait vraiment besoin de renouveau. On avait
l'impression de tourner en rond sur ce qu'on pouvait écrire depuis
quelque temps. Donc on a eu coup de pied au cul, fesse gauche par
Mickey et fesse droite par Francis. Et au final, on est plutôt
contents du résultat.
On n'a pas parlé de vos références musicales, quelles sont-elles
?
Hou là. Je vais faire super large. Ça peut aller de Agnostic
Front, pour qui on avait fait une première partie juste avant le
confinement jusqu'à Pantera en passant par Lamb Of God. Ça c'est
plutôt moi. Les autres vont être sur du Carnivore, Tool pour les
aspects rythmiques et les refrains un peu catchys, et sur du metal
plus moderne. Genre la scène américaine actuelle par exemple. C'est
ce qu'on essaie de faire ressortir au travers de nos albums. Je ne
sais pas si on le ressent comme ça, mais c'est ce qu'on essaie de
faire en tout cas. Mais vu qu'on a des écarts d'âge assez importants
dans le groupe, ça apporte ces cultures musicales un peu différentes
et ça donne un bon melting pot.
C'est compliqué pour aller défendre cet EP sur les scènes, mais
vous avez déjà des dates ou des projets prévus ?
On a des touches, mais tout le monde est un peu frileux. Le
contexte fait qu'il y a beaucoup de retenue, et les gens attendent
encore de voir comment vont évoluer les choses ?
Vivement 2022 que les choses s'arrangent ?
Exactement. Déjà pour la santé des gens, et pour nous, c'est
quelque chose qu'on attend de pied ferme. Tu sens que les gens ont
envie de faire la fête. De retrouver d'autres gens pour partager des
moments de proximité qu'on n'a plus depuis des mois. C'est
intéressant de se dire que dès qu'on pourra, on va contribuer à ça.
Dernières questions rituelles : pourrais-tu définir le groupe en
deux ou trois mots ?
(Rires) Ah, elle est chiante celle-là !! Je vais revenir
sur la définition du groupe : Éléphantesque, Clown et Scène. Car
c'est ce qui nous fait le plus envie.
Quel est le dernier album ou morceaux écouté ?
Ah, ça, c'est plus simple. En venant, j'ai écouté du Lamb Of
God.
Ça va, tu restes dans le ton.
C'est sûr que si je t'avais dit La Compagnie Créole avec mes
enfants ... (Rires) Mais en fait les références que je t'ai
donné tout à l'heure sont celles qui se rapportent au groupe. Sinon,
on n'est pas sectaires et pour nous, il y a des influences majeures,
mais il y a aussi des influences qu'on ne dévoilera pas (Rires).
Jamais (Rires).
Merci beaucoup pour cette interview, et à très vite sur une
scène.
Merci à toi Yann.
Propos recueillis par Yann Charles – Photo : Christiane Tastayre
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