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PAT O'MAY pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
jeudi, 23 septembre 2021
 

PAT O’MAY

http://patomay.com

Interview avec un artiste français un peu à part dans le monde du Rock, Pat O'May. Il revient avec un concept album intitulé « Welcome To A New World ». Un album qu'il jouait en intégralité le 22 septembre au Café de la Danse à Paris. Lui, qui aime se renouveler sans cesse, nous entraîne dans un son beaucoup plus rock que d'habitude. Il fallait donc en savoir plus et c'est au Hard Rock Café qu'il nous en a dévoilé les secrets. Une rencontre avec un gars généreux, simple, et super sympa.

Comment allez-vous ? Avez-vous échappé à ce méchant virus ?
Ah oui oui. Disons que j'ai fait à peu près tout ce qu'il fallait pour le choper. (Rires) Non plus sérieusement, ça va. Mais bon, en Bretagne, on a peut-être été un peu plus protégé je dirais.

L'album « Welcome To A New World » a été composé avant les confinements ?
Tout à fait. J'ai commencé l'écriture de cet album en novembre 2019. J'ai utilisé la même technique que j'emploie d'habitude, c'est-à-dire que je me suis isolé dans un gîte pendant trois mois, et l'écriture était finie fin janvier. Donc tu vois, c'était avant le début de cette connerie.

Et justement, le fait qu'il y ait eu la pandémie, tu as retravaillé l'album, ou plutôt tu l'as peut-être plus affiné ?
Oui. Disons que j'ai essayé de peaufiner plutôt des idées de production. À la base, cet album devait sortir en avril ou mai 2020. Donc on en était quasiment aux enregistrements. J'avais pris l'option de l'enregistrer très rapidement. Mais du coup, on s'est dit que cela ne servirait à rien de le sortir durant cette période. Alors du coup, ça m'a permis effectivement d'avoir une réflexion sur la prod, de peaufiner les textes, car pour moi, les textes sont toujours plus longs à écrire que la musique. Et puis partir vers un concept album était quelque chose que je voulais depuis plusieurs années. Je ne savais pas comment j'allais le faire, mais ça me trottait dans la tête et j'avais vraiment très envie de faire ça.

Alors justement, parlons du concept album et d'abord, pourquoi toutes ces questions existentielles maintenant ?
Dans tous les textes que j'ai écrits, il y a toujours des rapports avec la société. Toujours plus ou moins des choses en lien avec l'actualité. J'ai traité de la folie sur certains textes. Je me souviens d'un texte qui parlait d'un mec qui était dans un asile, mais était-il vraiment dans un asile ? N'était-ce pas nous plutôt ?

Oui, mais dans cet album, j'ai l'impression que vous êtes allé plus loin, c'est plus profond ?
C'est peut-être l'âge aussi. Peut-être se demander pourquoi j'en suis là aujourd'hui ? Je me suis rendu compte avec le temps que les gens sont enfermés dans des peurs. Et là, ça s'est révélé d'autant plus avec cette crise. C'est incroyable. Tout le sujet de l'album, c'est ça. Le personnage cherche à se libérer de ses peurs pour se rouvrir à la vie. C'est probablement quelque chose qui s'est couplé avec le fait d'arriver à soixante berges et de regarder le parcours de sa vie, de regarder le monde tel qu'il est. Ce sont des choses qui m'intéressent.

Pourquoi un premier concept album maintenant ?
Je me suis dit "On va tenter autre chose". C'est ce que j'essaie de faire depuis le début de mon orientation vers ma carrière solo. J'ai toujours cherché à faire des albums qui ne se ressemblaient pas. Après, on retrouve des troncs communs et c'est normal, mais globalement, je n'ai pas envie de faire le même album à chaque fois. Moi, ça ne m'intéresse pas. Et puis j'avais tellement en tête ces albums des années 70 comme « Par les fils de Mandrin » de Ange, que j'ai écouté jusqu'à la corne. (Rires) Et donc je voulais vraiment faire un concept album depuis longtemps. Et quand j'ai écrit le premier morceau, le second s'est enchaîné automatiquement, et puis les autres aussi dans l'ordre qu'ils ont aujourd'hui sur l'album. À quelques choses près. Tout est venu très naturellement. Je suis un peu victime des choses qui se passent autour de moi. Je ne contrôle pas forcément tout à 100 %.

C'est vous que l'on retrouve à travers « Mister No Face » ou c'est vraiment une création ?
C'est chacun d'entre nous. Je pense qu'on peut tous s'y retrouver. On est tous dans cet état où, je vais reprendre le terme, on peut être enfermé dans nos peurs. On ne voit pas ce qu'il se passe autour. On devient aveugle, sourd, muet, et on ne ressent plus rien. Ce n'est pas quelque chose de totalement introspectif, mais comme c'est chacun d'entre nous, j'en fais partie.

Comment voyez-vous justement ce nouveau monde ? Va-t-il changer les mentalités ? Ou bien finalement, on dit qu'on va changer, mais bon, connaissant les hommes, on va retourner dans nos travers ?
Profondément, je pense que rien ne va changer. En surface, il va y avoir quelques trucs qui vont évoluer, mais moi, je vois ça avec un regard plutôt distant, je pense qu'on est à l'aube de la vie de l'humanité. L'humanité telle qu'elle est aujourd'hui, on a trois ans. On a l'impression d'être adulte, mais ramené à l'échelle de la vie et de l'humanité, ou pas du tout. Je pense que c'est une évolution normale, et c'est aussi normal que ça n'aille pas aussi vite que ce que l'on voudrait.

On revient sur l'album, peut-être que c'est mon oreille mais j'ai trouvé qu'il y avait moins d’influences celtiques par rapport aux productions précédentes. Je dirais même plus rock, voire même metal par moment ?
Absolument. Je revendique le fait d'avoir le son en lui-même des fois metal. Mais pour moi, la famille du metal c'est comme si tu dis que tu fais du jazz, c'est-à-dire qu'il y a le jazz classique, le contemporain, l'avant-gardiste, le swing ... Tout un tas de choses. Et pour moi, le metal, c'est pareil. C'est une grande famille avec plein de ramifications. Et sur cet album, je n'ai pas cherché à gommer le côté celtique, c'est juste arrivé comme ça. L'inspiration est arrivée de cette façon-là. Et j'ai tiré le fil et on est arrivé à ça. Mais il y a quand même des petites traces. Notamment le premier morceau avec le pipe et quelques petites choses comme ça. Et puis dans ma manière de jouer en solo, on entend et on retrouve des choses qui reviennent de mes origines, c'est sûr.

Comment pourrait-on définir musicalement cet album ? Moi, je dirais qu'il tend un peu vers le prog ?
Je ne suis pas contre. Pas que rock prog, mais sinon, je ne suis pas contre. C'est vrai que j'ai toujours des choses difficiles à cataloguer. Quand tu fais du blues, tu fais du blues, du jazz pareil, mais pour moi, c'est vrai que c'est compliqué à caser.

Après, tu fais du Pat O'May en fait.
Et c'est peut-être le plus beau compliment qu'on puisse me faire. C'est sans prétention. J'essaie juste de faire la musique que j'aimerais entendre.

Comment avez-vous travaillé ? A distance ou bien tout le monde ensemble ?
Moi, je maquette tout. Je fais la guitare bien sûr, mais aussi la basse, la batterie. Mais j'écris aussi en fonction des musiciens avec qui je vais travailler. Et il se trouve qu'avec ce band, Christophe Babin à la basse et le batteur John Helfy, ça fait plus de six ans qu'on est sur les routes ensembles, et j'adore le son du groupe sur scène. Et je voulais retrouver ça.

Le fait d'avoir travaillé ensemble, c'était pour trouver un son live, quasi en one shot ?
C'est exactement ça. Et je me suis dit que pour retrouver ce son-là, cette énergie-là, il fallait enregistrer à l'ancienne. Chose que je n'avais pas fait depuis quasiment mon premier album.

Et alors ? Du plaisir ?
Plaisir total !! On s'est retrouvé pour deux sessions de trois jours à bosser les morceaux. Ils ont amené des idées sur les arrangements que j'avais fait. Et c'est vraiment chouette de pouvoir échanger comme ça. Ensuite, j'ai loué un studio du côté d'Angers. En fait, c'est plus un accueil résidence qui te permet d'enregistrer. C'est là d'ailleurs qu'on a tourné le clip « In This Town ». On s'est enfermé trois semaines et on a enregistré tous les fondamentaux. Après, j'ai les doublages de gratte, les chorus et le chant. Le chant, tu ne peux pas le faire en live avec ce type d'enregistrement. Et je voulais vraiment capter cette énergie qu'on a sur scène.

La guitare reste le point central de l'album avec de longs morceaux et de longs riffs et solos, vous aviez envie de vous faire plaisir ?
Absolument. (Rires)

Tu sens que vous avez pris du plaisir à jouer. Quelques fois, on est presque à la limite de la jam, avec des échanges.
C'est vrai qu'il y a de ça. Notamment dans le morceau « In This Town » où ça part, ça monte, où tu te dis qu'on va monter encore plus, mais finalement, tu redescends tout. Oui vraiment beaucoup de plaisir …

Sur scène, on va retrouver l'album dans son intégralité ?
Exactement dans l'ordre dans lequel il est sur l'album. On a commencé les répétitions et ensuite notre première date sera à Paris le 22 septembre au Café de la Danse.

Avec toute votre carrière, faire des set list doit être un vrai casse-tête ?
Alors sur cet album, c'est bien parce que c'est clair, c'est dans l'ordre. (Rires) Mais c'est vrai que c'est casse-tête. Après, il y a certains morceaux que nous on aime jouer, et que les gens ont la gentillesse de vouloir avoir envie d'écouter. « Overlord » est par exemple incontournable. Mais c'est tellement un bonheur de le jouer. C'est un morceau que j'ai joué je ne sais combien de milliers de fois, mais toujours avec beaucoup de plaisir. Et chaque fois, on essaie de trouver une façon différente de le faire. Et cette fois, ce sera pareil, car on a développé un son un peu différent des autres albums. On va retravailler les arrangements pour qu'il y ait un lien entre tout ça. Pour le concert, on va faire tout l'album d'une seule traite, avec de la vidéo. On a préparé pas mal de choses. Et puis après on fera une bonne pause, et un rappel qui va durer un long moment ! Et là, il y aura des surprises. Un morceau en acoustique par exemple, qu'on n'a jamais joué avant.

On sent une grosse envie de revenir sur scène, comme beaucoup, mais surtout une envie de te lâcher, de te faire encore plus plaisir peut-être qu'auparavant ?
Un ami à moi me disait qu'il me sentait plus libre sur cet album.

Il y a des dates qui se profilent, dont certaines avec Patrick Rondat. Vous aimez partager la scène avec lui ? À quand un album tous les deux ?
Je suis allé cet été le retrouver en vacances chez lui dans le Limousin, et on s'est dit que faudrait bien qu'on s'écrive un truc ensemble un de ces quatre, mais bon … Ce n'est pas évident. Moi, j'ai l'actualité de ce nouvel album, avec une tournée. Lui est en train de finaliser son nouvel album. Donc ce n'est pas évident. Mais après, on projette beaucoup de choses. Mais avec Patrick, c'est une belle histoire humaine, musicale.

Avec votre carrière où vous avez joué avec beaucoup de grands noms, y en a-t-il un qui vous a le plus marqué ?
Le prochain. (Rires) Mais plus sérieusement, tous. À des degrés différents. J'ai des souvenirs de tournées avec Martin Barre où tu as l'impression d'être en master class tous les jours. Ce mec est une légende. C'est quelqu'un qui a écrit des pages de l'histoire du rock. Jouer avec Ian Page tu imagines. Moi, c'est Deep Purple qui m'a sorti de Claude François et un jour, tu joues avec lui. Il y a plein de gens avec qui j'ai adoré jouer. C'est vrai que je suis très chanceux d'avoir eu l'opportunité de côtoyer ces gens-là, de travailler avec eux et surtout, on est resté des amis. C'est surtout ça. Il ne se passe pas un mois sans qu'on ne s'appelle avec Ron Thal. C'est la vie, une belle vie.

On arrive aux dernières questions rituelles chez nous : pouvez-vous définir Pat O May, le groupe, en deux ou trois mots ?
Alors … Énergie. Voyage et Sourire.

Quel est le dernier morceau ou le dernier album que vous avez écouté ?
« Welcome To A New World ». (Rires) Alors plus sérieusement, le dernier album que j'ai écouté, en venant, c'est Steve Vai. Le dernier album qu'il a fait, dans lequel il se barre un peu. Bref du Steve Vai quoi. Ça, c'est un mec qui me fait voyager. C'est ça le plus important.

Merci Pat.
Merci à toi. C'était bien cool.

Propos recueillis par Yann Charles