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MECLEUVES TERRE DE BLUES (57)
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Ecrit par Fred Delforge |
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dimanche, 05 septembre 2021
Mecleuves
MECLEUVES TERRE DE BLUES
FOYER SOCIO-EDUCATIF – MECLEUVES (57)
Les 3 et 4 septembre 2021
https://www.mtb-mecleuves-terre-de-blues.com
Quand on arrive à Mécleuves, difficile de ne pas se sentir en
terrain connu puisque le gratin de la communauté blues nationale est
spécialement venu pour l’occasion et que ce soit des Hauts de
France, de Normandie, de Bretagne ou d’ailleurs, ils ont tous fait
l’effort de répondre à l’invitation d’une organisation qui se relève
d’une douloureuse annulation de dernière minute en 2020 et qui a mis
les bouchées doubles pour que sa troisième édition soit une
véritable réussite.
C’est au son de la fanfare Note Brass Blues Band qui se produit en
déambulatoire que le public arrive, un public familial qui vient
pour le fun et qui rejoint un autre public, plus averti, qui ne
boude pas son plaisir de se retrouver là. Chacun se restaure,
découvre les stands où les amplis, les cigar box et autres
craqueries se mettent en valeur sous les doigts des musiciens
expérimentés, et des autres aussi.
La petite scène au loin nous appelle avec les notes de Charles
Després & The Midnight Creepers qui proposent un bon blues
teinté de temps à autres d’une pointe de rhythm’n’blues, le tout
devant un public plutôt réceptif qui apprécie cette belle entrée en
matière, et sous un superbe soleil s’il vous plait. Autant dire que
la soirée se présente sous les meilleurs auspices quand ça commence
à s’agiter sous le chapiteau pour les remerciements aux officiels et
la présentation de cette première soirée de festival. On retrouvera
cette formation à chaque inter-plateaux pour le plus grand plaisir
de ceux qui font la queue devant des stands restauration souvent
pris d’assaut !
En vingt-cinq années de carrière, Awek a donné nombre de concerts
aux quatre coins du monde mais a su garder non seulement sa
simplicité mais aussi cette envie de jouer qui caractérise la
formation toulousaine. Forts de leur excellent nouvel album éponyme,
Bernard Sellam et ses complices de toujours vont nous emmener dans
leur blues caviar, cette musique qui se promène sans aucune
faiblesse entre le blues du Chicago et celui du Texas, glissant de
temps à autres du côté de Memphis ou encore de la Côte Ouest. Le
public est conquis, d’autant qu’après une année sans véritablement
jouer, Awek a bouffé du lion et que le groupe ne se prive pas de lui
donner les rares os sur lesquels il a laissé un peu de viande à
rogner. Si la soirée devait s’arrêter là, elle aurait déjà été
superbe ! Mais elle est loin d’être terminée …
On poursuit avec Elise & The Sugar Sweets, petite douceur
francilienne au sens large du terme puisque sa section rythmique est
picarde, qui va venir nous présenter sa nouvelle chanteuse Yulia,
devenue l’égérie d’un groupe que nous avions pu remarquer lors du
Challenge Blues Français en 2018 à Queyssac, en Dordogne, puis de
l’European Blues Challenge à Ponta Delgada, aux Açores, en 2019. Si
la voix a changé, la musique du quintet reste suave et délicate
grâce aux ivoires de Bala Pradal et à la guitare d’Olivier Raymond
qui affiche ce soir un très grande forme, les Sugar Sweets
étant qui plus est accompagnés aujourd’hui par une paire de cuivres.
De compositions bien ficelées en classiques élégamment revisités,
c’est avec l’art et la manière que le groupe nous fera entrer dans
son univers à la fois riche et accueillant.
C’est avec un gros morceau que nous terminerons cette première
soirée de Mécleuves Terre de Blues puisque les Flyin’ Saucers Gumbo
Special vont venir nous croquer à la sauce cajun, le tout sur fond
d’écrevisses, de bayous et même de zydeco. Venu de différents coins
de l’hexagone avec entre autres le Bordelais et la Bretagne, le
groupe va s’attacher à installer une grande convivialité auprès d’un
public qui n’en attendait pas moins, remonté à bloc par des
prestations de bonne facture et réactif à une musique qui fleure bon
la joie de vivre et l’envie de faire la fête. Difficile de ne pas
répondre aux harmonicas et autres mélodéons d’un frontman qui ne
prends pas tous les draps et qui n’hésite jamais à céder le chant à
ses compagnons de jeu pour offrir de véritables harmonies vocales
toujours très fouillées à un groupe qui gagne vraiment à être connu.
Portés par leur dernier album en date, l’excellent « Nothin’ But »,
les Flyin’ Saucers Gumbo Special nous feront grimper dans le «
Zydeco Train » pour nous emmener très loin jusqu’aux premières
heures du petit matin !
Le public a quelque peu déserté le chapiteau lorsque les Flyin’
Saucers Gumbo Special inviteront les amis à les rejoindre pour
quelques titres avec notamment Olivier Raymond des Sugar Sweets à la
guitare et Nico, le programmateur du festival, aux harmos, mais ceux
qui ont fait l’effort de rester jusqu’au bout ne le regretteront pas
car le moment méritait vraiment d’être vécu ! Reste maintenant à
prendre un peu de repos en attendant une deuxième journée de
festival qui promet d’être chaude et passionnante !
De retour sur le site du festival, on retrouve les amis du blues et
surtout on rencontre les groupes qui vont se produire ce soir … Le
soleil décline à peine et c’est sous la chaleur que l’on commence
très vite avec Muddy Gurdy, une formation auvergnate qui occupe une
place toute particulière dans notre cœur puisque le trio est un
grand connaisseur du Mississippi et que nous partageons avec lui les
mêmes amis, les mêmes lieux favoris, la même culture pourrait-on
dire. On accompagne Tia au chant et à la guitare, Marc aux
percussions et Gilles à la vielle à roue sur les routes du Deep
South et on se reprend de plein fouet une musique qui fait chaud au
cœur et à l’âme, une musique qu’ils ont en partie enregistrée dans
la région des Hills ou sur les rives du Big Muddy et en partie aux
pieds de leurs volcans, souvent dans des endroits totalement
atypiques pour un résultat absolument hallucinant sur album et
encore plus enchanteur à la scène. Si la vielle à roue n’est pas un
des instruments habituels du blues, Muddy Gurdy a si l’intégrer à
une musique qui n’en devient que plus originale et plus belle ! Nous
croirez-vous si on dit qu’on adore ce groupe
?
On se retrouve maintenant sur la scène principale où se produisent
Bonita & The Blue Shacks, formation allemande transfuge des
fameux BB & The Blues Shacks qui faisaient recette depuis le
début des années 2000. La rythmique se montre carrée et efficace, le
guitariste est terriblement affuté, parfois un peu démonstratif, et
l’harmonica se fait brillant, le tout se perdant volontiers dans un
blues assez conventionnel mais plutôt bien fait. Après une paire de
titres, Bonita arrive enfin sur scène et retrouve un groupe déjà
bien chaud, posant sa voix dans celle de son acolyte harmoniciste
pour un résultat parfois un peu criard. Se calant assez rapidement
au mouvement, la belle chanteuse trouvera finalement son rythme et
son ton et c’est un blues de bonne facture que Bonita & The Blue
Shacks finiront de nous servir devant une assistance qui visiblement
apprécie la chose. Un rappel pour couronner le tout et voilà un set
rondement mené.
On fait abstraction du premier set de Ronan et Marko Balland en trio
pour se restaurer et on retrouve rapidement les Lowland Brothers
pour une fois encore un show impeccable porté par la guitare et la
voix de Nico Duportal mais aussi par ses choristes, Julie Dumoulin,
Laurence Le Baccon et Barbara Belmonté. Apprécié il y a une semaine
lors de son passage aux RDV de l’Erdre à Nantes, le groupe confirme
sa bonne tenue de route et nous invite à un grand voyage du côté de
la soul, du blues et du rhythm’n’blues sur fond d’un mélange de
compositions et de reprises savamment dosé. On voit une fois encore
les souvenirs de Stax, Hi-Records, Fame et autres Motown surgir au
fur et à mesure que Lowland Brothers avance dans un set qui va
monter crescendo sous le poids d’une rythmique solide avec Max
Genouel à la basse et Fabrice Bessouat à la batterie mais aussi sous
l’influence omniprésente de Hugo Deviers à la guitare et aux
percussions et de Damien Cornélis aux claviers. Séduisant dans
l’interprétation, élégant dans la composition, voilà un groupe qui
n’a pas fini de faire parler de lui, et c’est très bien comme ça !
Direction la scène annexe pour la seconde prestation de Ronan et
Marko Balland qui se sont adjoint les services d’un bassiste, chemin
nécessaire vers un projet de groupe qui devrait voir le jour en
complément de la formule One Man Band qui avait permis au Breton de
se hisser jusqu’en finale à Memphis en 2019 lors de l’International
Blues Challenge. La grosse voix bien rauque de Ronan installe un
climat qui met tout le monde en confiance et si ses percussions sont
cette fois soutenues par la basse de Philippe Blanc, sa guitare est
pour sa part reprise par les harmonicas de Marko, virtuose de
l’instrument, qui apporte un peu de sa folie à la musique faussement
sage d’un artiste qui a du caractère, quand bien même il le cache
parfois derrière un peu de timidité. Le public encore nombreux
réagit carrément bien et Ronan en profite pour dégainer un « Death
Letter Blues » de toute beauté qui finira de le mettre à plat avant
que le set ne se termine prématurément, le timing se resserrant et
la suite arrivant très vite. Une belle première expérience en trio à
revoir rapidement !
C’est au tour du plus francilien des artistes chicagoans de venir
refermer les portes de cette troisième édition de Mécleuves Terre de
Blues et c’est à grand renfort de funk et de blues que Boney Fields
va s’en charger. Difficile de résister au chanteur et trompettiste,
d’autant que ce dernier est doté d’un formidable don d’entertainer
et qu’à ses côtés, ça joue de fort belle manière. Le saxophone de sa
compagne Nadège, la guitare de Jo, mais aussi un trombone, un
clavier et une section rythmique de très grande qualité, il n’en
faut pas plus pour que l’assistance prenne littéralement son pied,
emmenée sans ménagement dans le gros show de Boney Fields qui ne
souffre d’aucun temps mort et qui nous fait traverser « Bump City »,
le dernier effort en date du combo, mais aussi quelques adaptations
comme ce « St James Infirmary » qui mettra tout le monde d’accord.
Le froid tombe rapidement sur Mécleuves mais la température ne
baisse pas d’un degré sous le chapiteau grâce à un groupe qui se
donne sans compter et qui réussit à garder un public conséquent
jusqu’à l’ultime note de son set.
Il est l’heure de prendre congé de nos hôtes du week-end, non sans
les remercier pour leur pugnacité et les féliciter pour ce superbe
festival qui a tenu toutes ses promesses, tant dans la qualité de la
programmation que dans l’efficacité de l’organisation. Les cieux ont
été cléments, la fréquentation à la hauteur de l’événement et
l’ambiance plus que détendue, avec le pass sanitaire certes, mais
sans masque et en toute convivialité ! Un grand gout de la vie
d’avant en somme, et rien que pour ça, on ne peut que remercier tous
les gens qui ont joué le jeu. Voilà un des festivals majeurs de la
route du blues, c’est certain !
Fred Delforge – septembre 2021
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