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CHUNK! NO, CAPTAIN CHUNK!
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Ecrit par Yann Charles |
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jeudi, 02 septembre 2021
CHUNK! NO, CAPTAIN CHUNK!
https://chunknocaptainchunk.com
Rencontre aujourd'hui avec un des groupes français les plus connus à
l'étranger après Gojira et Daft Punk, Chunk! No, Captain Chunk!.
Même s’ils ne rencontrent pas le même succès en France, ils sont,
dans leur style punk rock easycore, une référence aux États Unis ou
au Japon où leur succès ne se dément pas. Paul, Bertrand et Bastien
nous parlent de leur quatrième album, « Gone Are The Good Days ».
Alors
on va commencer avec la question qu'on vous pose tout le temps ...
P : Salut. Oui, je me doute de la question …
Mais moi, ce serait plutôt du genre c'est quoi le délire pour
arriver à ce nom de groupe, Chunk! No, Captain Chunk! ?
P : C'est quoi ce délire ? (Rires) C'est vrai, on ne me
l'avait pas posé comme ça (Rires). Au tout début le projet
c'était surtout une blague. Quand j'ai commencé ce projet, j'étais
tout seul et c'était un projet MySpace où je projetais des sons sur
le net. Et j'avais des idées de lyrics qui étaient un peu du
n'importe quoi. C'était vraiment une blague. Et comme je suis de la
génération des films des années 80 et 90, j'en étais très inspiré.
Et mon film préféré était « Les Goonies ». Et donc j'ai choisi le
nom de Chunk! No, Captain Chunk!, une des scènes mythiques des
Goonies.
Question aussi qu'on doit vous poser sans cesse, ça fait quoi
d'être un des groupes de rock français les plus connus à
l'étranger, avec Gojira je pense ?
Be : C'est gratifiant. On a vu les difficultés que c'était de
pouvoir s'imposer à l'étranger et surtout aux États Unis. Il y a un
facteur chance dans la carrière e du groupe. On a fait les bonnes
choses au bon moment. Et en plus de ça, il y a eu un enchaînement
d'opportunités, de connexions avec les bonnes personnes et le tout
est arrivé vraiment au bon moment. Mais c'est vrai que c'est un vrai
challenge, surtout dans cette scène-là, pour arriver à s'exporter.
Donc on se sent assez chanceux d'avoir pu faire ce que l'on a fait.
Il n'y a pas beaucoup de groupes français qui arrivent à s'exporter
au-delà des frontières.
A quel moment s'est pris la décision de partir plutôt que tenter
en France ?
P : Dès le début. Notre tout premier concert était à Paris, dans
une cave. C'était très drôle. Mais la première tournée que l'on a
fait était en Angleterre, puis l'Italie. Et petit à petit, le groupe
a commencé à être un peu plus connu, mais à l'étranger, avant de
revenir en France en 2016.
Be : Oui. On a attendu jusqu'en 2016 pour faire une vraie tournée
française.
Et le groupe date de quand ?
P : Le groupe s'est formé en 2007. On a fait quelques concerts à
Paris ou à Lyon, mais c'étaient des dates comme ça, sans une tournée
organisée. En France, les gens vont plus s'intéresser à un groupe
qui réussit à l'international plutôt qu'en France. Si on n'avait pas
eu déjà un succès à l'étranger, pas sûr que l'on se serait intéressé
à nous en France. Donc c'était vraiment une volonté de notre part
d'aller à l'étranger avant de revenir en France.
Be : Il faut aussi se remettre dans le contexte de nos premières
années où il y avait peu de labels indépendants, surtout en France,
qui nous permettaient de faire ce que l'on voulait musicalement. On
a eu un début d'opportunité, mais ça sentait le traquenard, donc on
a bien fait de rester cohérent sur la musique que l'on voulait faire
dès le début.
On retrouve pas mal de styles dans votre musique. Vous la
définissez comment ? Parce que punk, pop, easycore, bref vous
faites quoi ?
Be : C'est du Chunk!. On a un son sans signature avec notre
propre style. Je dirais que là où on a senti que l'on pouvait faire
une petite différence par rapport aux autres. Et je dis ça sans
prétention. On a toujours eu ces influences un peu hybrides de punk
et metal. Il y avait assez peu de groupes en 2006 ou 2008 qui
mélangeaient les deux. Et nous, on a quand même forcé un peu le
délire, sur un point de vue technique, pour appliquer un son metal à
un style plus pop. On a toujours eu le cul entre deux chaises. Mais
je n'aime pas qu'on nous mette des étiquettes. Des gens nous
appellent easycore, Disneycore, voir EasyCrab. Un peu n'importe quoi
en fait.
Pour cet album, il semblerait qu'il y ait quelques évolutions
musicales, du fingerpicking, du saxophone … Et même une chanson
d'amour !!! Pourquoi une chanson d'amour maintenant ? Avant, vous
n'aimiez personne ?
Be : (Rires) J'ai toujours pensé qu'une chanson d'amour
était un truc un peu risqué. Alors c'est très bien quand tu les fais
en acoustique, mais dans notre style, c'est quand même un vrai
challenge. Et donc, il nous a fallu quatre albums pour relever le
challenge. Mais là, on a eu plus de temps pour écrire, donc ça
valait le coup d'être fait.
Quels thèmes abordez-vous sur cet album ?
Be : Il y a un dénominateur commun à tous les morceaux, c'est
cette nostalgie un peu heureuse. Déjà dans l'artwork il y a pas mal
de clins d'œil sur ce que l'on a fait avant, sur nos tournées. Il y
a aussi des références à des films d'avant. Bon, déjà, le nom du
groupe est une référence liée à l'enfance. Et aujourd'hui, le thème
de la nostalgie parle beaucoup plus aux gens, surtout en ces temps
de Covid où l'on se remémore plus facilement le passé. Et je trouve
pas mal d'avoir ce regard nostalgique sur les bons souvenirs.
L'album devait il sortir plus tôt ? La pandémie a-t-elle décalée
la sortie de l'album ou bien c'était déjà prévu comme ça ?
P : On a composé l'album fin 2016, début 2017. Mais on n'était
pas content du résultat. On n'arrivait pas à aller là où on voulait
aller. On n'arrivait pas à garder le son particulier du groupe, mais
en même temps qui nous faisait évoluer pour ne pas refaire la même
chose qu'auparavant. Et du coup, on a pris le temps de s'y remettre
et ça nous a pris trois ans.
Be : Je ne considère pas que les albums précédents avaient été faits
dans le rush, mais presque. Et là, il fallait casser cette dynamique
de composition dans le rush et prendre plus de temps pour
perfectionner le truc. Attention, je suis très content de ce que
l'on a fait avant, mais je pense qu'avec un peu plus de temps pour
travailler, ça aurait pu être encore meilleur. Du coup pour ce
quatrième album, je voulais mettre la barre très très haute pour
avoir un résultat qui nous satisferait encore plus.
Oui, six ans se sont écoulés depuis votre dernier album, alors
qu'avant vous aviez un rythme de sortie plus soutenu. C'était un
manque d'inspiration ?
Be : Non non. On s'est dit, on prend le temps. Et je pense que
c'est ce que beaucoup de groupes ne font pas : prendre du temps.
Surtout dans cette dynamique de "tournée/studio". Et du coup,
souvent tu as de la répétition de compositions.
P : Ensuite, c'est difficile aussi de prendre du temps. Tu enchaînes
les tournées, donc quand tu entres en studio, tu n'as pas trop le
temps de te poser, car une autre tournée arrive. Surtout pour nous
qui tournons beaucoup et dans beaucoup de pays. Si encore tu ne
tournais qu'à un seul endroit, ou sur un ou deux pays, tu pourrais
faire des breaks, mais nous dès que tu as finis avec les États Unis,
il faut aller au Japon. Quand tu as fini au Japon, tu vas en
Angleterre, donc tu ne t'arrêtes pas. Et donc au final tu n'as que
trois semaines ou un mois maxi pour composer un album. Ensuite, tu
as un mois pour l'enregistrer, et tout de suite, il faut que tu
repartes. Et donc au final, il va y avoir un moment où tu vas avoir
un blocage dans tes idées, dans tes compos …
Ba : Et sur ce dernier album, on a eu le temps de se déconnecter.
Chacun est parti dans son coin. On a vraiment eu le temps de sortir
de tout ça. Et ça nous a fait du bien.
Be : Il y a aussi des situations où certains albums doivent être
faits dans une certaine dynamique, mais ce n'était pas le cas pour
celui-là.
Je
me doute de la réponse, mais cet album a été composé pour la scène
?
Be : Et bien non. Autant les autres avant, oui. Mais s'il y a un
album qui n'a pas été pensé pour le live, c'est bien celui-là. On a
travaillé un peu différemment, et pas un seul moment, on a pensé à
la guitare. On a travaillé beaucoup sur les mélodies et les accords,
mais vraiment sans idée de scène derrière. Et maintenant, on est
dans la dynamique de savoir comment on va pouvoir l'adapter
justement pour le live. C'est toujours un challenge, ça met un peu
le stress, mais ça pousse un peu le groupe vers le haut. Et ça
implique pas mal de changements, dans les guitares, les accordages …
C'est un autre travail que j'aime bien.
Il y a beaucoup de groupes, surtout aux USA, dans le même créneau
musical que vous, c'est votre French Touch qui a fait votre succès
?
P : Je pense oui. Le fait que l'on soit Français a beaucoup
compté pour notre réussite, surtout aux États Unis. On avait ce
style de petits minots qui ne s'habillaient pas comme les autres
groupes. On avait vraiment notre style français. C'était quelque
chose de frais pour les Américains, car ils n'avaient quasiment
jamais vu de groupes français à part Gojira. Mais on n'a pas du tout
le même style. A l'époque, on avait le look avec la marinière, les
petites chaussures, et je pense que ça a aidé aux USA c'est sûr.
Be : On a même fait un album où tout le concept tournait autour du
fait qu'on était Français. Sur la scène, on avait les backdrops avec
les baguettes, des objets avec des drapeaux et couleurs "Bleu Blanc
Rouge". On a joué la carte frenchy à fond et ça a marché.
Vous avez arpenté toutes les scènes du monde, quels endroits
avez-vous aimé, ou adoré, je parle niveau ambiance du public,
accueil ?
Ba : On a tous un peu nos endroits favoris, mais je pense que le
Japon est l'endroit où on préfère tous le plus aller.
P : C'est ça, chacun a plus ou moins ses endroits favoris. Pour moi,
ce sera toujours les États Unis. Mais on s'accorde tous sur le fait
que le Japon est une destination de dingue avec un public très
respectueux, très engagé, et c'est vraiment un univers à part qui ne
ressemble à aucun autre.
Même si ça va être peut-être compliqué cette année, bien que les
choses semblent enfin évoluer, est ce qu'on vous retrouvera sur
scène en France ou en Europe ?
P : Pas cette année. On avait quelque chose de prévu, mais les
circonstances ont fait que tout est recalé. On devait faire un
concert à Bercy, Storm The Arena, mais ça a été déplacé et modifié,
donc on le retrouvera sûrement l'année prochaine. Mais il y a bien
quelque chose de prévu pour la France. Mais on essaie de pas trop se
projeter, mais la situation est tellement compliquée. Et on n'aime
pas les reports. À chaque fois, c'est une source de stress. Donc on
sait qu'il y a quelque chose de prévu, mais pour le moment, on
attend de pouvoir finaliser.
Malgré votre succès à l'étranger, vous n'avez pas le même
retentissement en France, vous avez analysé pourquoi ? La France
n'est pas un pays rock, c'est ça ?
P : Voilà !! (Rires) Déjà, il n'y a pas beaucoup de
médias consacrés au rock. Tu prends l'Angleterre où là, tu sais que
c'est clairement un pays rock. Les États Unis, c'est un pays où se
mélangent rock, country et rap. Et ces pays ont beaucoup de médias,
qu'ils soient papiers, mais aussi radios. Des radios réellement
consacrées qui n'hésitent pas à diffuser des groupes pas ou peu
connus pour justement les faire connaître. En France, je n'en
connais pas. Fin 90, La France était dans cette dynamique où on
voyait du rock à la télé, des radios de rock. Tu prends Skyrock, à
la base, c'était une radio rock. Le rock était bien présent dans
tous les médias.
Be : Je pense que ce qui a manqué, ce sont des structures pour aider
les groupes qui avaient du potentiel. Mais voilà, il fallait avoir
du succès pour être ensuite aidé par des labels ou de grosses
maisons de disques.
P : Quand tu vois le Hellfest qui fait partie des plus grands
festivals de metal du monde, tu sais qu'il y a une demande de ce
style de musique rock. Il y a vraiment du potentiel, mais pas de
moyens pour les aider.
Ba : Et puis les majors ont pris tellement de place qu'ils ne
laissent aucune place à d'autres structures. Pour une major, il faut
que ça rapporte.
Dernières questions rituelles : pourriez-vous définir le groupe
Chunk! No, Captain Chunk! en deux ou trois mots ? Ça fait un mot
chacun ...
Be : Fun.
P : Original.
Ba : Sincère.
Et pour finir, quel est le dernier album ou le dernier morceau
que vous avez écouté ?
Ba : The Black Keys.
P : Le dernier Royal Blood.
Merci à vous.
P : Merci à toi.
Propos recueillis par Yann Charles
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