Ecrit par Fred Delforge |
|
|
vendredi, 13 août 2021
Pizza man blues
(Ruf Records – 2021)
Durée 48’31 – 10 Titres
https://www.krissymatthews.com
Chanteur et guitariste anglo-norvégien, Krissy Matthews avait déjà
trois albums inscrits à sa discographie à seulement dix-huit ans et
forçait à l’époque le respect de ses ainés puisque le grand Hubert
Sumlin en personne saluait la grande qualité de son jeu. C’est à
huit ans que le jeune garçon a chaussé sa première guitare
électrique et c’est son père qui lui a montré les premiers rudiments
de l’instrument, lui permettant de très rapidement se faire
remarquer par des artistes comme John Mayall, B.B. King, Robben
Ford, Walter Trout, Beth Hart ou encore Joe Bonamassa avec
lesquels il croisera le fer ou partira en tournée en tant que
support act. Présent sur nombre de festivals en Europe et remarqué
en France lors de son passage à Blues Autour Du Zinc en 2007, le
jeune prodige a copieusement développé son style pour trouver une
place toute naturelle entre le blues et le rock et c’est fort d’une
très grande maturité qu’il dévoile cette année son tout nouvel
album, « Pizza Man Blues », le premier sur le label Ruf Records !
C’est en faisant le bilan d’une année difficile marquée par la
pandémie et l’arrêt de toutes les activités musicales que Krissy
Matthews a imaginé cet ouvrage avant lequel il a été obligé de faire
tout un tas de petits boulots pour survivre, l’un d’entre eux
n’étant autre que livreur de pizza, d’où le titre de l’album.
Toujours aussi virulent et quelque peu remonté par tous les
événements qui ont bousculé son existence, Brexit en tête, le
guitariste attaque bille en tête avec « Mayday », véritable bombe à
neutrons qui dévaste tout sur son passage, au point qu’on lui
attribue dans les milieux autorisés la bénédiction posthume de Lemmy
Kilmister, feu-pilote du bombardier Motörhead. Si la suite n’est pas
forcément issue du même baril de dynamite, « Pizza Man Blues » nous
réserve quand même de grosses tranches de rock proposées tantôt
saignantes, tantôt carrément bleues avec des riffs assassins et des
solos de guitare dévastateurs. Reste toutefois que Krissy Matthews
est un songwriter dans l’âme et qu’il n’hésite jamais à placer un
refrain accrocheur ou encore des effets de voix dignes d’un crooner,
réussissant à créer une sorte d’alternance entre le calme et la
tempête à force de pièces comme « The Man Said No », « Anti-Social
Media », « Ride », « Carry You » et bien entendu la ballade
acoustique « Grateful » que Matthews nous sert une première fois en
version standard et une seconde fois en unplugged en compagnie de
Layla Zoe et Felix Peikli. L’album d’un artiste quelque peu abattu
et en colère qui a su prendre le taureau par les cornes et ne
conserver que le positif pour revenir encore plus fort dans les bacs
à la fin aout ! Un retour vers les scènes françaises et fortement
prévisible …
|