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JOHNNY SANSONE à TOCANE (24)
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Ecrit par Nelly Faure |
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samedi, 07 août 2021
NEMO BLUES BAND – JOHNNY SANSONE
DOUCHAPT BLUES
SALLE DES FETES TOCANE (24)
Le 4 aout 2021
http://nemoblues.fr
https://www.johnnysansone.com
https://www.facebook.com/Douchapt-blues-423815550973488/
Décidément la météo de ce début aout en Dordogne se montre bien peu
collaborative avec les organisateurs de concerts en plein air. La
jolie petite place de l’Eglise de Tocane en attendait un en cette
soirée du 4 aout, décision prise dans l’après-midi, ce sera
finalement à quelques dizaines de mètres de là, dans la salle des
fêtes du petit village, que l’événement se déroulera. Les conditions
imposées changeront de fait et laisseront à la porte un certain
nombre de déçus. Jean-Luc Wargnier, Président de Douchapt Blues,
ouvrira la soirée en remerciant les spectateurs, les artistes et les
bénévoles, suivi de Julie Bordet, Première Adjointe au Maire puisque
cette soirée est organisée en collaboration avec la Municipalité et
MNOP, qui organise un festival autour de « la musique Nouvelle
Orléans à Périgueux » et dans ses alentours ». Ils évoqueront
également cette période décidément compliquée pour les organisateurs
de concerts et les bénévoles qui doivent faire respecter les
consignes imposées….
C’est donc dans une ambiance un peu triste et un public moins
conséquent que prévu que le premier groupe de la soirée monte sur
scène. Le Nemo Blues Band est une formation périgourdine qui fête
ses 10 ans cette année. Influencée autant par le Texas blues que par
les blues sudistes et les vieux standards, le groupe décide de
s’engager à dérider l’assemblée avec un « Crossroads » de Robert
Johnson à leur sauce. La voix puissante et dynamique de Chris
Foucher redonnera rapidement le sourire à l’assemblée. Soutenu par
une section rythmique engagée, composée de Laurent Roche à la
batterie et Christian Hus à la basse, le groupe enchaine les titres
des standards du blues et ses compositions. On remarquera un «
Trouble Is My Name » qui débute dans un rythme lancinant pour forcir
et devenir lourd et puissant comme un poids sur les épaules de ce
personnages témoin de sa propre vie. Stéphane Bimier à la guitare et
Chris Foucher réalisent des dialogues de solos de guitare, chacun
avec son phrasé et sa personnalité, complémentaires, qui
déclencheront des applaudissements nourris. Une version enlevée et
dynamique du « I Got My Mojo Working » de Muddy Waters et un hommage
touchant à Dusty Hill avec « Tush » finiront de conquérir
l’assemblée. Le Nemo, comme ils se surnomment eux-mêmes, finira
cette belle première partie avec une de leur composition, « Freedom
Is A Long Way», dont les spectateurs reprendront le refrain,
emballés.
Le temps de boire une petite bière locale, les musiciens du Nemo
Blues Band rangent leur matériel pour laisser la place à Johnny
Sansone et ses musiciens. Un grand bluesman s’il en est qui nous
aura fait le plaisir de traverser l’Atlantique pour faire quelques
dates en France. Elevé dans une famille de musiciens, son père
saxophoniste de jazz jouait avec Dave Brubeck, Johnny Sansone a donc
naturellement joué du saxophone à partir de l’âge de 8 ans. Pourtant
à 10 ans, il assistera à un concert d’Howlin’ Wolf en Floride, et ce
sera le choc, il se décide à jouer de l’harmonica et à faire du
blues. Il côtoie des légendes du blues comme James Cotton ou Junior
Wells, touchés par ce jeune blanc passionné, et partira en tournée
avec des très grands comme John Lee Hooker ou Jimmy Rodgers. Ainsi
pendant plus de dix ans, il traversera les États-Unis, du Colorado à
Chicago, en passant par la Floride, mais c’est à la Nouvelle-Orléans
qu’il choisira de déposer ses valises. Et il est évident que sa
musique aujourd’hui est irriguée, imprégnée par cette culture
louisianaise.
Johnny Sansone arrive sur scène, harmonica à la main, et dès les
premières notes de « Plymood Floor », le public comprends que
celui-là sait de quoi il parle. Accompagné d’Anthony Stelmaszack et
Matt Wandersheid aux guitares, de Pascal Delmas à la batterie et de
Mig Toquereau à la basse, ce n’est pas seulement un grand musicien
mais un rassemblement de pointures, chacun dans leur domaine. La
deuxième partie de soirée promet d’être exceptionnelle. Les titres
s’enchainent, « Look At Us Now », « Derelect Junction », nous
proposant des allers retours entre des explosions vocales et riffs
explosifs avec des moments de replis intimistes comme avec le
magnifique « Poor Man’s Paradise » écrit à la suite du passage
dramatique de l’ouragan Katrina qui dévasta sa ville de cœur. C’est
à ce moment que, prenant l’accordéon, Johnny Sansone nous emmène sur
les rives du Mississippi et de ses rythmes cajuns, et de son
histoire complexe et profonde. Les riffs de Matt Wandersheid
complètent avec force et subtilité les sons du bayou de l’accordéon.
La salle est évidement conquise !
L’harmonica revient, nous donnant à apprécier des harmonies
incroyables, soutenu par le jeu puissant d’Anthony Stelmaszack pour
des solos endiablés. Et puis les musiciens se retirent,
laissant Johnny Sansone seul sur scène pour nous conter une anecdote
savoureuse. Une rencontre avec une jeune femme, sympathique, qui
pensait qu’il se nommait Johnny Sadson ! S’en suit un titre
intimiste, seul à l’harmonica, la voix par moment intime et presque
timide, puis puissante et habitée, où le public décide de lui même
de frapper le tempo. Un moment unique avec ce grand artiste qui se
termine par une communion comme il y en a peu. Nous retrouverons
avec bonheur l’ensemble du groupe sur un « Crescent City »
magistral. Nous finirons la soirée avec un titre d’anthologie, « The
Lord Is Waiting And The Devil Is Too », celui-là même qui a permis à
Johnny Sansone d’obtenir le Blues Music Award avec son titre en
2012.
Nous avons sans doute assisté à une formidable soirée. Attendu à
Périgueux le lendemain et encore pour quelques dates en France, je
ne peux que vous conseiller de vous y rendre.
Nelly Faure – aout 2021
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