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Ecrit par Yann Charles |
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mercredi, 21 juillet 2021
WELCOME-X
https://www.facebook.com/WelcomeXOfficial/
J'avais rencontré Sam Kün, le chanteur du groupe
Welcome-X, pour la sortie de leur premier album. Nous voici
à nouveau réunis au Black Dog à Paris
pour qu'il nous parle de « Welcome-X Volume 2 » qui
vient de sortir. Une continuation de leur premier opus, ou une autre
direction ? La réponse est à lire ici.
Salut Sam. On
s'était rencontrés en 2019 pour le volume 1 et
nous revoilà deux ans après avec le volume 2. Dis
donc, belle recherche pour trouver des noms d'albums ?
(Rires) Le
but est d'aller au volume 4 comme Black Sabbath !
Plus
sérieusement, peux-tu nous présenter le volume 2 ?
Bien sûr. Les compositions du volume 2 sont la
continuité du premier album. On ne s'est pas mis
à composer parce qu'il y avait le confinement. Il y a des
titres que l'on avait déjà travaillés
après avoir sorti le volume 1. Avec toujours ce
même concept qui est que Philippe m'envoie des morceaux
déjà quasiment terminés, mais aussi
des structures ou des riffs sur lesquels j'écrivais des
paroles. Ensuite on s'est retrouvés et on a
travaillé ces morceaux ensembles. Le même mode de
travail.
On reste dans le
même voyage, mais on va encore plus loin sur ce nouvel album ?
Exactement. On continue. On ne se sait pas trop où on va.
C'est un peu l'Enterprise dans Star Trek. On arrive dans des endroits
et sur des petites planètes différentes, et on a
des émotions et des tableaux différents.
On met la petite question
qui fâche maintenant, comme ça on est
débarrassés : on a lu que Welcome-X
était "une récréation pour des
musiciens embarqués dans d'autres projets", finalement avec
ce second album ça fait taire ? Vous êtes un
groupe ?
Oui. Lorsque le premier album est sorti, certaines personnes nous ont
demandées si cela aller être pérenne ou
si c'était juste un amusement entre musiciens qui avaient du
temps pour le faire. En fait non. C'était un projet qui
était très déterminé et
défini avec Philippe, à tel point que je peux te
dire qu'on a déjà du matériel pour un
troisième album. On a déjà un nouveau
morceau qu'on a joué au Triton lors de notre concert le 2
juillet qui apparaîtra sur le futur album. On est un groupe.
Toujours aussi
insaisissable votre style musical ? On était sur du metal
expérimental, là, je rajouterais progressif, mais
ce terme est tellement vague …
Oui, on peut mettre progressif, car il y a des longs morceaux. Mais on
a aussi l'étiquette "metal alternatif". C'est toujours
difficile de dire ce que l'on fait lorsque même nous, on ne
le sait pas vraiment. Philippe peut te faire de grosses guitares
saturées puis des choses beaucoup plus douces. En chant, je
peux passer du grawl à un chant plus mélodique
genre 90 en fonction du ressenti du morceau. On ne se dit pas on va
faire ça ou ça comme ça. On reste dans
l'expérimental.
Sur les huit titres,
quatre longs morceaux et quatre morceaux plus courts ? Est-ce que c'est
parce que ce sont des compositeurs différents ?
Non. C'est Philippe qui a fait tous les morceaux. Sauf un qui est de
Tom. C'est le morceau « 32GE » qui est un morceau
instrumental avec lequel on entre sur scène maintenant.
C'est ce que je t'ai dit. On ne tient pas vraiment compte des formats.
C'est vraiment au ressenti sur chaque morceau. Il peut être
long ou court, c'est vraiment en fonction de l'émotion qu'on
a qu'on va le jouer.
Je pensais que
c'était peut-être pour avoir des morceaux plus
formatés pour passer en radio, ou au moins en radio web ?
Non pas du tout. Je ne pense pas que nos morceaux passeront
à la radio. On ne s'est jamais posé ce genre de
question.
Oui. Mais ça
aurait pu être pour des web radios ?
Oui peut-être. Mais non, on n'a vraiment pas
calculé ça.
Certains titres sont
très étranges. Je pense à «
Thylacine Blues » ou « Ombromanie »
…
Étranges ? Tu veux dire au niveau des noms ?
Oui. Bon Thylacine je
suis allé chercher ce que c'était. C'est un loup
disparu qui habitait en Tasmanie …
En fait, ce morceau est un peu un requiem. Je me mets à la
place de cet animal dont le dernier animal
répertorié a disparu en 1936. C'est un constat de
la destruction du monde animal. Je me suis mis à sa place et
je me suis dit que peut-être ça allait nous
arriver aussi. Donc qu'est-ce qu'on pourrait ressentir en sachant qu'on
est le dernier de son espèce ? Que ressentir envers cette
fin inéluctable ? Après, il y a des petits clins
d'œil. Il y a des doubles voir des triples lectures.
« Ombromanie » veut dire jeu d'ombres. C'est
inspiré d'un fait divers que j'avais vu il y a quelques
années d'un gamin qui jouait dans une petite rue avec son
camion, il faisait nuit. La Police a été
appelée pour autre chose, et lorsqu'ils sont
entrés dans la ruelle avec le jeu d'ombre, ils ont cru que
le gamin était un mec avec un flingue. Et le gamin s'est
fait tuer. Et j'en ai écrit une chanson avec des jeux
d'ombres et une espèce de théâtre de
marionnettes, qui faussent les apparences.
Elle est lourde, prenante
cette chanson. Neuf minutes d'atmosphère pesante, presque
étouffante … On a aussi ce « 32GE
» qui est un symbole chimique ?
C'est ça. C'est le symbole chimique du germanium. C'est un
composant que tu retrouves dans les pédales Fuzz. Et c'est
celle qui est utilisée sur ce titre. C'est Tom qui l'a
composée et on a trouvé génial son
morceau. On aime beaucoup les éléments chez
Welcome-X. Sur notre logo, tu as un chromosome, la pochette du premier
album était très cuivre et métal. La
seconde en bleu, plus aquatique. Oui, on aime beaucoup les
éléments.
Tu as dit que vous
commenciez vos concerts avec ce morceau, « 32GE »,
pourtant c'est le dernier sur l'album ?
Oui, tu as raison (Rires).
Mais peut-être que c'est un lien avec autre chose
… Tu peux quelques fois commencer par la fin, c'est
intéressant.
Autres
particularités, « Everesting Light Prelude
» Part I et Part II. Pourquoi en deux alors que vous auriez
pu n'en faire qu'un seul morceau ?
Oui oui. A la base ce n'est qu'un seul morceau qu'on a
découpé pour le besoin de l'album. Surtout pour
le vinyle à venir. Sur scène, on l'aura en un
seul morceau. On ne fait pas l'intro de basse de Philippe, qui est un
beau repos sur le CD, une espèce de temps calme. On commence
par « Scent Of Sakura » qui après
découle sur ce morceau un peu plus doux.
J'ai trouvé plus de
morceaux planants par rapport au premier opus.
Disons qu'il y a beaucoup de choses aériennes.
Après la production fait que l'on peut ressentir
ça. Il y a effectivement des parties planantes,
aériennes, contemplatives. Mais après on peut
aussi trouver des moments très violents, comme un peu sur
l'album de Meshuggah, « Catch Thirtythree », fait
de ce type de moments.
Ce qu’il a de
bien avec votre musique, c'est que l'on pense partir dans un style,
mais d'un coup la voix arrive et casse le code de ce que l'on pensait
trouver. Ça peut être déroutant non ?
La voix est pensée comme un instrument. Elle n'est pas
vraiment en avant. Elle est vraiment au milieu de tous les autres
instruments. Bon, après, sur scène, je prends un
peu de place et je la bouffe un petit peu (Rires). Le grawl
peut être un instrument particulier qui va donner une
certaine émotion au même niveau qu'une voix
chantée saturée ou une voix claire. Chose que je
peux utiliser en fonction des émotions que l'on veut faire
passer.
Je pense que l'on peut
aborder cet album de manière différente. Le
mélange de styles fait que chacun va trouver un peu de ce
qu'il cherche. Vous avez composé en ce sens ?
Oui, tout à fait. Tu peux le ressentir
différemment d'une autre personne. C'est Welcome-X, donc
bienvenue à tout le monde. Tu peux interpréter
tous les morceaux comme tu veux. Un peu comme les musiciens qui
composent ce groupe. Jo vient plus du blues, et Julien, notre batteur,
qui vient du rock mais qui a fait beaucoup de musiques du monde
également. Il a eu plein de projets différents.
Welcome-X se nourrit de tout ça.
Est-ce que la
pandémie vous a influencés pour
l'écriture ? Ou vous a-t-elle fait modifier des textes par
exemple ?
Non. Ça n'a pas fait modifier les textes, mais
peut-être exacerber les thèmes qu'il y a dans
l'album. « Inevitable Collapse » a
été écrit avant la
pandémie. La chanson parle du déclin de la
civilisation humaine qui, avec ce qui se passe actuellement, montre
qu'on est en train de faire de la merde avec notre mode de vie. C'est
un constat de "Où on va ? Qu'est-ce qu'on va faire ?" Mais
non, le confinement n'a pas eu d'influence sur l'écriture.
Les compositions et les
rythmes des chansons ont dû demander beaucoup de
répétitions pour arriver à une
harmonie sur scène ? Vous avez travaillé en ce
sens ?
Comme la plupart des musiciens jouent beaucoup, on a un planning
très serré. Donc on se voit pendant deux ou trois
jours et on répète. Mais comme c'est de la
musique écrite, ils ont déjà
joué les morceaux, ils les connaissent, et donc on la bosse
ensemble. Mais ça va très vite. C'est
très naturel, très organique, justement du fait
que ce soit écrit avant.
Vous avez
rejoué, enfin pourrait-on dire, au Triton. Vous avez
enregistré l'album là-bas, vous y aviez
déjà joué. C'est une salle
particulière pour vous, ou c'était un hasard de
calendrier ?
Non, c'est vraiment une salle particulière. C'est une salle
qui nous a soutenus dès le début. Ils ont
été emballés par ce qu'on faisait. Ils
nous ont proposé pendant la période de
confinement d'utiliser la salle comme ils ne travaillaient pas. Et cela
correspondait aux dates qu'on voulait placer. Et on a pu enregistrer en
condition live avec la basse, la guitare, la batterie. On a vraiment
enregistré en condition concert. Il y a eu très
très peu de "re re", j'ai enregistré ma voix dans
la continuité de ça. Ça a
été enregistré en six jours.
Avant les
dernières questions rituelles, les illustrations du petit
livret sont violentes, surtout celle de « Scent Of Sakura
», qui les a créées et
dessinées ?
C'est la même personne qui a fait le design du premier album.
C'est Paul de Ëmgalaï Grafik. Et on a
fonctionné à peu près pareil. Il a
écouté les morceaux, dont quelques-uns sans le
chant, puis on lui a donné quelques notes d'intentions et je
lui ai expliqué très très
généralement de quoi parlaient les morceaux et
lui les a interprétés comme il le voulait.
Qui est James
à qui l'album est dédicacé ?
C'est James Mac Gaw, qui était guitariste de Magma pendant
de nombreuses années et qui était le
frère d'armes de Philippe et un très
très bon ami à nous. Et James est mort d'un
cancer dans les derniers mois. Ça nous a beaucoup
marqués. Il aurait pu participer à l'album car il
adorait le groupe. Il était venu nous voir plusieurs fois en
concert. Et s'il avait encore été de ce monde, il
aurait certainement joué sur cet album. C'est pour moi un
des plus grands guitaristes de tous les temps.
J'ai l'impression que les
musiciens de jazz fusion auraient plus de facilités
à intégrer le groupe ?
Pour jouer avec nous ? Peut-être qu'ils auraient plus de
facilités à jouer notre musique, mais
peut-être pas à la ressentir. Tom est un grand
guitariste, exceptionnel, avec un côté
très metal. Tous ses solos sont écrits, tu vois.
Et Jo qui vient du blues, du funk, est beaucoup plus libre. Il joue des
parties très écrites, mais il a plus de
facilité dans les impros. On sent qu'il vient du blues, tu
vois. Et ça, c'est quelque chose qu'un mec qui vient du jazz
ou du prog ne pourrait peut-être pas faire. Avoir ce
côté libre.
La dernière
fois que je t'avais demandé trois mots pour
définir le groupe, tu m'avais dit "Déroutant,
Mélodique et Voyage". C'est toujours ça ou
ça a évolué ?
Non, c'est toujours ça.
Tu dis ça pour
ne pas avoir à réfléchir ! (Rires)
Non pas du tout (Rires).
Le côté mélodique, tu l'as
forcément dans cet album-là. Le
côté voyage, on en a parlé avant.
Déroutant aussi. Et je rajouterais un mot : Aspirant. C'est
à dire que je n'ai pas envie qu'on vienne nous voir en
concert juste pour nous voir. Je veux que les gens entrent dans notre
musique. Que tu ne voies plus ce qu'il se passe à
l'extérieur. Tu es dans une petite bulle d'écoute
pendant quelques minutes. On t'aspire dans notre univers.
Quel est le dernier
morceau ou dernier album que tu as écouté ?
Hou là. J'en écoute beaucoup. Le tout dernier
morceau, c'est Steel Bearing Hand. C'est un groupe Trash un peu
à la Slayer. Un groupe que j'apprécie fortement.
Merci beaucoup.
Merci à toi.
Propos recueillis par
Yann Charles
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