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Ecrit par Yann Charles |
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samedi, 19 juin 2021
PHIL MANCA
https://www.philmanca.com/
Rencontre, en vrai, avec Phil Manca, un excellent guitariste qui a
surmonté ses peurs et a sorti un excellent album où le blues côtoie
le rock et le heavy. Et c'est juste avant son tout premier concert
avec sa formation pour présenter ce nouvel opus que nous l'avons
rencontré.
Salut Phil. Tu as joué, composé et collaboré avec pas
mal d'artistes, et dans différents styles, tu peux nous en parler
?
Salut. Bon, je n'ai pas collaboré avec trop d'artistes non plus.
C'est vrai que j'ai fait de la variété avec un mec qui s'appelle
Renaud Hantson. J'ai fait également des musiques de films. J'ai fait
les solos de guitares sur Era, l'album baroque. Mais j'ai toujours
fait ce que je voulais. Et maintenant je fais ce que je veux
entièrement.
Tu viens de sortir ton deuxième album solo, « Dancing Spirits »,
dans un style plutôt blues rock, avec même des pointes de heavy.
On peut le définir comme ça ?
C'est ça. Il y a du blues très rock, des blues un peu moins rock
mais toujours avec l'énergie du rock dedans. C'est plus fort que
moi. Je n'arrive pas à jouer traditionnellement (Rires).
On sent bien les influences très 70’s, genre Led Zep, il y a
aussi Gary Moore. Il y a d'ailleurs un morceau de blues qui est
quasiment du Gary Moore ?
Si tu parles de « Someone Care For Me », c'est un morceau de
Johnny Guitar Watson que j'ai mélangé avec un morceau de Fleetwood
Mac que Gary Moore a repris. J'en ai fait un petit mix (Rires).
On serait tenté de te dire "seulement un deuxième album" ?
Pourquoi autant de temps pour le sortir ?
Parce que je n'ai pas eu le courage de le faire avant. Ce n'est
pas évident de mettre son nom sur un disque. Tu vois ce soir c'est
la première en live, donc autant te dire que j'ai mis des bouchons
dans ma culotte (Rires). Avant ce n'était pas le moment,
mais maintenant j'ai atteint assez de maturité pour composer une
chanson. Tout composer je veux dire, de la guitare aux lignes de
basse et à la batterie. Sauf les paroles. Là je me fais aider par ma
compagne qui est parfaitement bilingue. Mais je n'ai pas senti le
truc avant. J'ai fait des comédies musicales, mais j'avais un auteur
qui était là.
Tu avais besoin d'être plus guidé dans ce que tu devais composer
?
Non. Mais j'avais besoin de pare-feu. Les comédies musicales,
c'était moi qui faisais les chansons aussi, mais ce n'était pas moi
qui les interprétais. Il y avait des acteurs, des chanteurs. Avec
les chanteurs de variété c'est pareil, ce n'était pas moi devant qui
devait affronter le public.
Et c'est dur ce passage ?
Ce n'est pas facile. C'est un mur de verre à casser.
Tu as sorti un tribute à Gary Moore, avec ce nouvel album tu n'as
pas peur que les gens qui t'ont découvert et suivi avec Gary Moore
soient un peu désorientés avec ce côté plus heavy ?
Alors je n'ai pas fait d'album consacré à Gary Moore, j'ai fait
des concerts seulement. Mais c'est vrai que le premier album est
plus blues que le deuxième. C'est peut-être pour ça que ça fait
penser à Gary Moore. Mais je ne pense pas. Les gens qui aiment bien
Gary Moore sont en général fans de metal. Après je pense aussi à Joe
Bonamassa qui fait plusieurs trucs en même temps. Du blues, des
trucs moins blues et des trucs carrément heavy. Et le public suit.
C'est sa patte que d'explorer tous ces styles. N'importe quels
styles.
J'avoue que je ne te connaissais pas avant cet album, et j'ai
découvert un son et un style de guitare avec un toucher et un son
particulier, tu as travaillé pour obtenir ça ?
Non non c'est venu comme ça. Je n'ai jamais travaillé ça. Après
il y a des gens, même connus, qui n'ont pas un super toucher.
D'autres comme moi, ont cette chance. Tant mieux si les gens
trouvent que j'ai un bon toucher. En tous cas les gens me
reconnaissent grâce à ça.
C'est peut-être aussi avec toutes tes expériences passées que tu
as acquis ce son ?
Non comme je t'ai dit, je n'ai jamais travaillé le toucher. J'ai
travaillé la technique oui, mais pas le toucher.
On retrouve une belle équipe de musiciens avec toi
sur cet album. Je pense à David Jacob par exemple à la basse, Eric
Lafont à la batterie et Josselin Jobard au chant, comment les
as-tu recrutés ?
David Jacob, je le connais depuis longtemps. Il était déjà sur
les comédies musicales quand il y avait des musiciens sur le plateau
et Eric Lafont, pareil, cela remonte à très longtemps. Ce sont des
gens que je connais très bien. Tellement bien qu'on n'a pas eu
besoin de beaucoup répéter.
Et ça s'est passé comme ça, naturellement, ils en avaient envie
aussi ?
Oui. C'est d'ailleurs David qui m'a poussé à le faire. Je parle
de ma carrière solo.
Est ce qu'ils ont participé à la composition de l'album, ou bien
ils sont venus après et c'est toi qui avais déjà tout composé ?
Non non. J'ai fait tous les instruments dans les démos. Eux, ils
arrivent après mais le morceau est déjà fini. Ils posent leur son et
apportent leur expérience.
Et pour les compositions, qu'est ce qui t'a inspiré ? Les textes
tu as dit que tu te faisais aider par ta compagne.
Tu veux parler des thèmes ? Quand je fais des morceaux, je
chante en Anglais des phrases qui me passent par la tête, mais des
fois ç'est n'importe quoi. Ce n'est pas du yaourt, mais parfois il y
a des trucs qui l'inspirent, donc elle fait un texte par rapport à
ce qu'elle a entendu. Et d'autres moments, on discute de thèmes. Il
y a une chanson qui s'appelle « Betty Blue ». Alors on a regardé «
37°2 le matin » et en fait « Betty Blue » est le nom du film à
l'international. Et donc on s'est inspiré de ça pour écrire cette
chanson-là. C'est les gilets jaunes ou la grogne populaire mondiale
qui nous a inspiré « Crying For Freedom », et c'est le morceau qui
marche le mieux sur le net avec presque deux millions de vues. C'est
un titre qui parle à tout le monde. Il y a aussi un texte sur le
désastre écologique. Mais tous les textes sont très imagés.
Mais ce sont quand même des textes engagés. Par rapport à
d'autres artistes qui font ce même style de musique, ils ont des
textes plus légers disons, pas avec cet engagement.
Oui. Ce sont des choses qui nous tiennent à cœur.
Comment avez-vous travaillé avec les autres musiciens. Avec le
confinement, comment cela s'est passé ?
On s'est retrouvés avant le confinement. On a eu le temps de
répéter trois jours et on a eu deux jours d'enregistrement.
On retrouve un son assez brut sur les morceaux, vous avez
enregistré en one shot, histoire de donner plus de poids aux
morceaux ?
Oui oui, c’est en one shot. Contrairement au premier album où
j'avais tout fait en live, là, j'ai posé les guitares après. Il y
avait le confinement donc on n'avait pas beaucoup de temps. C'était
plus facile de rajouter les solos de guitares par la suite.
Les titres ont été composés pour la scène ? Ou pas forcément ?
Oui oui. En fait j'essaie de simplifier au maximum les
arrangements pour que tout soit faisable sur scène. Et déjà, il y en
a trop pour moi (Rires). On est déjà quatre sur le plateau,
et si je me mets à faire des chœurs ou des arrangements trop
compliqués, il faudrait qu'on soit au moins six sur scène et j'ai
pas envie.
Quel titre est le plus représentatif de cet album à tes yeux ?
Je pense que le plus universel c'est « Crying For Freedom ».
Donc oui c'est celui-là.
Tu en as parlé juste avant, les réseaux sociaux ont été forcément
très importants durant cette période, tu y as été très présent ?
C'est le seul moyen de se faire de la publicité. Et puis la
presse musicale en France, il n'y en a plus beaucoup. A part peut
être des mecs comme vous qui s'intéressent à la scène émergeante,
mais sinon, oui, j'ai été obligé de faire de la campagne
promotionnelle sur les réseaux sociaux.
Et maintenant que l'on peut, enfin, ressortir et revivre des
vrais concerts live, est ce que tu penses que les livestreams vont
quand même continuer ? C'est devenu un nouvel outil de diffusion
ou de promotions d'albums pour les artistes ?
Je pense oui. C'est à dire que pour les gens qui ont un public
international, leurs fans qui sont loin ne pourront peut-être jamais
pouvoir venir en France ou à Paris pour nous voir. Donc si on fait
un concert, même avec du public, en live streaming, pour ces gens-là
c'est quand même pas mal.
On arrive aux questions rituelles chez nous : tu peux définir
Phil Manca en deux ou trois mots ?
Je dirais énergie, émotion et direct. Car je suis très direct.
Et quel est le dernier morceau ou le dernier album que tu as
écouté ?
Je crois que c'est un disque de The Struts. Je crois même que
c'est leur premier album, « Everybody Wants ». Il y a un côté glam
rock des années 70 qui me plaît bien. (Rires)
Merci beaucoup pour cette interview, juste avant de monter sur
scène.
Merci à toi.
Propos recueillis par Yann Charles
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