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Ecrit par Yann Charles |
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jeudi, 17 juin 2021
DIRTY
BLACK SUMMER
https://www.facebook.com/Dirtyblacksummerofficial
Rencontre avec un des rares groupes français qui nous
plongent dans un stoner/grunge teinté de black metal
très stylé 90’s, Dirty Black Summer. Un
excellent album, « Your Great Deception », qui
démontrera toute sa puissance et son énergie sur
une scène et surtout, pour ces Niçois, c'est une
autre façon de nous faire voir la Baie des Anges ! C'est JB
qui nous en dit plus.
Salut JB. Alors peux-tu
présenter le groupe et la question récurrente, je
suppose, pourquoi ce nom Dirty Black Summer ?
Salut. Alors le groupe existe officiellement depuis juin 2020. Mais
ça fait quand même quelques années que
j'avais ce projet dans un coin de ma tête, mais je n'avais ni
le temps, ni l'opportunité de le mettre en œuvre.
Il y a trois ans, j'ai commencé à faire de la
musique avec Thierry, le guitariste du groupe, et on a eu un coup de
cœur artistique tous les deux. On a commencé
à jouer et à composer des morceaux ensemble, dans
notre coin, sans vraiment savoir ce que ça allait donner,
même si on avait envie de monter un groupe ensemble. Et comme
pendant l'année 2020 rien ne s'est passé comme
prévu, on s'est retrouvé sans rien faire. Et
comme moi j'avais toujours envie de ce projet, je me suis dit "pourquoi
ne pas donner leur chance aux morceaux qu'on avait fait tous les deux",
voire faire d'autres morceaux. Et du coup j'ai commencé
à écrire des morceaux, et Thierry, lui, a
arrêté avec son groupe et du coup il m'a rejoint
en impliquant le chanteur de son ancien groupe dans notre projet. On
voulait faire de la musique ensemble depuis longtemps et là,
c'était le bon moment. Et à
côté de ça, on a notre ami Jimbo
à la basse qui est aussi ingé-son pour des gros
groupes qui était en arrêt complet
d'activité, donc il était friand de projets, et
tous les quatre on s'est motivés comme ça,
à se faire tourner des morceaux et des riffs. Donc le groupe
a démarré comme ça. Quant au nom du
groupe, je dirais que c'était une question de vibes. Quand
on a commencé à se voir et à
répéter pendant l'été 2020,
il y avait cette espèce d'atmosphère hyper
suffocante, hyper chaude et lourde, et on cherchait un nom en trois
mots. Et moi qui suis un fan de Danzig, qui est l'une de nos
influences, il y a ce morceau, « Dirty Black Summer
». C'est une expression que j'avais
déjà utilisée, et on s'est dit qu'en
fait ce titre nous représentait trop bien, surtout dans
cette période et cette atmosphère
spéciale. C'était notre état d'esprit
du moment.
On trouve pas mal de
styles, ou je dirais plutôt des touches
différentes dans votre musique. Comment la
définissez-vous ?
Pour moi l'étiquette principale est le rock des
années 90. Donc oui, le grunge, mais pas que. Je t'ai dit
que j'adore Danzig et son espèce de rock hybride sulfureux.
On va aimer Queens Of The Stone Age mais aussi triquer sur Placebo ou
le rock anglais à la Artic Monkeys ou Royal Blood. En fait,
je vais dire que ce que l'on aime nous, c'est le vrai rock
musclé, celui qui tape. Pas le rock à papa ou le
rock à minettes. Il faut que ça claque, que
ça envoie des décibels.
On sent dans tous les
morceaux comme une sorte d'explosion musicale ?
Oui c'est complètement ça. Mais à
côté de ça on va aussi adorer des
groupes qui font dans le crossover, un peu comme Tool tu vois, qui
aiment mélanger les styles. On aime aussi cette
scène scandinave genre Turbonegro qui fait des trucs
débridés. Nous on est cinq gars qui viennent
d'univers différents. Et en fait, on se retrouve sur une
base commune, mais chacun apporte sa référence et
sa touche dans notre musique.
J'ai noté un
petit paradoxe, mais je pense que cela ne doit pas être le
seul, vous parlez de la recherche perpétuelle de la
lumière et de la vérité, et en
même temps l'EP s'appelle « Great Deception
», du coup vous n'avez pas trouvé ce que vous
recherchiez ?
(Rires). On
est toujours en quête perpétuelle de nouvelles
choses et de découvertes. Dans mon état d'esprit,
on vient tous de musiques extrêmes, dark, abrasives, de
stoner sludge et je ne sais quoi d'autre, et je pense qu'à
un moment de nos vies, on a eu envie de faire des choses plus
lumineuses. De sortir de ce tunnel un peu sombre et de voir la
lumière au bout de ce tunnel. Sauf que l'on est toujours
rattrapé par nos démons. Et malgré le
fait que l'on veuille faire quelque chose de plus lumineux, le
démon nous surveille et nos côtés dark
reviennent inexorablement. C'est ça Dirty Black. Apprenez
à prononcer, c'est ça le Dirty Black.
Quels thèmes
abordez-vous sur cet album ?
On parle beaucoup d'amour et de déceptions, d'addictions et
d'échecs, de traumatismes personnels, pas des
thèmes très jouasses en fait ! Des impressions
d'être constamment testés et jugés, mis
dans des cases. C'est un peu le thème du clip. Apprendre
à s'accepter et à être
soi-même. Arriver à se relever de situations dans
lesquelles on ne pensait pas justement pouvoir s'en sortir. Et
finalement s'apercevoir que la vie est un grand cirque et qu'il faut
jouer avec.
Autre paradoxe je dirais,
cette étonnante et surprenante cover de «
Womanizer » de Britney Spears ? Qui a eu l'idée,
et qui est le fan caché de Britney ?
Ben tu l'as en face de toi !! Cette connerie c'est moi. Dans ma
tête j'arrive à faire des rapprochements qui ne
sont peut-être évidents que pour
moi-même (Rires),
mais cette série d'accords je la trouve infernale et
tellement efficace que si un jour c'est joué en mode rock
avec une batterie, deux guitares, et quelqu'un qui
s'égosille au chant, ce serait un morceau tellement bien et
très sulfureux. Peut-être même plus
sulfureux que beaucoup de morceaux de groupes de rock ou de metal en
fait. Il y a pas mal de morceaux de Britney Spears qui, lorsque tu les
écoutes, les décortiques, quand tu arrives
à capter l'essence du morceau, sont bien plus profonds que
l'image. On parle d'une artiste pop américaine qui est ultra
marketée et qui est là pour vendre des millions
de disques. Mais derrière tout ça, il y a un truc
beaucoup plus subversif qu'il n'y paraît, et c'est tout ce
côté-là qui est super
intéressant. C'est surtout que ce n'était pas
là qu'on nous attendait. On aurait fait une reprise de Pearl
Jam par exemple, bon ben voilà, ça paraissait
plus normal, mais qui aurait eu zéro
intérêt. Tandis que là, on en parle et
on nous en parle. Donc on a atteint ce que l'on recherchait,
surprendre. Et j'avoue qu'on s'est bien éclaté
à faire ça (Rires).
L'EP a
été préparé et
conçu avant la pandémie, est-ce que par la suite,
durant les confinements, vous avez changé ou fait
évoluer vos textes ou vos compos ?
Non. Je ne pense pas que la pandémie ait
influencé la création artistique. Par contre
ça nous a permis d'avoir énormément de
temps et donc faire des choses qu'on n’aurait pas pu faire,
ou pas pensé à faire. On va dire que pour l'album
et le travail de l'album, cela a facilité les choses.
Comment avez-vous
travaillé pour cet album ? Vous avez travaillé
à distance, vous avez pu quand même vous
réunir ?
En montant ce projet, je voulais qu'il y ait une dynamique humaine car
je crois que pour faire ce type de musique, il faut pouvoir capter
l'énergie de tout le monde. Et pour cela, il faut se
retrouver dans une même pièce en même
temps. Donc il n'était pas question de travailler
à distance. On y a pensé pendant un moment, mais
on a vite abandonné l'idée car ce qui donne une
dynamique riche, c'est de se retrouver tous ensemble et de travailler
tous ensemble. Pour les morceaux, j'en ai composé une grande
partie, et je suis arrivé avec une base solide que j'ai
présentée à l'équipe, et
après tous ensemble on choisit si c'est un morceau qui peut
être pris ou pas. A partir de là, on retravaille
les morceaux, les riffs. Les arrangements sont faits de
manière assez collaborative. Chacun a amené sa
pierre à l'édifice.
L'album a
été composé pour la scène ?
Oui. C'est sûr. Ce sont des morceaux qui iront
très bien sur scène.
Vous êtes en
manque de cette époque grunge où l’on
pouvait tout lâcher sans avoir peur des impacts
médiatiques ?
Oui. Très clairement oui. J'ai une double
réflexion par rapport à tout ça.
Personnellement j'ai une énorme nostalgie de cette
époque que je vois à travers mes yeux d'enfants
et d'ado. Une époque où j'ai l'impression qu'on
était plus libres. Peut-être n'est-ce qu'une
impression. Mais voilà, c'est ma
génération. Nos découvertes, nos
premiers émois, nos premiers amours musicaux,
cinématographiques, les filles. On a baigné
là-dedans. Et maintenant on est devenu des adultes et on
traverse la vie en étant un peu dans le dur. On a envie
d'une échappatoire, de respirer et de revivre certains
instants un peu plus doux et insouciants. Et ensuite, cela nous
ramène aussi à la genèse de la
création, et tout le monde a envie de retrouver les
sensations que l'on a eues lorsqu'on a créé notre
groupe. Et ça, c'est indescriptible. On se retrouvait. On
créait quelque chose de nouveau et c'était
très excitant. On avait l'impression d'avoir quinze ans. Et
maintenant c'est très compliqué de revivre cette
liberté qu'on avait. Le monde évolue, il faut
faire attention à tout ce que l'on dit ou que l'on fait.
On est
aseptisés ?
Complètement. Il y avait avant une liberté de
paroles que l'on ne pourrait plus se permettre d'avoir maintenant. Le
pic de cette liberté était dans les
années 90. Les gens disaient ce qu'ils pensaient. Ils
étaient en avance sur leur temps en termes d'ouverture
d'esprit, de façon de vivre. Même si je n'aime pas
trop le terme, il y avait une culture alternative que l'on n'a plus.
J'ai l'impression que ce
sont plus les gens de ta génération, ou de la
mienne, qui arrivent à se lâcher plus que les
jeunes de maintenant ?
Oui. Je pense que les jeunes en ce moment ont une énorme
pression. Et moi j'ai l'impression d'être entre ces deux
cases. Il y a une certaine pression de la société
qui oblige à un devoir de réussite. Ne pas
réussir est un échec, comme si tu n'avais pas de
seconde chance. Echouer c'est avoir des failles. Et avoir des failles
c'est être faible. Ils sont dans la performance, dans la
compétition, et ils ne sont plus dans le ressenti et
l'acceptation. Et cette génération qui a grandi
avec des ordinateurs performants, des téléphones
portables qui semblent être en symbiose avec cette
compétition permanente et ce devoir de performance. Toujours
plus quoi. Ils ont accès à tellement de choses
que même eux ne savent pas quoi en faire. On avait moins,
mais on savait quoi faire avec. Ils vont s'inventer des
problèmes là où il n'y en a pas. Ils
vont se compliquer la vie alors que cette vie peut être
très simple.
Vous avez choisi
« Your Great Deception » pour illustrer le clip,
c'est vraiment le titre qui vous définit le mieux ?
Oui. Complètement.
Dernières
questions rituelles : est-ce que tu peux définir le groupe
Dirty Black Summer en deux ou trois mots ?
Hum. En deux ou trois mots ? La réponse est dans
l'énoncé, Dirty Black Summer. C'est
complètement ça.
Et pour terminer, quel
est le dernier album ou le dernier morceau que tu as
écouté ?
J'ai écouté le dernier album de Royal Blood qui
pour moi est tuerie monumentale. Tout le monde a parlé du
Gojira, mais pour moi, c'est Royal Blood.
Merci pour cette
interview.
Je te remercie également.
Propos recueillis par
Yann Charles
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