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Ecrit par Yann Charles |
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dimanche, 06 juin 2021
SAME PLAYER SHOOT AGAIN
https://www.facebook.com/spsamusic/
Une rencontre avec Vincent, chanteur du groupe Same Player Shoot
Again, qui nous présente « Our King Albert », le nouvel
album du combo parisien en hommage à Albert King. C'est la passion
de la musique Blues, Soul et Rhythm N Blues qui a réuni tous les
musiciens de ce groupe. Et c'est sur scène qu'ils partagent cette
passion avec le public. Une belle rencontre et un album à découvrir
!
Salut Vincent, peux-tu nous présenter le groupe et
nous dire pourquoi ce nom, Same Player Shoot Again ?
Alors, le groupe Same Player Shoot Again a été créé en 2018 par
Max Darmon, bassiste, et Romain Roussoulière, guitariste, qui est un
grand fan de Blues. Et le nom Same Player Shoot Again, c'est une
idée du producteur Pierre de chez Bonsaï Music qui fait référence au
flipper des années 70/80. Et c'est ce qui nous rassemble. C'est à
dire qu'on est une bande copains qui jouent de la musique Blues qui
aiment se retrouver pour partager ces moment-là. Un peu comme avant,
quand on se retrouvait autour du flipper entre amis. Et Same Player
Shoot Again, c'est un peu comme "on prend les mêmes et on
recommence". C'est un peu dans cette idée de musique de jam. Le
Blues, on lance un morceau et les copains rentrent dessus, et on
partage un titre tous ensemble. Voilà en fait l'esprit de ce groupe.
C'est ça. Comme dans les jams Blues où tu relances un gars à la
guitare par exemple, ou au saxo, en lui disant "vas-y remets en
une couche".
C'est exactement ça. C'est cette idée de musique Blues qui est
fédératrice, qui est une musique de partage et de rencontres.
Il y a quelques années, et même maintenant, il y a des endroits
dans la capitale où il y a des jams, et le groupe et son nom me
fait un peu penser à ça ? C'était l'idée de départ ?
Au départ de Same Player, c'est une bande de copains qui avait
l'habitude de se retrouver au Caveau à Saint Michel ou à l'Utopia
dans le 14ème qui sont des temples de la musique Blues et des jams.
Donc on avait l'habitude de s'y retrouver et d'organiser des
soirées, comme au China Club par exemple, où on avait carte blanche
tous les mois et où on proposait des hommages divers et variés. De
Otis Redding à Marvin Gaye en passant par The Roots, des styles
différents. Et un jour, Romain, le guitariste, nous dit qu'il ferait
bien un hommage à Freddy King, le célèbre guitariste bluesman. On a
écouté le répertoire et on a appelé Julien Brunetaud, Steve Belmonte
à la batterie, Loic Gayot et Jérome Cornelis pour les saxos. Et on
organise cette soirée-là, "King du Blues". On a eu un tel plaisir à
jouer ce répertoire et on a eu une telle connexion avec le public et
un beau succès que Pierre, de Bonsaï, qui est le producteur
aujourd'hui et qui était à la soirée nous a dit qu'il fallait
inscrire cette soirée dans le temps par l'enregistrement d'un CD
dans un style jam, mais en plus travaillé. Ca a été un tel instant
magique. Same Player est donc né d'une soirée hommage à Freddy King.
Vous n'avez pas peur d'être reconnu comme un groupe de Tribute ou
de Cover ?
Tu sais, au début, on n'avait pas de vision sur l'avenir. On
s'est dit on enregistre ce CD, on se fait plaisir, on crée un nom de
groupe car on voulait une identité et on sort ce disque. On a
demandé à Franck Margerin de dessiner la pochette et au final on
s'est retrouvé avec un super objet. Alors effectivement, c'est un CD
de reprises, mais on est un groupe, on a un répertoire, donc
pourquoi ne pas faire des concerts avec. On a démarché des salles
avec lesquelles on a eu des dates, et on s'est inscrit au Tremplin
du Cahors Blues Festival, en se disant qu'on faisait des reprises
donc est ce que ça allait marcher ? Certains festivals ne nous ont
pas accepté en tant que groupe de Tribute, mais Cahors a accepté.
Donc on s'est présenté, et on a gagné le Prix Cahors entre autres,
et à partir de là, la machine est lancée. Après, historiquement,
dans la musique Blues tous les guitaristes ou les artistes ont
repris des titres qui n'étaient pas à eux. Donc c'est quand même
moins gênant que si on faisait de la variété française par exemple.
Mais on a quand même très envie d'écrire. On a sorti un premier
album sur Freddy King, ce second qui est consacré à Albert King, et
pour le troisième, il se pourrait bien que ce ne soit que des
compos. En tout cas, on y travaille.
Là vous avez rendu hommage à Freddy King et Albert King, mais
vous connaissant, votre son n'est pas que du Blues, vous aimez
aussi la Soul, le Rhythm N Blues, vous avez d'autres sonorités à
votre répertoire ?
C'est vrai qu'on est allé loin dans les sets lists et les
répertoires que l'on voulait proposer. On est allé chercher un peu
plus loin que les grands titres qui ont fait leurs succès. Les
morceaux qu'eux même par exemple avaient repris comme le
« Ain't No Sunshine » par Freddy King, qui est magistral.
Pour Albert King, c'est la surprise, mais il y a des reprises de
groupes célèbres et même un classique de Jazz. Et comme ces artistes
ont été à la base du Funk ou du Blues Rock, on retrouve forcément
d'autres sonorités comme la Soul dans leur musique.
Au vu de leurs discographies propres, plus les morceaux qu'ils
ont repris ou joués, comment se fait le choix des titres que vous
allez interpréter ?
C'est un vrai casse-tête !! On a Romain le guitariste qui est le
spécialiste du groupe de Freddy King et Albert King. Il a énormément
de disques d'eux et il connaît l'historique des albums. Donc c'est
lui qui a effectué une première sélection. Ensuite, cette sélection
se fait également sur des morceaux "coup de cœur". Des titres pour
lesquels on se dit qu'il faut qu'il soit dedans. On essaie de
respecter une chronologie et de ne pas prendre qu'un seul ou deux
albums, mais d'aller chercher des titres sur plusieurs albums. Alors
forcément on va retrouver des classiques de l'artiste, mais on
essaie également d'aller chercher des morceaux moins connus voir
assez rares mais qui sont aussi l'essence ou l'âme de leurs
musiques. Donc ces recherches sont assez longues et il faut quand
même quelques mois pour avoir une set list cohérente sur la
chronologie et sur l'évolution musicale du musicien.
J'ai eu la chance d'écouter ce nouvel album. Alors c'est du blues
certes, mais avec un son moderne. Qui s'est chargé des
arrangements ?
Les arrangements se font pas mal en groupe. C'est à dire que le
procédé est vraiment celui d'un album live. On écoute beaucoup les
morceaux de la set list qu'on a choisi. On les travaille. Et la
magie des arrangements se fait lors des répétitions. Deux jours
avant d’entrer en studio, on se retrouve en résidence, et c'est là
que tout se met en place. Sans mentir, on joue les morceaux au moins
une quinzaine de fois chacun. Ensuite, on discute des arrangements
ou des modifications à faire. Quel son on va choisir ? Par rapport à
l'original, est ce qu'on va lui donner un côté très roots, ou plus
groovy ? Sur Freddy King, tous les arrangements des cuivres ont été
fait par Olivier Bridot car il n'y avait pas de cuivres sur les
morceaux de base. Finalement, les arrangements se font assez
facilement en studio qui est le même processus qu'en répétition. On
joue le morceau une dizaine de fois, et on garde la meilleure prise.
Vous êtes en "One Shot" sur vos prises ?
Exactement. On ne fait pas de "Re-Re" comme on dit. On a envie
de donner la même énergie que celle que l'on donne en live. Tous les
micros sont ouverts et on joue à sept. Donc ça complique un peu la
tâche lorsque l'un de nous se trompe. Il y a un côté un peu plus
usant de ce travail en studio car le "One Shot" est très exigeant.
Je prêche un peu pour ma paroisse, mais en tant que chanteur quand
tu dois refaire des chansons une quinzaine de fois, il faut avoir
les cordes vocales très accrochées. Mais on aime ce rendu là car il
est plein de sincérité et d'honnêteté. Lorsqu'il y a plusieurs
guitares ou pianos, les solos sont ajoutés ensuite, comme les
chœurs.
On sent ce côté live à l'écoute de cet album. On sent bien le
côté jam, et surtout le plaisir que vous avez de jouer.
Oui c'est exactement ça. On a cette volonté de ne pas tricher et
on a envie de vendre notre album à la sortie d'un concert. Et comme
ça, les spectateurs retrouvent sur l'album l'esprit du live. C'est
presque comme si le public repartait avec le CD du concert. En tous
cas, c'est vraiment dans cet esprit-là qu'on a fait cet album. Et
généralement le public du Blues aime bien ce style de jeu brut, bien
stylé jam.
Comment vous avez travaillé pour cet album avec la pandémie ?
C'est vrai que ce n'était pas évident, surtout que nous sommes
sept. On a tous travaillé et enregistré des idées de compos car pour
bosser live c'était impossible. Et là, on va forcément se revoir
pour travailler les concerts. On a un New Morning en septembre, donc
il va falloir bien répéter et se mettre au point (Rires). On met
tout ce que l'on a composé dans une boîte sur Google, et dès qu'on
pourra on se réunira pour voir ce que tout le monde a composé et
voir comment on va pouvoir travailler tout ça. Là la priorité est de
bien se retrouver pour pouvoir défendre ce nouvel album sur scène.
Et ensuite on commencera à voir pour de nouvelles compositions pour
un futur album.
Oui parce que des King il en reste beaucoup d'autres.
(Rires) Oui c'est vrai des King il y en a encore
beaucoup. On a fait Albert et Freddy, on pourrait faire BB King, ce
serait dans la logique des choses, mais je pense que ça attendra un
peu quand même. On va peut-être partir vers autre chose.
Vous êtes un vrai groupe de live, bon, on commence tout doucement
à retourner sur scène. Si tu avais le choix, quel serait le
premier endroit où vous joueriez ?
Comme ça je dirais Stade de France (Rires). N'importe où
mais avec un esprit de festival. Là il y a une telle attente, un tel
manque que le côté "soirée privée" avec un nombre limité de
personnes, on aimerait que ça disparaisse et qu'on retourne devant
du public dans des festivals. Malheureusement le Cahors Blues
Festival a été annulé, et on devait partager la soirée avec Popa
Chubby donc on a eu un gros pincement au cœur. Mais on s'attend à
avoir des grosses fêtes. On a une date prévue en Croatie début
juillet, donc on espère que ce sera maintenu car on aime ce côté
festival où les gens sont là. Tu vis les choses, tu vibres avec eux,
il n'y a pas mieux comme sensations. On n'a pas organisé de live
stream via les réseaux car, personnellement, c'est un format qui ne
me plaît pas trop car il y a ce côté où on est tout seul, certes
avec le groupe, mais seul dans une salle vide. Et nous, ce qui nous
nourrit, c'est le retour instantané du public. Peut-être que le
public avait envie de voir Same Player via un live stream, on est
désolés de ne pas avoir proposé ça, mais on préfère être patients
pour pouvoir aller de nouveau à la rencontre des spectateurs "en
vrai" …
Vous avez sorti le 28 avril le premier extrait de cet album,
« Get Out Of My Life Woman », c'était soulagement on
dirait que cette sortie quand je vois tout ce qu'il y a eu sur les
réseaux ?
Oh oui. Gros soulagement. Il faut dire que l'album a été
enregistré en décembre 2019. On avait plein de dates prévues à l'été
2020 et on avait prévu de le sortir juste avant. Et puis nous voilà
un an après et enfin on peut sortir un single. Donc oui, soulagement
car on fait ça pour faire découvrir au public et pas pour que ça
reste dans les tiroirs. Et là, on peut enfin avoir un espoir
pour la musique et pouvoir retrouver le chemin de la vie d'avant
avec des concerts. L'idée était de sortir ce single qui un vrai
synopsis de l'album. Il n'a pas été choisi au hasard. Voilà, ce
titre est assez représentatif de ce qu'est cet album. Et ça nous
fait énormément plaisir car on sait que d'autres choses vont, enfin,
pouvoir arriver.
On arrive aux dernières questions rituelles : pourrais-tu définir
le groupe Same Player Shoot Again en deux ou trois mots ?
Oui bien sûr. Je dirais Amis, Partage et Plaisir. Et je pourrais
rajouter Convivialité. On essaye de partager avec le plus grand
nombre de personnes.
Quel est le dernier album ou le dernier morceau que tu as écouté
?
Ca va te faire rire, « Upside Down » de Diana Ross. Je
préparais une set list pour un mariage et j'ai écouté ce morceau.
Sinon, le dernier CD que j'ai acheté est celui de Guts, et aussi
l'album de Delgres.
Merci beaucoup Vincent pour cette interview. Et j'espère qu'on se
croisera très vite sur une scène car j'avoue que j'ai bien aimé
l'album et retrouver ce son et ces cuivres en live, ça va vraiment
bien le faire.
Merci beaucoup à toi. Et vivement de se voir ainsi que le
public. Je suis encore un peu sceptique pour cet été mais j'ai
beaucoup d'espoir pour la rentrée et pour après. On a fait en
septembre et octobre dernier des concerts avec des restrictions,
avec des gestes barrières à respecter, mais il y avait quand même
beaucoup de plaisir. Et puis le Blues peut s'écouter assis. Par
rapport à d'autres musiques où c'est quand même plus compliqué. Il y
a des solutions pour qu'enfin on puisse revivre les concerts
ensemble.
Propos recueillis par Yann Charles
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