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Ecrit par Yann Charles |
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jeudi, 27 mai 2021
ROZEDALE
https://www.rozedale.com/
Rencontre avec Amandyn Roses et Charlie Fabert du groupe Rozedale
à l'occasion de la sortie de leur album éponyme.
Un album qui marque un tournant, une étape très
importante dans leur carrière. Une évolution
musicale qui prouve qu'ils aiment se renouveler et partir vers de
nouveaux horizons musicaux.
Salut à vous deux.
On va commencer par une petite explication. On connait Rosedale avec un
"S", désormais c'est Rozedale avec un "Z". Pourquoi ce
changement ? Il y a-t-il une signification particulière ?
C : Salut. Alors oui complètement. Pour commencer, Rozedale
se prononce à l'américaine et vous allez
comprendre pourquoi. En 2016, on a monté le groupe et on a
cherché un nom pour mettre en avant celui d'Amandyn qui est
Amandyn Roses. Et dans l'histoire, Rosedale est le lieu où
Robert Johnson aurait vendu son âme au diable. Et cela
reflétait bien nos influences blues et rock avec Led Zep.
Mais comme Rosedale est un nom de ville, on avait envie, pour ce nouvel
album que l'on considère comme unique, d'avoir aussi un nom
unique. On s'est dit qu'on allait changer le nom du groupe. Et c'est
comme ça que l'on est devenu Rozedale avec un "Z".
Du coup Rozedale c'est un
nouveau départ. C'est pour ça que vous lui avez
donné ce titre éponyme ?
A : Salut. Oui c'est exactement ça. On voulait que les gens
sachent qu'il y avait du changement avec cette nouvelle lettre, mais
également un changement de couleur musicale. On n'a pas
voulu refaire un album qui ressemblerait trop à ceux que
l'on a déjà fait.
C : On ne s'est jamais dit, dès le début du
groupe, qu'on devait avoir telle ou telle couleur. On a même
dit pour rigoler que si on veut faire de l'accordéon on en
fera. On ne veut pas se limiter à une seule chose.
A : C'est ça. L'important c'est d'être
honnête avec notre public. On fait ce qu'on aime et on
espère que les gens qui nous suivent aimeront
également. Mais on ne veut pas faire forcément ce
que les gens attendent ou veulent entendre.
Vous ne voulez pas faire
du blues pour faire du blues et parce que les gens veulent
ça ?
C : C'est exactement ça. D'ailleurs le blues est la musique
la plus honnête du monde. Donc ce ne serait pas
honnête de notre part de n'en jouer que pour plaire aux gens
sans que nous nous prenions également du plaisir
à en jouer. Forcément dans ce qu'on fait
là nos influences blues sont marquées car cela
fait partie de nous et de la musique moderne. Mais plus qu'un nouveau
départ c'est une évolution. C'est ce qu'on est
aujourd'hui. On ne sait pas ce qu'on sera demain, et surtout on ne se
met pas de barrière. On a vraiment fait l'album qu'on avait
envie de faire et on en est fiers. Pour nous, c'est très
important de donner aux gens quelque chose qui vient du cœur.
Les premiers albums
avaient une couleur blues, puis après blues rock, pour
finalement arriver à une sonorité plus rock et
même pop rock. Vous aviez besoin de sortir du
créneau blues ?
A : Moi à la base, j'étais plus
branchée rock que blues. Charlie venait plus du milieu
blues, mais il a toujours aimé les deux styles.
Ce que je veux dire c'est
que vous vous sentiez un peu limité avec le blues ? Le rock
vous permet d'ouvrir plus de créneaux musicaux ?
C : En faisant les albums précédents, on ne se
mettait pas de barrière. Je ne sais pas si c'est avec le
confinement et les évènements, mais on s'est
beaucoup mis à composer en acoustique et du coup, on a plus
travaillé sur les mélodies, des choses plus
simples, moins arrangées à la base. Disons que
l'on a beaucoup plus travaillé tout ce
côté-là. On a tout arrangé
par la suite, mais toutes les bases viennent de ces compos faites
à la maison par Amandyn et moi, avec juste une guitare
acoustique et la voix. Et cela nous a poussé à
faire plus de recherches sur les harmonies, les mélodies,
les accords. On a voulu faire de belles chansons. On a beaucoup
échangé avec Féfé, le
producteur de l'album, pendant le confinement. Et on s'est dit
"ça nous plaît, faisons le". Ce n'est pas parce
que ça sonne moins blues que les albums
précédents que l'on doit s'interdire de le faire.
Vous n'avez pas peur,
avec cette orientation un peu plus rock, de décevoir
quelques fans de la première heure ?
A : On ne se pose pas vraiment la question. Les gens ont le droit
d'aimer ou de ne pas aimer. Mais comme on l'a dit juste avant,
ça aurait été malhonnête de
notre part de faire ou de composer un album qu'on ne voulait pas
vraiment faire. Le single a été bien accueilli.
C : C'est une question qu'on se pose beaucoup trop. Je pense que les
gens sont beaucoup plus ouverts qu'on ne le pense. Et moi, je ne crois
pas à ces grands bocaux avec ces étiquettes
où c'est marqué blues ou rock. Les gens sont
réceptifs à une musique qui leur plaît.
S’ils pensent que c'est de la bonne musique, alors je ne
pense pas qu'ils chercheront si c'est plus rock ou plus pop ou moins
blues. Et puis notre public n'est pas un public qui n'écoute
que du blues, mais il écoute beaucoup de rock. On a sans
arrêt des fans de Led Zep ou d’AC/DC.
Même si notre nouvel album est plus rock, ce n'est pas non
plus du hard rock. Les gens auront le frisson ou pas. Et on
espère qu'ils l'auront .
On va parler de ce nouvel
album, « Rozedale ». Quels thèmes
abordez-vous ?
C : On aborde pas mal de thèmes en fait. Comme sur chaque
album des chansons d'amour. Une chanson, « Burning
», qui a été écrite avant la
Covid et que l'on peut entendre comme une chanson d'amour, mais aussi
comme une prise de conscience sur l'état de notre
planète actuellement. Et on est super heureux d'avoir eu
Louis Bertignac qui nous a fait l'honneur de jouer ce titre avec nous
sur l'album. A titre personnel, il y a une chanson, « At The
End Of The Day », à laquelle je tiens plus
particulièrement car elle parle de mon grand-père
que j'ai perdu.
A : Dans « Somewhere In The Mess », je m'adresse
à mon filleul qui a 5 ans et Charlie à sa
nièce qui est toute petite pour leur dire que la vie dans
laquelle vous êtes venus au monde n'est peut-être
pas facile, mais qu’il y a toujours un espoir pour que
ça aille mieux. En tout cas qu'elle vaut la peine
d'être vécue.
C : Sur « Shine », on parle du temps qui passe.
C'est peut-être l'âge (Rires).
A : « Ghost For You », tu as vu le clip, c'est une
histoire d'amour à sens unique. En fait, Charlie et moi,
tout peut nous inspirer. Un truc qu'on a vu, qu'on a ressenti, seul ou
ensemble.
Vous travaillez comment ?
A : Niveau compos musicales c'est Charlie. De mon
côté si j'ai une idée, ce sera plus une
mélodie de chant que je vais lui chantonner et lui va
chercher un thème autour de ça. Des fois, Charlie
prend sa guitare, il a un thème et moi j'improvise un yaourt
dessus pour voir ce que ça pourrait
éventuellement donner. Des fois, il s'enferme une
journée dans son bureau car il a une idée
précise et il n'en sort pas tant qu'il n'a pas
terminé !
C : En fait, il n'y a pas vraiment de règle. Mais on a
oublié un truc dans les thèmes, c'est qu'on a un
titre en Français.
A : Exact. Ça c'est quelque chose que les gens nous
demandaient souvent. On leur disait que peut être
ça arriverait un jour et qu'on n'était pas
fermés à cette option. Pour les deux albums
précédents, on n'avait vraiment pas envie de le
faire.
C : Mais pour celui-là … Alors en fait, on est
parti jouer à Tahiti fin 2019 sur un festival que l'on
partageait avec Cali. On a passé une semaine ensemble
là-bas, et on s'est liés d'amitié. Il
fait partie de ces artistes qui savent écrire des chansons,
il a eu huit Victoires de la Musique je crois, et on lui a dit qu'on
aimerait bien faire un titre en Français, qu'on avait
déjà une musique, et on lui a demandé
si ça le brancherait d'écrire un truc
là-dessus. Et il nous a dit oui. Il nous a envoyé
un texte et on en est tombé amoureux. C'est une chanson qui
est d'actualité car elle parle des exclus de la
société.
A : Des gens rejetés. Cela peut être dans plein de
domaines, dans la rue, au travail, le harcèlement sur les
réseaux …
Les chansons en
Français, c'est une expérience que vous allez
renouveler ? Ça vous a plu ?
A : Oui, ça nous a beaucoup plu. Mais je ne sais pas si on
renouvellera.
C : Je crois que c'est comme pour la musique. Si ça nous
plaît on le fera. Si on a un truc en Français qui
nous semble être une bonne idée, avec un beau
texte et une mélodie qui convient, alors je crois qu'on
n'hésitera pas à le faire. On ne va pas
spécialement chercher, mais on n'est fermés
à rien.
On revient sur les
compos. Vous êtes un groupe de scène, tout le
monde le sait, mais toutes les compos de cet album ont
été faites pour la scène ?
C : Non pas spécialement. Pour moi, un bon morceau doit
être aussi bon sur scène que sur CD. Par contre
pour cet album, quand on va aller sur scène, on aura
beaucoup plus de solos de guitares car les versions seront
étendues. Là, on s'est principalement
concentrés pour ce qui est de l'enregistrement studio sur
les chansons. Les titres vont être repensés pour
la scène. Je crois qu'on a vraiment recherché sur
ce CD à aider les chansons, pas à placer des
plans de musicien.
Vous avez
travaillé avec votre équipe habituelle ?
C : Non. Ce ne sont pas eux qui ont enregistré avec nous. On
joue toujours avec eux bien entendu sur scène. Là
l'expérience était différente car on a
enregistré aux Studios ICP. On a enregistré
l'album en une semaine. Il y a eu beaucoup de travail avant, mais
l'enregistrement a été très vite. On
avait envie d'une expérience différente. On ne
voulait pas tomber dans une sorte de routine. Et le reste du groupe
était super intéressé de voir comment
d'autres personnes aborderaient les compos que eux,
forcément, joueraient différemment. Et maintenant
on travaille avec eux pour la scène.
Justement, ça
risque de sonner différemment sur scène avec vos
musiciens habituels ?
C : Disons que cela va avoir une couleur différente.
Malgré tout, ils ont adhéré au travail
qui a été fait par les autres musiciens sur
l'album, et le but n'est pas de tout changer car les bases sont
là. Mais ce sera avec leur toucher, leur son à
eux.
Vous avez
proposé une superbe vidéo pour le titre
« Ghost For You ». Vous avez cassé la
tirelire !!!
A : (Rires) C'est le producteur qui a cassé la tirelire ! Et
Cognac qui nous a aidés. C'est Féfé,
Baladins Tours Productions, qui a eu cette idée. On avait
une équipe de douze personnes, et c'était une
belle expérience et super impressionnant. Et le cadre, ce
château, c'était formidable.
C : Et puis il y a eu l'aide du festival de Cognac et Michel Roland.
Ils nous ont assistés sur toute l'aventure. Ils nous ont
apporté leur aide. Et c'est grâce à
tout ce monde qu'on a pu faire ce clip qui est en fait un mini-film.
Pendant le premier
confinement, vous avez donné des rendez-vous
réguliers avec vos fans. Un petit peu moins
après. Cela vous a plu ? Vous allez y revenir ?
A : Tous les jours on bossait des titres qu'on jouait le soir. Depuis
quatre ans on ne jouait que des titres de Rozedale et quelques reprises
qu'on interprétait sur scène. Mais là,
on a vraiment dû apprendre et réapprendre des
morceaux totalement différents. On a fait plus d'un mois
tous les jours, mais je t'avoue qu'après on a eu beaucoup de
travail avec l'album et surtout on ne savait pas que tout cela allait
durer aussi longtemps. Alors on a dit aux gens, on va le faire une fois
par semaine, mais là aussi c'est devenu
compliqué. Mais j'espère maintenant qu'on
n’aura plus besoin de faire des live en vidéo,
mais qu'on va pouvoir les faire avec du vrai public et que tout va
enfin reprendre.
C : C'était quand même un super truc pour garder
le lien avec les gens et notre public. Et c'est notre essence.
Pour ou contre les
livestreams ?
A : Pour les gens qui sont isolés, tout seul, on a
essayé de leur apporter un petit quelque chose, un peu de
détente, et de bonheur le soir. Et ça faisait
plaisir de pouvoir faire ça. Mais on ne se verrait pas faire
ça tout le temps derrière un écran.
C'est bien pour une courte période. Mais là, on
veut vraiment revoir des gens. Et je pense que les gens aussi veulent
revoir les artistes en vrai.
C : Tu n'imagines pas les messages que l'on a reçus
après. Il y avait des gens qui regardaient en
différé : des soignants par exemple, des
ambulanciers, qui nous disaient qu'ils rentraient du boulot, et qu'ils
se détendaient en nous écoutant.
Maintenant qu'on commence
à peut-être apercevoir le bout du tunnel, si vous
aviez le choix du lieu du premier concert, ce serait où ?
C : Si ça se passe bien, on devrait reprendre quelques
festivals cet été comme Cognac par exemple. Et on
fait une tournée en fin d'année.
A : Oui, on a le Prix Cognac.
C : C'est vrai, on a le Prix Cognac Passions, donc jouer
là-bas c'est juste parfait. Et donc une tournée
nationale avec une date à La Maroquinerie à Paris
le 23 octobre.
A : En fait, que ça se passe bien partout !!! (Rires)
C : Sinon, le Royal Albert Hall !! (Rires)
On va arriver aux
dernières questions rituelles chez nous : est-ce que vous
pouvez définir Rozedale en deux ou trois mots ?
A : Emotion, car je pense que ça nous caractérise
bien.
C : En trois mots pour moi. Amandyn. Passion. Projet d'une vie.
A : Oh !!! Alors je ne peux pas éviter de dire Charlie.
C'est la vérité, sans Charlie, il n'y a pas de
Rozedale. C'est nous deux ensemble, sinon ce n'est pas possible. Je ne
pourrais jamais faire ça avec quelqu'un d'autre. Sinon, je
pourrais dire également Toute ma Vie. Et je sais que pour
Charlie aussi.
Voilà qui est
très beau, Toute Notre Vie. Vous connaissant, je trouve que
ça vous définit bien oui ! Dernière
question : quel est le dernier morceau ou le dernier album que avez
écouté ?
C : On écoute beaucoup, beaucoup de choses. Mais je dirais
le dernier album de Delgres.
A : Oui, je confirme. Un très bel album.
Je vous remercie pour
cette interview, et j'espère vous retrouver cet
été sur une date, ou au mois d'octobre
à Paris.
C : Merci beaucoup à toi Yann. Et on se voit très
bientôt.
Propos recueillis par
Yann Charles
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