|
|
|
|
|
Ecrit par Yann Charles |
|
|
samedi, 24 avril 2021
JUNON
https://www.facebook.com/wearejunon/
Rencontre avec Arnaud, chanteur du groupe Junon (Ex-General Lee). Il
nous présente le groupe et nous parle également
de leur EP « The Shadows Lenghten ». Entre
référence cinéma et
littérature fantastique, des riffs explosifs,
voilà un groupe taillé pour la scène.
Salut Arnaud. Si on se
réfère à l'histoire, Junon
était la déesse du mariage et de la
fécondité, mais aussi elle avait surtout un
caractère guerrier, quel côté de Junon
avez-vous gardé ?
Salut. Les trois en fait si on y réfléchit bien.
Nous sommes six individus à fortes têtes avec un
besoin d’écrire une musique
émotionnelle, physique et guerrière. Parfois
ça crée des tensions et des
désaccords. On se doit donc de mettre parfois de
l’eau dans notre vin pour maintenir un certain
équilibre, on n’est pas loin d’un
mariage à six personnes dans ces cas-là. Quant
à la fécondité, ça a
donné notre premier EP, « The Shadows Lenghten
», que l’on a accouché sans
réelles douleurs et surtout avec un grand plaisir et une
grosse envie d’en découdre après quatre
années de hiatus.
Peux-tu nous
présenter le groupe et nous expliquer le choix de ce nom ?
Après une prise de tête sans fin pour se mettre
d’accord sur un nouveau nom, nous avons jeté un
coup d’œil dans le rétro et Junon, le
titre d’ouverture du premier EP de General Lee, «
The Sinister Menace », s’est imposé
comme une évidence. C’est un titre
emblématique qui nous a rarement quittés depuis
2003. Mis à part ce changement de nom, rien n’a
vraiment changé dans le fond. D’ailleurs nous
n’avons nullement l‘intention de mettre de
côté les titres composés avec General
Lee pour nos prochains concerts. On reste le même groupe de
potes, avec les mêmes envies, le style musical reste pour
ainsi dire le même, mais le changement de nom nous a
donné davantage de latitude pour expérimenter des
choses différentes et changer la dynamique de nos titres. On
ne traine plus uniquement cette étiquette post-hardcore
qu’on nous a collé avec General Lee. Cela nous
permet d’avoir plus de liberté sans ressentir
d’attentes particulières de la part des personnes
qui nous suivent depuis longtemps.
Quatre titres, mais
quasiment quatre styles différents ? Comment
définis-tu votre musique ?
Personne n’aime se trimbaler constamment une
étiquette dans le dos, donc, même s’il
est vrai que l’on est proches du post-metal ou du
post-hardcore avec des influences qui vont de Neurosis à
Deftones en passant par Will Haven ou Converge, on fait du rock
… de façon extrême : des explosions, de
l’émotion et des riffs plus catchy. En tous cas
c’est du bien rock extrême pour un fan des Strokes (Rires)
… que j’adore au passage.
Pourquoi un EP
plutôt qu'un album ?
On souhaitait tâter le terrain sur une paire de titres pour
voir si on avait encore des choses à dire et sortir de nos
schémas de compostions habituels. Le format EP est parfait
pour ça.
Comment vous avez
travaillé pour cet EP ? Qui fait quoi ?
Une bonne partie de la composition s’est faite à
distance à cause de la crise sanitaire et aussi du fait que
nous sommes dispatchés dans toute la France.
Malgré cette situation inédite tout
s’est passé assez facilement et sans aucune
pression extérieure en fait … Après
cette longue pause, nous avions tous énormément
envie de composer, d’expérimenter, et de nous
ouvrir à d’autres perspectives musicales. Notre
ligne directrice reste la mélancolie, des riffs massifs, des
plans hardcore, finalement un mix de tout ce que nous avons pu
créer avec General Lee. Ce mélange se fait de
façon assez naturelle car nous avons trois guitaristes dans
le groupe avec des influences différentes et avec chacun un
son bien spécifique. Nous démarrons
généralement la composition par un riff de
guitare principal plutôt rythmique puis nous ajoutons des
couches et des textures différentes pour avoir un spectre
sonore assez large et riche. Ensuite la section basse/batterie vient
muscler le tout, suivi des chants qui proposent davantage de
variété qu’à
l’époque de General Lee. Le mix de nos six
personnalités donne Junon, entre explosions hardcore et
mélodies tristes. Ce qui est assez fou c’est que
nous nous sommes retrouvés au complet uniquement en entrant
au Boss Hog Studio pour tout mettre en boite …
C’est une façon différente de
travailler qui nous a obligé à soigner
énormément le maquettage des titres en amont afin
d’arriver en studio le plus sereinement possible.
Quels thèmes
abordez-vous ?
Le cinéma et la littérature fantastique
d’horreur, HP Lovecraft en tête, a toujours eu une
grosse influence pour les textes de General Lee et donc de Junon. Pour
les textes de l’EP, j’ai fait un
parallèle entre la puissance irréelle et la
terreur cosmique que provoquent les grands anciens chers à
Lovecraft et les éléments de la terre qui peuvent
nous balayer en un instant. Ces dieux invisibles qui, s’ils
peuvent se montrer bienveillants et généreux avec
l’être humain, peuvent aussi tout reprendre et nous
balayer en un instant. Quand j’entends parler que
l’être humain est en train de détruire
la planète ça me fait m’interroger
… Pour moi l’être humain va à
sa propre perte par manque d’humilité et de
respect face à la nature. Notre passage sur la terre ne
représente qu’une fraction de seconde à
l’échelle de l’univers. La terre
reprendra ses droits, sans aucun doute, balayant toute trace de notre
passage.
Vous avez choisi le morceau
« Carcosa » pour votre clip. C'est le morceau le
plus représentatif de Junon ?
Vu que l’on avait en tête de proposer quelque chose
de plus varié avec cet EP, on peut dire que «
Carcosa » est représentatif de cette
évolution avec son rythme martial, le refrain en chant clair
et ces arpèges un peu post-punk. Par contre, si tu veux
trouver un lien plus direct avec General Lee, ce sera avec un titre
comme « Sorcerer » qui aurait pu être
composé à l’époque de
« Hannibal Ad Portas » ou de « Roads
».
Quelles
différences ou évolutions par rapport aux albums
précédents ?
Le résultat sonne, je l’espère, plus
réfléchi et mature, même si je
n’aime pas trop ce terme. C’est plus insidieux,
moins direct, et les titres du EP proposent davantage de couches de
lectures que le dernier album de General Lee, « Knive Out,
Everybody ! », où on avait poussé les
potards à fond, créant
l’incompréhension chez beaucoup de monde. (Rires)
Ce nouveau nom Junon est
la claque qu'il vous fallait pour repartir de plus belle ?
C’est un nouveau départ que l’on
n’aurait pas pu prévoir quand on a
raccroché en 2016. On était dans un tout autre
été d’esprit à
l’époque, avec beaucoup de lassitude. On est
très contents d’avoir relancé la
machine et les retours sur l’EP sont très
encourageants. Il sortira d’ailleurs dans une double version
vinyle coloré le 17 septembre prochain chez le nouveau label
Source Atone Records avec qui nous avons également
signé un deal pour un premier album.
Bon, même si
ça va être chaud cette année, L'EP a
été composé pour la scène ?
Définitivement oui, c’est la raison
première de notre retour. L’avantage
d’avoir trois guitares - hormis le fait que l’on va
être encore plus serré dans le van (Rires) -
c’est que l’on pourra reproduire les parties studio
plus facilement. On a hâte en tous cas, nos sacs de couchage
sont dans l’entrée.
Dès que vous
et les autres groupes bien sûr remonterez sur une
scène, on croise les doigts, quelle sera la set list ? On
retrouvera des morceaux de General Lee ? Quelle période ?
On jouera l’EP dans son intégralité et
on ressortira des titres de General Lee comme « Drifting
», « The End of Bravery », «
Medusa Howls With Wolves », « Colossal Rains
» … et si les concerts reprennent dans deux ans on
fera des sets deux heures à en crever car on aura sorti le
nouvel album d’ici là (Rires).
Merci Arnaud pour cette
interview.
Merci à toi et ton soutien qui fait bien plaisir. Allez
jeter une oreille sur notre nouvel EP disponible sur Bandcamp et sur
toutes les plateformes de streaming et n'hésitez pas
à vous procurer le vinyle sorti chez Source Atone Records,
c'est un bel objet !
Propos recueillis par
Yann Charles
|
|
|
|