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Ecrit par Yann Charles |
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mardi, 20 avril 2021
CROWN
https://www.facebook.com/CROWNBAND
Rencontre avec Stéphane et David du groupe Crown, qui nous
parlent de leur tout nouvel album, « The End Of All Things
», paru le 16 avril chez Pelagic Records. Un duo à
la base, transformé en trio pour ce disque qui nous
entraîne dans un univers sombre aux textures
électro, rock et metal.
Pouvez-vous nous
présenter le groupe et pourquoi ce nom Crown ?
S : A la base, on cherchait un nom qui sonnait plutôt bien
phonétiquement. Il n'y avait pas de concept
derrière. On voulait un nom assez court et percutant. Et
puis la couronne (Crown) est assez symbolique. Donc rien
d'exceptionnel, c'était plutôt pour la
sonorité. Et quelque chose qui soit facile à
prononcer. Alors sinon le groupe existe depuis 2010. David et moi
collaborons ensemble depuis « Night … »
l'album précédent. Donc c'est notre
troisième album car on a sorti également un EP en
2012. (Arrivée
de David qui rejoint la conversation)
D : Salut. Désolé, je faisais la sieste (Rires).
S : Donc on sort notre troisième album chez Pelagic Records.
A la base c'était un duo mais j'ai toujours tout fait tout
seul. En live en fait on était deux. C'était
machines et guitares. Pas de batterie. Mais pour cet album on a un vrai
batteur qui s'appelle Nicolas Uhlen et on est parti dans une direction
un peu différente. David si tu veux bien te
réveiller et prendre le relais (Rires)
D : Oui David réveille-toi (Rires). Pour
être plus sérieux, je suis intervenu sur l'album
précédent en tant que producteur et surtout
mixeur. Et c'est de là que Steph m'a branché pour
ce nouvel album, pour faire plus avec lui sachant que c'est toujours
lui qui composerait les morceaux. Et je trouve que c'est
très bien car c'est lui l'âme de ce groupe.
Dès le
départ vous aviez choisi cette formule duo ? Mais
là, voilà qu'apparaît un batteur.
Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il vous apporte ?
S : J'avais fait le tour du concept à deux et des machines.
Et le fait d'avoir un batteur apporte plus de dynamique et un
côté plus humain aux rythmes qui nous sort du
côté industriel des machines. Et pour cet album,
c'est le premier à avoir de la vraie batterie. Et
même visuellement, sur scène, ça donne
quelque chose de moins monotone on va dire.
Comment vous
définissez votre musique actuelle ? Elle était
plus électronique au départ, beaucoup moins
maintenant ?
D : A mon avis, c'est du rock indé. Je pense qu'on s'est
éloigné du côté metal qui
était plus évident
précédemment. Et dans un style qui nous est plus
personnel qui nous correspondrait mieux. Je définirais
ça comme ça. Peut-être aussi un
côté plus expérimental dans les sons.
Et on est également dans un format plus chansons qu'on ne
pouvait l'être avant. Enfin le mot chanson n’est
peut-être pas le meilleur.
S : Oui, on dirait dans des formats un peu plus courts. Je dirais aussi
assez progressif, mélancolique et mélodique.
Même si on conserve quand même une part de musique
industrielle et électronique.
Oui, l'electro reste
dominant.
S : Oui oui carrément. C'est difficile de vraiment nous
définir musicalement en fait.
D : Oui, je pensais que c'était toi qui faisait
ça, pas nous ! (Rires)
Vous n'avez pas peur de
perdre les premiers fans avec ce changement de sonorités ou
plutôt d'orientation musicale ?
D : Pour l'instant, au vu de toutes les réactions que l'on a
eu, nous n'avons pas eu de retours négatifs. Mais,
honnêtement, on n'est pas animé par la peur des
réactions. Ceux qui préféraient la
formule d'avant, on les encourage à découvrir
celle-là. Et ceux qui nous découvrent avec cet
album, ils peuvent également aller écouter ce
qu'on faisait avant. Tout simplement.
« The End Of
All Things », ce nouvel album, c'est une nouvelle naissance
du groupe ou une évolution ?
S : C'est une évolution. Pas forcément une
nouvelle naissance car chaque album est différent. Les
précédents étaient peut-être
plus metal comme on le disait avant, mais c'est une
évolution naturelle à un moment
précis.
D : J'aurais envie de te dire, une évolution qui
mène à une nouvelle naissance.
S : Bravo (Rires)
Vous saviez
déjà après les premiers albums et EP
que le son allait évoluer vers ce que vous avez sur ce
nouvel album ?
S : Non pas du tout. On m'a souvent posé la question, et
j'ai dit que quelques mois avant de composer, je voulais aller vers
quelque chose de plus extrême et plus agressif. Puis
finalement, on est allé à l'opposé.
D : Je vais te dire, on ne savait même pas où on
allait vraiment quand on a commencé à composer
celui-là. Et même plus, on ne savait
même ou on était vraiment quand on
était en train de le terminer. (Rires) C'est vrai.
Ce n'est pas une formule de style, on l'a presque découvert
ensemble, Steph et moi, quand on a mis la touche finale à
cet album. On ne s'est pas vraiment projeté, on s'est
laissé porter par la musique et on a essayé de
faire de notre mieux.
Vous avez
travaillé comment pour cet album ? Qui fait quoi ?
S : J'ai composé tous les morceaux. Mais comme je voulais
qu'on fasse ça ensemble avec David, on a commencé
à bosser sur ce que j'avais fait. Et lui a un œil
extérieur, un œil de producteur, qui a permis
d'emmener de la nouveauté sur des rythmiques qui
étaient peut-être un peu trop redondantes. Il a
donné du relief sur pas mal de compos.
Pourquoi ce titre de
« The End Of All Things » ?
S : Par rapport à ce qu'il se passe dans le monde depuis
quelques années. On a franchement l'impression d'arriver
à un point où on est en train de faire de la
merde pour parler très direct. Le titre de l'album existait
déjà en 2018, ce qui est une drôle de
coïncidence avec ce qui se passe maintenant. J'avais un regard
sur ce qu'il se passait qui n'était pas très
positif, et maintenant on arrive à un point où il
va vraiment falloir renouveler certaines choses dans notre
manière de vivre. Humainement, socialement, politiquement.
C'est un univers
très sombre plus que noir peut être dans lequel
vous nous embarquez musicalement, dans les thèmes que vous
abordez, il y en a qui vous tiennent plus à cœur ?
S : Non pas vraiment. Mes textes sont assez abstraits. Je fais en sorte
que les gens qui écoutent ou qui lisent mes textes se
fassent leur propre interprétation. Mais c'est vrai que
c'est très sombre. Il y a des sentiments d'autodestruction,
de fin de choses, des choses pas très positives en fait.
C'est une sorte de fresque ou de peinture de ce que je peux avoir
à l'esprit. C'est très subjectif en fait.
D : Et moi, je suis très content de faire la sieste avec lui
une ou deux fois par an seulement car c'est trop sombre pour moi !! (Rires)
Quand tout à l'heure
Stéphane évoquait le changement de direction de
l'album d'agressif à ce qu'il est maintenant, c'est parce
que le Covid et la pandémie est venue se mettre
là-dedans ?
S : Non non pas du tout. L'album était
déjà écrit avant la
pandémie. On l'a commencé en 2017 et on l'a
terminé début 2019. Donc c'était
avant. Mais finalement ça colle bien avec
l'actualité.
D : Tu avais anticipé en fait.
S : Je me suis dit "Ah s’il pouvait se passer un truc comme
ça pour la promo, ce serait impeccable". (Rires)
Avec « Utopia
» en dernier morceau et la voix féminine de Karin
Parks d'Årabrot, c'est une ouverture sur le prochain album ?
D : En réalité, cela ne s'est pas
passé comme ça. Souvent après tu peux
réinterpréter les choses, mais il se trouve qu'on
avait invité Karin Parks d'Årabrot en lui envoyant
une ébauche de morceau qui était plus une petite
boucle sur laquelle elle a posé des voix et des
chœurs. Quand on l'a eu en retour, on était
presque encombré, dans le bon sens du terme, car on s'est
dit que si on voulait se servir de cette superbe performance vocale et
fallait qu'on retravaille le morceau autour de cette voix. Et c'est ce
qu'on a fait. Et la fin de l'album nous semblait l'endroit le plus
approprié pour le mettre. Je sais que ce n’est pas
très original de finir par quelque chose de
différent. Ceci dit, je trouve ça très
beau que ce soit perçu comme une touche d'espoir
à la fin de cet album. Mais, comme d'autre chose sur ce
disque, c'est un hasard. Ça ne fait peut-être pas
très artiste de le dire comme ça, mais c'est la
vérité. Tu sais, on a découvert ce
disque lorsqu'on l'a fini. Et quand on a écouté
la première fois, on s'est dit que oui, cela
donné cette impression d'espoir.
Ça donne
presque une ouverture sur autre chose ?
D : Oui carrément …
S’il y avait un
titre qui résume le mieux cet album ce serait lequel ?
S : Je dirais le premier titre, « Violence », ou
alors « Illumination », le morceau de la
vidéo. Mais je préfère quand
même « Violence ».
D : Ah oui ? Moi je préfère «
Illumination ». J'aime beaucoup ce morceau. Je les aime
à peu près tous autant, mais celui-ci
à ma préférence. Mais sinon, l'univers
musical oscille entre ces deux morceaux. Si on devait
résumer le disque avec un seul morceau, ce serait un de ces
deux-là oui.
Vous avez
déjà une idée de ce que cela donnera
sur scène quand on y retournera ?
D : Oui. On a fait un enregistrement live filmé pour le
Roadburn qui est sorti le même jour que l'album. On l'a
joué avec le batteur qui est présent sur le
disque, et un second guitariste pour qu'on puisse recréer un
maximum des textures qu'on a fait en studio. Et très
franchement, on a été très
agréablement surpris, car évidemment, on a les
basses, synthés qui sont sur un ordinateur sinon il faudrait
qu'on soit six ou huit à jouer, mais globalement on joue la
quasi-totalité des sons à quatre et d'un point de
vue musical, on a été très
agréablement surpris oui. Le groupe est cohérent
et agréable d'un point de vue humain, et il y a un petit
côté dénudé quand on le joue
à quatre qui est très intéressant avec
un côté un peu plus brut, plus vrai.
L'album a
été composé pour la scène ?
Ou pas spécialement ?
S : Pas forcément non. Sincèrement, je ne me suis
pas posé la question quand j'ai commencé
à composer. Il y a toujours moyen d'arranger par la suite
pour la scène. C'est vrai qu'il y a beaucoup de textures,
mais finalement, on arrive à bien le retranscrire pour la
scène.
D : Et il y a un tel changement par rapport aux albums
précédents, même si on retrouve cette
couleur sur l'album d'avant par petites touches. Quand on s'est
lancé là-dedans, le but était d'en
tirer le meilleur parti. Et on ne s'est pas trop projeté sur
la suite, sur ce que cela allait donner sur scène. La seule
chose qu'on savait, c'est qu'on voudrait essayer de rejouer en live un
maximum de choses de cet album. On ne voulait pas faire de la
scène une sorte de demi play back comme l'ont fait pas mal
de groupes et de musiciens. Je pense à Marylin Manson par
exemple, où si tu es musicien tu te rends compte que les
mecs auraient sortir de scène et laisser tourner les
bécanes.
On arrive aux
dernières questions … La première :
pouvez-vous définir le groupe en deux ou trois mots ?
S : Du Chaos contrôlé.
D : Oui c'est bien ça. Et s’il en faut un
troisième, je dirais crooner. Il a quelque chose avec cette
voix grave et ce petit truc qui parle assez bien aux filles en
général. (Rires)
Les femmes et les jeunes filles sont assez sensibles à la
voix de crooner de Steph. (Rires)
Quel est le dernier album
ou dernier morceau que vous avez écouté ?
S : Bonne question.
D : Moi le dernier truc que j'ai entendu c'est Steph qui ronflait ! (Rires)
S : Ce matin j'ai écouté Michael C. Hall,
l'acteur qui joue Dexter et qui a formé un groupe qui
s'appelle Princess Goes To The Butterfly Museum. Bon je n'aime pas
tout, mais il y a un morceau qui me plaît vraiment qui
s'appelle « Ketamine » dans un style un peu
electro. Sympa.
Merci les gars pour cette
interview.
S : Merci à toi. Oui c'est exactement le feedback qu'on a de
tout le monde. On sent bien que les gens et les artistes sont super
frustrés.
D : Avec plaisir. Merci à toi.
Propos recueillis par
Yann Charles
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