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Ecrit par Yann Charles |
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vendredi, 19 mars 2021
LITTLE
BOB
https://www.facebook.com/littlebobbluesbastards
Depuis la disparition de "sa Mimie", sa femme, sa muse, son
âme sœur, Little Bob a le cœur gros. Il a
pensé tout arrêter, mais le Rock N Roll c'est sa
vie, c'est son ADN. Il est donc retourné en studio et nous
offre un vingt-quatrième album studio, « We Need
Hope ». Une rencontre en face à face, moment rare
en cette période, avec un personnage simple et attachant !
Salut Bob.
Déjà, avant tout, comment vas-tu ?
Salut. Ça va, ça va … Je suis en
manque de concerts. J'attends patiemment.
Tu penses qu'un retour
sur scène sera bientôt possible ?
Suis-je optimiste ? Non. Je ne vois pas comment on va y arriver. Avec
la vaccination peut être. Ce n'est pas normal qu'on ne puisse
pas jouer. Mais je sais aussi pourquoi. Mes fans sont devant la
scène. Donc si on ne veut pas que le Covid aille plus vite
que son ombre, il n'y a pas d'autres solutions. Il faut être
patient. Mais c'est dur à vivre. C'est un dur moment
à passer. Regarde ce nouvel album, on l'a
enregistré fin février, début mars
2020, donc tu vois on attend déjà depuis un an.
Je suppose que
ça a été très dur de te
remettre dans les compos, l'écriture après la
disparition de Mimie ? Comment as-tu réussi non pas
à surmonter mais à te remettre dans tout
ça ?
Après la disparition de ma douce ça a
été vraiment très dur, c'est vrai.
Comme ça a été dur de remonter sur
scène quinze jours après sa mort. Mais je me suis
dit que si je n'y allais pas là, j’allais
arrêter. Et si j'arrête, ça va
être raide. Qu'est-ce que je vais faire ? Qu'est-ce que je
vais devenir sans elle ? Pour moi, tout était fini. Ma vie
était finie. Et puis à partir du moment
où tu as ton groupe avec toi, que tout le monde est
là, que tout le monde veut repartir sur scène
pour rejouer. Alors tu repars. Même pour les
répétitions, on se retrouve à Rouen
par exemple. On joue le matin. Bon, c'est dur le Rock le matin (Rires). Mais on
joue le matin pour que les gars qui sont un peu loin puissent rentrer
chez eux le soir. En fait, on essaye de se maintenir prêt. On
travaille. Car tu sais le répertoire c'est vingt-trois
disques en quarante-cinq ans. C'est un sacré truc tu vois.
Donc il faut qu'on bosse tout ça.
Musicalement, on sent
quand même plus de sonorités bluesy que Rock N
Roll dans cet album ?
Tu trouves ? Moi je le trouve au contraire un peu plus Rock que Blues.
Peut-être dans la voix, dans ce que je chante.
Oui, c'est ça.
Je trouve que ta voix est plus blues, plus mélancolique ?
Je dirais que l'album est très blues dans ce qu'il contient,
je parle au niveau texte et sûrement sur la tessiture de ma
voix. Plus blues au niveau de l'esprit oui. Il y a tellement de
désespoir, de peine. Mais sinon, musicalement, je pense que
c'est peut-être un des plus rock. Et le fait de perdre ma
douce … Ça va faire deux ans maintenant. Et ma
vie est redevenue comme avant. Sauf que je suis tout seul maintenant.
J'ai eu des amours avant elle. Mais qui ont compté autant
dans ma vie, non. Donc le blues je l'ai sur moi. Il est inextricable.
Je le porte en moi et sur moi. Et ça je ne pourrais plus
l'enlever.
On retrouve de la
nostalgie dans certains titres, mais aussi de gros messages d'espoir,
de luttes contre l'oppression, contre la connerie humaine genre Trump.
Finalement c'est dans cette voie que tu es toi-même et que tu
te retrouves ?
Oui c'est certain. Par exemple « Walls And Barbed Wires
», les murs et les barbelés. Trump et compagnie
qui empêchent les gens, les réfugiés,
de venir dans leur pays. C'est vrai que ça fait beaucoup de
gens d'un seul coup. Mais si on les répartit,
peut-être que tout le monde peut être accueilli.
Tu chantes en Italien, ta
langue natale. Une reprise de « Bella Ciao » et
« Il Bella Della Vita ». C'est pareil, il fallait
revenir aux racines ?
C'est revenu tout seul. "Le beau de la vie" c'était Mimie.
Qu'est-ce que je fais
tout seul sous ce ciel gris
Et le vent qui me pousse
à rentrer à la maison
Mais toi ici tu n'y es
plus
Les paroles me sont venues comme ça, en italien
directement. Je l'ai proposée aux gars et ils ont
aimé ce texte en Italien. J'avais déjà
écrit des textes sur l'immigration en Italien pour l'album
« Libero » en 2001. Et depuis je n'ai plus
écrit en Italien, même si j'en ai eu envie, mais
je ne l'ai pas fait car il y a toujours de crétins qui
disent "Pourquoi il ne chante pas en Français, alors qu'il
chante en Italien". Du coup, je ne l'ai plus fait jusqu'à
aujourd'hui.
Il y a une chanson qui
interpelle un peu, c'est « Looking for Guy-Georges
». Tu peux nous en parler ?
(Rires) Oui
je comprends. En fait il s'agit de Guy-Georges Grémy. C'est
vrai qu'on aurait pu penser à l'assassin (Rires). J'y ai
pensé d'ailleurs. En fait Guy-Georges était notre
guitariste et quand il a quitté La Story, il est parti vivre
à Nice et on n'a plus eu de nouvelles. Il est revenu pour le
vingtième anniversaire quand on a joué au Havre
pour fêter cet évènement. Et je voulais
le faire revenir pour le trentième et quarantième
anniversaire mais il ne joue plus. Et il a eu des problèmes
avec l'alcool, la dope, bref il s'enferme chez lui et il ne veut plus
voir personne. Donc si tu veux dans cette chanson, « Looking
for Guy-Georges », je dis qu'il était un grand
guitariste, qu'il jouait avec la guitare de Keith Richards …
Comment ça ?
Alors il a eu cette guitare après le vol des guitares des
Stones après un concert à Villefranche dans le
sud. Et il avait acheté la guitare à un petit
voyou. C'était une Flying V en bois. Elle était
à Keith Richards. Par la suite un groupe anglais est venu
jouer au Havre. Et quand ils ont vu ça, leurs yeux se sont
écarquillés et ils nous l'ont
échangé contre une Gibson. Nous, comme on devait
aller jouer en Angleterre, on savait qu'il ne fallait pas y aller avec
celle-là, car c'est sûr qu'il y aurait eu
quelqu'un pour nous dénoncer ! Et ils nous auraient interdit
de venir jouer en Angleterre ! Tu penses la guitare de Keith Richards
!! C'était au tout début de Little Bob Story. Et
du coup, ils sont repartis avec cette fameuse guitare. Et on ne sait
pas ce qu'il s'est passé ensuite. Et donc pour en revenir
à la chanson, je parle de Guy-Georges qui était
un mec super gentil, et qui s'est détruit petit à
petit.
Quatre reprises dans ce
nouvel album également, dont la très belle
« Where Are All The Good Times Gone ». Pourquoi ce
choix ?
« Where Are All The Good Times Gone » des Kinks.
J'ai choisi celle-là car c'est une réflexion
qu'on se fait aujourd'hui. "Où sont passés les
bons moments ?". C'est pas qu'on soit nostalgiques du passé,
mais je pense aux petites soirées où tu vas
manger un bout et boire un coup entre amis, et en ce moment ce n'est
plus possible. Après, cette chanson est sur l'album, mais
pas sûr qu'on la retrouve sur scène. C'est Gillou (Gilles Mallet NDLR)
qui m'a dit qu'une chanson des Kinks nous irait bien : «
Where Are All The Good Times Gone ». Et j'ai dit OK, on va se
faire plaisir.
Tu es allé
enregistrer à Rouen, au studio Quasar, il fallait que tu
changes de studio, que tu partes ailleurs ?
Non pas spécialement. Initialement on devait aller
à ICP à Bruxelles, un bon studio avec du bon
matos, mais on était dans les périodes de Covid
et on n'avait pas de confirmation de la boîte de production
qu'on pourrait aller là-bas. Et comme à Rouen il
y a le studio Quasar, avec du bon matériel aussi
… Une cabine pour le chant, une pour la contrebasse qu'il
fallait isoler, car on aime bien faire nos prises live. On aime se
voir, mais en même temps il y a aussi des contraintes de son.
Et donc au studio Quasar, on avait toutes ces possibilités
pour travailler.
Donc ce n'est pas le
choix de partir du Havre ?
Non non ! On aurait aussi très bien pu venir à
Paris. Mais cela coûte très cher, et en ce moment,
le pognon, faut y faire gaffe ! (Rires)
Les disques se vendent beaucoup moins qu'avant. Et comme il n'y a plus
de concerts, c'est plus dur. Moi, je vends principalement mes disques
sur les live. Donc pour celui-là, ça va
être un peu la surprise.
Dès que le
monde redémarrera, tu retourneras sur scène.
Ça va être compliqué mais ton public
sera là. Si tu as la possibilité de choisir le
lieu de ton premier concert de retour, ce serait où ?
Disons que cela dépendra d’où on pourra
rejouer. Mais ce n'est pas seulement où je voudrais jouer
moi. Mais si j'en ai la possibilité ce sera au Havre car
c'est là qu'on a une majorité de public. Jouer au
Magic Mirror du Havre, ce serait ça. Mais sinon,
après on peut jouer partout ou n'importe où.
L'essentiel étant d'être sur une scène.
Combien de chansons tu as
composé pour n'en garder que neuf ? Je ne compte pas les
reprises.
Alors pour les reprises, je voulais reprendre « Natural Born
Boogie » de Steve Marriot. J'ai un faible pour Steve Marriot.
On l'a écouté et ça swinguait un max,
et on s'est dit que ça nous irait bien. Et on l'a fait.
« Bella Ciao » car c'est un hymne antifasciste et
antiraciste. « Freedom » car c'est un peu gospel,
un peu triste, mais avec beaucoup de force. Et « Where Are
All The Good Times Gone » comme je te le disais tout
à l'heure parce que c'est Gillou qui me l'a offerte. Mais
pour les autres chansons, en fait je n'écris pas plus de
morceaux que ce dont j’ai besoin. Maintenant, je commence
déjà à écrire pour le futur
album. Car ça fait quand même un an que cet album
est fini et donc je me mets à
réécrire. Mais je ne suis pas Springsteen qui
écrit cinquante chansons pour en garder dix (Rires). Je ne suis
pas un auteur compositeur qui ne fait que ça. Ce que j'aime
c'est avoir des chansons pour aller sur scène, mais ce que
j'aime par-dessus tout c'est chanter en public, devant mon public.
Et puis il y a
« You Can't Come Back », la chanson que tu n'aurais
jamais pensé écrire ?
Oui. Mais je me suis aperçu qu'il y en a une autre sur le
dernier album, « New Day Coming », et qui s'appelle
« I'm Watching You ». Mimie était
déjà malade. Et maintenant je me dis "Mais
putain, comment tu as pu écrire ça ?". C'est
comme si je la regardais dans un lit en train de mourir …
« You Can't Come Back » en studio, je ne l'ai
chanté qu'une fois. On a
préféré garder la voix telle qu'elle
est, avec le blues et toute l'émotion que je ressentais
… J'ai pleuré la première fois que je
l'ai chantée. Elle n'est plus là …
Merci Bob
Merci à toi.
Propos recueillis par
Yann Charles
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