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Ecrit par Fred Delforge |
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mercredi, 17 mars 2021
GRANT
HAUA
https://dixiefrog.com/
https://granthaua.com/
Quand on a la chance de pouvoir mettre la main sur un artiste de la
trempe de Grant Haua, on ne manque pas une telle occasion !
C’est ce que s’est dit
l’équipe du label Dixiefrog en signant cet artiste
néo-zélandais qui ne jure que par
l’authenticité et par la simplicité.
Quand les influences de la culture Maori se teintent de beaucoup de
blues et d’Americana pour donner une musique unique en son
genre, quand en plus le personnage est un passionné de rugby
qui a quelques accointances avec les All Blacks, on ne peut que
céder à l’appel de la tentation et
aller poser quelques questions à un artiste qui
n’a pas fini de faire rêver les amateurs
d’un blues au sens large du terme, un blues se plait
à évoluer comme bon lui semble
…
Bonjour Grant Haua, peux-tu
rapidement te présenter pour que nos lecteurs arrivent
à cerner ton personnage ?
Kia Ora, bonjour, je suis Grant Haua et je viens
d’Aotearoa. (NDLR
: nom de la Nouvelle Zélande en Maori)
Peux-tu nous expliquer la
signification du nom de ton album, « Awa Blues » ?
J’imagine que c’est du Maori …
"Awa" signifie "rivière" en Maori. Je vis près
d’une rivière qui s’appelle "Waitoa", ce
qui peut se traduire par "rivière guerrière" en
Français, ça fait donc un peu partie de ma
famille, de mon ADN …
Ton public attendait ce
nouvel album depuis une dizaine d’années
… Pourquoi avoir mis autant de temps pour le faire ?
J’ai été la moitié
d’un duo qui s’appelait Swamp Thing pendant huit de
ces dix années qui séparent ces deux albums.
J’ai quitté le duo à la fin de
l’année 2018 pour me consacrer pleinement
à ce nouvel effort, « Awa Blues ».
On trouve toutes sortes
d’influences sur « Awa Blues », je pense
entre autres à Tom Jones, Ben Harper, Eric Bibb, James
Brown, Keziah Jones … Est le fruit du hasard où
est-ce dû au fait que ces artistes sont de vraies influences
pour toi ?
Ce sont des influences importantes bien entendu, mon père
adorait Tom Jones et donc j’ai écouté
beaucoup de ses chansons durant ma jeunesse. Ma mère adorait
la soul et c’est pour cela que je suis un très
grand fan du Roi de la Soul Music. J’ai découvert
Keziah récemment et je me suis penché
très sérieusement sur sa musique,
j’écoute la musique de Ben Harper et
d’Eric Bibb depuis des années, je pense que
c’est tout à fait naturel que toutes ces couleurs
se retrouvent dans ma manière d’écrire
et de composer.
Tes compositions sont
très personnelles, assez autobiographiques parfois
… Quel genre de message essaies-tu de faire passer dans tes
chansons ?
Beaucoup de mes chansons sont le fruit d’un premier jet,
c’est facile pour moi d’écrire de cette
façon une fois que j’ai ressenti les
émotions que je souhaite faire passer dans une chanson, du
coup ces chansons ont tendance à sonner vrai et à
me ressembler, et je pense que l’auditeur arrive mieux
à entrer dans le sujet, ce qui est d’autant plus
facile que les sujets que j’aborde peuvent être
communs à beaucoup de personnes et qu’il est
très facile de se transposer dedans. J’imagine que
mon message principal est de rester authentique et de partager cette
authenticité.
Tu tires tes influences
de la culture Maori, tu t’en sers pour en faire une musique
aux accents américains et le résultat est tout
simplement superbe … Est-ce que tu considères que
le blues est un langage universel qui a été en
quelque sorte récupéré par les
Américains qui ont su mettre en valeur l’influence
des populations primaires, le mot n’est en rien
péjoratif, pour en faire un art capable de toucher les gens
?
J’aime l’Americana depuis toujours et le fait
d’être Maori m’a permis
d’être entouré de musique traditionnelle
durant toute ma jeunesse. Les Maoris sont un peuple très
marqués par la musique et je pense que la fusion de ces deux
styles a été un cheminement naturel pour moi au
fil des années. Les Maoris ont été
marginalisés au fil des décennies, comme
l’ont été les Noirs
Américains, mais d’une façon un peu
différente. Mais la lutte contre cet état de fait
a certainement été un catalyseur pour chanter le
blues et nous ne sommes pas différents à cet
égard, mais le blues a de nombreuses
interprétations à travers de nombreuses cultures
de l'ère moderne, et est définitivement
maintenant un art mondial capable de toucher tous ceux qui l'entendent.
Mais je soupçonne que cela a toujours
été le cas !
Quelle serait selon toi
la définition idéale du Blues ?
L’apaisement de l’âme par la musique
Quel est la place du
Blues en Nouvelle Zélande ? En ce qui me concerne, je
n’ai jamais entendu parler d’une Blues Society
là-bas, et je ne me souviens pas avoir eu
l’occasion de voir un artiste
néo-zélandais à Memphis pendant
l’International Blues Challenge, alors que l’on a
pu croiser des Australiens, des Philippins, des Coréens,
etc.
Nous avons des clubs de blues dans nos plus grandes villes, c'est une
scène assez animée, et un bon endroit pour les
plus jeunes pour se perfectionner.
Sur le plan des concerts,
y-a-t-il des clubs de blues pour jouer dans ton pays où
est-ce plutôt une scène
généraliste où chaque style trouve une
place ?
Oui, et les clubs de blues sont tous connectés les uns aux
autres, donc on organise une tournée assez facilement, que
l’on soit un artiste national ou international. Nous avons
également de plus grandes salles pour les plus grands
artistes, quelqu'un comme Ben Harper serait trop important pour jouer
dans un club par exemple.
Comment réagit
le public face à une musique qui ne semble pas
être « courante » pour lui ?
Eh bien vous avez toujours des foules plus jeunes qui sont toujours
plus intéressées par la musique pop ou le rap,
mais le blues a un attrait à tous les niveaux de la part des
jeunes et des moins jeunes, et les fans de blues semblent
être fidèles sur le long terme. Quant à
moi, je suis heureux avec le public quel qu’il soit,
dès lors qu’il vienne et
s’intéresse à ma musique.
Comment un artiste
néo-zélandais en arrive-t-il à signer
avec un label français ? Comment la rencontre avec Dixiefrog
s’est-elle faite ?
Quand l'album a été fini, je suis parti
à la pêche, je l'ai accroché
à un hameçon et je l'ai lancé dans
l'océan Internet … Et j'ai eu beaucoup de chance
d'avoir Dixiefrog accroché au bout de ma ligne ! Mais il
faut reconnaitre que nous avions créé un bon
packaging avec quelques bonnes vidéos en plus de
l’album, c'était un très bon
appât et mon manager, Joel Thompson, m'a aidé
à envoyer ma ligne jusqu’à eux. Je suis
tellement heureux et reconnaissant de faire partie de
l'équipe maintenant.
Sur « Awa Blues
», on retrouve deux musiciens bien connus chez nous, le
Français Fred Chapellier et le Texan Neal Black. Comment en
êtes-vous arrivés à travailler ensemble
?
Dixiefrog voulait une chanson supplémentaire qui parle de ma
maison et de ma famille, de mes relations maories, etc., c'est ainsi
que « This Is The Place » est apparue sur l'album.
Nous avons donc dû retourner en studio, mon manager a
suggéré que nous collaborions avec leurs artistes
pour voir comment nous allions faire par la suite pour faire de
nouveaux enregistrements. Et ça s’est
avéré être une collaboration
fructueuse, le résultat était magnifique, Fred et
Neal ont vraiment amélioré les morceaux, ces
gars-là ont réussi le pari !
Qu’est-ce
qu’ils ont pu apporter à ta musique ?
Tous deux ont parfaitement compris l'ambiance des pistes sur lesquelles
ils jouent, et je pense que leur expérience a vraiment
amélioré le résultat final.
Tu ne vas pas y
échapper, je sais que tu es un grand amateur de rugby
… Sur environ 60 rencontres, la France n’a battu
que 12 fois les All Blacks, mais elle les a
éliminés deux fois de la Coupe du Monde, en 1999
et en 2007 … Et les mêmes All Blacks ont
gagné trois Coupes du Monde, dont deux en battant la France
en finale ! Penses-tu que ces équipes puissent
être liées d’une manière ou
d’une autre ou même être
considérées comme les deux meilleures ennemies ?
Tu vois, quand la France atteint sa vitesse de croisière, il
n'y a pas de meilleure équipe à regarder jouer.
En fait, ils ont ruiné ma lune de miel aux Fidji en 2007
quand ils nous ont renvoyés à la maison
après les quarts de finale !!! Thierry Dusautoir a fait plus
de quarante plaquages ce jour là … La France est
définitivement notre équipe à
éviter quand il s'agit de la Coupe du monde, c'est
sûr. Après les All Blacks, La France est mon
équipe préférée, et c'est
la même chose pour beaucoup de Kiwis !
Si la France et la
Nouvelle Zélande devaient se rencontrer en finale de la
Coupe du Monde 2023 en France … Quel serait ton pronostic ?
Vous aurez l'avantage du terrain et si vous atteignez la finale, ce que
vous devriez faire, vous serez TRÈS difficile à
battre, peut-être que seuls les All Blacks auront une chance
d’y parvenir !
Dernière
question rugby ? Tu es plutôt Dan Carter, Jonah Lomu ou Brian
Lochore ?
Lomu était un phénomène, il a fait
plus pour le jeu que quiconque dans l'histoire du rugby, mais mon
joueur préféré de tous les temps
pourrait être tiré au sort entre Philippe Sella et
Christian Cullen, tous deux avaient des compétences, une
vitesse et une grâce qui n'ont pas été
vues depuis.
Pour en revenir
à la musique … Quel est ton programme pour les
semaines et les mois à venir ? J’imagine que tu es
assez impatient d’aller défendre ton album
à la scène …
Des tournées locales pour le moment, et quelques concerts en
livestream …
A quoi faut-il
s’attendre pour les concerts à venir ?
Du Blues avec la puissance d’un haka
Que peut-on te souhaiter
pour les mois qui viennent ?
La même chose que ce que je souhaite pour vous, que ce Covid
s’en aille pour que nous puissions tous profiter à
nouveau des spectacles en direct !
Quelle est la question
que tu attendais et que j’ai oublié de te poser ?
"Avez-vous hâte de faire une tournée en France ?"
Et quelle aurait
été ta réponse ?
"Combien est tu prêt à parier là-dessus
?"
Merci Grant Haua, on a
vraiment hâte de te découvrir sur scène
!
Moi aussi j’ai hâte ! Merci à toi
également.
Propos recueillis par
Fred Delforge
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