Ecrit par Fred Delforge |
|
|
dimanche, 21 mars 2021
Cartografado
(Ocarina Music
– L’Autre Distribution – 2021)
Durée
57’13 – 14 Titres
https://www.facebook.com/CarlaPiresOfficial/
C’est en jouant le rôle d’Amalia dans la
comédie musicale à succès du
même nom que Carla Pires a obtenu la reconnaissance du public
lusitanien mais aussi plus largement mondial puisque avant
même la sortie de son premier album en 2005, elle
s’était déjà produit en
Japon, en Suède ou encore en Turquie. Devenue une
icône du fado, une musique qu’elle
s’approprie et qu’elle pimente de touches de jazz
et de modernité, la chanteuse propose cette année
à ses fans français un album qui a
déjà conquis une partie du public international
en mai 2020, un quatrième ouvrage dans lequel elle
présente onze pièces originales et trois
adaptations en compagnie de musiciens comme Bernardo Couto à
la guitare portugaise, André M. Santos à la
guitare classique, João Novais à la contrebasse
mais aussi de nombre de cordes et de voix qui viennent
compléter son chant en tous points exceptionnel. Invitation
au voyage, « Cartografado » se veut une
cartographie du fado qui entraine l’auditeur dans divers
endroits mais aussi à la découverte de
différentes sensations comme l’absence, la
solitude, le départ ou encore la perte de
l’être aimé. La mélancolie du
genre fait qu’il est souvent considéré
comme un blues aux accents portugais et quand bien même il
existe en effet quelques similitudes, le fado en appelle pour sa part
à beaucoup de cordes pincées et
s’attache en très grande majorité aux
sujets les plus tristes, quand bien même on remarque des
thèmes aux tonalités plus joyeuses comme le
retour au pays et les fêtes qui
généralement l’accompagnent, Carla
Pires apportant toujours l’émotion la plus juste
à des morceaux comme « Alma Aprendiz »,
« Viajar Assim », « Em Frente Ao Muro
», « Ancora Do Tempo » ou encore
« Os Vinos Dos Portos » mais aussi à
« Ta bouche aux lèvres d’or »,
un texte de Paul Eluard mis en musique par Amélia Muge. La
perfection des instrumentations ne fait que magnifier un peu plus la
voix d’une artiste parmi les plus brillantes du genre et si
l’écoute du fado s’est
déplacée du peuple vers la bourgeoisie au fil des
années, devenant même le chant national portugais
à l’époque du dictateur Salazar, il
n’en reste pas moins que c’est une musique
à la fois simple et populaire qui est capable de toucher
tout le monde dès lors que l’on fait un minimum
d’effort pour en capter l’émotion.
Quitte à essayer, autant le faire avec une artiste aussi
brillante que Carla Pires !
|