Ecrit par Fred Delforge |
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samedi, 27 février 2021
Where many rivers meet
(Zombi Music –
2020)
Durée
78’36 – 25 Titres
http://www.stevetallis.com
Il y a plus de quarante ans que ce griot australien parcourt le monde
avec une musique qui s’écarte de tous les codes
imposés par l’industrie du disque,
celle-là même qui lui a été
inspirée par des artistes comme Leadbelly ou encore Bob
Dylan, on a connu pire comme influences. Pour son huitième
album personnel, Steve Tallis a finalement cédé
à une tentation qui lui tendait les bras depuis longtemps,
celle de faire un album solo dans lequel il pourrait pleinement se
lâcher en s’accompagnant de ses fameuses Gibson SG,
de sa Guild 12 cordes, ou même en s’offrant
quelques titres a capella. Enregistré en mono pour conserver
l’essence même des morceaux, coproduit avec le
Poons Head Studio et Rob Grant, « Where Many Rivers Meet
» regroupe une quinzaine de compositions mais aussi une
dizaine de reprises parmi lesquelles quelques grands traditionnels
réarrangés par les soins de l’artiste.
Abordant des sujets capables de toucher chacun de ses auditeurs, Steve
Tallis y parle indifféremment de la vie et de la mort, de la
révolte ou de la résignation, de la
résilience aussi, et puis de choses comme l’amour,
le sexe ou encore la foi. Il en ressort des enregistrements
très bruts, souvent empreints de bruits parasites et de
craquements en tous genres, mais aussi et surtout de
véritables tranches de vie qui se traduisent par des
morceaux exceptionnels comme « She Makes Me Shiver
», « When I Wake Up », « Let
The Silence Suck Out The Truth », « Hold Your Nerve
» ou encore « Put The Acid On », mais
aussi par des adaptations de titres comme « Wade In The Water
», « Can I Do It For You ? », «
Black Betty », « See That My Grave Is Kept Clean
» ou encore « John The Revelator » et
cette version intéressante de « House Of The
Rising Sun ». On appréciera le
côté dépouillé de
l’ouvrage, cette attitude faussement désinvolte
qui consiste à envoyer les morceaux les uns à la
suite des autres, un peu à la va comme j’te
pousse, mais remarquera aussi le côté abouti de la
chose avec un très beau digipack et avec un livret
plutôt bien fourni. Et si d’aventure
quelqu’un était tenté de taxer cet
effort solo d’opportuniste, il serait vite démenti
en remarquant que son enregistrement remonte à
l’automne 2019, bien longtemps avant la pandémie
et ses vagues de confinements. L’essayer, c’est
l’adopter !
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