Ecrit par Fred Delforge |
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vendredi, 26 février 2021
Back to
Louisiana
(Autoproduction
– 2021)
Durée
36’28 – 10 Titres
http://www.docloublues.com
Fruit de la rencontre de deux artistes à la fois
différents et complémentaires puis
d’une complicité naissante et enfin
d’une véritable amitié, ce second album
de Doc Lou & The Roosters est la suite logique d’une
volonté d’aller droit à
l’essentiel en devenant un duo puis d’un besoin
urgent d’inviter un troisième homme pour finir
d’habiller les choses. Alors quand le chanteur, guitariste et
harmoniciste Doc Lou fit la rencontre du guitariste Jeff Hug, il
semblait d’ores et déjà
évident que la mayonnaise allait prendre, au
début sur une relecture des titres de « Crowing
Blues », l’album que Doc Lou avait
publié en 2018, puis petit à petit sur des
improvisations qui finiront pour certaines d’entre elles par
devenir des compositions. Parce qu’il faut dire que les deux
artistes ont des choses en commun, un amour pour le blues pour
commencer, celui du Delta, du Texas et bien entendu de Louisiane, et
puis quelques expériences rapportées de
l’Ouest américain où l’un et
l’autre ont suivi des études. Finalement rejoints
par Michel Geronimo à la batterie et aux percussions, les
deux comparses feront le tour des salles et des clubs du Sud-Ouest
avant de se décider à passer aux choses
sérieuses, confinements successifs aidant,
c’est-à-dire à
l’enregistrement de cette nouvelle rondelle où
tout se mélange mais où rien ne se
dénature. De la country dans le bayou, du swamp dans le
southern rock et du Texas dans le West Coast blues, il faut avoir
l’inspiration sérieusement solide pour en arriver
à nous servir ce creuset bouillonnant dans lequel chauffe un
solide gumbo aux saveurs riches et épicées, une
musique où les slides se mesurent au picking et
où les harmonicas sauvagement saturés se frottent
à des harmonies vocales de toute beauté et
à des percussions parfois inattendues mais toujours
très réussies. Enregistré à
la roots au milieu des plats qui mijotent, des verres de vin de pays
qui s’entrechoquent et des chats qui s’incrustent
pour mieux prendre part à la fête, «
Back To Louisiana » a réussi à trouver
un très juste équilibre entre
l’âme d’ici et les influences de la bas,
histoire de mieux nous séduire à grand renfort de
tranches de vie comme « But One Thing »,
« Can’t Quit You », « Rock
Groove Shake » ou encore « Late At Night
» où Eric Payan, chez qui l’opus a
été réalisé, se fend
d’une belle partie d’orgue Hammond. Il y a les
relents de Lil’ Ed et de Kim Wilson, une pointe de Lazy
Lester et de Tony Joe White, un je ne sais quoi de Billy Gibbons pour
enjoliver les choses et un trait de Bukka White pour finir
d’allonger une sauce épicée mais jamais
trop piquante, dosée juste comme il le faut. Ça
s’appelle « Back To Louisiana » et on
comprend très vite pourquoi !
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