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Ecrit par Yann Charles |
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dimanche, 24 janvier 2021
JIRFIYA
https://www.facebook.com/jirfiya/
Rencontre téléphonique avec Ingrid Denis, la
chanteuse du groupe Jirfiya dans lequel on retrouve deux ex-Born From
Lie, Jérôme Thellier (Guitare/Chant) et Pascal
Davoury (Basse) et Nico Dumant à la batterie. Elle nous
parle de leur rencontre un peu particulière, mais aussi de
leur album « Still Waiting » qui vient de sortir.
Une belle rencontre !
Salut Ingrid. Peux-tu nous
présenter le groupe et question que, forcément,
on vous pose tout le temps, pourquoi ce nom Jirfiya ?
Salut. Effectivement cela revient souvent. Pourquoi ce nom de Jirfiya ?
On cherchait un nom fort, accrocheur, et je n'étais pas trop
portée sur un nom anglo-saxon un peu attendu. Et
pendant un petit brainstorming, en cherchant on est tombé
sur ce nom qui est celui d'une météorite qui est
tombée dans le Sahara. Et les scientifiques lui avaient
donné ce nom là. En fait le vrai nom est Jrifiya
mais on l'a un peu transformé pour la prononciation en
Jirfiya. Et ça a été
adopté.
Justement une
météorite c'est puissant, splendide mais
également éphémère non ?
Oui. Mais en même temps ça laisse des traces (Rires). Mais c'est
vrai que c'est un symbole d'énergie et de fulgurance aussi.
C'est un peu à l'image de notre rencontre et notre
façon de travailler depuis un an et demi ou deux ans qu'on
se connaît. Ça a été assez
fulgurant comme je te l'ai dit, et inattendu, mais très
productif, très créatif. Une façon de
travailler très énergique avec notre locomotive
qu'est Jérôme (NDLR
: Thellier, guitares et voix) qui sait vraiment
où il veut aller et où il nous emmène
avec lui. C'est ce qui m'a fait adhérer à sa
démarche, à son univers et à sa
façon de travailler.
La rencontre a
été un peu particulière. Tu peux nous
en parler ?
C'était sur les réseaux, une annonce
relayée que j'ai vu sur le site d'un chanteur. Et
c'était pour leur groupe à l'époque
qu'ils recherchaient quelqu'un pour le chant. J'ai fait une ou deux
sessions avec eux et au final il y avait une moitié du
groupe qui ne voulait pas suivre une nouvelle direction avec moi,
tandis que Jérôme et Pascal (NDLR : Davoury, basse),
eux, étaient à fond. C'est un peu ce qui a fait
scission et qu'ils ont décidé de monter leur
propre projet. Ça a signé la fin de Born From
Lie. On est donc parti sur ce projet.
Tu disais que
Jérôme et Pascal recherchaient un chanteur
à la base. Puis finalement ça a
été une chanteuse, est ce qu'il a fallu qu'ils
adaptent leur musique avec ton arrivée ?
Au départ, il était question qu'on prenne du Born
From Lie car Jérôme voulait voir comment
ça sonnait avec ma voix, une voix de chanteuse. On a
répété sur ces morceaux là.
Il y a eu des changements de tonalités, enfin quelques
retouches techniques. Jérôme a flashé
sur ma voix et j'ai eu cette chance qu'ils composent des morceaux
à ma tonalité. Ce qui n'est pas courant, ni
naturel de s'adapter à la voix de la chanteuse. C'est
souvent l'inverse. Ils bossent direct avec ma voix, ce qui me facilite
grandement les choses. Et à eux aussi d'ailleurs. Si ce
n'est certains morceaux de Born From Lie que l'on reprend, ceux que
Jérôme et Pascal veulent continuer à
défendre de leur ancien répertoire. Pour
ceux-là il a fallu réadapter.
Et toi, tu leur as
apporté autre chose que ce qu'ils avaient en tête
initialement ?
Oui je pense. Moi, je ne suis pas vraiment du milieu metal. Je suis
plus du milieu rock alternatif, genre PJ Harvey, donc quelque chose
d'assez fort mais plus porté vers l'émotion.
C'est ma façon de chanter. Et Jérôme
compense ça avec quelque chose de plus brutal avec sa voix.
Tu as une voix qui
s'intègre parfaitement dans le metal, mais
également des intonations un peu à la Sinead
O'Connor apportant une touche on va dire celte ?
C'est une grande influence, mais je n'osais pas trop la citer car je la
place au-dessus de tout. Elle a un parcours assez chaotique elle aussi.
Ce que j'aime bien chez elle c'est son éclectisme car elle a
vraiment touché à tout. Tout en gardant toujours
cette voix qui est un mélange de force et
d'extrême sensibilité. Et cela m'inspire. Si
ça se ressent dans ma voix, j'en suis très
heureuse.
En parlant de voix, est
ce que on peut considérer un duo avec
Jérôme ou juste un complément
idéal entre vos voix ?
Oui c'est ça. C'est un complément. On ne l'a pas
vraiment conçu comme un duo. C'est au cas par cas. Il
compose avec ma voix en tête, mais par la suite, on se dit
que sur certains passages, ce serait bien que ça sonne un
peu growl. Donc on adapte, mais ce n'est pas un duo comme Lacuna Coil,
groupe auquel on a été comparé.
Comparaison involontaire de notre part car Jérôme
a découvert le groupe lorsque justement on nous a
comparé à eux (Rires). Et il aime
bien les deux derniers albums de ce groupe mais ce n'est pas une
référence en soi.
Ça reste quand
même une belle référence ?
Ah oui bien sûr. Moi j'aurais des choses un peu plus
populaires comme Evanescence que j'aime bien.
Comment tu
définis votre musique ? Parce que metal progressif est un
peu fourre-tout non ?
Exactement. Moi je dirais heavy metal quand même.
Peut-être metal mélodique aussi. On a une base
metal mais c'est éclectique.
On devrait la
créer cette catégorie de metal
éclectique.
(Rires) Oui
c'est vrai.
Pourquoi ce titre «
Still Waiting » ? Quelles en sont les significations ? Quels
thèmes abordez-vous sur cet album ?
C'est à relier avec le premier EP, « Wait For Dawn
», qui est sorti l'an passé. On est un groupe
assez engagé. Jérôme a un esprit
engagé, voir militant sur pas mal de sujets de
société. C'est très
imprégné de la noirceur du monde. Face
à cette noirceur, sur ce premier EP, on attendait une
éclaircie ou quelque chose qui nous redonne de
l'élan. Et encore plus maintenant. Ce second album donc,
« Still Waiting », a été
conçu pendant le confinement. Et donc on attend toujours.
Ce n'est pas la
pandémie qui a inspiré cet album ?
Pas du tout. Les thématiques n'étaient pas du
tout branchées sur le virus. Il y a tellement de choses qui
ont été dites et qui seront encore dites que je
ne suis pas sûre que ce soit le thème
idéal, du moins pour nous. D’autres peut
être le feront, mais pas nous. Non, ce sont des
thèmes qui s'ajoutent à une longue liste de
drames et de régressions en tous genres partout dans le
monde. Thèmes sur lesquels on est sensibles depuis longtemps
en tant que personnes et en tant qu'artistes. Ça a
été une façon de nous projeter pendant
cette dure période.
S’il y a une
chanson qui définit bien l'album, ce serait laquelle ?
C'est compliqué. A titre personnel, je pense à la
chanson du clip « House Of Poison ». Je crois que
c'est une des premières qui a été
composée. C'est une chanson qui est plus personnelle. C'est
tiré d'une mauvaise expérience personnelle.
J'avais mal commencé l'année aussi. Et
Jérôme a écrit un joli texte autour de
ça. C'est une chanson sur les mouvements sectaires qui
prétendent aider les gens, mais sans aucun suivi
médical. C'est très compliqué.
C'est
Jérôme qui écrit les textes ou vous
participez ?
C'est Jérôme oui. Il a une grosse
énergie. Et surtout il a une façon de composer
très précise. Et ça lui vient tout
seul. Que demander de plus. Voilà, c'est carré,
c'est senti et surtout il arrive à nous transmettre cette
force et cette énergie. Et j'adhère totalement
à son univers.
Vous avez
travaillé comment ?
L'idéal serait que tout le monde puisse se retrouver et
participer. Sauf que cette année, ça n'a pas
été possible ! Comme beaucoup de groupes, on ne
s'est pas vu depuis des mois. Donc on a tout fait à
distance. On a tout maquetté à distance. Et Nico
le batteur a apporté ses touches à la fin, en
fonction de ce qui a été fait au
départ.
L'album a
été composé pour la scène ?
Pour le moment, on est plus un groupe de studio que de
scène. On aimerait se rôder là-dessus.
On aimerait ça c'est sûr. C'est un objectif, mais
je ne pense pas que ça ait été
conçu pour ça. Il faudrait retravailler les
morceaux pour la scène. Vu le contexte, on va dire que c'est
un album studio car on ne pouvait faire que ça en
étant confiné. Mais la scène c'est le
rêve, c'est l'envie. On espère !!
Est-ce que tu pourrais
définir le groupe en deux ou trois mots ?
Je dirais qu'on est un groupe engagé. Réflexion.
Puissance. Je pense qu'on peut amener une réflexion dans ce
milieu metal.
Quel est le dernier album
ou morceau que tu as écouté ?
Je regarde beaucoup les live streams. Je sais que ce n'est pas
idéal, mais beaucoup d'artistes s'y sont mis avec plus ou
moins de bonheur. J'ai bien aimé les live streams de Norah
Jones. C'est ce qui m'a fait tenir pendant cette période.
Merci beaucoup.
Merci infiniment. Et à bientôt j'espère.
Propos recueillis par
Yann Charles
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