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EMBRYONIC CELLS pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
mercredi, 06 janvier 2021
 

EMBRYONIC CELLS

https://www.facebook.com/Embryonic-Cells-179425228782758/

Rencontre avec Max (guitare et chant) du groupe Embryonic Cells qui nous présente leur excellent album « Decline ». Une vision particulière et pas franchement rassurante sur notre monde. C'est à découvrir.

Vous revenez avec un nouvel album, « Decline », le précédent, « Horizon », datait de 2019, mais le précédent, « The Dread Sentence » a été fait en 2012. Six ou sept ans entre le deuxième et le troisième, et là seulement un an. Vous avez enchaîné, vous aviez peur de repartir pour sept ans ?
(Rires) Ce qui explique un peu le nombre d'années assez conséquent entre les albums est dû à des changements de line up, problèmes de logistique pour se retrouver, bref ce genre de choses. Aujourd'hui, on a un line up qui est stabilisé, et surtout l'idée était de ne plus se laisser submerger par les aléas de la vie, de prendre le taureau par les cornes et sortir des albums au rythme que l'on désire. Un an et demi, deux ans, c'est un rythme qui répond à notre besoin de créativité.

Oui, parce qu’en un quart de siècle, quatre albums, c'est court !!
C'est vrai. Mais tu sais, c'est un peu comme en politique, si t'as rien à dire, il vaut mieux fermer sa gueule !! (Rires)

Comment définis tu musicalement ce nouvel opus ? Dark Death Symphonique ?
Pour moi, ce nouvel album est difficile à définir. En fait Embryonic Cells pratique un genre qui est assez hybride. Au sein du groupe, il y a un processus créatif qui est partagé et on a tous des influences très diverses. Certains écoutent du Cold, d'autres du Thrash, d'autres sont plus traversés par le Dark ou le Black Metal et donc tout ça se mélange un petit peu. J'avoue que je ne suis peut-être pas la personne la plus qualifiée pour définir quel style exact de musique on fait. En France, on adore mettre les gens ou les groupes dans des petites cases, et on nous a parfois reproché de ne pas appartenir à un genre bien défini. Moi, ce côté hybride, je le revendique complètement. Les cases m'emmerdent. Et ce dernier album, un peu dans la tradition Embryonic Cells, accueille plein d'influences différentes.

Pourquoi ce titre, « Decline » ?
Sans être complètement un concept album, il y a quand même un fil rouge narratif tout au long des morceaux qui défilent autour de « Decline ». Et cette histoire prend pour théâtre la collapsologie qui nous entoure. Notre monde s'effondre un peu de manière invisible et pourtant nous sommes alertés par pleins de signaux. Et malgré cela, on reste inerte. C'est ce que raconte l'album à travers ces récits.

« Decline » est la continuité de « Horizon », l'album précédent ?
Il y a des passerelles thématiques. Il y a des thèmes qui sont récurrents chez Embryonic Cells. L'ombre de Robert E. Howard plane toujours. Et c'est encore le cas avec cet album. Donc oui, il y a des rapports entre ces deux albums. Après, aux auditeurs de me le dire.

Vous avez évolué musicalement, car même si certains morceaux sont très bruts, voir brutaux, il y a des titres, je pense à « You’re So Full Of Fear » par exemple, où vous passez par plusieurs phases dans la chanson même, chose que vous faisiez moins sur les albums précédents.
Comme je te le disais, Embryonic Cells est un groupe qui aime mélanger les genres. Donc, je suis d'accord avec toi. Une grande évolution par rapport aux albums précédents, c'est qu'il n'y a pas de claviers. C'est une évolution assez forte quand même. Mais ce qui n'empêche de faire la part belle à certaines ambiances sur « Decline ». Cette absence de clavier nous a permis d'affirmer un son plus massif. Et d'avoir des compos un peu plus rentre dedans.

Ce dernier morceau fait un peu penser à la fin d'un chapitre, d'une époque. C'est le prélude d'une nouvelle ère ou la fin d'une autre ?
Sur le plan thématique, ça marque un renouvellement, une nouvelle ère oui. Mais les morceaux ne s'illustrent pas par leurs ondes optimistes. J'invite tes lecteurs à aller découvrir, si ce n'est pas encore fait, le clip de « You’re So Full Of Fear » qui a été tourné par le vidéaste Timothée Beaulieu, et je pense que le clip exprime bien l'esprit du morceau qui n'est pas bien joyeux.

J'allais venir justement sur le clip. C'est long pour un clip, mais en même temps très intense. Qui a eu l'idée de ce scénario ? Et est-ce que cela n'a pas été trop compliqué à tourner ?
L'idée du scénario est issue d'un brainstorming entre les membres d’Embryonic Cells. Cette écriture du scénario découle naturellement du travail d'écriture que nous avons fait pour l'album. On voit cette vidéo comme faisant partie d'un tout. Du package complet de cet album « Decline ». Et on a la chance d'être formidablement entourés pour la réalisation. C'est Timothée Beaulieu qui nous a donné son temps, son talent, un montage formidable, qui a réussi à habiller ce morceau. Pour nous, il n'y avait aucun intérêt créatif à faire un clip avec seulement des gens qui jouent dans un champ, ou un groupe qui joue dans un hangar ou un garage. J'ai un grand respect pour tout ça, mais nous on ne voyait pas l'intérêt de faire ça. Installer tout ça dans un véritable storytelling vidéo, on y a pris beaucoup de plaisir. C'est un des plaisirs que l'on prend à faire de la musique.

Sur l'album précédent, il y avait une puissance qui montait au fur et à mesure qu'on avançait, tandis que là, ça reste puissant mais peut-être plus intense, même si on a peut-être plus de moments pour souffler on va dire, je pense à « Alone » ou à l'intro de « From The Shadow » par exemple au milieu ?
L'idée pour cet album était de hiérarchiser un peu les morceaux et de transmettre l'effet d'une montagne russe. Avec des moments de montées, de relâchements, et des moments de reconquête à l'image du côté hybride de notre musique. La narration musicale de l'album est parsemée de ces descentes et de ces montées.

Quels thèmes abordez-vous dans « Decline » ?
Le thème principal est notre déclin collectif. Celui d'assister à l'effondrement de nos écosystèmes, et il décrit également notre impuissance, notre inaction et surtout notre incapacité à réagir face à tous ces signaux qui se multiplient.

Vous travaillez comment pour les compos ?
Alors, j'élabore une "riffothèque", un catalogue de riffs et de structures, et autour de ça les copains ajustent, procèdent à des arrangements selon leurs sensibilités. Et ensuite on jamme, on jamme jusqu'à ce qu'on arrive à acquérir la structure finale. Il faut un long moment généralement. Et quand on sent qu'il y a de la limpidité, de la fluidité, on verrouille le morceau. Donc on est vraiment dans un processus créatif collectif.

Et pour les textes ?
Pour les textes, c'est moi qui m'en charge personnellement. Du premier album jusqu'à ce dernier, j'ai toujours écrit les textes d’Embryonic Cells.

Combien de morceaux écrits pour en garder sept ?
Ce n’était pas toujours le cas sur les albums précédents, mais pour ce dernier on en a effectivement écrit beaucoup puis on a fait un tri. A l'origine, il y avait à peu près une vingtaine de morceaux.

Vous avez déjà en tête, voire même déjà écrit la suite ?
Pour le moment non. On a profité de la sortie de cet album pour souffler un peu, pour en faire la promotion. Par contre les conversations fusent et on a très envie de s'exprimer. Et ça me réjouit car c'est un signe de santé créative. On a déjà pas mal d'idées, d'envies, mais chaque chose viendra en son temps.

La pandémie actuelle peut-elle être un futur thème d'album ?
Ça peut. Peut-être. Mais quand j'évoquais tout à l'heure suite à une de tes questions cette multitude  de signaux que nous envoient nos écosystèmes, je pense que « Decline » évoque à mi mots cette pandémie. Mais pour tous les groupes, quels que soient les genres, qui écrivent sur l'humanité, sur nos sociétés, les épreuves que l'on traverse seront très inspirantes.

Tu n'as pas peur qu'il y ait trop des textes et de chansons là-dessus ?
Si. Je partage ta remarque. Je pense que l'on va assister ces prochains mois à une overdose d'écriture covidienne. Mais je suis très curieux du traitement que les groupes ou les artistes, musiciens certes, mais photographes, peintres, écrivains vont en faire.

Quelle(s) évolution(s) musicale(s) vous avez eu depuis vos premiers albums et EP ?
Les premiers albums étaient fondamentalement plus orientés vers une forme de Death/Black Metal. Aujourd'hui, comme c'est le cas avec « Decline », les perspectives se sont pas mal ouvertes. Il y a beaucoup d'indices de Cold Wave dans cet album. Et je pense que ce sont les prochaines compositions qui le révèleront. En tous cas, on a pris beaucoup de plaisir à emprunter ces directions là.

On arrive à nos dernières questions rituelles : est-ce que tu peux décrire le groupe Embryonic Cells en deux ou trois mots ?
C'est très très dur pour moi de parler de mon propre groupe. Je parle très bien des autres (rires), mais c’est plus dur pour son propre groupe. Je dirais "Un Tank Raffiné".

Dernière question plus simple : quel est le dernier morceau ou le dernier album que tu as écouté ?
Alors hier soir, je me suis ouvert une bière en écoutant « Shout At The Devil » de Mötley Crüe. Et j'étais en train de me dire que cet album n'avait pas pris une ride et que même trente ans après, les riffs étaient toujours aussi ravageurs.

Merci beaucoup pour cette interview.
C'est moi qui te remercie Yann.

Propos recueillis par Yann Charles – Photo Christiane Tastayre