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OVTRENOIR pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
vendredi, 23 octobre 2020
 

OVTRENOIR

https://www.facebook.com/ovtrenoir/

Une rencontre avec William Lacalmontie, photographe mais également chanteur du groupe français de post metal Ovtrenoir, qui est venu nous parler de « Fields Of Fire », leur nouvel album qui sort ce 23 octobre via Consouling Sounds. Le quintet parisien nous plonge dans une ambiance lourde et pesante, tortueuse, bien sublimée par la patte de Francis Caste. Un album que l'on peut qualifier de massif.

Salut William. Peux-tu nous présenter le groupe Ovtrenoir ?
Salut. Alors Ovtrenoir est un groupe parisien, ou proche banlieue, et on existe depuis 2013. Au départ le groupe se voulait post rock instrumental, et on a dévié de plus en plus au fur et à mesure en apportant plus de distorsions dans les guitares. Un quatrième membre nous a rejoint en 2015, Dehn Sora à la guitare, pour venir amplifier la mienne et apporter une dimension plus drone et ambient mais aussi de l'harmonie et un peu plus de mélodie. On a sorti un premier EP en 2015 avec cette formation. Et aujourd'hui, nous avons un cinquième membre qui est venu compléter le line up. Ce qui me permet de délaisser complètement la guitare pour me consacrer uniquement au chant. Il est venu faire mes parties guitares.

Le V dans Ovtrenoir a une signification particulière, ou bien c'est juste esthétique ?
C'est esthétique, mais on me demande souvent s’il se prononce ou bien si le nom est OUTRENOIR. Donc je redis c'est OUTRENOIR, et le V est un effet de typographie tout simplement.

Comment tu peux définir votre musique ? Je sais que beaucoup de groupes n'aiment pas trop cataloguer leur musique, mais bon …
C'est vrai qu'on n’aime pas vraiment se poser d'étiquette. Je dirais que c'est assez large, mais du post metal qui incorpore des éléments post rock, drone et ambient. Dans le nouvel album, des éléments qui se rapprochent du black, en tous cas des riffs dissonants. C'est pour ça que je rapproche ça des scènes post metal et sludge.

C'est un univers très très noir dans lequel vous nous entraînez, quels sont les thèmes que vous abordez sur cet album ?
On a un élément central dans cet album qui est le feu. Je dirais même que ça en est le thème central. C'est un symbole qui est venu assez tôt dans l'écriture des morceaux et des textes. Ca a été repris en littérature et dans de nombreux autres domaines. Le symbole du Phénix  par exemple. Mais nous, on avait la volonté de voir le feu comme un élément violent et destructeur. Mais cela permet aussi de reconstruire, de faire table rase et d'avancer. Ca revient comme point central. Ca revient dans le titre, sur la pochette et dans les textes. Alors ce n'est pas un album concept autour du feu, mais c'est un élément important au milieu d'autres thèmes qui sont noirs et qui sont des angoisses très personnelles, des sentiments d'échec, de rejet et d'abandon. Ces thèmes sont présents depuis le début du groupe.

Il reste un peu d'espoir dans tout ça ?
Oui, il reste un peu d'espoir. Il y a une volonté de mettre en contraste des riffs très lourds et très sombres avec des moments de grâces et de lumières. Depuis les débuts du projet, ce contraste a toujours été un élément très important du groupe. C'est même ce qui nous définit.  Notamment dans le nom que l'on emprunte à Pierre Soulages, qui est le peintre du noir et de la lumière. En utilisant un noir pur, il arrive à avoir des reflets lumineux quand on y regarde de plus près.

Vous avez un son lourd, pesant, prenant même, c'est pour nous entraîner encore plus dans les profondeurs de l'âme ?
C'est ça. Le son que l'on a retravaillé pour cet album a une couleur un peu différente qu'auparavant. Il est peut-être un peu moins saturé mais en restant prenant. Les murs de guitares font vivre les choses à l'intérieur. Je pense que c'est très important dans ce style de musique, chez soi au casque, ou en concert, d'avoir des sentiments très viscéraux. Il faut que ça prenne aux tripes. Il faut qu'il y ait un mouvement qui se créé dans ces riffs lancinants qui reviennent. C'est vraiment constitutif du genre. Et nous on essaie de pousser un peu plus loin, de les tordre en emmenant des éléments un peu plus acoustiques ou ambient.

Cet album est une suite aux singles et EP précédents ? C'est une continuité ?
Il s'inscrit vraiment dans la démarche en tous cas. Il fait suite à « Eroded » qui était vraiment monolithique. Le single qui a suivi emmenait un peu plus de mélodies en gardant l'esprit sombre, et maintenant l'album fait un pas de plus vers cette direction de plus de mélodies et de lueurs d'espoir dans des riffs sombres et lourds. C'est peut-être plus une évolution. Il faut garder des éléments reconnaissables, prendre en compte ce qui a été fait avant en essayant de les pousser plus loin. En essayant de trouver de nouvelles voies, de nouvelles couleurs sonores. Et pour cet album faire un pas de plus dans cette volonté de mixer noirceur et mélodies.

Monolithique, c'est le mot qui revient le plus quand on parle de vous ?
C'est vrai que le mot est revenu très souvent. C'est un mot que j'aime et qui défini beaucoup d'ambiances et de riffs dans Ovtrenoir. Mais avec cette envie de riffs plus lumineux, de mélodies avec plus de grâce, cela a créé une nouvelle dynamique intéressante. Etre monolithique sur 42 minutes, c'est quelque chose qu'on ne voulait pas sur l'album.

Je suppose que vous avez un gros travail de recherche musicale, vous travaillez comment ?
Je suis le compositeur principal. J'apporte des riffs et des mélodies que j'ai composés à la guitare acoustique, et je fais comme ça depuis le début du groupe. Et pendant les répétitions on essaie en électrique. A partir de là, si on accroche, on travaille sur les structures des chansons, sur l'enrichissement et sur les mélodies. On travaille beaucoup le son aussi.

Pour les textes c'est pareil ?
Oui les textes c'est moi. Il y a eu quelques éléments pour certains textes qui sont venus de Dehn Sora mais ce sont principalement mes textes.

L'album a t il été pensé et composé pour la scène ? Ou par forcément ?
Oui. Il a été pensé pour la scène. Jusqu'en 2019 je pense que j'ai volontairement créé mon jeu ou mes compositions pour pouvoir assurer le chant et la guitare sur scène. Et ça a été une véritable libération d'avoir un cinquième membre avec nous avec Olivier qui vient prendre mes parties guitare et ainsi me libérer totalement pour la partie chant. Et ça me permet aussi de bouger beaucoup plus sur scène et d'avoir plus d'interaction avec le public. Je peux chanter avec plus d'intensité, sans avoir à penser aux riffs ou à jouer des accords dissonants en même temps. Je pense que ça a été une libération pour tout le monde, et du coup, ça se ressent sur le groupe, sur notre musique. On a des riffs beaucoup plus riches et puissants. Ca vient vraiment du cinquième membre.

En parlant de sons, vous avez enregistré chez Francis Caste au Studio Sainte  Marthe, comme beaucoup, que vous a t il apporté ?
Il nous apporte beaucoup. Il a enregistré « Eroded », ainsi que le single. C'était le choix évident pour l'album. On a une bonne relation avec lui et il comprend très vite où on veut aller. On lui apporte des références, nos goûts et nos envies, et il a cette capacité de comprendre, de faire des propositions, de nous conforter dans notre choix et de nous aider dans la recherche du son. Et ça a été très important pour Ovtrenoir dès le début que « Eroded » ne sonne pas comme un EP qui fasse démo. Et c'est grâce à lui.

Quelles sont les références, musicale, littéraire peut être, qui vous ont inspirées ?
Elles sont puisées un peu partout. Je suis photographe, Vincent est graphiste et du coup on a énormément de références picturales, que ce soit dans la photo, la vidéo, le cinéma ou la peinture. Un petit peu moins littéraire. Mais quand je fais des recherches, je n'hésite pas à aller puiser là dedans aussi. Dans des carnets d'interviews, de rencontres avec des cinéastes, et cela m'a aidé quelques fois.

Ce coté cinéma, on va le retrouver sur scène ?
Depuis qu'on a fait le Roadburn Festival en 2019, on incorpore des projections vidéo dans nos concerts. Ce sont plutôt des éléments graphiques et géométriques plutôt que des scènes filmées, réalistes qui ne colleraient pas forcément à Ovtrenoir.

Vous avez sorti « Phantom Pain » comme premier extrait et clip de cet album. C'est le titre qui représente le mieux cet album ?
C'est le morceau d'ouverture et je pense qu'il y a beaucoup d’éléments qui sont intéressants dans ce titre. On va en sortir un second bientôt. On retrouve le côté massif, très lourd et très sombre, très post-metal en fait, mais avec des plages plus ambient, presque post-rock. Le chant et aussi les back vocals de Den Sohra et Angeline qui sont très importants dans ce nouvel album.

On se sent comment à quelques jours de la sortie de son premier album ?
On se sent impatient car on avait peur qu'il ne puisse pas sortir cette année avec tout ce qui se passe. On l'a enregistré en décembre dernier, donc très content que cela n'ait pas pris plus de temps et donc décalé la sortie à 2021. Et on est aussi content d'avoir une sortie double, en CD et en vinyle. C'était un gros point d'interrogation pour le vinyle, mais finalement cela a pu se faire.

Est ce que tu pourrais définir le groupe Ovtrenoir en deux ou trois mots ?
Je dirais massif, mélodique, et viscéral.

La dernière question est rituelle : quel est le dernier album ou le dernier morceau que tu as écouté ?
Le dernier album que j'ai adoré c'est celui de Spook The Horses qui a sorti « Empty Body ». Il est sorti fin août et c'est un coup de cœur pour 2020.

Merci beaucoup.
Merci à toi.

Propos recueillis par Yann Charles