jeudi, 15 octobre 2020
LOÏC
STEPHAN
https://www.facebook.com/loic.thatsall
Une
rencontre avec Loïc Stephan,
photographe de concerts qui
collabore à quelques webzines. Un confrère, mais
surtout un "pote de
Pit". Il a sorti un beau livre qui s'appelle
« Raconte-moi 33
concerts » dans lequel il nous conte et nous narre
à sa manière des
concerts qui l'ont marqué. Le tout superbement
illustré par les dessins de
Charlotte Rodon. Un superbe ouvrage dont il nous parle avec passion.
Salut Loïc. Avant de
parler de ton ouvrage, peux-tu te présenter pour nos
lecteurs ?
Tout d'abord, merci de me recevoir. Je suis Loïc,
je suis dans le monde la musique, même si je suis
salarié ailleurs, et je suis photographe pour Radio Metal
depuis 11 ans maintenant. J'ai découvert ce milieu assez
tard dans ma vie. Je fais des comptes rendus et des photos pour Radio
Metal donc, mais aussi pour d'autres médias, comme Among The
Living ou Fonkadelica. C'est une passion géniale la musique,
le metal, la photo. Depuis que je suis tout petit je suis dedans et
pouvoir le vivre avec ce côté compte rendu et
photographe c'est assez savoureux. Ca permet quelques rencontres avec
sa musique et ses idoles, c'est assez cool.
Tu
faisais déjà de la photo hors concerts
avant ?
Oui oui. Je fais de la photo depuis un long moment
maintenant. J'ai collaboré au début des
années 2000 avec la fédération de
boxe
française en faisant de la photo pour eux. Oui je faisais de
la photo
avant les
concerts.
Et
maintenant tu continues à faire des
photos en dehors des
concerts ?
Oui. Cet été je me suis fait un
délire avec un pote en
faisant un safari photo en Bretagne. Mais bon l'activité
concert était ma
principale source d'inspiration et par la force des choses
ça s'est
ralenti.
J'essaie aussi de faire des photos du côté du Lac
d'Annecy car c'est une
région
que j'aime beaucoup, mais je ne peux pas y aller le week end vite fait.
Donc
j'ai levé le pied pour tout ce qui est photo pour le moment.
Comment
t'es venue l'idée de cet ouvrage
?
Ah ça vient d'assez loin. Mes factures je les paie
en
travaillant dans l'informatique, et pas en vendant des photos, et
très
vite le
monde l'entreprise m'a un peu "soûlé" je dirais,
et j'ai voulu
développer des projets artistiques inspirant pour moi
à côté. J'ai donc
fait de
la photo, j'étais pas mal dans l'écrit de
manuscrit, nouvelles de choses
comme
ça. Et ensuite j'ai commencé à faire
des comptes rendus de concerts et
j'ai eu
des retours positifs sur ce que j'écrivais. On me disait que
c'était plus
pas
mal, bien écrit et cette idée m'est venue il y a
5 ans je dirais. Je ne
sais
pas trop comment est venue cette idée d'un bouquin qui
s'appellerait
« Raconte-moi
33 concerts » au format vinyle dans lequel je
mettrais 33 concerts.
Donc
le livre s'appelle
« Raconte-moi 33 concerts »
comme tu viens de le dire, cela a une signification
particulière ?
Clairement le 33 est un hommage au 33 tours vinyle de notre
époque (Rires). Et l'idée d'être un
conteur me plaisait bien. Donc c'est
venu
comme ça. J'ai trouvé que c'était pas
mal. Je voulais un titre en
Français. Du
coup j'ai déposé la marque
« 33 Concerts ». C'est un projet
que
j'ai
envie de continuer à développer avec
« Raconte-moi 33 concerts de
Metal »
par exemple.
C'est
la question que j'allais te poser :
tu as d'autres
idées genre « 33 concerts du
Hellfest » ou au
« Download »,
avec l'accord bien sûr. Voir même pourquoi pas une
salle en
particulier ?
Cela peut se décliner sous plusieurs formes ?
Oui, dans ma tête j'ai vraiment l'idée
de développer le
projet, qui peut effectivement se décliner de plusieurs
manières. Pour le
Hellfest cela pourrait être un de ces projets. C'est
même un truc qui me
plairait. Après il y a une contrainte c'est qu'il faut 33
concerts qui
m'aient
plu. Pour revenir à ta question sur une salle, si je veux
rester en accord
avec
mon projet, ce serait 33 concerts qui doivent m'avoir plu et dans la
même
salle, ça fait beaucoup de choses en même temps
à réunir, donc c'est pas
évident du tout. C'est un peu délicat. 33
concerts c'est quand même
énorme.
Tandis que sur un Hellfest, c'est peut-être plus envisageable
au vue du
nombre
de concerts qui se jouent en trois jours. Même si
ça reste un gros boulot,
et
pareil, il faudrait que tous me plaisent, que je ne choisisse pas un
groupe et
qui, sur scène, ne soit pas vraiment aussi bon que ce que
j'aurais aimé.
Après,
pourquoi ne pas avoir des collaborations ? C'est un projet qui pourrait
être
intéressant car il y aurait des points de vue
différents, et des concerts
qui
pourraient couverts par d'autres photographes. Ca permettrait d'avoir
un
plus
large éventail. La seule chose que j'imposerais c'est de
garder le
contrôle sur
le projet artistique et éditorial. Et cette idée
de conter, et d'emmener
le
lecteur dans ce voyage est quelque chose de sympa.
Comment
tu as choisi les concerts que tu
allais nous
présenter ?
Les gens qui me connaissent savent que le Metal est quand
même ma musique de prédilection, mais je suis
quand même ouvert aux autres
styles. Tout ce qui est Blues Soul ou Reggae, ça va me
parler aussi. Je ne
suis
pas un grand expert de Reggae par exemple, mais ce sont des musiques
qui
peuvent m'inspirer. Et en concert, il y a une autre dimension et je
suis
super
ouvert. Il y a des groupes que j'ai mis dans le livre que je
n'écoute pas
à la
maison. Mais lorsqu'ils se produisent en concert, il se passent un
truc,
une
émotion. Je voulais que ce soit éclectique. Je
voulais une diversité qui
me
représente. Je voulais avoir des concerts avec les
différents médias
auxquels
j'ai collaboré. C'est le petit message que j'ai voulu
glisser : restons
ouvert.
Peut-être qu'un livre ciblé Metal aurait
été plus facile à défendre,
car
c'est
vrai que passer de Saez à Morbib Angel, c'est pas
évident à présenter (Rires).
Mais voilà c'est ça qui me plaît. En
concert je peux autant apprécier un
Morbib
Angel que Saez. J'ai vu une artiste qui s'appelle Oum et qui fait ce
qu'elle
appelle de la "Soul marocaine", et c'est magnifique en concert.
Il
faut qu'il y ait un feeling avec
l'artiste ou le groupe ?
C'est ça. Les 33 concerts que j'ai mis dans le bouquin, j'ai
vibré. Je suis pas très cinéma par
exemple, je serais plus théâtre par
exemple.
C'est ce côté vivant des spectacles qui me
plaît.
On se
connait depuis un moment maintenant
pour fréquenter
les mêmes salles et mêmes festivals, tu as de quoi
faire plusieurs
livres avec
tous les stocks de photos que tu as ?
(Rires). C'est vrai. Mais le bouquin a
été fait avec des
illustrations car les photos c'est toujours le soucis de droit
à l'image.
C'est
ça qui m'a un peu bloqué. Mais ça m'a
permis de travailler autre chose.
Les
illustrations c'est moi qui les ai conçues, même
si je ne les ai pas
réalisées
car je n'ai pas de talent de dessinateur. Mais ça m'a permis
de travailler
autrement et c'était très intéressant.
Mais si je pouvais faire « 33
concerts » avec mes photos, je serais ravi de le
faire. Avec 10 ans
de
photos, effectivement j'ai de la matière. Mais j'ai
déposé une autre
marque qui
s'appelle « Montre-moi 45
concerts » qui ne proposerait que des
photos dans mon idée. J'aimerais bien faire un truc du genre
« Montre-moi
45 concerts spécial Femmes », non pas
pour surfer sur cette vague
« Me
too » car j'ai cette idée depuis
longtemps. Ce sont des projets. Je
suis
en autoédition et tu galères quand même
beaucoup. Donc ça reste des
projets.
Mais c'est super sympa d'avoir des projets qui te portent.
En parlant de droits, je ne
parle pas des
photos, mais sur
les écrits est ce que tu as besoin d'accords particuliers ?
Les dessins, ce sont des représentations donc je
n'ai de
comptes à rendre à personne dans la limite bien
sûr de la diffamation et
de ne
pas nuire à l'image des gens, mais ce n'est pas du tout le
cas des
illustrations. En plus, cela ne représente pas tout le temps
physiquement
l'artiste en lui-même. Et ce n'est pas non plus un
"copié-collé" de
mes photos. Je suis justement sorti de mes photos pour avoir des
illustrations
qui parlaient du concert en lui-même et pas
spécialement du groupe ou de
l'artiste. Pour les photos, oui, il faut des autorisations. J'avais
essayé
avec
la boxe française, mais si tu as cinq personnes sur une
photo, il te faut
les
autorisations des cinq personnes. Donc ça peut
être un peu compliqué.
C'est
tout ce côté administratif qui est
lourd à gérer ?
Oui, mais par exemple, j'ai mis du Motörhead, du
Körn, du
Deep Purple, j'avoue que je ne saurais même pas à
quelles portes frapper
si je
devais avoir des autorisations pour des photos. Pour l'instant c'est
mon
premier
ouvrage et on sait jamais, avec une petite
notoriété, cela pourrait
peut-être
aider aussi.
Il y
aura une suite à cette série ?
Oui. Comme je l'ai dit il y a pleins de choses qui peuvent
de développer avec ça. Je te le disais avant, il
pourrait y avoir des
collaborations. Mais pour l'instant l'une des cibles de ce premier
ouvrage
est
que j'arrive à l'équilibre. Je gagnerais pas
d'argent sur ce projet.
L'équation
économique n'est pas là. Mais si
déjà j'arrive à avoir un
équilibre sur
mon
investissement, ce serait déjà bien.
Pourquoi
ne pas être passé à une version
numérique de ton
livre ?
Je rangerais cet ouvrage dans la catégorie "Beaux
Livres", ce n'est pas être prétentieux, mais je
voulais quelque chose de
physique en fait. Le numérique a un
côté impersonnel. Donc je ne l'ai pas
proposé
en numérique. En plus on a travaillé la
couverture, avec un toucher un peu
en
relief. J'aime bien les livres. J'ai pas mal de livres dans ma
bibliothèque et
je ne suis pas très numérique pour ça.
C'est peut-être une histoire de
générations, mais un livre j'aime bien le
toucher. Un "beau livre" de
photos, ou sur la musique, je suis assez fan. Et c'est toujours un
plaisir
de
l'avoir en mains. Après peut être que les
nouvelles générations pensent le
contraire. Mais je suis très "objet" en fait. Je suis assez
collectionneur. Les groupes que j'aime lorsqu'ils sortent des objets,
j'aime
bien les avoir par exemple.
En
parlant d'objet, tu as toujours ce
petit "carnet
magique" sur lequel tu prends des notes dans les pits photos ?
(Rires). Le carnet que je me fabrique avec
du brouillon !!
(Rires)
Les
premiers doivent être des reliques,
des collectors ?
(Rires) Très
honnêtement, je ne les garde pas. Tu sais,
j'arrive à peine à me relire des fois (Rires).
Comme
nous tous tu dois être frustré de
cette situation.
Quand ça reprendra tu penses que les choses vont changer
dans les pits ?
Nombre
de photographes, etc. ?
J'en discuté avec des amis photographes. Autant je
peux voir
un contrôle, en étant assis des spectateurs,
même si pour les concerts de
Metal,
ce n'est peut-être pas évident. Et dans le pit,
contrôler les photographes
?
Nous connaissant, on est un petit peu indisciplinés parfois (Rires).
Je ne nous
vois pas rester statiques et disciplinés. J'avoue
franchement que je ne
vois
pas trop comment cela pourra se passer. Il y aura sûrement
une limitation.
Déjà
s’il y a des concerts avec du public debout, ce serait
déjà pas mal. C'est
une
mauvaise période à passer. Les grosses
productions prévues, genre Storm
The
Arena, je ne vois pas trop comment ils pourraient se maintenir.
Il y
a bien quelques petits concerts,
mais on est plus sur
du blues, du jazz ou du classique. En fait de la musique où
le public
peut être
assis.
Mais c'est clair que ça manque. Ca manque
même beaucoup.
C'est compliqué. Je pense aux artistes c'est sûr,
mais aussi à tous ceux
qui
travaillent autour de concerts. Ca doit être très
très compliqué pour eux.
On va
changer de sujet, tu exposes tes
photos ?
Non. Je n'ai pas travaillé d'autres diffusions que
lorsque
je mets en ligne pour les médias avec lesquels je collabore.
Le projet du
livre
date d'un petit moment, car il fallait trouver les gens avec qui
collaborer, et
en fait j'ai été beaucoup occupé avec
tout ça. Comme je te l'ai dit, je
suis en
autoédition, j'ai eu une équipe qui m'a
aidé à le réaliser mais là,
maintenant j'ai
tout le rôle.
Attaché de
presse, graphiste, commercial, saltimbanque donc pas eu le temps de me
pencher
sur une expo photo.
Tu en
as déjà commencé un autre ou pas
encore ?
J'ai une matière prête pour un
« 33 Concerts Metal ».
La matière ce sont les textes et les maquettes des
illustrations. Mon rêve
ultime serait que ce soit édité dans le circuit
standard avec un éditeur.
Refaire
la même chose, tout seul, pour l'instant c'est un peu
compliqué. La
logistique,
le stockage, tout est dans mon appartement. Pour le moment je ne suis
pas
sûr
de vouloir le refaire dans les mêmes conditions. Pour le
moment, je dois
travailler ce premier ouvrage et après on verra ce que
l'avenir nous
réserve.
Dernière
question qui est rituelle : quel
est le dernier
morceau ou le dernier album que tu as écouté ?
Le dernier truc que j'ai écouté c'est
un album des
Murderdolls, le groupe de Wednesday 13 et Joey Jordison qui s'est
arrêté
malheureusement. Mais j'aime toujours leur musique. Une
espèce de Hard
Rock Metal
un peu sale et en plus en concert c'était canon. C'est
celui-là.
Merci
Loïc.
Merci à toi.
Propos
recueillis par Yann Charles -
Photo Fabian Fischer
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