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DOUCHAPT BLUES (24) pdf print E-mail
Ecrit par Nelly Faure  
lundi, 31 août 2020
 

DOUCHAPT BLUES
NEMO BLUES BAND – RONAN ONEMANBAND – MIGUEL M
VILLAGE DE VACANCES DE BEAUCLAIR – DOUCHAPT (24)
Le 21 aout 2020

https://www.facebook.com/Douchapt-blues-423815550973488
http://nemoblues.fr/
https://ronanonemanband.wixsite.com/ronan-omb
https://www.facebook.com/Miguel-M-148410395228212/

La fin d’après-midi au village de Beauclair est pluvieuse, orageuse même. Pour autant, c’est dans la bonne humeur et les sourires aux lèvres que les musiciens arrivent. Jean-Luc Wargnier, président de Douchapt Blues, et Patricia Auzard, représentante pour Stéphane Colin de MNOP, prennent l’un après l’autre la parole. L’un comme l’autre se félicitent de la précieuse collaboration entre les deux associations qui permet de pouvoir continuer à vivre ces soirées de musique live malgré ces temps compliqués pour le monde du spectacle. Ils sont religieusement écoutés et chaleureusement applaudis. En effet, nous reconnaissons tous le courage et l’investissement sans faille de ces personnes et des bénévoles de Douchapt Blues, et nous les remercions chaudement.

La pluie cesse peu à peu après l’orage, la soirée débute, cette fois en musique, avec le premier groupe basé non loin de là, à Périgueux, le Nemo Blues Band. Chris, à la guitare et au chant, présente le groupe et lance un « Crossroad » dynamique, fidèle au style Blues-rock du groupe. Puis, avec « I’m Tore Down » de Freddie King, les quatre membres du groupe s’installent et prennent  la mesure de la scène et leur musique prend de l’ampleur. Stéphane à la deuxième guitare avec son jeu délié et aérien, tout en legato, complète celui de Chris plus sensuel, lourd et terrestre. Les deux pistoleros sont soutenus par une section rythmique complice et à l’écoute : Christian Hus à la base et Laurent Roche à la batterie. Les roulements d’épaule de ce dernier nous montrent le rythme pour balancer les hanches !

L’assistance est conquise, les pieds tapent le rythme et les mains témoignent de la satisfaction des spectateurs à la fin des solos comme des morceaux. C’est à ce moment qu’un guest de luxe fait son entrée : Patrick Sibilli, dit « Sib », guitariste et chanteur du groupe Ground Zero et du duo formé durant le confinement, Crossroad Guys. Il se saisit de sa belle Gibson acoustique, un regard complice avec Chris et c’est parti pour « Before You Accuse Me » de Bo Diddley.  Le succès ne tardant pas, ils remettent le couvert avec un « I’ve Got My Mojo Working » de Muddy Waters endiablé. Patrick Sibilli descendra même dans le public, le faisant participer à un battle de chœurs !!

Nous enchaînons alors avec le Nemo Blues Band qui nous dévoile maintenant des compos, dont « Big Fat Jealous », inspiré de ces personnes plus ou moins bien intentionnées qui jugent, dénoncent, voire harcèlent le monde entier sur les réseaux sociaux, bien cachées derrière leur écran … Tout à fait d’actualité ! S’ils nous ont montré leurs qualités à la guitare, le « Tennessee Whiskey » qui suit met en valeur les qualités vocales de Stéphane et Chris qui se complètent à merveille. A côté des grands standards du blues les compositions de ce groupe ne font pas pale figure, « Trouble Is My Name », par exemple, a beaucoup plu aux spectateurs.

Cela dit un autre invité de marque mettra en valeur une de leurs compositions. En effet, il est temps d’accueillir  Ronan Onemanband, le finaliste de l’International Blues Challenge de Memphis en 2019, qui fera la deuxième partie de cette soirée, qui s’invite sur scène pour chanter « My Duty », une composition du Nemo que l’on dirait faite pour lui ! L’alchimie se fera si facilement que Ronan restera pour interpréter « Roadhouse Blues », un imprévu bien agréable pour tous !

Ronan ainsi annoncé s’installe alors en one man band pour continuer à nous faire profiter de son timbre de voix si particulier et profond qui nous fait instantanément lever les poils ! Seul, dans un rayon de lumière, avec une telle présence qu’il s’empare immédiatement de la scène, à l’instinct, suivant ses envies, il étudie les réactions du public et choisit les morceaux en fonction. On embarque ainsi avec lui pour un boogie dont il a le secret et Ronan nous fait entrer dans son univers. De moments dynamiques, en blues longs et lourds, Ronan sait manier tous les aspects du blues traditionnel. Il s’approprie cette musique de telle manière que chaque morceau d’où qu’il vienne, qu’il l’ait écrit ou non, devient le sien.

Ses interprétations de RL Burnside ou Son House comme « Feeling Bad », une de ses compositions, emportent  toute l’assistance maintenant debout se trémoussant. Sib remonte sur scène et ce n’est pas par hasard. Ces deux-là sont de grands complices, particulièrement lorsqu’ils rendent hommage à une légende qu’ils admirent tous les deux, Calvin Russel. Ils lui ont d’ailleurs déjà consacré un concert en duo l’an dernier.

Ils nous offrirons deux titres dont une magnifique interprétation de « Soldier » sensible et profonde, non seulement leurs guitares mais aussi leurs voix se mélangeant pour le meilleur. Tout en gardant Sib à ses côtés, Ronan rappellera le Nemo Blues Band  pour exécuter un mémorable « Evil » de Howlin’ Wolf. Preuve si c’est encore nécessaire que le blues est une histoire de partage, d’écoute et d’émotion, l’alchimie se fait sur scène mais aussi avec la salle. Après deux autres morceaux, Ronan quitte la scène sous les applaudissements d’un public qui a bien conscience d’avoir assisté à une prestation de grande qualité.

Ce moment à paru bien court, mais l’heure avance à grand pas et il faut accueillir la troisième formation de la soirée. La scène se vide pour accueillir Miguel M et ses deux musiciens, Vincent Cegielski à la batterie et Kevin Bucket à la basse. Après ces deux premières formations les spectateurs sont chauds pour continuer à prendre du plaisir ! Et Miguel M en profite et se lance dans l’arène avec ferveur ! La section rythmique solide permet à Miguel de faire chanter sa Gretsch pour notre plus grand bonheur sur le premier morceau de son set : « Smooth Sailing ».  Suivent alors quelques reprises des classiques du blues, comme « You Shook Me », au cours desquelles Miguel M cassera une corde de sa guitare.

C’est donc avec sa Telecaster que le guitariste-chanteur continuera à nous montrer l’étendue de son talent. Aussi à l’aise avec le blues qu’avec le rock, il gratifie le public d’un medley blues-rock de haute volée, passant du « Voodoo Child » de Jimi Hendrix à Stevie Ray Vaughan, avec une facilité et une maîtrise digne des plus grands. Il faut souligner que Miguel M n’est pas qu’un guitariste exceptionnel, son chant est au moins aussi bon que son phrasé sur la 6-cordes.

Après ce début tonitruant, Delf Sham vient rejoindre le groupe au chant pour lui apporter une touche de féminité et de sensualité. Nous pouvons apprécier ensuite des reprises impeccables dans un style soul-funk blues comme « Valerie » d’Amy Winehouse qui feront vibrer les auditeurs. Ensuite des balades comme le grand standard « Ain’t No Sunshine » de Bill Weather nous ont permis d’apprécier le timbre de voix accrocheur de Delf.

Cette formation a beaucoup de classe et de talent, elle distille un blues teinté de soul de grande qualité : la section rythmique est là pour permettre à Miguel M d’exprimer toute l’étendue de son talent vocal et guitaristique et Delf Sham y apporte une dimension soul fort bienvenue. Très pros, les protagonistes, n’ont même pas été déstabilisés par la petite coupure de courant qui a eu lieu au milieu du set. À ne pas en douter, nous les retrouverons sur les meilleures scènes.

Au moment de quitter le village de vacance de Beauclair, tous, musiciens, comme spectateurs ont salué l’excellent travail de Sono Town (Stéphane Rebeyrol) pour le son et Beautiful Event pour la lumière qui ont été pour beaucoup dans la réussite de ce concert. Cette soirée, la troisième de la saison, a été un véritable succès pour Douchapt Blues qui continue à faire vivre le blues dans sa partie du Périgord, malgré une situation que nous connaissons tous… Ces festivals à taille humaine contribuent à maintenir une vie culturelle qui est de plus en plus fragilisée … Il faut continuer à les soutenir en y assistant sous peine de les voir dépérir et disparaître …

Nelly Faure – aout 2020