mardi, 18 août 2020
NEEDLE SHARP
https://www.needlesharp.org
Rencontre téléphonique avec Laellou, chanteuse du groupe Needle Sharp.
Elle nous parle de « Dark Lies Effect », le dernier EP du
quatuor francilien.
Salut
Laellou. Est ce que tu peux nous présenter le groupe, et tout d'abord
pourquoi ce nom ?
Salut. Le groupe est né fin 2011, début 2012. Nous étions cinq membres à
ce moment là. C'est le bassiste qui était là à cette époque qui, lorsqu'on
a parlé de chercher un nom, a noté que nous étions tous tatoués. Ce n'est
plus le cas aujourd'hui puisque notre nouveau bassiste n'a pas de
tatouage. Bref du coup il est parti sur la notion d'aiguilles pour l'art
du tatouage surtout dans le milieu rock metal. Et aussi Sharp pour le côté
bien aiguisé. Et c'est également une expression qui veut dire "perspicace"
qu'on trouvait pas mal non plus. Et puis ça représente bien nos
caractères. On a tous un certain égo et un caractère bien trempé, on ne va
pas se le cacher, donc plutôt bien aiguisé. Donc le nom nous correspond
bien.
Comment vous êtes vous rencontrés ?
Alors c'est une histoire. J'ai rencontré Romain au collège où il était
avec ma meilleure amie. Ils se sont revus quelques années plus tard, on
s'est rencontrés et c'est comme ça qu'on a monté ce projet. Nohan, je l'ai
connu il y a une vingtaine d'années. Je prenais des cours de chant avec sa
maman. On s'est perdus de vue pendant quinze ans. Et quinze ans après, je
travaillais chez un tourneur et Nohan jouait en première partie d'un
groupe que je suivais. Et on s'est retrouvés à ce moment là. On était à la
recherche d'un batteur et je l'avais vue en concert et je trouvais qu'elle
assurait bien. On avait trois dates à faire et notre batteur de l'époque
nous avait lâché du jour au lendemain. On a contacté Nohan et elle était
dispo. Elle est venue nous dépanner sur ces dates et finalement elle est
toujours là. Quant à Gus, ça s'est fait par annonce même si j'ai forcément
dû le croiser à un moment ou à un autre car on était dans le même collège
et le même lycée. On avait des copains communs. On se connaissait mais
sans se connaître si tu veux (Rires)
Comment peux tu vous définir musicalement ?
On n'aime pas vraiment se coller des étiquettes car on a chacun des
influences différentes dans le rock et dans le metal. Et surtout on aime
bien cette idée de mélange. On sait que les gens aiment bien essayer de
mettre une étiquette sur un groupe mais d'un morceau à l'autre on peut
être quand même sur des styles bien différents. Et c'est voulu en ce qui
nous concerne. On est surtout inspiré par les humeurs du moment. On
pourrait faire des compos electro, ça dépend vraiment de l'état d'esprit
du moment, mais en conservant toujours une touche rock metal. C'est pour
ça qu'on parle de "Rock Metal Alternatif" et de fusion car c'est tout ce
mélange.
A force d'aller loin dans divers styles, il y a quand même le dernier
morceau qui risque de bien surprendre les métalleux car il est carrément
techno, loin du rock ?
Alors le dernier morceau n'est pas du Needle Sharp. C'est pour ça
qu'on bien précisé que c'est "Gus Remix". C'était la petite surprise
pour ceux qui suivent Gus et Nohan en dehors du groupe. Gus fait beaucoup
de remix et Nohan est DJ ailleurs. Alors il y a des gens qui suivent le
groupe mais aussi les membres du groupe dans leurs autres activités. En
fait il s'agit d'un morceau de Needle Sharp mixé par Gus.
C'est une sorte de guest en fait ?
C'est ça. Sur l'album on l'a mis à la fin. C'est pour les courageux (Rires)
On va parler du nouvel album « Dark Lies Effect ». Pourquoi
ce titre ?
Toutes les paroles des chansons parlent de situation de la vie de tous
les jours où on peut se faire manipuler, oppresser, et donc de la manière
dont cela agit sur les personnes et sur leur évolution. Quand on nous
ment, qu'on nous manipule, au final on voit les choses différemment.
Et on apprend beaucoup de tout ça. C'est un peu un apprentissage de la
vie.
Quels sont les thèmes que vous abordez ?
Les répercussions que cela peut avoir sur la vie personnelle,
professionnelle. Sur la politique. Parce que du mensonge il y en a
partout. Surtout en ce moment. Il y a du vécu dans toutes les chansons,
mais plus ou moins romancé. « Feel It » par exemple, c'est
du pur vécu. « One More Lie » c'est forcément du vécu car c'est
ce que nous font bouffer les médias et nos politiciens à longueur de
journée. Ce n'est peut être pas un vécu personnel, mais sur ce cas là,
c'est un vécu global. Ce sont quand même toujours des choses qui nous
touchent.
Vous travaillez comment ?
On travaille vraiment ensemble. C'est l'un de nous qui va apporter un
riff, un couplet ou un refrain. Et c'est en répète qu'on travaille tout
ça. Comme on joue tous de plusieurs instruments, ça peut être Nohan par
exemple qui apporte un riff de guitare alors qu'elle est batteuse. Enfin
on peut tous amener quelque chose. Mais c'est composé et arrangé à quatre.
Dès que les premières moutures arrivent, je pose tout de suite des paroles
que la musique m'inspire. Comme ça on peut tout de suite faire des
arrangements pour coller à une ambiance.
Et pour les textes des chansons, c'est également un travail commun ?
C'est moi qui écrit. Mais s’ils n'aiment pas, ils ont leur mot à dire
(Rires). Mais je modifie quand ça ne colle pas avec la musique.
Mais même dans ce cas là, c'est moi qui ré-écrit.
L'album a été composé en pensant à la scène, ou pas forcément ?
On compose toujours pour la scène au départ. On joue les morceaux sur
scène et on fait l'album après en remaniant si besoin en fonction de ce
que ça a donné en live.
Sur
votre page Facebook, musicalement, on retrouve quasiment tous les styles
pour les groupes que vous aimez, mais quelles sont vos références ?
On n'a pas tous les mêmes références. Dans les références communes il
y a Deftones, RATM. De mon côté je serais plus sur Faith No More. Gus est
assez large aussi. Il va être, comme Nohan, sur du Enter Shikari, des
choses plus modernes, voir plus electro. Romain et moi on sera sur du Foo
Fighter, des choses plus rock. Pour Ro tu peux aussi ajouter du Metallica.
On en a tous deux ou trois chacun qui nous inspirent plus. Mais sur ce qui
va nous rassembler, Bring Me The Horizon par exemple. Plus sur les
premiers albums quand même. Car ça a beaucoup changé sur les derniers.
Avec Deftones et Rage Against c'est nos références communes.
Quelle a été la principale évolution par rapport au premier EP ?
Sur le premier EP, Nohan était là depuis six ou sept mois seulement
quand on l'a enregistré. Depuis quelques années on a appris à se
connaître, et elle a beaucoup participé à l'évolution des morceaux. Elle a
mis en place des samples. Comme elle fait le DJ et de l'electro à côté, ça
nous a permis de changer et de faire évoluer les ambiances. Puis on était
cinq pour le premier EP. Là on est à quatre avec des samples. On n'a pas
fait un virage à 180 degrés, c'est toujours Needle Sharp, mais avec plus
d'expérience, un style plus abouti et plus travaillé.
Pourquoi d'ailleurs un second EP et pas un album ?
Comme on a retravaillé les morceaux du premier EP, on aurait pu les
rajouter pour faire un album. Mais les gens les connaissaient déjà pour
les avoir entendus en live. Donc faire un album avec juste quatre ou cinq
morceaux neufs n'était pas vraiment justifié. Et puis il y a aussi une
question de facilité, de budget car faire un EP c'est plus facile qu'un
album.
Mais pour la scène, on retrouvera les morceaux du premier et du second
EP ?
Et d'autres (Rires). Qui ne sont ni dans l'un, ni dans
l'autre. (Rires)
La cover mais aussi les illustrations à l'intérieur sont originales,
qui a eu l'idée ?
Tout le groupe avait envie de travailler avec des artistes qu'on
côtoie tous. Peintres, plasticiens …Et par rapport à l'ambiance de l'EP,
on a choisi de travailler avec Tate Sheol. C'est un ami et il nous connaît
bien. Et nous, on aimait son travail de croquis. Et ça tombait
parfaitement bien avec notre ambiance. Et puis il y a des notions
d'aiguilles et de coutures, de manipulations avec ses poupées vaudou. Tout
fonctionnait très bien avec cet EP.
Tu pourrais définir le groupe en deux ou trois mots ?
Fusion. Ça nous représente bien quand même. Energie. Evolutif. Car on
aime bien retravailler nos musiques.
Dans ma dernière interview pour définir le groupe il y avait une phrase
"c'est du rouge à lèvres parfumé à la Kro", vous c'est à la Heineken.
Sérieux, y a pas meilleur comme bière ?
(Rires). Oui, je pense que tu as raison, il y a meilleur comme
bière !! Mais si tu parles de la Chouffe, point de vue sonorité, ça fait
pas pareil. Ça marche moins bien … (Rires)
Dernière question: quel est le dernier album ou morceau que tu as
écouté ?
L'album de Shaargot, « The Advent Of Shadows », que j'écoute
pas mal en ce moment.
Merci pour cette interview !
Merci à toi.
Propos recueillis par Yann Charles
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