samedi, 01 novembre 2003
C'est au milieu des oies, des chèvres
et des chevaux que nous accueillait Manu Galvin en ce dernier
dimanche de novembre alors qu'il s'apprêtait à entrer
sur la scène des " Aventures de Tom Sawyer "
pour la deuxième fois de la journée
Ambiance
détendue puisque acteurs et musiciens terminaient leur
café avant d'enfiler leurs costumes. Regards détendus,
sourires avenants, plaisanteries
On est loin des grosses
productions où chacun se regarde en chien de faïence,
et même si le professionnalisme est poussé à
l'extrême, ici c'est " gentillesse à tous les
étages " ! C'est tellement rare
Bonjour Manu, comment en es tu arrivé
à jouer de la guitare ?
Houlala ! C'est un petit peu compliqué
Je voulais
faire du piano au début, j'avais environ treize ans et
j'avais vraiment envie de jouer de piano mais on n'avait pas les
moyens d'en acheter un à la maison et donc le Directeur
du Conservatoire de Montreuil où je m'étais inscrit
m'avait dit de revenir quand j'en aurai un parce qu'avant, ce
n'était pas la peine
J'ai donc arrêté
et j'ai été encouragé à jouer de la
guitare par un copain qui s'appelle Yves Torchinsky, qui est maintenant
contrebassiste de jazz et qui jouait de la guitare à l'époque.
J'étais en terminale et donc j'ai commencé assez
tard mais c'est parti de là, à écouter les
Rolling Stones, les Beatles, à jouer un peu de blues
Et puis après, il y a eu les rencontres, dont celle qui
est la plus importante pour moi qui est celle avec Jean-Jacques
Milteau.
On t'a beaucoup vu dans le jazz et dans
le blues à tes débuts. Maintenant, on te voit aussi
beaucoup dans la variété
C'est une évolution
naturelle des choses ?
C'est une évolution du métier surtout ! Je suis
appelé à travailler où il y a le plus de
demande en ce moment en fait. Maintenant, ce n'est pas pour autant
que je laisse tomber ni le jazz, même si je n'en ai pas
fait beaucoup, ni le blues puisque je continue à sillonner
la France et plus généralement le Monde avec Jean-Jacques
Milteau pour pas mal de concerts. Je ne délaisse surtout
pas le blues !
En parlant de Jean-Jacques, tu joues avec
lui depuis une quinzaine d'années
Que t'a t'il apporté
?
Il m'a apporté une forme de sécurité sur
l'instrument
Le fait de jouer avec lui est un moyen de
s'affirmer et de prendre confiance en soi. C'est ce qui me manquait
vraiment au début et même si je n'y suis pas encore
complètement arrivé, il m'a mis sur le bon chemin
et je sens que ça commence à aller de mieux en mieux
à l'école
On te voit souvent avec une Telecaster.
C'est le côté bluesy et dépouillé de
l'instrument qui t'attire ?
C'est le côté simplicité de cette guitare,
qui est une des plus simples du monde et qui pour moi est la plus
réussie ! Quand j'ai commencé, j'étais très
fan de Gibson, j'ai eu une 345 et une SG et la vie a fait qu'un
jour j'ai eu besoin d'une guitare très bon marché
que quelqu'un m'a vendu, une guitare à laquelle je ne tenais
pas spécialement qui était la Telecaster et à
laquelle je me suis tellement bien habitué que maintenant,
quand je ne l'ai pas en main, je ne me sens pas dans mes chaussons,
il me manque quelque chose, elle fait partie de moi en sorte
C'est " MA " guitare, j'ai beau en avoir d'autres, c'est
celle ci que je prends tout le temps !
Pourtant la SG1 est, elle aussi, assez
simple et rudimentaire
Oui, mais je ne sais pas, maintenant j'ai vraiment beaucoup de
mal à m'en passer !
De tes projets, en solo ou en groupe, que
ce soient les albums ou les cours que tu donnes, quel est celui
dont tu es le plus fier ?
En général, on est fier des choses lorsqu'elles
sont faites
J'ai fait quelques albums jusqu'ici, il y en
a eu trois au moins de sortis, et le dernier, qui s'appelle "
Acoustic Blues Guitar " (Quelques Notes, EMI, 1997), est
celui que je préfère, même si j'ai toujours
du mal à me réécouter. C'est un album dans
lequel il y a quelques morceaux qui passent en ambiance pendant
que les gens attendent le début de Tom Sawyer puisque Jean-Jacques
a eu la gentillesse de l'amener au sonorisateur. Celui là,
j'arrive à le réécouter ! Mais il y a aussi
les projets qui vont arriver, dont un album pour enfants avec
des standards du genre " Au clair de la lune " ou "
Frère Jacques " et avec quelques compositions personnelles
J'en ai fait une moitié pour l'instant, il me reste
encore quelques morceaux à faire et c'est quelque chose
de totalement nouveau pour moi. J'espère que j'en serai
fier après, même si pour l'instant c'est un peu expectatif
Tom Sawyer est il l'aboutissement d'un
rêve d'enfant et comment as tu abordé le projet ?
Je ne pense pas que ce soit l'aboutissement d'un rêve d'enfant
On nous a proposé, à Jean-Jacques et à
moi-même, de faire la musique de ce spectacle. Tom Sawyer,
je ne l'ai ai pas lu mais j'avais le souvenir du feuilleton qui
passait quand j'étais gamin et que j'avais vraiment adoré
! C'est donc plutôt un clin d'il pour moi et ça
me fait très plaisir de faire ce spectacle. En plus, on
joue en direct, ce qui n'est pas une mince affaire. On a non seulement
écrit la musique mais en plus on la joue tout le temps
ce qui est assez nouveau car je ne connaissais pas ce genre de
spectacle mais je suis très content de participer à
ça.
C'est une expérience que tu comptes
renouveler ?
J'aimerai bien
Si on me le propose !
Quel est l'artiste avec lequel tu rêves
de jouer un jour ?
Chez les Français ?
Oui ou ailleurs
Bon, alors à l'étranger on va dire BB King parce
que c'est un de mes guitaristes favoris et le fait de partager
un petit bout de scène avec lui aurait été
un véritable rêve
Juste le fait de l'accompagner,
de faire un pauvre Mi 7ème derrière lui pendant
qu'il ferait ses notes serait un immense plaisir ! Et puis chez
les Français, il y a des gens que j'aime énormément,
des gens comme Cabrel que j'aime beaucoup et qui fait partie des
gens que j'aimerai vraiment accompagner. Je crois que c'est dans
mes cordes comme on dit
Pour faire un petit retour un an en arrière,
te souviens tu de la jam monumentale que vous avez fait avec Heather
Hardy, Carla Brownlee et Kathleen Williamson l'an dernier en clôture
de Blues-sur-Seine ?
Oui tout à fait, ça me revient ! C'est vrai que
c'était assez sympa
J'ai remarqué qu'il n'y
a pas souvent ce genre de chose lors des concerts que nous faisons
avec Jean-Jacques. C'est peut-être de la timidité,
je ne sais pas comment on peut appeler ça
Mais là
ça c'était vraiment bien passé !
Oui, surtout que ça avait été
difficile à organiser
Il avait fallu que Jean-Jacques
Milteau vienne sur le bord de la scène pendant la première
partie et que les organisateurs lui disent " tiens, regarde
" et il avait très vite répondu "
bon, d'accord "
C'est vrai qu'il faut toujours un peu le bousculer !
Merci Manu !
Merci à toi et bon spectacle
Propos
recueillis par Fred
Delforge pour Zicazic.com - Novembre 2003
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