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Ecrit par Yann Charles |
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mercredi, 01 juillet 2020
HEVIUS
https://www.hevius.com/
A l'occasion de la sortie de leur album «
Millénaire », une rencontre par mail avec Julien,
le chanteur et guitariste du groupe Hevius. Le combo heavy francilien
qui chante en Français n'avait plus sorti d'album depuis
2005. De quoi se poser des questions. C'est que nous avons fait. Et
c'est avec beaucoup d'humour que nous avons découvert un
groupe très sympa.
Salut Julien, peux-tu nous
présenter Hevius ? Qui êtes-vous, et pourquoi ce
nom de groupe ?
Salut ! Hevius est un groupe de heavy/power metal francilien dont la
grande particularité est le chant en Français.
Certains disent que nous faisons du heavy un peu à
l’ancienne, mais la vérité,
c’est que même si nous avons de grandes influences
qui sont effectivement des groupes qui ont bercés les
années 2000 de leurs riffs, notre volonté
n’est pas de rappeler cette époque mais bien de
marquer le metal actuel ! Je suis donc Julien, le guitariste et
chanteur du groupe. Nous sommes cinq à le composer, Florian
aux claviers, Alexandre à la batterie, Olivier à
l’autre guitare et Ugo à la basse. La composition
actuelle du groupe date de 2011 ou 2012 … Je ne me rappelle
jamais des dates et de toute façon, on est tellement potes
que j’ai l’impression qu’on se
connaît depuis trente ans ... Le nom de Hevius, bien que nous
aurions aimé raconter une histoire un peu plus exotique, est
en fait la contraction de Heavy et Us, puisqu’il
s’agit de notre propre métal (Rires). Alors
rangez vos Gaffiot, vous ne trouverez aucune étymologie
latine de ce nom !
Comment
définissez-vous votre musique ? Heavy power metal, mais
affinité avec le mélodique ?
Tu me coupes un peu l’herbe sous le pied ! C’est
exactement ça en fait, du coup je ne sais pas quoi dire de
plus … En fait, pour nous, les trois styles dont tu parles
sont assez indissociables, du coup il faudrait inventer un nom pour
regrouper le tout … Que dis-tu de “Powymel
metal” ??? Le heavy est indispensable pour envoyer du
pâté (c’est donc le gras) …
Le power est indispensable pour transpirer un peu (c’est donc
le sel de la transpiration), et les mélodies sont
indispensables pour apporter la couleur et l’entrain
(c’est donc le sucre). Bref, écouter Hevius,
ça revient à manger trop gras, trop
salé et trop sucré !!! Que du bonheur non ?
On va parler de votre
nouvel album, « Millénaire »,
où nous emmenez-vous avec cet album ? Un univers fait de
guerres et de combats, de morts ? Un univers un peu noir quand
même ?
Pas du tout, j’ai même envie de te dire que
c’est l’inverse. C’est effectivement
l’impression que pourraient donner les titres des morceaux
« Aux armes », « Je te donne
l’enfer », ou d’autres. Mais les textes,
au contraire, finissent toujours par la lueur du jour qui pointe. Je
suis un gars de nature optimiste, peut-être trop,
à la limite parfois de la naïveté sans
doute. Il m’est donc impossible de rentrer dans un monde trop
sombre … Le naturel me rattrape et l’optimisme
l’emporte.
De toute façon, il suffit de venir nous voir en live pour
comprendre que le côté obscur de la force,
c’est pas notre truc. On s’éclate
littéralement en jouant, et on ne pourrait pas le faire en
racontant des histoires si sombres. Impossible pour nous de garder
notre sérieux bien longtemps et pour être
honnête, en répète, il nous arrive de
trouver un peu de temps pour bosser les morceaux entre les conneries
que chacun raconte (Rires)
... Avec « Millénaire », on
t’emmène surtout faire la fête du heavy.
Avec « Armée d’acier », on
raconte l’amour qu’on a pour la musique «
Que le metal remplace le sang dans mes veines ! ». On
espère que quand tu as fini d’écouter,
tu chantonnes encore les mélodies. On a voulu faire un album
aux sonorités fédératrices, mais sans
tomber dans le kitsch (pas de dragons dans nos histoires…).
Le côté guerrier dont tu parles, tu vas le
retrouver dans la musique, c’est évident ! Et dans
les textes parfois mais toujours pour servir l’espoir, tu
verras. (Rires)
On retrouve un titre
inattendu, une reprise des Inconnus
réadaptée dans votre style, « Hevius et
versa ». Pourquoi cette reprise ? Et qui a eu
l'idée ?
On voulait faire une reprise. Mais une reprise n’a
d’intérêt que si tu tentes
d’apporter quelque chose au morceau d’origine. On
ne voulait donc pas reprendre un morceau déjà
metal… L’autre caractéristique
était que le morceau devait être en
Français bien entendu. Mais il fallait aussi un morceau qui
surprenne … Et dernière chose … un
morceau qui nous plaise à tous les cinq. Et notre point
commun à tous, à part la musique, et bien
c’est la déconne, du coup je ne saurais pas te
dire qui a eu l’idée de « Vice et Versa
» des Inconnus, mais s’il ne l’avait pas
eue, un autre l’aurait eue à n’en pas
douter. Ce morceau est tellement parfait pour nous, rappelle-toi,
« le bonheur est irréductible » !
Comment travaillez-vous ?
Vous préparez tous ensemble ou chacun de votre
côté et vous vous retrouvez ensuite pour faire un
point ?
Olivier et moi (surtout Olivier sur les morceaux les plus
récents) arrivons avec soit un riff, soit une
ébauche, soit un morceau quasi prêt à
jouer, mais rien n’est figé d’avance. On
le bosse ensemble en répète, de
manière à ce que chacun donne son avis, sa
critique. On ne garde rien si tout le monde n’est pas
d’accord, et tout le monde fait les bons compromis en bonne
intelligence (les rares moments sérieux des
répètes) pour que les morceaux donnent leur
meilleur. Chacun a la liberté de proposer des choses en
plus, de manière à ce que tout le monde trouve
son compte et que personne ne se sente comme un simple
interprète. C’est d’ailleurs en partie
pour cette raison qu’il s’est passé du
temps entre les deux albums. Le line-up a changé, et donc
les goûts musicaux ont été parfois
assez chamboulés, et certains morceaux ne collaient plus
autant qu’avant aux aspirations de la nouvelle composition du
groupe. Ils ont été abandonnés, et
d’autres ont vu le jour, tout ça a pris du temps.
C'est pareil pour les
textes ?
Non, c’est différent pour les textes. Certains ont
été écrits par David,
l’ancien chanteur du groupe, et les autres ont
été écrits par moi. Je les
écris seul, et même si je suis ouvert aux
critiques des autres, il est difficile de me les faire changer, je
l’admets (Rires).
Pour l’avenir, je pense que je ne signerai pas tous les
textes, je laisserai d’autres s’exprimer, histoire
d’apporter de la variété dans les
thèmes abordés et dans les sonorités,
il ne faut pas que ça finisse par tourner en rond.
Pourquoi ce choix de chanter en
Français (chose qui me plaît) alors que la grande
majorité des groupes, même Français,
chantent en Anglais ?
Content que ça te plaise ! Pour une raison très
simple … Avant d’avoir notre ancien chanteur
David, c’était déjà moi qui
écrivais les textes, et je ne suis pas parfaitement
bilingue. Je comprends l’Anglais, je peux le parler, mais je
serais parfaitement incapable d’exprimer correctement et
fidèlement ce que je veux. Si les autres groupes
français écrivent en Anglais, c’est
qu’ils sont sans doute parfaitement bilingues (Rires). La
conséquence de ce choix est que le travail sur les textes
est nécessairement plus difficile je pense, car la langue
française est moins adaptée au metal au niveau
des sonorités, il faut donc toujours choisir les bons mots
aux bons endroits pour que ça continue de sonner, pour que
ça ne heurte pas les oreilles plutôt
habituées à entendre de l’Anglais (mes
oreilles les premières d’ailleurs). Enfin, les
textes doivent être assumés, et en chantant en
Français, un texte non assumé, ça ne
pardonne clairement pas. En Anglais, c’est
différent, tu peux chanter un peu ce que tu veux,
ça passera. C’est pour cette raison que je fais
des textes toujours imagés. Je n’irai pas
jusqu’à dire que les textes doivent faire
réfléchir, mais ils sont à
interprétation multiple, et ça me plait de me
dire que chacun peut y voir un sens alors que je souhaitais en donner
un autre.
Question qu'on a
dû et qu'on va vous poser à chaque fois, pourquoi
autant de temps entre votre premier album, «
Derrière La Lumière », sorti en 2005,
et celui-là ?
En effet, on a déjà eu droit à cette
question, mais elle est parfaitement logique compte tenu effectivement
du laps de temps important entre les deux albums. A partir de 2008, le
line-up a connu des changements : David le chanteur est parti, puis
Fabio le claviériste a quitté à son
tour le groupe. Moralement, ça a été
compliqué de relancer la machine, mais on a finalement eu la
chance de rencontrer Flo pour les claviers, puis avec Oliv nous avons
décidé d’ajouter une
deuxième guitare dans le groupe. Un peu plus tard, Etienne,
notre bassiste a dû aussi quitter le groupe,
remplacé par Ugo qui écoute du metal plus brutal
que les autres membres du groupe. Comme je le disais tout à
l’heure, les influences individuelles ont
été modifiées, car Flo est
très influencé par le metal prog, et Oliv a
apporté un côté beaucoup plus heavy au
groupe. Certains morceaux ont donc été
abandonnés, d’autres modifiés, et
d’autres encore composés de toute
pièce. Ensuite, quand nous avons
décidé de faire l’album, on
s’est lancés un peu sans trop savoir ce qui nous
attendait car on n’a pas voulu s’enfermer dans un
studio pour tout faire d’un coup. Nous l’avons
enregistré en mode fait maison. L’avantage
étant que nous n’avions pas de stress en termes de
temps d’enregistrement, mais
l’inconvénient étant que nous
n’avions pas de stress en termes de temps
d’enregistrement (Rires).
Le boost nous a été donné suite
à la rencontre avec Mathieu Desjardin,
l’ingénieur du son qui s’est
occupé de nous. Il est jeune, et il est bon !!! Nous
l’avons rencontré lors d’un concert que
l’on a fait, il s’était
occupé de l’album d’un autre groupe, on
a écouté, et on y a vu un vrai potentiel. Il a
passé un temps fou sur notre album, il a fait,
défait, refait plusieurs fois sans jamais nous insulter (en
tous cas pas en face !) et sans compter les heures (nocturnes pour la
plupart). Au final, il a su trouver le son qui nous convenait, on
l’adore et on le recommande à 100%. Donc nous
avons pris notre temps, sans doute un peu trop, mais nous sommes
tellement fiers de ce que nous avons fait !
L'album «
Millénaire » se termine par « Nous
sommes des rois », qui était
déjà sur votre premier album, pourquoi l'avoir
remis sur cet opus ? C'est un morceau incontournable de Hevius ?
C’était une manière de faire le lien
avec le premier album, pour rappeler que si le style a
évolué, que si les membres ne sont plus les
mêmes, Hevius reste Hevius, ce n’est pas un autre
groupe avec le même nom, c’est toujours bel et bien
le même groupe, avec le même état
d’esprit. C’est aussi un morceau qu’il
est impensable pour nous de ne pas jouer en live. On a
essayé une fois, et on s’est fait insulter
!!! Du coup, on l’a tellement joué
qu’on y a ajouté au fur et à mesure des
subtilités, et on a trouvé bonne
l’idée de matérialiser cela. De plus,
David, notre ancien chanteur a accepté de venir ajouter sa
voix aux chœurs qu’on a enregistrés.
C’est super sympa de sa part, il est venu de Bretagne rien
que pour ça ! On ne s’était pas vus
depuis longtemps, et on a passé un super moment, je suis
vraiment ravi de l’entendre sur cet album, c’est un
juste retour des choses.
Qu'est ce qui a
changé dans votre manière d'aborder la musique
depuis le premier album ?
Pas grand-chose à vrai dire … Je crois
qu’on l’aborde toujours de la même
manière … On n’en vit pas (pas encore
?), donc ça ne peut être qu’un grand
plaisir d’en faire. J’avoue que j’ai
toujours du mal à comprendre les musiciens qu’on
voit sur scène qui tirent la tronche … Soit ils
sont super concentrés au point d’en oublier de
sourire, soit ils n'éprouvent pas vraiment de plaisir
à être là. C’est totalement
inconcevable pour nous. Il n’y a pas grand-chose de plus fou
dans la vie que de jouer sur scène, même si
c’est parfois devant peu de monde, même si
c’est parfois dans des conditions compliquées,
c’est toujours un plaisir incroyable, et on le montre de
manière tout à fait naturelle, pas besoin de se
forcer.
Sur «
Millénaire », vous faites la part belle aux
guitares, beaucoup de solos, du gros son, est ce que l'album a
été composé principalement pour la
scène ?
Oui, oui, et oui ! Mais pas forcément en lien avec les
guitares. Quand on compose un morceau, on garde toujours en
tête ce qu’il donnera en live, mais l'interaction
avec le public passe surtout par les chœurs qu’on
place, les refrains qu’on essaye de faire catchy, et les
mélodies, qu’elles soient jouées
à la guitare ou aux claviers. Le côté
grosses guitares, vient déjà du fait
qu’il y en ait deux. Et à partir du moment
où il y en a deux, forcément, tu es
tenté de les faire jouer ensemble, et de faire du gros riff.
Cela dit, je suis parfaitement convaincu que les guitares ne
ressortiraient pas aussi bien si les claviers ne leur apportaient pas
leur soutien. Grâce aux claviers, on occupe un maximum de
fréquences que les guitares ne sont pas capable de couvrir,
et l’attaque des guitares ne serait pas aussi percutante si
la profondeur n’était pas apportée par
les claviers. Et puis si la batterie et la basse ne pilonnaient pas
autant, les guitares sonneraient bien creuses ...
On va arriver aux
dernières questions. Peux-tu définir le groupe
Hevius en deux ou trois mots ?
Trop fastoche, et c’est presque ironique car pour
résumer en deux mots Hevius, un groupe qui chante en
Français, il suffit de deux mots anglais ! Heavy et Us.
Dernière
question rituelle : quel est le dernier morceau ou album que vous avez
écouté ? Et avec le confinement,
peut-être as-tu découvert des artistes ou des
groupes que tu voudrais mettre en avant ?
Avec le confinement on a eu droit à plein de belles
surprises ! Tout le monde y est allé de son clip de
confinement, c’était génial. On a
d’ailleurs fait le nôtre avec le morceau
« Millénaire », à voir
d’urgence !!! Du coup, ça m’a permis de
réécouter ou de redécouvrir des
groupes de potes ou pas. Et puisque j’en ai
l’occasion, j’ai envie de mettre un mot pour le
groupe Charge qui nous a gratifiés d’une batterie
de rouleaux de PQ dans leur vidéo de «
Ain’t The One », et pour le groupe DemonTool avec
son clip covidal du morceau « Sorcier ».
Écoutez-les, soutenez-les !
Merci beaucoup pour cette
interview
Merci. Si je peux placer un dernier mot pour la fin, je voudrais
simplement encourager les gens à acheter l’album
physique, car ça serait vraiment terriblement dommage de
passer à côté du livret, on y a mis le
paquet !!! Déjà, il y a les textes,
c’était le minimum, on est d’accord,
mais on y trouve aussi des surprises, des trucs qu’on ne
trouve dans aucun autre livret d’album. Et puis, si tu
approches vraiment ton œil des pages de la pochette et du
livret, alors peut-être que tu y trouveras encore des
surprises ...
Merci Julien.
Merci à toi.
Propos recueillis par
Yann Charles
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