Accueil du portail Zicazic.com


Zicazic on Twitter. Zicazic on Facebook.

Flux RSS ZICAZINE

Qu'est-ce que c'est ?




Accueil

> MENU
 Accueil
 ----------------
 Chroniques CD's
 Concerts
 Interviews
 Dossiers
 ----------------

SURVIVAL ZERO pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
mardi, 23 juin 2020
 

SURVIVAL ZERO

https://www.facebook.com/TheSurvivalZero/

Une rencontre téléphonique avec Pierre, le chanteur du groupe Survival Zero qui nous parle de leur premier et très réussi album « The Ascencion ». Un univers particulier qu'il nous fait découvrir.

Salut, on va commencer par une présentation du groupe Survival Zero. Petit historique et pourquoi ce nom ?
Salut. Nous sommes un groupe qui vient de Champagne, plus précisément de Troyes. On est cinq dans le groupe et on se connaît depuis une bonne quinzaine d'années. On a eu des groupes ensembles, ou on a partagé des scènes avec nos groupes respectifs de l'époque. Pour cet album j'en suis à l'initiative et j'ai amené la matière première que j'ai fait écouter à Ben, Pierre, Thibaut et Régis qui forment le groupe avec moi. Et collectivement, on a fait évoluer cette matière pour donner naissance à ce premier album, « The Ascencion ». Le nom du groupe est aussi lié à l'histoire de cet album et aux textes. Pendant plusieurs années j'ai été malade, j'ai eu une dépression et j'ai proposé aux gars de parler de ça dans les textes, et ils ont validé. Je les en remercie. Bien entendu tout ça reste métaphorique, je n'ai pas fait de textes autobiographique. Cette maladie là, je l'ai un peu vécu comme un virus à l'intérieur de moi. Ça contaminait une émotion après l'autre jusqu'à je finisse à ne plus rien ressentir avant d'être pris en charge et soigné. Et c'est quelques mois après avoir été guéri que l'idée du groupe est venue. On parle de « patient zéro » pour ce qui touche à tout ce qui est virus, et je me suis demandé comment on appelait le premier guéri. Donc l'idée de Survivor Zero est venue comme ça. Mais nommer un groupe parlant d'une seule personne n'était pas bonne, d'où le nom Survival Zéro. La survie plutôt que le survivant. Le nom de groupe évoque un état d'esprit plutôt qu’une personne.

J'aime bien le terme « activistes de la scène metal » que l'on trouve dans votre dossier presse. Comment doit-on le prendre, vous êtes des rebelles ?
(Rires) Je pense que quand on fait du metal, on doit avoir une part de rébellion en soi. Activistes car on a fait le calcul du nombre de groupes que l'on avait eu à nous cinq par le passé et ça représente une vingtaine de formations dans des registres différents. Donc l'activité dans des groupes locaux, underground. Quelquefois nous étions déjà ensemble dans des groupes comme avec Ben le guitariste par exemple. Et activistes aussi car toujours prêts à aller coller des affiches, à organiser des concerts, on est plusieurs à avoir écrits dans des fanzines locaux. Et je pense que cet activisme-là est partagé par beaucoup d'autres groupes en France et ailleurs pour faire vivre notre musique. Le metal est une musique de passionnés.

On va parler de « The Ascencion », votre premier album, mais avant de l'aborder, comment définis-tu votre musique ? On passe du bon gros metal extrême à un metal plus groovy, et quelquefois on touche au hardcore …
On essaie de faire un metal qui groove et avec des ambiances assez sombres qui peuvent rappeler le metal extrême, le black metal, voir le post hardcore dans la lancinance et la mélancolie qu'il a.  Et on va aussi piocher dans différentes esthétiques que propose le metal. Car ce sont des choses que l'on aime bien écouter, tout simplement. On essaie de varier les musiques au travers des différentes humeurs de nos chansons.

Pourquoi ce titre « The Ascencion » ?
Dans la track list de l'album on a essayé d'avoir une progression vers le haut. Une élévation. Les textes sont nés de la musique et donc il y a cette idée de s'élever vers le haut après une étape douloureuse comme une dépression dans mon cas. Et le fait de prendre de la hauteur, on l'a matérialisé dans les textes par des métaphores qui parlent de l'espace. Et le mot « Ascencion » a aussi une aura mystique. On peut l'utiliser pour parler d'une ascension d'une côte au Tour de France par exemple, pour des fêtes religieuses, dans des textes philosophiques. Ce mot a cette aura mystique. Et ça a imposé l'architecture de l'album avec cette progression musicale vers le haut et des têtes qui te font acheminer vers une ascension intérieure.

Une intro plutôt intrigante, surprenante, qui donne envie de voir ce qui se cache derrière. Après des gros riffs bien accrocheurs, parfois assez violents, des mélodies que l'on retient et des césures je dirais avec des intros soft voir un instru, « The Coldspot », avant une explosion finale (« Foundation » et « The Otherverse »), l'album est scénarisé, c'est un concept album ?
Ah oui carrément. Après, je dis toujours qu'un concept album n'est pas forcément un album qui raconte des histoires. Le nôtre ne raconte pas d'histoire avec des personnages qui interagissent. Ce n'est pas ce genre de concept album. Nous, il y a des thèmes musicaux qui vont revenir d'une manière ou d'une autre, d'une chanson à une autre. Pareil dans les textes, il y a des thèmes qui vont être abordés d'une chanson à l'autre. Et comme tu le dis dans ta question, on a essayé de poser une architecture qui fasse varier le rythme. Tu dis scénarisé, nous on parle de narrations au sein du groupe. Avec des rythmes qui cassent, qui reprennent différemment, un peu comme dans un film.

Je parlais de cassures car quand on voit la courbe de vos chansons sur Dropbox, elles sont toutes à peu près les mêmes. Une montée en puissance, puis une descente et une remontée.
C'est exactement ça.

Sur scène, vous le jouez ou le jouerez dans le même ordre que la set list je suppose ? Du coup l'album a-t-il été pensé ou composé pour la scène ou pas forcément ?
Alors pas que. Mais on l'a quand même aussi pensé pour sa version live car créer de la musique entre nous cinq, on aime bien, mais ce qu'on kiffe le plus c'est d'être sur scène. C'est le frisson de la scène qui nous motive pour faire de la musique. Donc oui, on a essayé de faire un album qui soit taillé pour le live.

Même si « The Ascencion » est votre premier album, on sent beaucoup de maturité, de maîtrise dans vos compos. Comment vous avez travaillé cet album ?
Comme je te l'ai dit tout à l'heure, pour cet album là, j'ai amené la matière première des chansons, mais sans rien imposer. Et entre les idées premières et ce qui figure sur l'album, il y a des choses qui ont grandement évolué par ce travail de groupe sur les ambiances, le groove. Il y a vraiment eu un travail collectif à faire grandir les morceaux. Ce que j'ai aimé durant cette période en jouant avec eux, c'est que leurs jeux faisaient évoluer le mien. Et on partage tous cette impression là, que chacun a apporté aux autres. Ensuite on a répété, on a jammé sur les idées, on a maquetté, quelquefois deux fois pour certains titres, et l'idée était que l'on arrive en studio en n'ayant pas à faire quarante prises du même riff. Si au-delà de cinq ou six prises tu n'arrives pas à le jouer, c'est tout simplement que tu ne l'as pas assez préparé. Tout le travail en amont a été important pour éviter ça. Et je finirais par une dernière étape car elle mérite d'être soulignée. Le fait d'avoir beaucoup travaillé avant nous a permis de pouvoir beaucoup discuter avec Mat Chiarello, qui a produit l'album, sur certaines choses comme l'exécution d'un riff, d'une mélodie, d'un jeu de batterie, enfin toutes ces idées qu'il a nous apportées. Et on est super content car ça participe à l'effet massif qu'il y a sur cet album.

Quand on lit votre bio, on parle de Asimov, Kafka ou Clarke, ce sont des inspirations pour vos textes et l'univers dans lequel vous nous entraînez ?
Oui c'est ça. Je lis beaucoup de choses et ce sont des auteurs que j'ai beaucoup lu et que je lis encore. Mais à l'avenir cela pourrait être d'autres inspirations littéraires. Je vais puiser dans leurs styles, leurs images, leurs métaphores ou les thématiques qu'ils développent. Clarke et Asimov c'est pour leur côté SF et la sagesse qu'il y a dans leurs écrits. Kafka c'est plus pour le côté pessimiste et les réflexions de l'ordre de l'intime sur l'humanité et l'humain. Au-delà des textes, il y a un univers visuel qu'on essaie d'emmener vers ce côté un peu SF, mystique, l'espace. On est un peu dans l'entre deux. C'est ce qui fait un peu notre singularité, même si d'autres groupes s'en inspirent aussi.

On vient de parler de vos références littéraires, mais quelles sont vos références musicales ?
Alors il y a clairement une base pour cet album. C'est un premier album, il faut bien le remettre dans son contexte. Car cela va être amené à évoluer. En tous cas, pour cet album là, il y a un socle à rechercher du côté de la scène metal hardcore américaine. Les groupes comme Chimaira ou cette génération par exemple qui ont émergé début des années 2000 aux Etats Unis et qu'on aime beaucoup, surtout dans l'approche du jeu de guitare. Après, est venu se greffer du hardcore, du prog, du metal extrême. En termes de références, ça pourrait se traduire par Tool par exemple, The Ocean, No Father, mais aussi Metallica ou Gojira qui sont des groupes qu'on a en tête. Et on est tous très très fans aussi de la scène suédoise, pas forcément pour le death mélo. Il y a une aura, une mélancolie dans cette musique qui nous touche particulièrement.

Qui a eu l'idée de cette pochette ? Que représente-t-elle ?
C'est lié à la chanson « Eternal Return » qui est un morceau qui fait la transition entre deux états d'esprit. Et dans son refrain cela dit en gros « ne te débarrasse pas de tes failles, de tes erreurs, de tes blessures, car c'est ce qui va te renforcer, te rendre résilient ». Et au bas de la pochette tu as une espèce de chrysalide de laquelle ressort au milieu un personnage qui a l'air en méditation et à ces côtés quatre squelettes qui ne sont pas d'autres personnages, mais bien une seule et même personne. Elle médite et sur les côtés, ce sont ses erreurs qui sont symbolisées.

Vous travaillez déjà sur un second album ? Ou vous attendez de pouvoir présenter celui-ci sur scène, même si pour le moment, on ne sait pas quand cela pourra se faire ?
Oui. Effectivement, on avait prévu de faire des concerts mais le Covid est venu gâcher la fête. Mais l'idée est quand même d'aller défendre « The Ascencion » sur scène avant de commencer quoi que ce soit qui fasse suite. Quitte à arriver après la bataille, mais on veut vraiment présenter et défendre cet album. Après, confinement oblige, on compose déjà des nouveaux trucs, mais c'est encore trop embryonnaire pour dire qu'on a un second album en gestation. On a quelques idées. Il faut les creuser, et on ne se sait même pas si elles vont faire leur chemin ou pas.

Est-ce que tu peux définir le groupe en deux ou trois mots ?
Percutant par le groove, l'énergie et le côté massif de la production. Intense car c’est un album de moins de quarante minutes, mais riche. Sombre car on aborde des thèmes qui sont sombres tout simplement.

Dernière question rituelle : quel est le dernier morceau ou album que tu as écouté ?
Je suis mauvais client car j'ai toujours plusieurs trucs en cours d'écoute. Je peux en donner plusieurs ?

Bien sûr.
J'écoute beaucoup  le dernier album de Barishi, « Old Smoke », sorti chez Season of Mist. Ça déboîte. J'écoute aussi le dernier Benighted, « Obscene Repressed », en boucle. Cet album est trop bien. Un groupe de chez nous, Northern Light, qui fait du metalcore. Ils ont fait un super album, « Hopes and Disillusions ». On avait prévu des concerts avec eux et on a vraiment hâte de les retrouver en live. Et pour finir, dans un registre tout à fait différent, un groupe de doom français qui s'appelle Angellore qui a sorti un super album qui s'appelle « Rien ne devrait mourir ». Je l'ai acheté en vinyle et il est super beau. C'est un voyage cet album. C'est très très intéressant. Résumer ça juste a du doom serait trompeur car c'est une musique qui est très riche. Voilà, je le conseille vivement.

Merci beaucoup pour cette interview Pierre, et à bientôt j'espère sur une scène.
Merci à toi. Je l'espère aussi.
 
Propos recueillis par Yann Charles