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SILENCE OF THE ABYSS pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
vendredi, 05 juin 2020
 

SILENCE OF THE ABYSS

https://www.silenceabyss.com/

Une rencontre téléphonique avec Diane, batteuse du trio corse Silence Of The Abyss. Ils ne sont pas nombreux les groupes de metal venus de l'Ile de Beauté. Elle nous parle de leur dernier album, « Unease & Unfairness », mais aussi d'elle et de sa passion pour la batterie. Et elles ne sont pas légion les cogneuses dans le milieu du metal. Un groupe à part !

C'est plutôt rare un groupe de metal venant de Corse. Comment vous vous êtes trouvés ? Quelle scène metal y-a-t-il sur l'Ile de Beauté ?
Salut. Alors maintenant c'est moins rare en Corse qu'il y a quelques années. Notre rencontre tous les trois ? Avec David, on enregistrait dans un studio dans lequel JB enregistrait lui aussi avec son groupe. C'est là que nous nous sommes rencontrés. Il se trouve que nos groupes respectifs ont splitté par la suite et on en a formé un qui lui non plus n'a pas fonctionné. Du coup, avec JB on a monté un groupe de reprises parce qu'on est ami et qu'on aime bien faire de la musique ensemble. Avec David, on avait toujours ce projet de groupe de metal en tête. Donc en 2017, on avait notre groupe, et JB nous a rejoints car on ne s'entendait plus avec notre chanteur et donc JB l'a remplacé au pied levé pour sauver les dates. Et après ça, on lui a demandé s’il voulait rester. Et il est resté (Rires)

Pourquoi ce nom Silence Of The Abyss ?
Le nom du groupe est venu un soir où on prenait l'apéro avec l'ancien chanteur, et on cherchait un nom qui pouvait faire ressentir de la profondeur. Quelques choses d'organique, qui irait chercher nos racines. On a pensé aux abysses. Et le silence, on trouvait que c'était paradoxal avec le metal. Quel est le son des abysses ? Donc on est resté sur ce Silence des Abysses qui correspondait bien à ce qu'on cherchait.

Rien à voir avec Cousteau ou la plongée ? (Rires)
Non, non (Rires). Rien à voir. En plus j'ai la phobie de l'eau …

On va parler de « Unease & Unfairness », qui n'est pas un cadeau pour ceux qui parlent Anglais comme moi (Rires). On va le faire en Français. Donc « Malaise et injustice ». Pourquoi ce titre ?
C'est David qui l'a trouvé. David, le guitariste, compose tout. Et il avait déjà cette idée de titre avant même de composer pour cet album. Il voulait aller vers un reflet d'émotions de ce que nous et les gens pouvaient ressentir sur ce sentiment général sur notre société actuelle.

Vous vous définissez pour votre style musical comme metal death prog ? Je rajouterais un peu de trash je pense non ?
Complètement. On s'est défini comme ça sur l'EP car en vrai, on n'arrivait pas à se définir vraiment. Et quelqu'un nous a dit un jour que c'était du metal death prog. Donc nous on a dit "OK, on dit ça alors". (Rires) Mais pour nous définir c'est vraiment dur car les références que l'on a sont tellement différentes les unes des autres. Ça peut aller de Brel à Cannibal Corpse tu vois. JB par exemple adore Brel et il le chante très très bien. Et à côté de ça il écoute aussi RATM, Korn, Slipknot.  Donc pour nous définir vraiment je dirais metal méditerranéen si on devait rajouter quelque chose après metal.

Oui, car de réellement prog dans l'album, je dirais « Lunar », le morceau instrumental qui conclut parfaitement l'album. Le reste est plus death trash.
Complètement. On a fait moins death et plus prog sur l'EP. Mais pas sur l'album.
 
Qu'est ce qui a changé ou évolué pour ce deuxième opus par rapport à ce que vous aviez produit avant ?
Déjà la voix. Il y a une grosse différence sur le chant avec JB. Sur les harmonies aussi. David a fait des harmonies beaucoup plus serrées au niveau des accords qui laissaient peu de place à la voix ou plutôt à une double voix. Des fois on avait même du mal à placer la voix lead tellement c'était serré. Mais c'était le but de l'album. C'était le ressenti de David. Donc dans les différences, c'est le chant c'est sûr. Et également on s'est laissée cette liberté d'aller taper là où on avait envie, comme du trash comme tu disais tout à l'heure. On ne s'est rien interdit en fait. C'est peut-être là la grande différence.

C'est un album composé pour la scène ? Je pense avec des morceaux hyper puissants comme « My Fair Fury », « The Color Of The Walls ».
En fait on n'a pas du tout réfléchi à ça. David compose, et ensuite, comme on est ensemble, il me le propose en premier. Et je lui donne mon avis, mes ressentis, mais on ne se dit pas "Ah sur scène ça va péter". Disons que ce n'est pas les critères qui font qu'on va faire ou pas une chanson. On ne calcule pas.

On sent l'influence des sonorités corses voir méditerranéennes avec « See Arcturus » ou le superbe « Matando » par exemple. C'est un besoin de garder ces racines ?
Oui complètement. On était un peu frustrés sur l'EP car l'ancien chanteur est Normand et ça nous embêtait un peu qu'on ne soit pas à 100% de ce que l'on est. Sans revendiquer quoi que ce soit, mais cela fait partie de nos influences. On est Corses, on vit en Corse, et c'est ce qui produit notre musique. On voyage beaucoup et c'est ce qui nous donne toutes ces influences différentes. Mais la Corse est importante, même dans le son. Mais encore plus dans la voix. Et JB chante super bien les chants traditionnels. Ça fait partie de son identité. Nous aussi, mais ça se ressent moins à la batterie ou à la guitare.

D'ailleurs pourquoi ce morceau « Matando », il est posé là un peu comme un ovni ?
Tu vas comprendre quand je vais te dire pourquoi. En fait « See Arcturus » et « Matando », c'est le même morceau. « See Arcturus » est l'intro de « My Fair Fury » et « Matando » c'est la sortie. Ces trois titres parlent de la corrida. « See Arcturus » a des harmonies méditerranéennes pour situer le lieu géographique si tu veux. « My Fair Fury », c'est le combat avec le taureau qui fracasse tout. Et « Matando » c'est la mort du taureau, la triste réalité.

Du coup, on va parler d'un thème qui me tient aussi à cœur et que vous abordez, c'est la maltraitance animale. Je ne connais pas beaucoup de groupes engagés sur ce thème, pourquoi l'avoir choisi ?
Parce que c'est un sujet qui nous touche au quotidien. Ça fait vraiment partie d'une priorité dans nos vies à tous les trois. Je vais te donner un exemple. Je suis allergique aux chats, et pourtant on en a quatre. Que des maltraités, perdus. C'est quelque chose qui nous touche beaucoup. On parle de beaucoup d'autres choses, mais ça, ça nous définit complètement. On ne supporte pas.

Vous nous entraînez dans un univers sombre, quel est le concept ou le thème général de cet album ? Vous parlez de mort, de religion, vous abordez pas mal de sujets.
Je crois que tu as tout dans le titre. Le malaise et l'injustice en général. On ne peut pas dire que l'on vive dans une époque de joie. Sans parler du Covid. Le Covid est dans la continuité de ce qui se passe. C'est quelque chose que l'on ressent profondément. Bon, il y a des moments de joie, mais on est sensible à la souffrance.

Beaucoup de travail car les compos sont assez complexes, même si je ne suis pas musicien, ça s'entend. Qui fait quoi dans le groupe, vous bossez comment ?
C'est donc David qui compose les structures de base de chaque titre. C'est lui la couleur du groupe. Et ensuite il nous les propose. Pour l'EP j'avais beaucoup retouché rythmiquement en cassant les mesures. Pour l'album, je n'ai presque rien touché car je le trouvais top comme ça. On a retouché quelques harmonies pour que la voix puisse rentrer. JB a trouvé pas mal de mélodies pour rentrer le texte.

C'est David qui fait la basse et la guitare sur l'album ? Mais qui fera la basse sur scène ?
Sur scène ce sera la séquence (Rires). Il y a pleins de raisons qui font que pour l'instant, on ne prendra pas de bassiste, même si on n'est pas fermés. Avec JB, on se connaît depuis 2006, donc tu imagines bien que l'amitié qui nous lie, notre passé musical, avec David on est ensemble depuis quinze ans, donc tout ça fait un trio très fusionnel. Alors faire rentrer quelqu'un dans ce trio, on se dit "est-ce que pour lui, ça ne va pas être dur ?". Il se passe un truc à trois et on a peur qu'un quatrième n'arrive pas à rentrer dans ce truc. Qu'il n'y ait pas de fusion. Et la basse, dans notre musique, n'a pas une place de soliste. C'est plus la fréquence qui nous manque que le jeu.

Combien de temps entre l'idée de l'album et la réalisation finale, car il me semble que vous bossez tout à deux ?
David a commencé à composer juste après la sortie de l'EP car il était dans le mood de la création. On va dire depuis juin 2019 jusqu'à mars quand il est sorti. On a rendu les pistes fin décembre.

Question plus particulière pour toi, elles ne sont pas légion les filles à la batterie dans le metal, comment tu es arrivée dans ce milieu ?
J'ai attaqué la batterie, quand je voulais en faire ma vie, à 19 ans. Avant j'avais fait du piano classique, mais j'avais déjà touché la batterie de ma mère. Apparemment c'est héréditaire. La batterie était à côté du piano, et vers 15 ou 16 ans j'écoutais System of a Down et je me suis dit "Allez, essaie". Et quand j'ai passé plus de temps à la batterie qu'au piano alors que je prenais des cours, je me suis dit que ça commençait à être bien. Et depuis que j'ai connu le metal que j'écoutais comme Korn, ou même Symphony X, j'ai su que c'était ma vie cette musique. Je ne savais pas encore que j'en jouerais professionnellement mais c'était ma vie. J'ai fait mes études au Conservatoire de Musique de Bastia et c'est mon oncle qui y travaillait qui m'a formée jusqu'au prix. Mais les rencontres ont fait qu'après ça, je n'ai pas eu de projet metal et j'en ai été très frustrée. Et quand en 2017, avec David, on n'avait plus vraiment de projet fixe, je me suis dit "Pourquoi on ferait pas un truc de metal, moi qui en ai toujours rêvé."  Et c'est parti comme ça.

Est-ce que tu peux nous dire un petit mot sur cette belle cover ?
Oui. Elle a été réalisée par Eric Hyrcza, son nom d'artiste Kahinienn Graphix. C'est lui qui nous a envoyé un message après l'EP, en nous disant qu'il l'avait bien aimé. Et quand on est allé voir son travail, on s'est dit qu'il fallait absolument qu'il nous fasse la pochette de l'album. Ça a été une rencontre avec un mec génial, en plus d'être talentueux. On avait choisi deux covers dans ce qu'il avait déjà réalisé. Une des deux était prise et il nous a proposé une composition dans le même style. Et ça a donné notre cover.

Peux-tu définir le groupe en deux ou trois mots ?
Fusion. Plaisir. Travail

Dernière question : quel est le dernier morceau ou dernier album que tu as écouté ?
Le dernier album de Slipknot, « We Are Not Your Kind ».

Merci beaucoup pour cette interview.
Ben merci à toi.

Propos recueillis par Yann Charles