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Ecrit par Yann Charles |
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lundi, 11 mai 2020
SCARLEAN
http://www.scarlean.com/
Rencontre avec Alex, le chanteur du groupe Scarlean. Le groupe a
récemment sorti un très bel album, «
Soulmates », qui explore les sentiments de l'être
humain. Avec, cerise sur le gâteau, un titre
enregistré avec la belle et talentueuse Anneke Van
Giersbergen. Il nous parle de tout ça dans cet entretien
téléphonique, confinement oblige …
Salut Alex, peux-tu nous
présenter le groupe et pourquoi ce nom Scarlean ?
Salut. Scarlean existe depuis 2013. Nous sommes cinq musiciens : Fabien
à la batterie, Olivier à la basse, Michel et Jo
aux guitares, et moi au chant. Nous avons fait un premier album,
« Ghost », en 2016, qui a été
réédité en 2018. Et donc
là, on a ressorti fin 2019 un nouvel album, «
Soulmate ». Ensuite pourquoi Scarlean ? C'est la compression
de deux mots, « Scar », la « cicatrice
», et « Lean » qu'on peut traduite par
« sèche ». Et ça
représente les petites cicatrices de la vie qui
disparaissent mais laissent quand même une trace.
Vous vous
définissez pour votre style musical comme rock metal
alternatif … Mais on trouve d'autres styles dans ce nouvel
album, des passages plutôt black, vous explorez pas mal non ?
Rock metal alternatif est l'étiquette qui est le plus
ressortie. Donc du coup on s'est dit qu'on faisait
ça, puisqu'il faut définir ce qu'on fait comme
musique. Mais dans la réalité on fait une musique
beaucoup plus variée et qui a du mal à trouver
une étiquette. On va trouver du groove, de
l'électronique voir de l’indus par moment, trip
hop. On n'a pas vraiment de limites dans la composition. On ne se pose
pas de questions sur le style. On met surtout beaucoup
d'énergie.
On sent beaucoup de
travail dans les arrangements, tout en conservant une ligne qui vous
est propre. A la fois très classique, mais quelquefois un
peu déroutante avec pas mal de claviers qui enveloppent les
morceaux.
Ce qu'il faut savoir, c'est que le premier album on l'a
composé à deux : Jo, le guitariste, et moi. Avant
même de rechercher un line up. Le nouvel album a
pour sa part été composé avec le
nouveau line up qui est présent depuis 2019. Michel
à la guitare nous avait rejoints en 2017 et début
2019 Olivier à la basse et Fabien à la batterie
sont arrivés. Et donc là, la grosse
différence, c'est que chaque musicien joue de son instrument
et donc ça a donné plus de cohérence
dans les harmonies. Fabien, par exemple, a un jeu très
groove qui sait s'adapter à tous les styles et ça
a apporté beaucoup. Et effectivement on a mis pas mal de
claviers car c'est quelque chose qui nous plaît. On aime bien
les sons électroniques. Moi je suis assez fan des machines.
Donc on n'a pas hésité à rajouter des
choses.
Ça donne une
atmosphère particulière à l'album.
Oui c'est ça complètement. Il y a certaines
choses que l'on n’arrive pas à rendre avec des
instruments classiques. Donc l'idée c'est d'apporter tout ce
côté sound design.
Peut-être que
je me trompe, je ne suis pas musicien, mais il y a une mise en avant de
la basse sur pas mal de morceaux non ?
Effectivement. Avant on avait plus tendance à la cacher ou
plutôt l'utiliser pour donner du bas à l'album.
Tandis que là, ce sont plutôt les guitares que
l'on utilise pour donner ce bas. On joue sur des guitares à
7 cordes. Et comme Olivier a apporté pas mal sur cet album,
on ne voulait pas qu'il soit en arrière mais au contraire on
voulait une assise basse/batterie très présente.
Bon, on va en parler
maintenant, il y a ce titre, « Wonderful Life »,
avec Anneke Van Giersbergen. Comment ça s'est fait,
pourquoi? Bref on veut tout savoir.
On avait dans l'idée de faire une reprise. Et on est parti
sur ce titre, « Wonderful Life », de Black, qu'on
voulait adapter pour l'album. C'est pour ça que le morceau
est très différent de l'original. Et à
la fin du maquettage du morceau, on s'est dit que ce serait bien que ce
soit interprété par une fille. Et pour rigoler
j'ai dit « Pourquoi pas Anneke Van Giersbergen ».
Et du coup, j'ai envoyé un mail à Rob Snijders
qui est manager et son mari, en me disant qu'on pouvait toujours tenter
le coup. Un peu comme une bouteille à la mer en me disant,
on verra bien ce qu'il se passe. Et il s'est passé que le
jour même, Anneke m'a répondu en me disant qu'elle
adorait le morceau et qu'elle avait aimé notre adaptation et
qu'elle était ravie de participer à cette
chanson. On est rentrés en studio, on lui a
envoyé les pistes et elle nous a renvoyé ses voix
avec les orientations qu'on lui avait données.
Sacrée
plus-value pour l'album.
Complètement. Le fait d'avoir Anneke sur l'album nous donne
une aura et on nous prend un peu plus au sérieux quand tu
travailles avec des gens qui sont connus et reconnus dans le milieu. Et
on espère pour le prochain album faire quelque chose avec un
autre artiste. On a quelques idées, mais on verra comment
ça se passe.
Bon, «
Soulmates », ce n'est pas que cette collaboration. On va
parler de l'album, pourquoi ce titre ?
Sans être un concept album, on a voulu parler de la
dualité, des sentiments opposés dans une
personne. Donc « Soulmate », ou « Ame
Sœur », on ne parle pas de deux personnes mais de
deux sentiments qui sont « Ame Sœur ». Un
sentiment positif et un sentiment beaucoup plus négatif. Et
tout l'album a des textes qui ont tendance à être
assez obscurs quand même. On est dans quelque chose d'assez
grave, sombre. Et on essaie à chaque fois de trouver une
petite lueur d'espoir. L'idée est de dire aux gens qu'il
faut se recentrer sur ses émotions et savoir faire cohabiter
ses émotions.
Les textes sont forts,
puissants, poétiques par moment, comment avez-vous
travaillé pour les paroles ?
C'est moi qui écris tous les textes. J'aime beaucoup
travailler en images et en ressentis. L'idée est de faire de
la poésie mais avec un fond assez cru. Ce que j'appelle de
la poésie réaliste, de la poésie
brute. L'idée générale est d'exprimer
des sentiments, au sens large du terme, opposés. On parle de
religion, de guerre, d'amour, de haine, d'empathie. Beaucoup de sujets
qui tournent autour de l'humain. On cherche à aller
au-delà des simples paroles et à aller au fond du
concept. Il fallait que l'album soit humain au niveau du jeu, vivant,
et que les textes soient en adéquation avec ça.
D'ailleurs les textes ont insufflé la musique.
Ça allait
être ma question. Comment vous avez travaillé pour
la musique ?
La base de l'album a essentiellement été
composée par Jo et moi. Pour ma part j'ai souvent l'habitude
de composer avec une guitare sèche et chant, basiquement.
Pour tout ce qui est arrangements, on a beaucoup travaillé.
On a passé un an à se voir deux ou trois fois par
semaine pour transformer et travailler les morceaux. L'idée
était de bien comprendre les textes. Bien les expliquer afin
qu'au niveau du ressenti, du relief qu'on allait donner aux morceaux,
tout soit cohérent. Et pas simplement un texte
posé sur de la musique.
C'est une
continuité par rapport à « Ghost
», votre premier album ?
Je pense que oui car il y a pas mal de morceaux qui ont
été composés en même temps
que ceux de « Ghost ». Des morceaux qu'on a
récupérés et remaniés. On a
toujours parlé d'humains et je pense qu'on va creuser encore
ça. C'est un sujet intarissable l'humain et la nature
humaine. Tout se combine. On va essayer d'étendre l'univers
de notre personnage présent sur les deux premiers albums. On
va essayer plus tard d'expliquer d'où vient ce personnage,
créer la genèse de tout ça.
C'est un album
taillé, composé pour la scène, ou pas
spécialement ?
Il n'a pas été fait pour la scène
à la base. Mais pour l'avoir joué sur
scène quelque fois, on s'aperçoit qu'il
fonctionne très bien. Les morceaux comme l'album ont un
petit côté cinématographique. C'est une
histoire que l'on raconte de bout en bout. On a remarqué
qu'en concert les gens étaient intrigués et en
même temps attentifs. Ils écoutent vraiment. Et
ça, ça nous a vraiment plu. On a senti qu'il
s'était passé quelque chose.
Vous avez
prévu une scénarisation spéciale pour
vos concerts ?
C'est quelque chose à laquelle on pense mais on essaie de
prendre du recul pour éviter de faire une
scénarisation disons basique, qui desservirai l'univers de
notre musique. Ce qu'on fait actuellement c'est d'exprimer notre
musique avec le plus d'authenticité possible. On est cinq
musiciens avec cinq personnalités différentes et
on arrive à bien se comprendre musicalement. On communique
bien ensemble sur scène, on a des échanges, on
arrive à bien rentrer dans nos personnages, donc on va
surtout garder ça surtout. Authenticité
plutôt que trop d'artifices.
Qu'est ce qui a
changé, évolué, pour ce
deuxième opus par rapport à ce que vous aviez
produit avant ?
Principalement, c'est l'aspect collégial dans la composition
et dans l'échange entre musiciens. C'est assez rare dans un
groupe d'avoir cinq personnes qui arrivent à se comprendre
musicalement et humainement. On a vraiment un lien très fort
tous ensembles. On a un objectif commun et on fait ça avec
une philosophie qui fait qu'on n'est pas dans une perspective de faire
mieux que le voisin. On est dans notre bulle et on fait les choses
comme on les ressent. Il y a beaucoup d'échanges. On n'est
pas dans le jugement, on est vraiment à l'écoute
les uns des autres. Ça n'a pas changé,
ça s'est même amplifié. En fait on aime
beaucoup ce que fait l'autre. Michel est un super photographe, Olivier
en digital painting fait des trucs incroyables et pareil pour les clips
et la captation vidéo, Fabien avec peu de choses arrive
à faire des trucs avec le son, et moi qui suis plus dans la
direction artistique. Voilà, on arrive tous à
trouver notre place autour de la musique. En fait tout le monde
amène sa pierre et c'est vraiment super.
Deux ou trois mots pour
définir Scarlean ?
Super facile. Puissant. Emotionnel. Original.
Waouh, je crois que tu es
celui qui a répondu le plus vite à cette
question. Trois mots sans hésiter !!
(Rires) Je
me suis bien préparé !!
Dernière
question : quel est le dernier album ou morceau que tu as
écouté ?
Le dernier album de Klone, « Le Grand Voyage », qui
est fantastique. Et aussi le dernier Leprous, « Pitfalls
», que je trouve incroyable. Très
cinématographique et très humain. Deux supers
albums et deux supers groupes.
Merci beaucoup.
C'est moi qui te remercie.
Propos recueillis par
Yann Charles
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