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Jean-Jacques MILTEAU pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
vendredi, 01 novembre 2002
 

Tu peux nous parler un peu de ton projet en Nouvelle Calédonie ?
C'est un petit peu le plaisir d'aller de l'autre côté de la terre, de jouer avec la tête en bas. D'abord il y a un public, on l'avait constaté il y a deux ans quand on y était allé en trio. Cette fois on a eu la chance de pouvoir y aller en quintet et on a retrouvé un public extrêmement nombreux et chaleureux parce qu'en fin de compte les gens sont plus près de l'Australie que de la France et des Etats Unis. On en a profité aussi pour rencontrer des musiciens calédoniens. J'y suis allé avec Benoît Sourisse à l'orgue, Bobby Rangell au saxophone, André Charlier à la batterie et Manu Galvin à la guitare, les mêmes que ceux qui jouent ce soir, qui sont tous considérés comme des experts dans leur catégorie. Finalement on a fait quelques jours d'ateliers avec des musiciens locaux et c'était très agréable.

On t'entend sur une foule d'album, de Goldman à Montand en passant par Eddy Mitchell, Le Forestier ou Renaud … Sais-tu sur combien d'albums tu as joué ?
Non pas du tout … Le fait est que ça représente une époque de ma vie qui va du début des années 70 au début des années 90, soit une bonne vingtaine d'année où j'ai été sollicité pour faire des enregistrements avec des gens. J'ai eu la chance de rencontrer beaucoup d'artistes à des moments privilégiés, des moments de création où ils enregistraient et où ils étaient en quelque sorte fragilisés quelque part … J'ai rencontré Barbara ou Yves Montand dans ces moments là, des gens comme Goldman et ceux que tu as cités aussi …

Ta discographie personnelle est, elle aussi, bien fournie. Tu passes ta vie entre scène et studio ?
Oui, on fait maintenant beaucoup de scènes … J'ai la chance depuis une dizaine d'années de tourner sous mon nom, de faire les choses sous mon nom. Ca me permet d'évoluer, entre guillemets, dans mon univers et de choisir un petit peu le style de musique que j'ai envie de faire et les gens avec qui j'ai envie de travailler … C'est vraiment très agréable !

C'est Laurent Vernerey, qui joue lui aussi sur une multitude d'albums, qui a fait les arrangements de Memphis, ton dernier disque. Pourquoi ne pas lui avoir confié la basse par la même occasion ?
C'est Laurent qui avait en fait la direction musicale de l'album … Au début on pensait qu'il allait jouer sur quelques morceaux et il s'est ensuite avéré que Dave Smith faisait parfaitement l'affaire à la basse. L'idée était quand même d'avoir un son très Memphis. Je ne dis pas que Laurent Vernerey ne peut pas avoir le son Memphis, mais comme en fait c'était une rythmique soudée, des gens qui travaillaient ensemble, et que ça se passait très bien comme ça, Laurent a choisi de lui-même de ne pas jouer sur l'album. Mais ça n'enlève rien au talent de Laurent Vernerey …

C'est un peu un fidèle … Comme Manu Galvin ?
Ah non, lui c'est un con ! (rires) Si tu veux, ça fait partie des choix dont on parlait tout à l'heure. La possibilité de pouvoir choisir ses collaborateurs, à la fois pour des raisons musicales mais aussi parce qu'on sait qu'on va délivrer une certaine forme, un certain univers, un certain climat … Quand tu joues avec Manu, les gens ont une certaine vision de la scène, avec des choses très généreuses de par son gabarit mais aussi parce que c'est un type hyper souriant, qui a beaucoup d'humour, qui est très généreux dans sa façon de jouer aussi et c'est très important.

Te souviens-tu d'une soirée à Aubervilliers il y a tout juste 3 ans, au 287 Café pour être plus précis, où il y avait au moins 80 guitaristes …Quelle horreur …… et où tu as joué pour une œuvre humanitaire ? Le public était assis par terre dans la salle et quand tu es monté sur scène, tu as juste dit " Moi c'est pas trop mon truc la guitare … " puis tu as joué trois ou quatre morceaux, comme tout le monde ce soir là …
C'est pour " Assistance Médicale Toit du Monde " ! Ouais, faut bien les faire chier les guitaristes. Je m'en rappelle très bien de cette soirée. On en a reparlé souvent mais malheureusement je n'ai pas pu y retourner la dernière fois parce que je n'étais pas là. Mais bon, je reste en contact avec eux et dès que ça sera possible j'y retourne.

Sur le site web " Bluecity ", il y a un bandeau " Un petit clic contre la faim dans le monde " … Tu participe à beaucoup d'actions caritatives ?
Quand j'ai trouvé ce truc là j'ai pensé que c'était sympa. Après tout, pour les mecs qui viennent, c'est un système original. Je ne sais pas si c'est bidon ou pas en fait mais tu cliques et les sponsors donnent un centime à chaque fois … Je me suis dit qu'après tout les visiteurs pouvaient bien cliquer un coup, ça coûte rien ! Je trouve ça bien le caritatif mais en même temps tu vois, quand je suis rentré après un mois en Nouvelle Calédonie, j'ai ouvert le courrier et il y en avait des tonnes … Tu donnes une fois aux Restos du Cœur et tu te retrouves avec trois demandes l'année suivante. Je le comprends parce que les mecs en ont vraiment besoin mais au bout d'un moment ça tue le système. Quand tu en reçois trop, tu ne peux plus … Tu es obligé de faire des choix et tu passes pour un mec sans cœur. C'est dur mais tu ne peux pas être ou donner partout. Dans le même temps, je suis dans une association qui s'appelle Musique et Santé et qui apporte la musique à l'hôpital pour, entre autres, les enfants. On leur amène quelque chose qui est spécifique à notre métier, à notre action, alors que donner du fric ça se limite à ce geste. Nous on partage quelque chose. Je me demande en fait si les problèmes du tiers monde ne seraient pas plus faciles à cerner si chaque famille d'ici se chargeait d'une famille de là-bas, se jumelait en quelque sorte avec elle en se disant " ils ont tel problème, on va le gérer avec eux … ".

Pour en venir au concert de ce soir, tu as été le parrain de la première édition de Blues-Sur-Seine … Ca signifie quoi pour toi ?
Parrain un jour, parrain toujours … Ce festival, c'est avant tout l'œuvre d'un homme qui est Jean Guillermo et qui est un mec à qui on ne résiste pas. Une sorte de rouleau compresseur ! Je tenais à lui apporter mon soutien autant que je peux le faire, souhaiter une longue vie à Blues-sur-Seine et souhaiter que ce festival, qui est au départ un festival de blues, puisse ouvrir la porte à beaucoup de choses humaines, musicales et culturelles …

C'est la clôture du Festival ce soir et tu es à l'affiche avec Lisa Otey … Vous nous réservez quelques surprises pour la fin de soirée ?
Ouais, c'est moi qui ferme la porte … Ecoute, moi je ne connais pas encore Lisa Otey. Je n'étais pas là les jours précédents et donc je n'ai pas vu ce qu'elle a fait. Mais je vais aller écouter sa balance et peut-être que je lui ferais des propositions … Honnêtes !

Merci Jean-Jacques et bonne soirée !

(Propos recueillis par Fred Delforge pour Zicazic.com le 23 novembre 2002)