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Ecrit par Yann Charles |
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jeudi, 30 avril 2020
DUSK
OF DELUSION
http://www.duskofdelusion.com/
Retour sur une rencontre avant confinement avec Julien et Mathieu du
groupe nancéen Dusk Of Delusion qui nous parlent de leur
excellent album, « Watch Your Six », dans lequel
ils explorent les vies et les émotions des gens et des
soldats durant la première guerre Mondiale. Un album et un
groupe à découvrir.
Salut, pouvez-vous nous
présenter le groupe Dusk Of Delusion, et pourquoi ce nom ?
J : Salut, moi c'est Julien, le bassiste du groupe. Alors à
l'origine avec Mathieu, le guitariste, on jouait dans un groupe de
prog. Alors le prog c'est bien, mais on avait envie de faire un groupe
de scène. Un groupe où tu ne poses pas trop de
questions, où tu joues, tu envoies de l'énergie.
Donc on a commencé à composer des morceaux dans
cette veine là pour pouvoir recruter un chanteur et le reste
du groupe. Donc c'est comme ça qu'est né le
groupe en 2016 et on a sorti notre premier album en mars 2017. Quant au
nom, il est arrivé après plus de deux heures de
brainstorming. Et de là est sorti Dusk Of Delusion, le
crépuscule des illusions.
M : Après, il y avait des critères à
respecter pour le nom. Il fallait qu'il y ait un K dans le nom (Rires). Et
après de multiples noms, on est tombé d'accord
sur celui-là. En plus il y a Dusk qui est une
référence à un de mes albums
préférés, « Dusk And Her
Embrace » de Cradle of Filth. C'était bien dans
l'état d'esprit de ce que l'on voulait faire, c'est
à dire que tous les masques tombent, la fin des illusions.
Et c'est comme ça que l'on a pu développer notre
premier concept sur le premier album qui s'appelle «
(F)unfair » et qui avait pour toile de fond les
fêtes foraines du XIXème siècle, mais
avec les vices de nos sociétés vus par les
protagonistes de cette fête foraine.
Comment
définissez-vous votre style musical ? Sur le premier album
vous vous êtes classés new metal, mais vous avez
évolué pour ce deuxième opus.
J : On s'est rendu compte que Dusk Of Delusion est un melting pot de
générations car on n'a pas tous le même
âge. Et du coup chaque génération
amène sa petite pierre à l'édifice.
Avec un peu de heavy, de prog, de metal, de hardcore et de trash. On ne
se focalise pas sur un style en particulier.
M : En fait neo-metal c'est l'énergie que l'on veut mettre
sur scène. Cette musique qui va emmener des pogos, des
slams, des circle pits. Et c'est ça que l'on veut donner sur
scène. Mais quand tu écoutes l'album,
effectivement ça va beaucoup plus loin que ça,
avec différents styles.
On va parler du nouvel
album, « Watch Your 6 ». Pourquoi ce titre ?
M : C'est une expression militaire anglo-saxonne qui veut dire
"surveille tes arrières". Il y a différents sens
à cette phrase. Pour les gamers, c'est une phrase qui est
dans le jeu « Apex » qui est prononcée
assez souvent par l'un des personnages. Mais le sens principal qu'on a
voulu lui donner est "Regarde bien, le mal vient de partout". Car dans
cet album, on n'a pas voulu parler de la première guerre
mondiale que du point de vue des français. Ce n'est pas
aussi manichéen. La souffrance est partout, le bien est
partout, l'amour est partout.
Oui vous parlez des
points de vue et la vie des soldats, et même des civils
pendant cette première guerre, comment et pourquoi vous est
venue cette idée ?
J : Le concept est parti du constat que les gens, tous les gens, ont
vécu des émotions. Donc on s'est dit pendant la
guerre 14-18, ces émotions ont touchées tout le
monde. Et on s'est dit qu'il fallait faire vivre ces
émotions à travers des
évènements fictifs ou pas.
M : Je n'aime pas trop le terme fictif. Parce que ce sont des
émotions qui ont forcément
été ressenties. Mais elles ne sont pas
personnalisées dans un seul personnage. Ce qui, à
mon avis, est intéressant dans cet album, c'est qu'on ne
raconte pas la vie d'un seul personnage. La vie des gens qui
étaient comme nous, mais dans la mauvaise époque,
et qui ont vécu ces choses.
Mais il n'y a pas d'ordre
chronologique dans les chansons ?
M : Non, l'ordre est plutôt déterminé
par les tempi et les tonalités de manière
à ce que ce soit audibles et agréables. On
voulait que ce soit varié.
Vous avez fait des
recherches historiques pour les textes de vos chansons ?
J : Aïe, la question qu'il ne fallait pas poser (Rires). On va te
laisser avec lui là !!
M : En fait je suis prof d'histoire dans le civil, et donc
forcément passionné d'histoire. Je ne suis pas
Lorrain d'origine, et j'ai découvert l'impact de cette
guerre. J'ai vu l'impact physique de cette guerre car le territoire est
marqué. Je m'y suis intéressé et quand
on commençait à écrire pour cet album,
effectivement j'ai fait des recherches très
poussées. Je voulais que tous les textes soient vraiment
d'une précision historique. Je me suis autant perdu
à faire des paroles poétiques que des
récits historiques.
Dans la conception de
l'album, il y a eu d'abord les textes du coup ou la musique ?
M : Ça a été assez variable. Il y a eu
des phases où les textes ont suivi la musique existante. Par
contre pour « Smiling From Across », qui a pour
thème la joie, cela m'a demandé un
état d'esprit particulier.
J : C'est un peu comme « While He Sleeps » qui a
été écrite dans un esprit qui
n'était pas forcément prévu pour Dusk
mais qui finalement s'y collait bien.
M : Et puis il y a cette chanson un peu atypique sur l'album,
« Verdun », qu'on a du coup travaillée
tous les trois ensemble.
Oui, « Verdun
» et sa version de quasiment dix minutes. Pourquoi un long
morceau comme ça ?
M : Pour pleins de raisons. C'est le seul morceau sur l'album
où on a eu une démarche un peu
particulière car je suis venu en disant "Je veux parler de
Verdun et du désespoir". Car, c'est le prof d'histoire qui
parle, pour Verdun le général Pétain
(pas Maréchal à cette époque), a mis
en place un système de roulement pour les soldats au front.
Toutes les semaines, les troupes changeaient et c'est ce qui a permis
de gagner cette bataille de Verdun. Et je voulais faire ressentir ces
roulements, non pas par les textes, mais par la musique.
D'où ces phases de violence, de retour au calme et de retour
sur la violence.
J : C'est déstructuré car le temps qui va
être vécu dans ces phases est différent
entre sa première fois où il est au front et la
seconde fois où il retourne au front. On a voulu symboliser
ça en ne répétant pas les
mêmes riffs à chaque fois.
L'album a
été composé pour la scène ?
Car « Verdun » vous ne pourriez peut-être
pas la mettre sur scène.
J : On adorerait mettre « Verdun » sur
scène, mais ça serait compliqué. Mais
quand on compose, on part du principe que tous les morceaux doivent
être jouables sur scène. Après, il faut
que le public soit prêt à recevoir un titre de dix
minutes.
M : « Verdun », c'est un véritable
débat dans le groupe. Il y a des morceaux qu'on
connaît, qu'on a joué en
répète, et on sait qu'ils ne sont pas viables sur
scène. « Verdun », c'est un
débat parce que ça dépend de la
scène, et peut être qu'il est aussi possible de
réduire le morceau, mais ne perdrait il pas de sa force ?
Moi, c'est un morceau que je voudrais un jour chanter sur
scène.
Vous avez une
scénarisation particulière pour vos concerts ?
M : Ça se développe au fur et à mesure
des concerts. On a une identité visuelle qui se
créée autour de ce deuxième album. Pas
avec des costumes mais plutôt des aspects vestimentaires qui
sont raccords. Et Julien a travaillé sur des accessoires de
scène, comme des podiums lumineux, la disposition du groupe,
les lumières.
J : Pour le moment la priorité sur scène reste
quand même le son et l'énergie que l'on va pouvoir
donner au public. C'est plus dans cet aspect-là.
Vous arrivez à
retrouver le son de l'album sur scène ?
J : Oui. On arrive à rester assez fidèle aux sons
qu'on a pour qu'il n'y ait pas de déformations d'une
pièce à l'autre.
Vous avez
collaboré avec une association, Le Poilu de la Marne, pour
votre clip « Letters to C » ?
M : Ils nous ont aidés à la
réalisation du clip. C'est une association de reconstitution
historique extraordinaire. Ils ont une connaissance historique
incroyable. Et quelques-uns sont fans de metal, ce qui ne
gâche rien.
Forcément on
va vous parler de Sabaton, qui eux aussi explorent cette
première guerre mondiale.
J : Le concept de notre album a été
créé pendant la tournée du «
Unfair » en avril 2018. On avait donc le concept avant
Sabaton.
M : C'est Sabaton qui nous a copié (rires)
J : Après, Sabaton ne fait des albums que sur la guerre,
donc forcément à un moment, ils allaient parler
de 14-18. Bon, là, c'est pas de bol parce
qu’effectivement on est en actualité.
M : Ils ont fait un album qui est très guerrier. Ils parlent
des batailles et du militaire. Nous, on a fait un album sur des
histoires de vies et de personnes. On est dans la même
période historique, mais pas du tout dans le même
créneau.
Cet album avec des
paroles en Français, ce n'était pas envisageable
?
J : Deux raisons à cela. Benoit n'arrive pas à
écrire des textes chantés en Français.
C'est compliqué en Français.
D'expérience, les critiques sont très virulentes
quand on écrit et chante en Français. La seconde
raison est que comme on parle d'un Serbe, d'un Allemand, d'un Anglais,
d'un Russe, pourquoi ne parler que Français.
Pouvez-vous
décrire le groupe en deux ou trois mots ?
Scénique. Moderne et Ancien. Oui en même temps. Du
moderne ancien.
Dernière
question, quel est le dernier morceau ou dernier album que vous avez
écouté ?
J : Pour moi c'est Ice Nine Kills.
M : « School Days », le quatrième album
du bassiste de génie Stanley Clarke.
Propos recueillis par
Yann Charles
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