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PACO DUKE pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
vendredi, 24 avril 2020
 

PACO DUKE

https://pacodukemusic.com/

Après vingt années passées à arpenter les scènes avec Blues Power Band, le guitariste et chanteur Paco aka Pascal Guegan nous offre un premier album, « Only Dreams Come True », qui est une véritable petite pépite blues et rock. Une rencontre avec un artiste passionné et un mec très attachant.

20 ans passés avec BPB à arpenter les scènes, et maintenant ce premier album solo. Pourquoi avoir attendu tout ce temps ?
La fidélité ! Il ne t’a pas échappé que Blues Power Band était à l’arrêt. C’était donc le moment de concrétiser un album solo. Mais la famille était toujours présente : Bathus à l’enregistrement et à la batterie, Nico à la basse et Xav’ au management. Pour le reste, j’ai tout fait moi-même : paroles, musiques, chants, guitares. Un album solo, quoi.

Peux-tu nous parler de cet album, et d'abord pourquoi ce titre, « Only Dreams Come True » ?
« Only Dreams Come True » parce que, pour que les choses se réalisent, il faut d’abord les imaginer, les rêver. Les rêves sont faits pour être réalisés. Pour l’album, l’orientation artistique était bluesy et variée dans les textes et les musiques. Mais les compos sont sorties naturellement, sans filtre. Seb le Bison a fait un super travail de mix et mastering. Il est aussi responsable des visuels. L’album est sorti en CD distribué par Inouïe Distribution, disponible chez les disquaires et sur les plateformes de streaming. Il existe aussi un vinyle 33 tours ainsi qu’un single 45 tours pour 2 titres qui font l’objet de clips tournés par ScopandFolk TV. Les vinyles sont disponibles sur le site du label pacodukemusic.com

Musicalement, on retrouve un peu toute la musique que tu aimes, le blues bien sûr, le rock mais en cherchant à sortir par moments des sentiers battus, je pense à « Zenobia » …
Je voulais faire un album qui reflète une partie de mes goûts. La touche blues est omniprésente même si c’est moins évident sur certains morceaux plus rock. Mais il y a toujours un petit quelque chose de bluesy qui traîne, un dobro, une note bleue … La palette va du pur blues (« My True Love », « Mr. Johnny ») à « Zenobia » avec ses sonorités orientales. Mais je n’invente rien, Led Zeppelin est déjà passé par là.

Chaque chanson est une histoire différente ?
Je voulais faire un album où on ne s’ennuie pas. Dix chansons, dix thèmes, dix ambiances. Par exemple il y a trois chansons biographiques : « Mr. Johnny », un shuffle boogie sur Johnny Winter ; « Gonzo », un blues enlevé aux accents country sur mon chien, et « Zenobia », un rock lourd et orientalisant sur la reine Zénobie de Palmyre. Il y a un titre classic rock sur les Gilets Jaunes, « Yellow Jacket », ou une chanson d’amour sur un rythme sauvage à la Bo Diddley.

Des paroles et des thèmes qu'on n'a pas l'habitude d'entendre dans ce style musical. Pourquoi avoir justement choisi des thèmes métaphysiques comme l'absence de hasard ou la dualité réel/imaginaire ?
On en revient au titre de l’album. J’aime cette idée de la force de l’imaginaire. La physique quantique ou l’intelligence artificielle nous montrent qu’il existe une autre réalité que celle que nous percevons avec nos sens. Toutes les images et les sons que nous captons ne sont que des interprétations de notre cerveau. Tu peux modifier ces perceptions grâce aux drogues ou à la méditation mais tu peux aussi travailler à la richesse de ton monde intérieur. La chanson « Please Don’t Cry » raconte la douleur d’une femme qui a perdu son enfant et le réconfort que lui procure le fait de le retrouver chaque nuit en rêve. Dans un registre plus drôle, je me suis amusé avec Kayros qui est un personnage de la mythologie grecque et qui symbolise l’instant présent. Ça peut être ta chance qui passe et qu’il faut saisir. C’est pour ça qu’il est représenté avec une longue mèche de cheveux dans le dos. Mais certains persistent à l’ignorer même si, comme dans ma chanson « The Chimes of Kayros », je lui ai ajouté des clochettes pour qu’il ne passe pas inaperçu.

Tu parles aussi de Johnny Winter qui est une de tes références musicales, mais d'ailleurs quelles sont-elles ?
Johnny Winter était une super star du rock dans les années 70, ce qui a un peu éclipsé sa carrière de bluesman avant et après. C’est le Lucky Luke de la guitare blues mais surtout un immense joueur de slide. C’est lui qui a relancé la carrière de Muddy Waters à la fin des années 70. Mes influences musicales sont très diverses mais je reviens toujours au blues, My True Love. J’ai un gros faible pour Albert King et Chuck Berry dont les styles de jeu sont diamétralement opposés, je frissonne à l’écoute des bends de BB King ou d’Eric Clapton et je m’incline devant la science du riff de Jimmy Page ou de Ritchie Blackmore.

Et puis il y a « Gonzo », une chanson bien particulière. Tu peux nous en parler ?
C’est un des deux titres du single / vidéo avec « Mr. Johnny ». « Gonzo » c’est mon chien, enfin un de mes quatre chiens. C’est l’ancien, le champion. Le clip « Gonzo » nous le montre en situation. Avec tout l’amour et les joies qu’il m’a donnés je lui devais bien ça. C’est une chanson à son image : rapide, drôle et qui donne une sacrée patate. Jump, Gonzo ! Jump !

Des textes en Anglais, pourquoi pas en Français ?
Le swing, man, le swing ! Où sont les accents toniques en Français ? Quelles sont les voyelles longues et les voyelles courtes ? Pour schématiser, le Français est une langue littéraire, l’Anglais est une langue musicale. Un choix discutable mais largement partagé.

C'est un album qui reste très festif avec une solide base de musiciens pour te suivre. Tu peux nous en parler ?
J’aime bien le terme festif. Oui il y a matière à bouger, à danser. J’ai pu poser mes guitares sur la basse de Nicolas Paullin et la batterie d’Olivier Picard Bathus. Avec la section rythmique de BPB j’étais comme à la maison. Sylvain Lansardière a ajouté sa patte au clavier sur deux titres. Sylvain est un maître de l’orgue Hammond. Il est le leader du groupe Touch Of Groove dans lequel j’officie à la guitare et aux chœurs. Pour la scène le groupe est constitué de Nico à la basse, Bobby Ferrie à la batterie et Olivier Raymond à la guitare. Ces deux derniers font partie du groupe The Sugarsweets. Tous excellents musiciens et néanmoins amis.

Beaucoup de guitares bien entendu, c'est un album d'un guitariste pour les guitaristes ?
Non, surtout pas ! C’est bien un album pour ceux qui aiment la guitare. Mais je n’écoute pas de musique pour musiciens. Je place toujours devant la qualité de la composition et le feeling dans l’interprétation. La technique n’est qu’un outil au service de la musique. Elle doit disparaître derrière l’émotion, sinon c’est raté.

Combien de temps cela t'a pris pour écrire et ensuite enregistrer cet album ?
Il a fallu neuf mois pour l’écriture et l’enregistrement des maquettes et trois semaines pour l’enregistrement final. On a enregistré dans le studio de l’Age du Verre : un atelier de verrier que je transforme en studio de répétition et d’enregistrement. Bathus est tombé amoureux du son de ce studio !

On se connaît depuis un moment maintenant, et je connais ta passion pour le Rock 70’s, cela pourrait être une orientation pour un deuxième album moins bluesy, plus rock ?
Oui, Yann, on est des vieux routards du circuit rock et blues français ! Je pense que le prochain album sera toujours dans la veine rock et blues, toujours avec du slide et des notes bleues.

Pour en revenir à toi, tu es un passionné d'art ancien et d'archéologie, qu'est ce qui t'a attiré vers ça ?
Un accident de parcours, mon amour de l’histoire et une quête métaphysique "qui suis-je où vais-je" ... (tu connais la suite) m’ont conduit à reprendre des études tardives en préhistoire à l’Ecole du Louvre. Que veux-tu, en musique comme dans l’art en général, j’aime les vieilleries !

Pourrais-tu définir Paco Duke en deux ou trois mots ?
En deux mots : Rocking Blues. Sinon je dirais que c’est mon projet musical sans autre prétention que celle du travail bien fait avec un souci de qualité dans l’écriture. Du sérieux sans se prendre au sérieux. « It’s only rockin blues but I like it » !

Dernière question : Quel est le dernier album que tu as écouté ?
En répondant à ta question, j’écoute « Burglar » de Freddy King. En cette période de confinement la lecture reprend ses droits. Je lis « Le Pays Où Naquit Le Blues » d’Alan Lomax. C’est un ethnomusicologue qui fut mandaté par le congrès américain pour enregistrer la musique folklorique américaine depuis les années 30 notamment dans la région du Delta du Mississippi. Au passage le gars a "découvert" et enregistré Muddy Waters dans sa plantation de coton ! Respect.

Merci Paco
Merci pour cette interview, Yann. Longue vie à Zicazic et à un de ces quatre sur la route.

Propos recueillis par Yann Charles