Ecrit par Fred Delforge |
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mercredi, 04 mars 2020
Blues & others
colored inventions
(A Sweet Home Production
– 2020)
Durée
68’26 – 13 Titres
http://mannish.boys.free.fr/
Chanteur et multi-instrumentiste originaire des Caraïbes, Mojo
Bruno est un passionné de musique qui se nourrit aussi bien
de blues que de jazz ou encore de biguine, une culture très
vaste qui le pousse à proposer lui-même des
compositions métissées dans lesquelles on sent
toutes ses influences, ce qui n’est pas pour nous
déplaire. Ses diverses rencontre avec Muddy Waters ou encore
Albert King finiront de faire de l’artiste un
véritable bluesman qui évoluera au sein de ses
propres formations, Mojo Band pour commencer, puis ensuite Mannish Boys
dont le premier album est sorti depuis plus d’un quart de
siècle. Mettant l’accent de plus en plus
ouvertement sur ses racines guadeloupéennes depuis son
précédent effort, « Bois
d’ébène blues », Mojo Bruno
revient une fois encore cette année sous son propre nom,
mais avec ses complices des Mannish Boys, Phil Gal à la
basse, Gilles Alberola à la batterie et Christian Seminor
aux percussions, et avec des musiciens comme Loucas Bidard à
la basse, Clément Boyer à la batterie, Fred
Teysseyre aux claviers ou encore Aïcha Ouro Agouda et Lilah
Séléna aux voix. Radicalement blues
jusqu’au plus profond de ses fondations, « Blues
& Other Colored Inventions » n’en oublie
pas pour autant que c’est par la mixité et par
l’apport de sonorités nouvelles que le genre
n’a jamais cessé d’évoluer
depuis sa naissance sous sa forme actuelle dans les champs de coton du
Mississippi et même depuis ses prémices en
Afrique, avant que les populations ne soient asservies et
déracinées. Véritable vecteur de
culture blues à sa manière, Mojo Bruno va
multiplier les instruments, les effets de style et les effets de voix
pour en arriver à proposer un ouvrage qui déborde
très largement du cadre des douze mesures telles
qu’on les entend chez les puristes mais qui va
également parvenir à faire bouger les lignes en
nous offrant des choses surprenantes parmi lesquelles on
appréciera quelques instrumentaux mais aussi des passages en
Créole ou encore cette reprise totalement improbable de
« Voodoo Child » qui n’en finit plus de
faire des étincelles tellement elle est réussie.
On se laissera tout autant convaincre par des pièces
originales comme « Pa Bisoin (Karibian Wind) »,
« Song For Taj », « Dambala »,
« Shinin’ On My Mind » ou encore
« Sun Gone Shine » qui n’en finissent
plus de contribuer à la naissance d’un style
à part qui se révèle très
vite comme une évidence tant son côté
positif et festif est impressionnant. A consommer sans aucune
modération !
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