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THE LAST INTERNATIONALE pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
mercredi, 26 février 2020
 

THE LAST INTERNATIONALE

https://www.tlinyc.com/

Une rencontre avec Edgey Pires, le guitariste du groupe américain The Last Internationale. Un groupe atypique aux paroles engagées, fortes et puissantes. Soutenus depuis le début par Tom Morello (Rage Against the Machine), ils sont de retour après une très dure période avec un nouvel album sorti en 2019, « Soul on Fire ». Après un passage très remarqué dans Taratata, ils seront en première partie de Kiss et à l'affiche du Lollapalooza cet été. Une interview signée Virginie en collaboration avec Art'N Roll.

The Last Internationale existe depuis 2008, peux-tu me faire une rapide présentation du groupe ?
Je m’appelle Edgey, il y aussi Delila dans le groupe qui chante et joue de la basse, du piano et plein d’autre chose. 2008 est l’année où l’on s’est rencontré, on jouait beaucoup en acoustique, du folk, et au début nous n’étions pas partis dans l’optique de faire une carrière dans la musique. C’est en 2014 que nous avons déménagé à Los Angeles et qu’on a commencé à prendre les choses un peu plus sérieusement.

Pourquoi ce nom de The Last Internationale ?
Nous sommes très politisés. Aux USA quand tu es politisé, cela veut dire que tu es soit Démocrate, soit Républicain, le paysage politique est tellement restreint, on a voulu garder nos distances par rapport à ces appellations et on a voulu faire comme les artistes qui nous ont inspirés tel que Creedence Clearwater, Aretha Franklin, Otis Redding, ils n’étaient pas politisés, c’étaient juste des êtres humains et en tant qu’êtres humains, tu parles des épreuves et des luttes des gens. C’est ce que l’on fait, on parle tout simplement de ce que l’on constate ce qui n’est plus aussi commun qu’avant. Si tu veux trouver des groupes engagés, il faut alors écouter du hip hop, du hardcore ou du punk. Pour en revenir au nom du groupe, à cette époque on lisait beaucoup de livres, je suis un passionné de philosophie et j’étais toujours été intéressé par les mouvements sociaux du passé. Il y avait l’internationale, l’organisation n’existant plus, on a commencé à envisager ce nom. Mais au début on ne se voyait pas en tant que groupe de musique mais plutôt comme un mouvement ou on utiliserait notre musique pour construire un genre de parasol à d’autres mouvements. Donc au début on avait un but qu’on avait appelé The Last Internationale et qui est devenu un groupe de musique.

Vous avez sorti « Soul On Fire », votre second album, il y a un an. Que peux-tu me dire à son sujet ?
On l’a écrit après avoir quitté Epic Records. C’était une période très sombre dans nos carrières, j’appellerais ça une mauvaise passe. Nous habitions à Los Angeles et tous les gens qui gravitaient autour de nous professionnellement s’en fichaient de nous. Ils faisaient partie de cette culture hypocrite d’Hollywood où tout le monde se dit être de la même famille alors que pas du tout. Et d’un seul coup, tout le monde nous a tourné le dos et on s’est retrouvés seuls avec Delila et Tom Morello qui a toujours été un support inconditionnel pour nous. Même financièrement, c’était une période compliquée, on a été expulsés de nos appartements et donc on a écrit le disque au milieu de cette tempête et on avait soif de revanche. J’éprouvais tellement de haine pour ces gens, j’étais psychologiquement très atteint, on s’est même dit que c’était la fin du groupe. On avait peur de se retrouver en procès.  Je peux continuer avec toute cette période à l’infini mais bref ! On ne le savait pas à ce moment mais c’étaient les conditions parfaites pour écrire un disque, cela nous a permis de nous découvrir, et puis bien pire arrive aux gens dans la vie de tous les jours, en tant qu’artistes on aime être très dramatique mais avec le recul on a rencontré beaucoup de gens qui n’avait pas autant de chance que nous. Donc on a continué à écrire de la musique afin de donner notre voix et tenter de faire avancer les choses.

Vous avez lancé votre propre label, Elephant Army, j’imagine que cela est plus simple pour vous à présent ?
On a eu quelques offres de la part de labels mais avec Delila on s’est dit que nous ne voulions plus personne qui aurait des droits sur nos disques car on donne tout et on ne veut plus de gens qui foutent tout en l’air. Je ne pense pas que nous aurions survécu à un deuxième échec avec un label.

Et de créer son label et d’être indépendant, quelles sont les forces et les faiblesses rencontrées ?
Tu as le droit d’être plus créatif, il n’y a personne en train de surveiller au-dessus ton épaule pour voir ce que tu fais. Tu n’as pas de deadline, ce qui n’est pas le cas quand tu travailles avec des gros labels. Je ne vois que du positif sur le fait d’être indépendant.

Tu me disais que Tom (Morello) a été un soutien indéfectible, vous avez fait appel à lui en tant que producteur, que vous apporte-t-il en plus de cette grande amitié ?
Tom est notre mentor, notre meilleur ami, et il nous aide beaucoup au quotidien, pas que pour la musique. Il fait partie de ces gens qui nous ont aidés à garder la tête hors de l’eau quand nous étions à Los Angeles. Il nous a vraiment aidés à retrouver notre amour propre, il nous a guidés sur la composition. On lui envoyait nos chansons et il nous donnait automatiquement un feedback.

Comment composez-vous vos chansons ?
Nos précédents batteurs avaient instauré ce climat de "je suis le batteur, ne me dis pas ce que je dois faire", et je pense que cette attitude tue la créativité. Nous sommes chanceux avec Delila, nous n’avons pas d’ego démesuré quand il s’agit d’écrire des chansons. Nous sommes dans la collaboration à 100%, nous ne sommes pas à noter qui fait quoi sur chaque note. On ne veut pas tirer la couverture à nous, on veut juste faire notre musique et qu’elle soit appréciée.

Vos paroles sont très engagées, pourquoi avoir décidé d’écrire des paroles sur les Indiens d’Amérique ?
Pour nous c’est que tout cela à un sens, le mouvement des Indiens d’Amérique est très important dans l’histoire de l’Amérique, ce furent certainement les gens les plus oppressés de toute l’histoire des US et ce sont les moins représentés en termes de mouvements sociaux. On n’en entend jamais parler. On s’est dit que c’était une super cause à mettre en avant. Nous avons un ami Amérindien à New-York, on a déjà composé une chanson avec lui et pour nous il serait logique que ces personnes aient plus de voix, alors je pense qu’ils n’ont pas besoin d’un blanc ou d’une femme portoricaine comme Delila pour parler à leur place, ils n’ont besoin de personne pour venir à leur rescousse, mais on s’est pris un peu de passion pour leur histoire et on a eu envie d’en parler dans nos chansons. On refuse de leur dire quoi faire et comment agir dans nos chansons, on veut juste parler de leur histoire prudemment.

Malgré ce climat peu optimiste vous gardez tout de même une touche d’espoir dans vos chansons. Où allez-vous puiser cela ?
Il ne faut pas oublier que le blues est message d’espoir, c’est la musique la plus optimiste qu’il puisse exister et vu que le rock’n’roll vient du blues, ne pas inclure un peu d’espoir, ce serait s’éloigner de la tradition. Il y a un écrivain français qui dit que "L’espoir est la laisse de la soumission", cela dépend de comment tu te positionnes mais le blues a toujours été dans l’espoir, mais par exemple, peut-on inverser la donne sur le réchauffement climatique, je ne pense pas, je pense que c’est presque trop tard.

Vous allez faire quelques dates en France avec le batteur de Shaka Ponk, comment l’avez-vous rencontré ?
Je l’ai découvert sur internet et je l’ai contacté pour lui dire que j’adorais sa façon de jouer et qu’on pourrait éventuellement jouer ensemble, on a donc fait des essais en studio et ça l’a fait. En plus, c’est un mec hyper sympa. On a de la chance car ce n’est pas si facile de trouver une personne qui est douée et en plus avec qui tu peux t’entendre. La seule ombre au tableau c’est qu’il fait partie d’un groupe qui est très occupé …

Propos recueillis par Virginie en collaboration avec Art'N Roll