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PRINTEMPS de BOURGES pdf print E-mail
Ecrit par Sami Battikh  
mardi, 01 avril 2003
 

Une entrée massive

Cette 27e édition du Printemps de Bourges aura commencé en fanfare (électronique) avec Massive Attack qui se produisait dans le grand chapiteau. Une prestation psychédélique qui sera difficile d'oublier, même pour les personnes assez étanches à ce style musical ! Robert Del Naja, désormais seul aux manettes de la formation culte de Bristol a livré un concert hypnotico-militant. A l'aide d'un écran géant à cristaux liquides, les chansons se sont enchaînées sur fond de délire visuel difficilement descriptible. Les mots en français, formant parfois des phrases cohérentes, abordaient les thèmes chers à 3D tel que la guerre en Irak, la destruction des forêts ou la mondialisation. Sans jamais parler directement à son public, l'artiste a réussi à emporter la salle dans un délire parano et révolutionnaire. Musicalement, Del Naja a également réussi son pari avec un son toujours aussi riche, bien aidé en cela par les nombreux invités venus sur scène.

Placebo refroidi son public

A l'opposé de ce début de festival mémorable, le concert de Placebo samedi, ne restera pas dans les annales. Brian Molko a tout d'abord surpris (quoique) en arrivant deux heures en retard à sa conférence de presse sans la moindre excuse. Visiblement au dessus de tout le monde, le leader du groupe s'est une nouvelle fois illustré par son manque de respect vis à vis des autres personnes vivant dans le même monde que lui (en est-il toujours conscient?). Le concert aura été pour sa part très moyen. Brian Molko a en fait refroidi son public en usant de son français entre les chansons pour nous faire partager ses convictions. Et à l'inverse de Massive Attack qui avait su faire passer un message sans parler, Molko a parlé pour ne rien dire. Le malaise s'installa définitivement lorsque le leader androgyne traita une personne du public d' " enculé " sous prétexte que celui ci était en train de filmer le concert avec sa caméra personnelle. Molko demanda ensuite à une personne de la sécurité de s'occuper du méchant qui osait filmer sa majesté sans en payer les droits. Finalement, Placebo aura été bien moins applaudi par le public que Dionysos qui passait juste avant. Le groupe de Valence emporta une nouvelle fois son public pendant une bonne heure, enchaînant les tubes du dernier album et les chansons plus anciennes, remises au goût du jour de façon impeccable. On notera également une superbe reprise de Léo Ferrer qui figurera sur un album hommage de la scène rock française à l'artiste. Comme d'habitude, Mathias, le leader du groupe, termina son concert par un slam façon Dionysos, nageant sur une marrée de main confectionnée à l'occasion par le public !

La scène française à l'honneur

Didier Wampas innova également en s'asseyant sur une chaise portée par le public puis terminant le concert en slam…mais sur scène (des dizaines filles avaient été invitées à monter avec le groupe pour la dernière chanson). Les Wampas furent les stars de cette soirée de mercredi lors d'un concert auquel participaient également Superbus, Spook and the Guay et Dropkick Murphys. Un groupe de punk celtique, avec un mélange de violence et de festivité savamment dosé par ces Irlandais de Boston.

En même temps, sur la grande scène, Zazie faisait elle aussi un tabac avec un public familial connaissant par cœur le répertoire de la chanteuse. Et pour ne pas déroger à la règle, Zazie à également fait un slam !

La scène française aura été mise en valeur au cours de cette semaine. Outre les triomphes évoqués ci-dessus, de nombreux artistes, dans des genres bien différents, ont rempli les salles de Bourges. Renaud ravit ainsi son public intergénérationnel venu en masse assister à son concert. La nouvelle vague de la chanson française fut également sur le devant de la scène à l'image de Vincent Delerm, Kerenn ann, Emilie Simon, Mickey 3D ou encore Matthieu Boogaerts. Le gros son ne fut pas oublier avec une soirée métal au cours de laquelle Lofofora a tenté le plus gros pogo du festival.

Certes plus calme, le soirée Reggae fut elle aussi une belle réussite. Si Kana, qui ouvrait le concert, n'a pas convaincu un public qui ne connaissait qu'une chanson du groupe, Patrice charma complètement le chapiteau. Le jeune afro-allemand a véritablement pris une nouvelle dimension sur scène depuis sa nouvelle tournée. Avec plus de musiciens, il fait désormais vivre totalement sa musique en live. La soirée se termina en beauté avec les Marseillais de Massillia Sound System et leur désormais culte " Stop the Cono Mouvement ".

Ironie du sort, si la musique hexagonale fut à l'honneur cette semaine, le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, est venu sur le festival pour écouter quatre groupes anglophones ! Peut être avait-il peur d'éventuelles revendications concernant le régime des intermittents du spectacle. Un sujet qui fut au centre des débats cette semaine, une manifestation ayant même été organisée le vendredi.

Eclectique mais élitiste

Ce Printemps de Bourges fut donc un beau reflet du panorama musical du moment. On regrettera simplement l'aspect élitiste du rendez-vous. Avec des tarifs fleurtant régulièrement avec les 30 euros pour les gros concerts, les spectateurs ne pouvaient que rarement se permettre d'aller voir d'autres concerts que celui pour lequel ils avaient fait le déplacement. Heureusement, les bars de la ville proposaient des concerts gratuits jusqu'à très tard dans la nuit (3h30). Un festival off qui donna un côté plus populaire à l'événement avec partout dans les rues, des petits rassemblements autour des bars ou se produisaient des groupes.

Les Découvertes, rebaptisées "Talent Scène", furent également l'occasion de voir la vitalité actuelle de la musique hexagonale. Mais là encore, on regrettera le prix des forfaits (12 euros). Dommage que l'organisation n'ai pas prévu une réduction pour les personnes ayant déjà acheté une place pour l'un des concerts du soir. Cela aurait évité que les concerts découvertes ne soient remplis au trois quart par des accrédités.

Les chanceux ayant pu assister à ces concerts talents scène ont d'ailleurs pu découvrir des groupes plus que prometteurs. La plus grosse sensation nous est sans nul doute venue de Basse Normandie avec Porcelain. Le groupe pratique un post-rock dépressif naviguant entre Eels et Radiohead. Le leader, charismatique malgré lui, semble dépasser sa fragilité lorsqu'il s'empare de son micro. Dans un style assez proche, les Bretons de Frigo n'ont pas laissé le public indifférent. Wormachine a pour sa part été la grosse sensation du vendredi avec un métal industriel parfaitement maîtrisé en live. Ce groupe de Besançon devrait pouvoir se faire sans difficulté une place de choix dans le monde du métal français. Wormachine a d'ailleurs remporté le concours dans la catégorie rock. C'est le groupe francilien Signal Electrique qui a pour sa part raflé la mise dans la catégorie Electro.

Avec 61.604 entrées et un taux de remplissage de 97%, la 27e édition du Printemps de Bourges fut donc une superbe réussite, le beau temps étant même de la partie. En attendant l'édition 2004 (qui aura lieu du 20 au 25 avril), les fans de musique pourront choisir parmi les dizaines de festivals qui se dérouleront à travers toute la France ces prochains mois…

Sami Battikh Avril 2003