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Ecrit par Yann Charles |
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vendredi, 14 février 2020
STUBORA
http://www.stubora.com/blog/
Avec « Horizons Noirs », le groupe Stubora a sorti
fin 2019 son cinquième album, mais son deuxième
album en français après «
Résurrection » en 2015 qui avait vu le groupe se
reconstruire. Nous avons rencontré Niala, le batteur, qui
nous fait découvrir ce nouvel opus et nous
présente un peu plus ce groupe atypique.
Niala bonjour, peux-tu nous
présenter le groupe Stubora, et pour commencer, le nom
Stubora ?
Bonjour. Stubora vient de Stubborn qui veut dire
entêté, mais on ne voulait pas garder le mot
anglais. Comme on est chacun des mecs assez mûrs et
anticonformistes, on a trouvé que ce nom de groupe nous
convenait bien.
Vous existez depuis 1996,
premier album en 98, vous faites un album tous les quatre à
cinq ans, plus de vingt ans d'existence, pourtant on ne vous voit pas
énormément sur les grosses scènes.
Comment tu expliques ça ?
Il y a eu beaucoup de changements dans le groupe. Moi, par exemple, je
ne l'ai rejoint qu'en 2014. Il y a eu pas mal d'albums, mais comme on a
tous des boulots, c'était pas évident de caler
beaucoup de dates de concerts. Il y a des musiciens sérieux,
des musiciens qui partent et des concours de circonstances qui ont fait
que Stubora a connu pas mal de haut et de bas, mais qui ne nous ont pas
permis nous donner pleinement au groupe. Avec le recul et
malgré le nombre d'années, on peut dire que
Stubora c'est deux albums uniquement : 2015 avec «
Résurrection » qui porte bien son nom, et donc
« Horizons Noirs » sorti en fin d'année
2019.
Je reviens sur
« Résurrection ». C'est l'album qui a le
plus marqué le groupe, celui qui a été
le plus chroniqué, c'est vraiment le renouveau du groupe ?
Absolument. Et pour pleins de raisons. Déjà la
langue. On chante en Français sur cet album alors que les
albums précédents étaient en Anglais.
Le choix ne se pose plus, on chante en Français car c'est
notre langue maternelle et c'est celle où l'on s'exprime le
mieux. Cela nous permet d'avoir des textes plus profonds pour toucher
encore plus avec nos compositions. Ensuite, l'évolution de
la technique d'enregistrement. Sur les albums
précédents, tu sens bien que le travail est moins
abouti, le son moins travaillé, mais tout simplement car il
y a moins de matériel. On est amateurs donc le
matériel est acheté par nous avec nos moyens.
Tous les groupes ont connu ça, les petites démos,
etc. Ensuite le matériel ce n'est pas tout, il faut aussi
bien maîtriser la technique. Et ça c'est Cyril qui
a géré. Sans parler vraiment de leader, c'est
quand même lui la plaque tournante du groupe. Il est sur
Paris, il fait de la photo, il est plus proche que nous des milieux
musicaux, que ce soit groupes, labels, médias et promos. Et
tout ça fait qu'on a réussi à produire
un album bien réalisé, et c'est pour tout
ça que l'album s'appelle « Résurrection
».
Pour votre style musical,
on est passé par un rock assez violent sur les premiers
albums, on est maintenant dans un style plus posé, plus hard
rock par exemple ?
Plus posé oui, mais avec toujours ces riffs rentre-dedans,
avec un bon son, bien metalleux de Cyril. C'est ce qui fait
l'originalité de Stubora. Certains pourraient voir en nous
un groupe un peu rétro, classic rock, dans notre
façon de composer, mais je ne nous vois pas comme
ça. Par exemple, moi, au niveau batterie, je viens du Jazz,
et donc j'apporte cette finesse jazzy dans le metal. Et la grande force
de Stubora ce sont les deux voix bien distinctes : la voix de Cyril qui
est plus death, plus rauque, pêchue qui apporte une
agressivité dans les textes. Et la voix de Mick qui est une
voix claire, mélodique. Et tout ça
réuni fait qu'on est dans un rock metal mélodique.
C'est ce que j'allais te
dire, « Horizons noirs » est un album assez
étonnant musicalement car vous passez par des sons
très bruts, d'autres beaucoup plus mélodiques,
c'est puissant parfois violent, c'est votre album le plus abouti ?
Absolument. On avait déjà cet
aspect-là sur « Résurrection
» mais ça s'est vraiment
dévoilé avec « Horizons Noirs
» car on a évolué, on se
connaît bien depuis cinq ans maintenant et on a ce point
d'ancrage tous les trois ensembles. Et je pense que c'est ce qui fait
l'originalité de Stubora maintenant.
Vous composez et vous
travaillez comment ? Tu l'as dit Cyril est sur Paris, toi dans une
autre région.
C'est ça. Il faut savoir que cet album a pris deux ans dans
sa réalisation entre les compositions et environ un an pour
son enregistrement. On ne peut pas se retrouver comme des groupes
traditionnels. On n'est pas des mêmes régions les
uns et les autres, et on a un studio d'enregistrement chez nous et on
se partage les fichiers. On se réunit quand on
prépare un live en louant deux ou trois jours avant un local
où on peut travailler tous les trois ensembles. Pour l'album
on essayait de se réunir au moins une fois voire deux fois
par mois quand on bossé les compos. Ce sont Mick et Cyril
qui font les compositions et les paroles. De mon
côté, ma spécialité c'est la
rythmique, donc c'est de côté que j'interviens et
en fonction de ce que j'apporte, on peut modifier des couplets, des
refrains. Voilà, mon apport c'est ce relief rythmique qui
peut manquer à la base de leurs compositions. Eux sont plus
dans la mélodie et le riff, moi plus dans la rythmique et la
couleur musicale. Ensuite on se réunit et on discute de ce
que chacun peut apporter, changer, modifier, arranger pour arriver au
meilleur résultat, du moins à un
résultat qui convient à tous.
L'album, comme l'indique
son titre est plutôt noir, il y a-t-il un thème
particulier ou juste des ressentis du moment ?
Il n'y a pas de thème particulier. On ne s'est pas
concertés pour dire on va parler de ça. Ce sont
des phénomènes de société.
On se demande ce qu'elle devient, ce que la planète devient,
ce que l'homme devient. On ne parvient plus à
échanger et pourtant on a des réseaux sociaux
partout. On devient narcissique, on ne partage plus avec l'autre. On
court à notre perte et pas dans cinquante ans, c'est
bientôt. Et Mick et Cyril ont été
influencés par cette ambiance, cet environnement dans lequel
on vit. Et c'est pour cela qu'on a des textes qui peuvent
paraître noirs, graves, qui dénoncent certaines
choses sur cette planète.
Est-ce qu'on peut parler de
défouloir sur certains titres ?
Ils se sont lâchés peut être sur
certains morceaux, mais on ne peut pas parler de défouloir.
On est plus là pour interpeller. Ça s'appelle
« Horizons Noirs » mais notre couverture est quand
même un peu dorée pour montrer un peu l'espoir,
cette petite flamme qui vit encore en chacun de nous. L'horizon
ça veut dire qu'on regarde devant. Mais chacun peut
l'interpréter à sa façon.
J'espère que chacun, dans cet album, pourra trouver son
point central, sa chimère. Etre d'accord sur tel titre ou au
contraire, pas d'accord. Il faut avoir du débat. C'est
ça qui est intéressant et qui fera avancer.
L'album est
taillé pour la scène: C'est votre
expérience de la scène qui vous a
amené à construire un album aussi fort ?
Je pense plutôt que c'est l'expérience
individuelle de chacun de nous. J'ai fait beaucoup de scène,
de studio. Je viens de Belgique et j'ai beaucoup travaillé
à Bruxelles. Et notre plaisir, c'est de pouvoir partager
notre musique en live. Maintenant, on cherche des dates. On aimerait
pouvoir partager tout ça avec le public, que ce soit en
France ou avec des pays limitrophes. Mais pour tout ça, il
faut avoir des contacts. Il faut s'y consacrer pleinement. Mais
maintenant nous sommes fins prêts pour le live effectivement.
Alors c'est un peu
bizarre dans votre présentation, un heavy-rock
racé, pétri des influences diverses de ses
membres qui séduira l'auditeur par son
authenticité, sa versatilité et son
efficacité. Pourquoi versatilité ?
Justement sa versatilité car il y a ce changement
d'environnement, changement d'état de par les deux voix
différentes qui se rejoignent sur certains titres
où ils chantent en même temps, je trouve
ça d'une richesse exceptionnelle. C'est ça qui
m'a tout de suite plu dans Stubora quand j'ai postulé pour
rejoindre le groupe. Comme je l'ai dit tout à l'heure,
c’est le côté death de Cyril et le
côté mélodique de Mick qui donnent
cette richesse. Mon titre favori c'est « Identité
» car il décolle et définit
parfaitement le groupe.
Vous faites pas mal de
vidéos, c'est un moyen plus simple pour vous de faire
connaître votre musique ? Ou bien une passion pour les clips ?
Je pense que c'est une évidence. YouTube c'est
incontournable maintenant pour un groupe. Si on veut toucher un public
plus large, ou sensibiliser un public plus jeune. On voit bien la
tendance actuelle. Moi, je travaille avec des adolescents, et je
partage ma musique et beaucoup de choses avec eux via les
réseaux et via YouTube. Je donne des cours de batterie et je
fais des clips moi-même et tout ça c'est via ce
réseau. Il faut se servir de ces réseaux
à bon escient.
Deux ou trois mots pour
définir le groupe ?
Originalité. Perfectionnisme. Sérieux.
Quel est le dernier album
que tu as écouté ?
Ah, « Sons of Apollo ». Mon mentor c'est Mike
Portnoy. A la base, je suis batteur de jazz, mais dans le metal, je me
retrouve dans ce mec là.
Merci.
Merci à toi.
Propos recueillis par
Yann Charles
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