|
|
|
|
|
Ecrit par Yann Charles |
|
|
jeudi, 13 février 2020
DEWOLFF
https://www.dewolff.nu/
On connaît bien maintenant les Hollandais de DeWolff. On
retrouve les frères Van de Poel et Robin Piso avec un nouvel
album surprenant pour qui connaît et suit le groupe. Loin du
rock psyché auquel ils nous ont habitués, ils
reviennent avec « Tascam Tape » à un son
plus brut, plus garage mais empreint de blues et de soul. Des compos
plus simples mais terriblement efficaces. Ils seront en concert au
Petit Bain, à Paris, le 17 février. Pour nous
parler de ce nouvel opus et cette sorte de retour aux sources, nous
avons rencontré Pablo, Luka et Robin. Une interview
signée Virginie en collaboration avec Art'N Roll.
Bonjour à vous, on
vous retrouve pour parler de la sortie de votre nouvel album
« Tascam Tape ». Première question,
qu’est-ce qu’un Tascam à cassette ?
P : C’est un enregistreur 4 pistes à cassettes des
années 80. Auparavant, quand tu étais un musicien
et que tu voulais enregistrer ta musique, il fallait aller en studio
d’enregistrement et ça coutait très
cher d’utiliser le matériel et Tascam est
arrivé avec cet outil révolutionnaire dans les
années 80 qui ne coutait pas très cher et
ça permettait d’enregistrer la batterie, la basse,
la guitare et le chant séparément.
C’était vraiment nouveau car à
l’époque les gens ne pouvaient pas enregistrer
à la maison. Ils ont en quelque sorte inventé le
studio portatif. J’en ai acheté un il y a une
dizaine d’années pour 35 euros et
jusqu’à présent je ne m’en
étais pas servi. On l’a pris avec nous en
tournée l’année dernière et
on a fini par enregistrer entièrement notre nouvel album
avec lui.
Donc cet album a vraiment
été enregistré tout au long de la
tournée ?
L : Tout à fait ! Dans le van, en backstage, au bord de la
route en France.
C’est dingue
car le son est vraiment bon lorsque l’on écoute
l’album.
R : Tu veux dire aussi bon qu’un album qui coûte un
million de Bucks ? (Rires)
P : On sait ce que l’on fait. De plus, on a
l’habitude de mixer nos albums nous-mêmes mais
cette fois-ci on a décidé de le faire mixer par
quelqu’un d'extérieur au groupe. On a
demandé à une personne de notre entourage qui
écrit des livres sur les techniques audios. Pour nous,
c’est une sorte de scientifique fou du son. Donc il a
vraiment fait en sorte que le produit final sonne très bien.
Quels sont les avantages
et inconvénients que vous avez rencontrés
à enregistrer de cette façon un peu plus roots ?
P : Les avantages c’est que du coup, même quand on
était en session jam, toutes les idées
étaient très spontanées et du fait que
nous étions limités dans le temps, cela nous a
forcé à travailler très vite mais du
coup à être beaucoup plus efficace. Et
ça a marché car nous avons
été capables de garder beaucoup de chansons
telles que nous les avions enregistrées. Parfois tu peux
sur-penser ta chanson, tu as une bonne idée et tu la
chérie tellement que tu veux qu’elle soit le mieux
possible et tu te fais des nœuds au cerveau mais je pense
qu'au final ça perd de son naturel. Alors que là,
c’est pur et spontané. Les
inconvénients ont été que de
travailler ainsi est très fatigant. On a commencé
la tournée avec une énergie toute
fraîche mais après une dizaine de show
à jouer et à boire mais aussi à
conduire plusieurs heures par jour on a commencé
à être très fatigués. Car en
plus de tout simplement faire des habituelles choses de
tournée tel que charger ou décharger le van, on
écrivait en plus un album. Habituellement c’est
plus fragmenté car tu rentres en studio et tu vis dans ta
bulle mais là on a tout mélangé en
même temps.
L : A la fin de la tournée on avait quelque chose comme
seize cassettes avec pleins d’idées ou
même des chansons entières. A la fin on avait
oublié qui allait avec quoi. On a donc chargé les
cassettes sur ordinateur pour essayer de remettre de l’ordre
et on s’est aperçus qu’on avait
oublié certains passages enregistrés.
R : Ça a été le chaos quand on a mis
les cassettes sur ordinateur. Une fois rentrés à
la maison, on a dû faire le point pour savoir ce que
l’on avait en matière pour l’album car
on en avait oublié une grosse partie.
P : Du coup, ça nous a obligé à
réenregistrer certains passages car pour être tout
à fait honnête au début on ne pouvait
pas dire si on avait enregistré de quoi faire un album
complet ou juste quatre chansons correctes. Après avoir tout
écouté, on s’est aperçus que
l’on avait quinze chansons non terminées. Mais
elles étaient tellement top qu’on a dû
les finir. On a passé une semaine en studio pour ajouter des
parties mais il y a des chansons comme « Made It To 27
» que l’on n’a pas touché.
R : Autre chose de négatif, à enregistrer de
cette façon car il y en a beaucoup, c’est que nous
avons rencontré beaucoup de panne avec notre Tascam et
c’est compliqué de le réparer. On a
dû se débrouiller pour chiner des
pièces. Pour l’anecdote, il a cassé le
premier jour où on a enregistré et de peur
à ce que ça nous bloque pour faire
l’album on en a commandé un second en urgence que
l’on a fait envoyer à Barcelone. Mais il
était aussi cassé donc oui on a eu beaucoup de
soucis mais on a fini par réussir à le faire cet
album.
L : Cette façon d’enregistrer fait que nous avons
rencontré beaucoup de contre temps que tu n’as pas
en studio.
Cet album est un retour
aux sources un peu plus blues et soul ?
L : Avec la façon d’enregistrer nous
n’aurions pas pu faire du psychédélique
comme on faisait précédemment. Avec cet
équipement on a dû se limiter niveau instrument.
Dans le psychédélique tu es libre de partir dans
tous les sens, tu es libre des rythmes, tu as beaucoup
d’effets et donc impossible à faire avec le
Tascam, donc oui cet album est très direct et sans
fioritures.
P : Malgré tout, nos influences n’ont pas
changé. Nous sommes revenus à quelque chose de
plus brut mais pas parce que nous avons découverts
de nouveaux groupes qui nous auraient inspirés.
Dans la
première chanson on a l’impression
d’écouter une bande FM soul,
d’où est venue cette idée de faire
ainsi ?
R : Avant de partir en tournée on s’est fait une
petite session jam pour voir si tout fonctionnait correctement et on
s’est vraiment éclatés durant cette
jam. A la fin de la tournée on avait même
oublié ce qu’on avait sur cassette. Et quand on
l’a entendu on a trouvé que ça rendait
super bien et qu’on devait en faire quelque chose.
Ça reflète beaucoup ce qu’il
s’est passé pendant la jam, des cordes cassaient
et d’autres trucs ne marchaient pas bien et quand
j’écoute la première chanson je peux
nous revoir à ce moment-là jouer avec
l’enregistreur. La raison de mettre ça sur
l’album c’est pour montrer à quel point
on a fait un peu les idiots avec l’enregistreur et
c’est nouveau pour nous et les fans.
P : Voilà comment tout a commencé.
On se croirait chez Stax
Records sur certains titres. Rhythm’n’blues, soul,
presque funk, je pense à « It Ain’t Easy
» qui est aussi un titre de Bowie. Est-ce un hommage au Bee
Gees ou autre groupe de cette époque ?
P : Nous ne sommes ni influencés par Bowie ni par les Bee
Gees mais oui je vois où tu veux en venir car effectivement,
les chœurs montent vraiment dans les aigus. Après
je ne sais plus trop pourquoi nous en sommes arrivés
à chanter aussi haut. Mais je te confirme qu’une
fois enregistré j’ai eu cette sensation bizarre
d’avoir déjà entendu ce morceau mais
impossible de retrouver où. Mais ce n’est pas le
cas c’est juste une étrange sensation de
déjà entendu que nous avons eu sur ce morceau.
L : Le truc amusant sur cette chanson, c’est
qu’elle s’est presque écrite toute
seule. J’ai commencé le groove à la
batterie, un groove qui est d’ailleurs très
utilisé dans le hip hop des années 80,
début 90 et Pablo a continué et on a
commencé à chanter ainsi sans vraiment poser des
paroles. On a enregistré à la va vite car on
arrivait en Allemagne sur une date. Les paroles ont
été écrites par Pablo une fois
rentrés à la maison. C’est ma chanson
préférée de l’album pour la
petite info.
P : C’est notre unique hit à la maison en Hollande.
Vous avez deux morceaux
appelés « Blood Meridian », le 1 et le
2, qui sont les deux chansons les plus sombres de l’album. Le
titre fait référence à un roman de
Cormac McCarthy. Pourquoi ce choix ?
P : J’adore cet écrivain, j’ai lu
plusieurs de ses romans. "Blood Meridian", est un livre que
j’ai d’ailleurs eu du mal à lire car il
est très sombre mais l’histoire est parfaite pour
écrire une chanson un peu sombre. Il y a deux visions,
« Blood Meridian 1 » parle des hors la loi qui
chassent les natifs nord-américains indiens. C’est
un gang assoiffé de sang. Donc « Blood Meridian 1
» est du point de vue de ces hors la loi et le «
Blood Meridian 2 » est du point de vue de ces indiens
chassés par ces assoiffés de sang.
R : L’histoire serait parfaite pour un film.
J’espère qu’ils penseront alors
à utiliser nos chansons.
L : Ça serait un Tarantino parfait !
Parlons de votre
pochette, simple et efficace mais un tantinet provocante ?
P : J’ai eu l’idée et on l’a
fait faire par une autre personne. On a fait cet album tellement vite
sans structure que l’on voulait une pochette simple, toute
est en harmonie. Et je pense que c'est plutôt
réussi. Tu sais qu’à la base
on voulait appeler notre album « DeWolff New Album
» afin d’être encore plus dans la
simplicité.
Quels sont les projets de
DeWolff ?
P : En février nous tournons en France et en Espagne. En
mars, en Allemagne. En avril nous serons en Hollande et bien
d’autres. Mais nous n’avons pas encore de festivals
de prévus. On espère que la sortie de
l’album va motiver les festivals pour nous booker.
Merci à vous.
P : Merci
Propos recueillis par
Virginie en collaboration avec Art'N Roll – Photo Yann Charles
|
|
|
|