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Ecrit par Yann Charles |
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lundi, 10 février 2020
MAGOYOND
https://www.magoyond.com/
Le groupe Magoyond a sorti l'an dernier « Kryptshow
» qui est sûrement l'album plus original, le plus
décalé dans le monde du metal
français. Un mélange de rock zombie, de Cabaret
des Horreurs, Cirque Freakshow et cinéma fantastique, le
tout saupoudré de beaucoup d'humour … Une
rencontre avec Julien "Le Mago" nous permettra de
pénétrer cet univers particulier dans lequel le
groupe nous entraîne. Un album à
découvrir impérativement, et un groupe
à voir sur scène le 25 avril au Petit Bain
à Paris.
Pouvez-vous nous
présenter le groupe Magoyond ?
Le nom de Magoyond apparaît en 2007 avec moi Julien "Le Mago"
et "Yond", l'ancien bassiste, et on faisait des chansons dites
débiles sur internet. Une sorte de rock parodique.
Ça fait donc une dizaine d'année que le groupe
Magoyond existe avec une évolution du line up depuis le
début, mais toujours le même esprit dans la
création.
Votre univers fait
référence au cinéma ou aux
séries télé fantastiques, on pense
forcément à Burton, mais pas que …
Quelles sont vos références ?
Oui Burton, mais aussi comme tu le dis des
références aux « Contes de la Crypte
» par exemple. Les univers décalés
où se mêlent zombies genre « Shaun of
the Dead », les films série B, voir Z (Rires), les grands
classiques comme le « Dracula » mais
année 30, pas le Coppola. Mais c'est surtout notre propre
univers qu'on a essayé de créer. Et chacun peut
se faire le film qu'il veut.
On pourrait
peut-être plus parler de « Cabaret des petites
horreurs » pour rester dans les
références comme la « Petite boutique
des horreurs » ?
Il y a pas mal de choses qui prennent au Cabaret, mais aussi dans le
Cirque, dans le Grand Guignol. On nous a dit qu'on faisait dans le
Théâtre sanguinolent. Disons que c'est un peu
à la manière d’Alice Cooper, le "Chock
Rock". Mais à la base, c'est pas voulu. On s'inspire de
tableaux ou de scénarisations
théâtrales ou cinématographiques mais
on crée nos propres ambiances.
Si vous aviez les moyens
de le faire, vous feriez plutôt un long métrage,
ou plutôt une série genre « American
Horror Story » ?
Je pense plutôt petites séries. On est un peu
comme ça. On a un fil rouge, et on tourne autour de ce fil
rouge avec des scénettes courtes. Le nom de l'album
lui-même fait penser à « Cryptshow
». Des petites histoires horrifiques entrecoupées
d'un narrateur qui vient vous chatouiller. C'est
complètement le concept. Toutes ces influences
cinématographiques ont forcément
inspiré nos chansons.
Beaucoup de travail au
niveau du texte, du scénario, vous bossez comment ? Pour les
dialogues par exemple ?
C'est surtout moi qui écris les paroles. On se basait
souvent sur ces paroles et sur sa ligne vocale pour composer la
musique. Maintenant, on est plus dans « j'ai telle ou telle
musique, qu'est qu'on en fait ? ». On a
essayé de changer, ou plutôt diversifier notre
manière de composer.
Ça allait
être mon autre question, vous posez les textes sur la musique
ou inversement ?
Avant c'était vraiment ça. Maintenant
ça dépend de l'inspiration. C'est aussi pour
ça qu'on a plein d'autres chansons dans les cartons car on
n'a pas encore associé une musique sur les textes. Ensuite
Arnaud fait les arrangements quand on enregistre. On modifie des
petites choses à ce moment-là.
Vous n'êtes pas
nombreux à écrire et scénariser en
Français. Je pense à Shaargoth par exemple, ou
à Malemort pour le côté
littéraire. Finalement, la langue Française peut
très bien s'adapter au metal quand elle est
utilisée comme vous le faites ?
Je suis super content que tu dises ça car c'est quelque
chose qui nous a été reproché pendant
longtemps que de faire du metal en français. Moi, je pense
que ça rend très bien, mais il faut avoir une
certaine ouverture d'esprit car on n'est pas habitué
à entendre de vraies histoires racontées en
Français. La langue Française est tellement
riche, il y a tellement de trucs pour jouer avec que ça rend
bien et que c'est un vrai plaisir d'écrire, de
développer des petits univers comme ça. De
pouvoir faire un début, un milieu et une fin en trois ou
quatre minutes. C'est un exercice qui est chouette, mais qui n'est pas
donné à tout le monde. 90% des trucs anglophones
qu'on écoute, on ne comprend pas les paroles, on ne se fixe
que sur la musique. Tandis que là, c'est une contrainte si
tu veux car on est obligé d'écouter pour rentrer
dans l'univers. Ça nous a fait défaut, mais
maintenant qu'on défend le fait d'écrire en
Français, on assume complètement.
Musicalement, il y a
tellement de styles différents dans cet album qu'il est
difficile de dire à quoi vous vous
référez réellement : on trouve du
metal bien sûr, mais aussi du Jazz, de la musique classique,
une merde radiophonique ?
Tu parles de « Zombitch » ? Ah oui, là
c'est la totale. Un peu du Steel Panther (Rires) avec des
bruitages à la con !! L’idée
était faire un titre metal avec tous les clichés
possibles !! Le début du solo de clavier, les
chœurs, c'était génial de faire
ça !! C'est compliqué mais c'était
génial. Tu sais, il y a des chèvres aussi dedans.
On a réussi à trouver une compilation avec des
chèvres. « Goat Scream Like Human »,
c'est énorme. On aime bien faire des trucs un peu sombres,
un peu macabres, un peu sérieux. Mais à
côté, on aime bien aussi les grosses
embardées déconnantes. Il faut qu'on se fasse
plaisir.
Sur scène,
vous arrivez à conserver le son que vous avez en studio ?
Oui, on essaye. Mais c'est pas facile. Ça nous a
obligé à jouer au clic et avec certaines
instrumentations. Avant Aspic était au clavier et on avait
un bassiste en plus. Pour X raisons, le bassiste en question est parti
et du coup Aspic a lâché le clavier pour
passer à la basse. Et c'est plus propre, plus
carré. On a une basse qui est un peu plus metal et qui
correspond plus au son qu'on voulait. C'est pas évident de
trouver un bassiste qui se mette complètement au service du
son du groupe. Et le fait de jouer au clic, ça permet, par
exemple, que les parties de magnétos soient plus
développées. Si tu enlèves la guitare
sur « Vega Zombie » par exemple, il ne reste que la
voix et l'orchestre, et tu vois que ça marche quand
même car justement il y a eu un gros boulot d'orchestration.
C'est pour ça que
vous avez fait un second CD qu'avec les instrus, pour montrer le boulot
qu'il y a derrière tout ça ?
Oui c'est ça. J'adore les instrus. J'aime écouter
les instrus des groupes. Dream Theater, ou Muse par exemple, les
instrus sont supers. On a bossé, on a enregistré
des vrais instruments, que ce soient des orgues, des bassons, du vrai
piano. On a aussi du clavecin, des vrais cuivres … Ce serait
bête de ne pas profiter de ces instruments pleinement.
Sur scène, ce
sera plus compliqué d'avoir tout ça ?
Oui, il y aura du sample. Mais peut-être que sur certaines
dates, on pourrait avoir les vrais instruments.
Le boulot au studio doit
être assez monstrueux dans les recherches des
sonorités et des ambiances, c'est pour ça que
vous avez mis six ans entre les deux albums ?
Non car on n'est pas très efficace en terme de
création (Rires).
Et puis il y a eu des changements et ça, ça fait
prendre plus de temps pour qu'on se trouve musicalement. Mais
à partir du moment où on a
décidé de faire l'album, ça a pris
deux ans. Il nous a fallu ce temps pour savoir où on voulait
aller. Et avec « Kryptshow » on sait qu'on voulait
faire ce type d'album. « Pandémie »,
c'était rigolo, mais c'était des recherches entre
2008 et 2012, avec un groupe qui était jeune et qui voulait
surtout sortir son premier album.
Justement vous avez
ressorti des pressages de « Pandémia »,
c'est pour que les nouveaux fans puissent découvrir votre
univers depuis le début ?
Oui. A la base, c'était un boitier cristal et on en avait un
peu marre du son. Et quand on a sorti « Kryptshow
», on a vu l'objet que c’était et on
s'est dit que « Pandémia » faisait un
peu tache. Du coup, on l'a rattaché, comme un
"pré livre" si tu veux. On l'a retouché
graphiquement et un peu au niveau du son également. Mais
sans le réenregistrer. Lui redonner un petit coup de frais,
histoire de ne pas avoir une trop grande différence dans la
qualité du son entre les deux albums.
Quand on voit les
artworks des deux albums et des livrets, une BD, c'est envisageable ?
Avec Arsenic et Boule de Gomme qui ont réalisé
celui de « Kryptshow », on y pense vraiment
très sérieusement. Car il y a clairement du
potentiel. Et avec le boulot qu'ils ont fait, ça donne envie
d'en faire une BD oui.
Vous avez
déjà des idées pour le futur album ?
Vous ne pouvez pas nous laisser comme ça ?
Oui forcément. Il y a pas mal de choses qu'on n'a pas encore
explorées. Peut-être un album où tout
s'enchaîne, où c'est une seule et même
histoire, et chaque chansons est une partie de cette histoire. Mais des
chansons qui en même temps peuvent s'écouter
toutes seules. Mais, il va falloir qu'on s'y remette car on a vraiment
envie d'en faire une suite. Les retours qu'on a eus pour «
Kryptshow » avec les gens, avec la presse, on ne les avait
pas eus avec « Pandémia ».
On parle de «
Le Pudding à l’Arsenic », la cover
tirée du dessin animé «
Astérix & Cléopâtre »
?
On s'est dit que c'était vraiment un morceau qui pouvait
parfaitement coller à notre univers. On aurait pu se faire
descendre avec cette reprise, mais même les descendants de
Pierre Tchernia ont aimé ça. C'était
exigeant car tu ne peux faire n'importe quoi avec ce genre de truc
culte. On a essayé de rester assez fidèle
à l'original. Et ça fait plaisir de voir que
ça a bien pris. On ne l'a pas mis en avant, il est dans le
CD Bonus, car on ne voulait pas que ce soit le seul titre que les gens
puissent retenir. Il fait partie du déroulement de
l'histoire. On n'a pas capitalisé là-dessus.
Sur scène, on
s'attend à vous voir très grimés, un
peu à l'image d’Avatar, sans aller
jusqu'à Shaargoth, mais finalement vous restez assez soft ?
A une époque, on l'a fait. On avait des tas de trucs sur
nous. Mais on se défonce sur scène, on transpire.
Et donc on est passé du Zombie purulent à quelque
chose de plus classe. On est un peu les Monsieurs Loyal des zombies. On
raconte des histoires, donc on a ce côté un peu
plus classe du conteur. Du coup, on ne peut plus dire que l'on fait du
Rock Zombie. Maintenant, on met plus en avant la musique et les textes
plutôt que le grimage. Si tu regardes les concerts
d’Alice Cooper par exemple, ils changent de vestes, ils ont
de la prestance. J'aime les groupes comme Lordi par exemple, mais on
préfère rester comme ça.
Deux ou trois mots pour
définir Magoyond ...
Je dirais monstrueux. Grandiloquent. Pizza Café
Merci
Merci à toi
Propos recueillis par
Yann Charles
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