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INTERNATIONAL BLUES CHALLENGE à MEMPHIS (USA)
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Ecrit par Fred Delforge |
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lundi, 03 février 2020
IBC 2020
INTERNATIONAL
BLUES CHALLENGE
BEALE STREET –
MEMPHIS (USA)
Du 28 janvier au 1er
février 2020
http://www.blues.org
On met entre parenthèses notre périple
touristique « En Terre de Blues » qui nous a fait
passer par de grands lieux du genre (voir
ici) pour rejoindre Memphis
où nous attend le 36ème International Blues
Challenge durant
lequel nos deux représentants français, La
Bedoune en duo et Thomas Doucet & The G Lights, vous se
retrouver au beau milieu d’un quart de millier de formations
pour montrer de quoi ils sont capables. Si ici il y a un vainqueur dans
chacune des catégories, c’est chacun des
participants qui sort gagnant d’une réunion
où il peut se faire repérer et surtout faire des
rencontres importantes pour la suite de son parcours musical. Il faut
dire qu’il y a du beau monde sur Beale Street et que la
plupart des programmateurs du monde entier y viennent chaque
année pour faire leur marché !
Mardi 28 janvier :
En attendant le début du Challenge, quoi de mieux que
d’aller faire les boutiques pour faires les
dernières courses musicales ? Cordes, baguettes et autres
accessoires se trouvent facilement dans les faubourgs de la ville, tout
comme les vinyles collectors et autres objets cultes, alors on en
profite avant d’aller faire un tour du
côté de chez Stax pour y retrouver nos amis de
Stax Music Academy tandis que les groupes visitent le fameux
musée attaché aux anciens studios. Un grand
moment quand on sait que certains sont de véritables fans de
soul et qu’il y a de quoi se faire plaisir à
l’intérieur ! Et quoi de mieux en sortant que
d’aller déjeuner au Four Ways, le meilleur
restaurant de Soul Food de la ville, celui-là même
où Martin Luther King a pris son dernier repas avant de se
faire assassiner au Motel Lorraine …
Il est temps maintenant de passer aux choses sérieuses avec
l’entrée en lice des premières
formations. On commence donc au Club 152 avec les Croates de Bluzy
Threesome qui nous sortent une reprise de « Helter Shelter
» bien sauvage en plein milieu de leur set ...
Voilà un groupe très rock dans
l’âme avec un guitar hero pas
désagréable du tout pour une entrée en
matière qui réveille bien ! On continue
très vite avec Bad Temper Joe de Blues Baltica en Allemagne,
un artiste qui nous régale de sa grosse voix chaude et de
son Weissenborn élégant au possible ...
Ça fait du bien après la tornade croate qui a
précédé !
Place maintenant aux Polonais de Two Timer que l’on avait
déjà vus à l’International
Blues Challenge en 2015 mais aussi au Buis Blues Festival en 2017 et au
Eutin BluesFest au printemps dernier. Le groupe va nous offrir ce soir
une belle prestation astucieusement saupoudrée
d’un bel harmonica plein de charme et si ce n’est
pas la formation la plus originale de ce début de
soirée, elle aura contribué à nous
faire patienter agréablement jusqu’au passage de
notre premier représentant national.
On en arrive donc à nos Frenchys qui vont surprendre leur
monde en nous sortant en plein cœur de leur set une cover de
« I’ve Been Loving You So Long » qui
réussira même à faire danser quelques
spectateurs dans le Club 152, où ils disputeront
d’ailleurs leurs deux quarts de finale. Salués par
une belle salve d’applaudissements après avoir
également placé deux de leurs compositions,
Thomas Doucet & The G Lights auront réussi haut la
main leur entrée dans Memphis !
On passe maintenant au one man band Italien, Black Snake Moan, qui va
lui aussi réussir à tirer son épingle
du jeu avec une prestation un peu tendue mais pas
inintéressante du tout. C’est le moment
où nous choisissons de changer de club pour rejoindre le
Blues City Café, le restaurant pour commencer, mais aussi la
salle un peu plus tard ! C’est l’occasion
d’entendre quelques groupes pendant le diner, avec entre
autre les Italiens de Superdownhome ou encore l’Anglaise Kyla
Brox, gagnante de l’European Blues Challenge au printemps
dernier qui se produit non pas en groupe mais accompagnée
cette année par Danny Blomeley pour un duo plein de
sensibilité.
On laisse filer le groupe néerlandais le temps de payer
l’addition et on se retrouve devant la scène avec
La Bedoune, notre duo français qui va lui aussi faire forte
impression, quand bien même on regrettera que Greg soit
installé derrière Cécile et non
à ses côtés, ce qui pêche un
peu au niveau visuel et qui perturbe un peu la communication qui
habituellement se fait au regard. Il n’en reste pas moins que
La Bedoune aura su toucher un public touché par ses
compositions mais aussi par la manière de les
présenter. Encore une belle entrée en
matière pour cette formation qui a reçu un
accueil plus que chaleureux !
Mercredi 29 janvier :
On part ce matin dans une longue journée marathon qui va
nous entrainer du côté du Blues Hall Of Fame pour
répondre à une interview de Blues Magazine qui a
décidé de faire un parallèle entre les
différents échelons du soutien apporté
au blues en général en posant des questions
à Barbara Newman, Présidente de The Blues
Foundation, à Pertti Nurmi, Vice-Président de
l’European Blues Union, et à votre serviteur pour
son rôle de Président de France Blues.
L’occasion d’échanger sur un sujet qui
nous est cher et de donner un peu plus d’informations
à une communauté qui ne connait pas ou ne se rend
pas forcément compte de l’importance du maillage
qui existe au niveau mondial …
Le temps d’assister à une lecture /
dédicace du livre « Weeds Like Us » de
Janiva Magness et de jeter un œil aux souvenirs de Martin
Luther King devant le Motel Lorraine où il a
été assassiné et nous voilà
déjà au Central BBQ pour un déjeuner
rapide avant que les groupes ne partent remplir leurs premiers devoirs
en assistant à la rencontre d’orientation qui leur
donnera tous les détails de l’aventure
qu’ils vont vivre cette semaine.
Une heure trente à tuer, c’est juste le temps
qu’il faut pour se rendre au Sun Studio et mettre ses pas
dans ceux des grands artistes qui ont enregistré
là-bas, à commencer par Elvis Presley bien
entendu, mais sans oublier bien entendu les Johnny Cash, Jerry Lee
Lewis et autres Carl Perkins avec lesquels il avait formé le
fameux Million Dollar Quartet … Les souvenirs se bousculent
une fois de plus et on lit sur le visage des visiteurs le plaisir de
(re-)découvrir ces objets et ces histoires qui ont
contribué à la légende de Sam
Phillips, des musiques américaines et du
rock’n’roll !
Direction le Peabody où nous attend un autre grand moment de
la journée avec non pas la fameuse relève des
canards qui attire toujours autant de badauds mais bel et bien avec une
réunion de travail entre les représentants de
l’European Blues Union et Rick Booth d’Intrepid
Artists avec lequel nous allons essayer de creuser autour de
différentes pistes permettant aux musiciens
européens de venir jouer et tourner aux USA de
façon décente et légale. Il en
ressortira que si les choses sont extrêmement
compliquée en raison de la lourdeur des
formalités administratives du côté
américain, les choses pourraient à terme
évoluer dans le bon sens avec une solide collaboration sur
le sujet entre les différents niveaux internationaux du
blues. Affaire à suivre donc !
On attaque maintenant la partie musicale et le premier quart de finale
du Challenge avec Moose And The Bulletproof Blues Band de Jersey Shore
Jazz And Blues Foundation qui démarre au Club 152 et qui
nous assourdit un peu avec un son beaucoup trop fort ... Ce
n’est pas forcément le groupe le plus
intéressant de la terre et il envoie ses douze-mesures avec
un soliste qui essaie d’être un peu trop
démonstratif et quand bien même l’orgue
Hammond est un plus, le soundcheck approximatif ne le met pas du tout
en valeur. Dommage ! Le niveau monte d’un cran avec Chris
Canas Band de Detroit Blues Society qui souffre là encore
d’un son très fort et plutôt mauvais
… La dualité voix masculine / voix
féminine est un atout indiscutable et après deux
morceaux un peu décevants, le combo du Michigan va
finalement nous délivrer une fin de set de belle facture qui
finira de le réconcilier avec une assistance
restée un peu sur sa faim durant les premières
minutes.
On en arrive déjà à Thomas Doucet
& The G Lights qui vont nous surprendre avec une prestation
endiablée qui va monter crescendo au fur et à
mesure que la vingtaine de minutes qui leur est accordée va
passer. La rythmique tient son rôle au millimètre
près, l’orgue Hammond nous fait monter dans de
très hautes strates et le saxophone est lui aussi un
argument de poids et c’est avec l’art et la
manière que nos Frenchys vont venir démontrer
à un public séduit qu’il est possible
de proposer un bon soul-blues sans forcément avoir de
guitare dans un groupe. Les compositions ne laissent pas le public
indifférent, loin s’en faut, la reprise de Sam
Cooke va produire là encore son petit effet, et
s’il n’est pas évident de venir jouer de
la soul à Memphis quand on n’est pas des gars du
cru, les Nantais s’en sortiront finalement haut la main avec
en prime une très belle réaction du public
!
On croise Barbara Newman venue présenter la Blues Foundation
à l’assistance et on file très vite
vers le premier étage du Jerry Lee Lewis’ 12 Bar
où l’on retrouve dans une ambiance cosy Louis
& The Geezer de Cascade Blues Association, un duo acoustique
avec guitare et Weissenborn qui nous transporte du
côté du Delta pour quelques belles
démonstrations de slide, avec en prime un bel harmonica ...
Bienvenue dans un univers où si la lumière est
quasiment inexistante, l’atmosphère va se montrer
chaleureuse !
Vient ensuite Superdownhome, le duo italien qui continue dans un style
sale et bourré de slide, un véritable
délice avec en cours de route un coup de « Shake
Your Money Maker » bien balancé ! La cigar box est
puissante et chaude et ça fait du bien par où
ça passe, et quand on entre dans le blues
psychédélique, c’est encore meilleur !
On poursuit bientôt avec Coyote & Cole de Topeka
Blues Society pour un blues tout ce qu’il y a de plus
classique mais plutôt bien senti avec sa dualité
électrique et acoustique assez sympathique ! Un peu
d’harmonica assez sommaire pour habiller les parties les plus
acoustiques comme cette reprise du « Dealing With The Devil
» de James Cotton et le tour sera joué, et
plutôt bien en plus !
On en arrive à la prestation La Bedoune qui va nous sortir
ce soir le grand jeu, les deux complices ayant réussi
à se placer côte à côte et
à trouver leurs marques pour donner à leur
musique toute sa teneur et toute sa dimension. Très
à l’aise, Cécile se met le public dans
la poche en échangeant avec lui et c’est
portée par la guitare et la grosse caisse de Greg
qu’elle vient nous régaler de son toucher de basse
fretless plutôt subtil et d’une voix que
l’on comparera de temps en temps à celle de Wanda
Jackson. Les compositions bien ficelées font mouche sur un
public qui en saisit la teneur et la richesse et c’est avec
un final a-capela sur le « Love Me Good » de Nina
Simone que La Bedoune finira de faire plier un club qui n’en
attendait pas moins !
Le temps de passer de club en club, de rencontrer nombre
d’amis présents en ville et enfin de se restaurer
et c’en sera déjà fini de cette
première soirée d’un Challenge qui
s’annonce très prometteur avec de très
bons groupes en lice …
Jeudi 30 janvier :
On s’accorde une petite matinée de
détente pour se remettre des émotions des uns et
des autres et chacun vaque à ses propres occupations avec le
Civil Rights Museum pour les uns, un peu de shopping pour les autres
… Un détour par le Cozy Corner le midi pour
profiter de ce lieu unique où l’on
déguste d’excellents ribs et des wings qui ne sont
pas moins superbes et il est bientôt temps de rejoindre les
différentes Master Classes parmi lesquelles celles
organisées autour de Bobby Rush pour ce qui concerne la
gestion d’une carrière d’artiste ou
encore de Bob Margolin pour ce qui est de la pratique de la guitare
électrique. On notera qu’au même moment,
des artistes comme Doug McLeod, Victor Wainwright, Bob Corritore ou
encore Shakura S’Aida donnent également quelques
Master Classes sur la guitare acoustique, le piano,
l’harmonica et le chant. Autant dire que la Blues Foundation
a mis les petits plats dans les grands pour gâter les
concurrents !
Un peu de détente sur Beale Street en attendant le
début de la compétition nous permet de retrouver
ou de croiser quelques amis musiciens et fans ou professionnels de
Blues et c’est très rapidement que l’on
file vers le Jerry Lee Lewis’ 12 Bar Club pour y retrouver
Joe Fingas de Blues Society Of Northwest Florida, un pianiste de boogie
qui a de la bouteille et qui nous sert un set à la Dr John
avec plein de feeling et une voix un peu usée qui colle
parfaitement à l’ambiance du club. On se retrouve
du côté de New Orleans avec un cachet old school
des plus sympathiques et ça nous met bien en jambe pour la
suite de la soirée, d’autant plus que Joe Fingas
finit debout à capella face au public.
Veronica Lewis feat. Mike Walch de Boston Blues Society lui
succèdent et on découvre un duo avec une jeune
pianiste et un batteur qui n’apporte pas grand-chose
malheureusement car la batterie n’est pas
sonorisée et qu’elle est trop forte, au point de
pratiquement couvrir le piano et la voix. Le boogie du duo
n’en reste pas moins agréable, quand bien
même l’originalité n’est pas
vraiment au rendez-vous.
C’est ensuite La Bedoune qui nous sort une nouvelle fois le
grand jeu avec un set encore affiné par rapport à
celui d’hier. La communication est encore parfaite et le
courant passe carrément bien avec un public attentif et
attentionné. Il faut dire que l’association
guitare, basse et percussions est parfaite et que Cécile
tente même de placer quelques mots de Français
pour présenter « Cecile's Blues », un
superbe morceau dédié à une amie qui a
récemment trouvé « the key to the
highway » ... Un détour très
apprécié par la cover a-capella de Nina Simone
finira de plier le set avec beaucoup de savoir-faire. Les
applaudissements pleuvent, c’est plutôt bon signe !
On remonte Beale Street en faisant encore quelques rencontres et on
file maintenant vers le Club 152 où Cory Luetjen &
The Traveling Blues Band de Triangle Blues Society envoient un bon gros
soul blues teinté de rhythm’n’blues et
même d’une pointe de rock et baigné de
cuivres et d’orgue Hammond, le tout porté par un
bassiste qui trace ses lignes au cordeau. Ça
déménage grave et le club 152 encore peu garni
réagit plutôt bien à cette potion
énergisante dosée avec soin ! Nul doute que ces
gars-là sont tombés dedans quand ils
étaient petits ... la petite virée du sax dans le
public en milieu de set marquera les esprits, c’est certain !
C’est Thomas Doucet & The G Lights qui s’y
collent maintenant et c’est un groupe totalement
détendu qui va faire le job, avec encore plus de feeling et
de finesse que la veille et avec toujours cette reprise de Sam Cooke
qui retourne l’assistance. Et quand bien même il
n’est pas évident de succéder
à la tornade qui a précédé,
Thomas et consorts vont nous sortir le set qui va bien avec de belles
nuances et surtout avec une passion folle qui se transmet naturellement
vers un public une vague de chaleur qui va droit au cœur.
Jouer de la soul à Memphis est un pari osé et
c’est avec un réel talent que les Nantais le
réalisent, ce qui a vraiment de quoi nous rendre fiers de
nos Frenchys !
On papillonne ensuite de club en club en attendant les
résultats et on découvre sur les coups de une
heure du matin que l’aventure américaine
s’arrêtera là pour Thomas Doucet
& The G Lights qui n’ont pas
été retenus pour la demi-finale …
Ça continue en revanche pour La Bedoune que l’on
retrouvera demain soir dans un club de Beale Street pour tenter de
gagner une place samedi après-midi à
l’Orpheum. Un superbe challenge à relever
!
Vendredi 31 janvier :
La journée commence par un événement
un peu particulier puisque c’est aujourd’hui la
cérémonie de remise des Keeping The Blues Alive
Awards, un moment toujours plein d’émotion qui
cette année se déroulera dans le Ballroom au
quinzième étage de l’hôtel
Holiday Inn, une salle plus petite que d’habitude puisque les
salons du Doubletree sont actuellement en travaux. Les
différents récipiendaires ne manqueront pas de
manifester leur plaisir et leur reconnaissance et quand bien
même une fuite de climatisation provoquera une rupture
d’une dalle du plafond et inondera une table, on
appréciera de voir notre ami Peter Astrup du Blues Heaven
Festival au Danemark ou encore le Cali Blues & Folk Festival de
Colombie, le Hal & Mal’s Blues Club de
Jackson ou le Jimiway Blues Festival en Pologne être
récompensés pour l’ensemble de leur
œuvre. On rappellera que les Keeping The Blues Alive Awards
saluent les personnalités qui œuvrent pour le
Blues dans l’ombre des projecteurs et en dehors de la
scène.
Après un temps de repos obligatoire pour se remettre
d’une semaine intense, nous prenons la direction des Studios
Ardent sur Madison pour aller retrouver nos amis croates de Sunnysiders
qui sont en pleine phase de mixage de leur album à venir.
Outre le plaisir d’être dans un des studios cultes
où ont enregistré entre autres Booker T. and the
MGs, Isaac Hayes, Led Zeppelin, Big Star, ZZ Top, Freddie King, Joe
Cocker, The Fabulous Thunderbirds, Al Green, R.E.M., George Thorogood,
Johnny Winter, Stevie Ray Vaughan, Lynyrd Skynyrd, BB King, Luther
Allison, Bob Dylan, Smashing Pumpkins, etc., on découvre
partiellement le prochain album d’un groupe que
l’on affectionne tout particulièrement, album sur
lequel on retrouvera quelques guests français, et non des
moindres !
Il est temps de remonter vers Beale Street pour assister aux
demi-finales et quand nous arrivons au Blues Hall où va se
produire ce soir La Bedoune, les jeunes du Youth Showcase viennent de
finir de montrer leur talent et son très vites
remplacés par Generations of Blues de Central Iowa Blues
Society qui commence a-capella puis lance le show avec ses deux
guitares sans trop se presser ... Le son est un peu lourd mais on se
retrouve très vite dans une ambiance à la fois
roots et psychédélique distillée par
un black band de belle qualité au sein duquel on remarque la
présence de Kent Burnside ! On regrettera juste un accordage
un peu approximatif et quelques redondances qui lassent un peu
à la longue mais voilà un candidat qui
n’aura pas démérité.
Place à La Bedoune qui va mettre tout son poids dans la
balance pour tenter de la faire pencher du bon
côté avec un set encore un peu remanié,
quand bien même les bases restent les mêmes.
Toujours aussi expressive, Cécile s’empare de
l’assistance du Blues Hall, un club beaucoup moins
feutré que celui de ses quarts de finale mais tout aussi
intéressant puisque le public y est un peu plus dense et
plus turbulent et qu’il faut vraiment le prendre à
bras le corps pour garder toute son attention. C’est donc
entre moments d’écoute et explosions de liesse et
d’applaudissements que nos représentants nationaux
vont dérouler le meilleur de leur répertoire,
faisant l’impasse ce soir sur la cover de Nina Simone mais
pas sur quelques beaux effets de scène comme des sifflements
et autres arrangements fort à propos.
Félicités par une assistance dans laquelle on
remarque divers programmateurs et autres professionnels à
leur sortie de scène, Greg et Cécile auront
très largement rempli leur part du contrat.
C’est la fête sur Beale Street et on y croise le
gratin de la scène blues internationale avec des musiciens
comme Bob Corritore, Mark Telesca, Jonn Del Toro Richardson, Mr Sipp,
Shemekia Copeland, Shakura S’Aida, Bob Margolin, Russell
Jackson, Janiva Magness, Jimmy Carpenter et nombre d’autres
encore … Des piliers que l’on retrouvera
jusqu’au bout de la nuit dans diverses jams
organisées dans les clubs les plus importants de cette rue
devenue une véritable Mecque pour les amateurs des douze
mesures, un phénomène un peu moins vrai tout au
long de l’année mais tellement évident
durant l’International Blues Challenge que l’on
tombe très vite amoureux de l’endroit.
Les résultats finiront par tomber et c’est avec un
petit pincement au cœur que nous constaterons que
l’aventure de La Bedoune s’arrête ce
soir, tout comme celle d’artistes que nous affectionnons tout
particulièrement comme Lil’ Red & The
Rooster Band, Kyla Brox et quelques autres encore. Parmi les seize
finalistes de ce cru 2020, on remarquera cette année un
Allemand, deux Australiens et un Canadien
…
Samedi 1er
février :
L’heure de la grande finale est arrivée et on
commence dans un Orpheum déjà bien garni avec
Hector Anchondo de Blues Society of Omaha pour un premier set
partagé entre guitare acoustique et footstomp. Sympathique
et agréable, le bluesman nous régale de ses
accords subtils et sort à l’occasion un
résonateur 12 cordes pour enfoncer le clou encore un peu
plus loin. De la soul au blues et au folk il y a un pas
qu’Hector Anchondo n’hésite pas
à franchir, et plutôt bien en plus ! Le public le
suit bien et en redemande même. Un signe qui trompe rarement !
Premier groupe de la journée, Johnny Wheels & The
Swamp Donkeys présenté par Cascade Blues
Association va nous servir un blues décomplexé
envoyé par un chanteur et harmoniciste en fauteuil et
soutenu par deux guitaristes dont un qui sort à
l’occasion un saxophone. On ajoute un bassiste
décoré comme un général de
l’armée russe et un batteur régulier au
possible et voilà un groupe qui n’aura pas
raté le coche en proposant une prestation des plus
équilibrées. La journée commence
plutôt bien !
On en arrive au seul finaliste européen de
l’édition 2020, Bad Temper Joe de BluesBaltica,
qui nous séduit de sa belle voix chaude et de son jeu de
Weissenborn plein de sensualité. Entre blues roots et
glissades hawaiiennes, la musique de l’Allemand est une
invitation à la méditation et parfois
même à la relaxation quand l’artiste ne
monte pas trop dans les tours. Un peu d’humour par-dessus
pour rendre les choses encore plus agréables et nous aurons
la preuve par l’exemple que le Vieux Continent s’y
connaît carrément bien pour tout ce qui concerne
le blues !
Place à The Jose Ramirez Band de DC Blues Society Inc qui
attaque directement avec une reprise d’Albert King,
« I Play The Blues For You », avant de continuer
avec ses propres morceaux pour un set assez démonstratif
avec toutefois une belle inspiration et des parties d’orgue
Hammond pas désagréables du tout, loin
s’en faut ! Un petit tour dans l’Orpheum pour faire
le show et voilà une prestation comme le public
américain les aime. Reste à savoir si le jury y
aura été sensible ...
On retrouve l’ami Felix Slim de Long Island Blues Society qui
n’a rien perdu de son talent ni de son feeling et qui attaque
d’entrée de jeu par un picking superbement sorti
de derrière les amplis. L’harmonica ne tarde pas
et Felix ajoute un peu d’humour à des accords
intelligemment servis pour en arriver à une prestation
rythmée et entraînante comme on les aime !
Habitué de l’International Blues Challenge,
l’artiste associe l’art à la
manière et s’en sort avec plus que les honneurs.
Déjà repéré lors des
premiers tours, on retrouve Chris Canas Band de Detroit Blues Society
qui nous balance un gros boulet de canon d’entrée
de jeu et qui poursuit entre blues et
rhythm’n’blues avec un bassiste charismatique au
possible et toujours cette dualité de voix qui
complète le chant masculin par de superbes motifs
féminins. Si ça joue musicalement, la prestation
visuelle est elle aussi mise en valeur et on se régale avec
ce black and white band qui ne fait pas semblant de prendre du plaisir
et qui le partage volontiers avec le public !
Deuxième non-étasunien à se produire
cet après-midi, Aaron Pollock de Melbourne Blues
Appreciation Society est un jeune homme inspiré par le blues
de Robert Johnson qui nous sert un blues rural teinté de
folk et qui allie avec intelligence le picking et une voix encore un
peu trop claire et propre pour donner le change. Le résultat
est globalement assez intéressant et l’Australien
arrive même à enflammer une assistance qui semble
apprécier ce folk blues frais et coloré !
On revient vers les USA avec Stillwell/France Blues Band de Kentucky
Blues Society qui vient nous présenter un blues
plutôt classique mais joué avec beaucoup
d’inspiration et au moins autant de savoir-faire. Les deux
guitares se complètent bien et chacun offre à
l’autre l’opportunité de mettre en
valeur des compositions qui ne manquent pas
d’intérêt. Et quand la PRS et la Strat
se livrent à des duels endiablés, c’est
tout l’Orpheum qui se met à trembler. Un blues old
school entre dobro et lap Steel et c’est une affaire
rondement menée que nous aura proposé ce quartet
au nom quelque peu trompeur sur sa provenance ...
Mojo Parker de River City Blues Society commence a capella avant de
laisser du champ à son dobro et à sa voix
puissante et chaude. Des histoires à raconter, un mojo
accroché sur la sangle de la guitare et des effets qui se
partagent entre la slide et les arpèges, l’artiste
a un véritable potentiel vocal et guitaristique et il ne se
prive pas de le faire savoir à une salle calme et attentive
mais absolument pas endormie. Un tonnerre d’applaudissements
finira de saluer un artiste qui sait séduire son monde et
qui ne se prive pas d’user de ce don.
C’est au tour de Horojo Trio d’Ottawa Blues Society
de venir montrer ses particularités avec une formation
atypique clavier / chant, basse et batterie pour un set qui
démarre tambour battant avec un blues
mâtiné de rock. La guitare de JW Jones est comme
toujours un véritable bonheur et le band canadien ne va
manquer de miser dessus pour agrémenter un chant bien en
place et un toucher de piano plein d’entrain. Autant dire que
ça envoie très fort et que l’unique
représentant canadien pour cette finale est un beau client
qui nous lâchera une cover de Keb’ Mo en cours de
route pour mieux enfoncer le clou. Ottawa a le blues et le montre de
belle manière !
Retour aux duos avec Crooked Eye Tommy de Santa Clarita Valley Blues
Society qui démarre de belle manière à
la cigar box et qui nous raconte des histoires où il est
question d’égoïsme et
d’égocentrisme avec des titres comme «
Me Me Me ». Quand on en arrive à deux guitares, le
ton redevient plus propre mais le blues n’en reste pas moins
bien présent avec deux complices qui ont de la bouteille et
qui savent le jouer avec beaucoup d’inspiration et autant de
feeling. Un final a capella avec une histoire de train qui vient vous
chercher pour vous emmener dans l’au-delà et la
salle est comblée et le fait savoir au travers de ses
acclamations.
Le blues rock est à l’honneur avec Bluestone de
South Florida Blues Society, un quartet de cowboys qui va faire monter
le compteur dans les tours avec une musique lourde et racée
qui fait du bien par où elle passe. Le groupe
maîtrise son sujet et les gars se font plaisir en
décochant de gros solos qui n’assomment pas du
tout un public qui vient déjà de se prendre cinq
heures de musique non-stop et qui en redemande ! Un petit
côté SRV se dégage de certaines compos
et Bluestone insiste dessus pour mieux marquer l’esprit de la
salle mais aussi du jury. On verra au bout de la route si
l’idée était judicieuse ...
Second artiste australien de cette finale 2020, Ray Beadle de Sydney
Blues Society se présente en solo avec sa guitare et un
bottleneck et vient nous servir un folk blues simple mais efficace. On
sent la pression qui pèse sur les épaules du
jeune homme qui essaie un peu d’humour pour se
détendre mais qui cherche nerveusement dans ses poches entre
les morceaux et qui a la mâchoire tellement serrée
qu’elle freine un peu le timbre de sa voix, pas
désagréable du tout au demeurant. Ça
se détend un peu en fin de set mais on sent bien que
l’artiste n’a pas livré le meilleur
concert de son existence ...
The Pitbull Of Blues Band de Southwest Florida Blues Society est une
formation où le bassiste n’est autre que le
père du chanteur et guitariste.
Complété par un batteur un poil
démonstratif, le groupe sert un blues rock un poil
musclé mais le fait avec beaucoup
d’efficacité et de
spontanéité, ce qui rend les choses encore plus
fluides et surtout plus intéressantes pour tout le monde. On
avance à pleine vitesse sur la route du rock avec un trio
qui a du mordant et qui le fait savoir à qui veut bien
l’entendre. Capable de proposer d’autres choses et
en particulier un superbe blues lent, The Pitbull Of Blues Band
n’a pas manqué son rendez-vous avec le public de
l’Orpheum !
Dernier artiste solo de la finale, Micah Ian Kesselring de The Blues,
Jazz and Folk Music Society est un one man band qui se partage entre le
résonateur, la cigar box, le footstomp,
l’harmonica et le chant et qui s’en sort
merveilleusement bien grâce à un talent de
songwritter mais aussi à un donc pour ce qui est de
reprendre à sa manière les vieux standards, et en
particulier ceux de Charley Patton. Séduisant dans son jeu,
déluré dans son attitude, Micah Ian Kesselring
incarne parfaitement cette nouvelle génération de
bluesmen qui fera perdurer mais aussi évoluer le genre !
L’avenir est là, c’est certain ...
On en arrive au dernier groupe de la soirée avec Dave Weld
And The Imperial Flames de Windy City Blues Society et on plonge
directement dans une sorte de gros show pompeux avec un guitariste qui
en fait des caisses et qui saute directement dans le public. Le chant
est partagé entre une chanteuse, le guitariste et le batteur
du groupe et on apprécie à leur juste valeur la
présence d’un orgue Hammond et d’un sax
qui apportent un peu de finesse à un déluge de
guitare dans lequel la frime l’emporte très
largement sur la musique !
En attendant l’annonce des résultats,
c’est une jam menée par Jonn Del Toro Richardson
qui nous est proposée et on y retrouve quelques pointures
comme Thornetta Davis, Mr Sipp, Tony Braunagel, Terry Odabi, Shakura
S’Aida, Annika Chambers, Janiva Magness, Paul Deslauriers et
nombre d’autres encore pour un grand moment de partage qui
roule sur la voie des grands standards pour le bonheur de chacun.
De cette édition 2020, on retiendra un palmarès
décliné ainsi :
Meilleur Album autoproduit : Moonshine Society - « Sweet
Thing »
Solo/Duo – seconde place : Felix Slim
Solo/Duo – première place: Hector Anchondo
Memphis Cigar Box Award : Hector Archondo
Groupe – troisième place : The Pitbull Of Blues
Groupe – seconde place: The Jose Ramirez Band
Groupe – première place : Horojo Trio
Gibson Guitarist Award : JW Jones
Lee Oskar Harmonica Player Award : Felix Slim
Il ne nous reste plus qu’à remercier nos amis de
la Blues Foundation et à repartir pour la suite de notre
périple « En Terre de Blues »
… La semaine passée à Memphis a
été riche en rencontres et en
émotions, comme chaque fois, et on a
déjà hâte d’y revenir pour
d’autres aventures !
Fred Delforge
– février 2020
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