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Ecrit par Yann Charles |
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jeudi, 23 janvier 2020
APOCALYPTICA
https://www.apocalyptica.com/
S’il est un groupe original et atypique dans le monde du
metal, c'est bien Apocalyptica. Vingt ans que les Finlandais explorent
les profondeurs de cette musique avec leurs violoncelles. Vingt ans
qu'ils enflamment avec leurs compositions les scènes
à travers le monde en essayant de se renouveler à
chaque album. Et le dernier en date, « Cell-0 », ne
déroge pas à cette règle. Et pour nous
en parler, Mikko Sirén, le batteur, qu'a
rencontré Virginie.
« Cell-0 »
est votre douzième album en une vingtaine
d'année, soit une moyenne assez élevée
de sorties d'albums, où trouvez-vous le temps de composer et
travailler avec les tournées en plus ?
Justement cette fois-ci ça a été un
peu plus compliqué car on devait aller en studio en 2017 et
vu que nous avons eu cette idée de tournée
anniversaire qui, initialement, ne devait durer que quelques semaines.
Mais dès que nous avons commencé à
tourner, nous avons rencontré un tel succès que
nous avons dû rajouter beaucoup de dates. Ce qui devait
être une tournée de vingt à trente
shows est devenue une tournée de deux-cent-trente shows en
deux ans et dix mois. Tu comprends donc pourquoi cela a
retardé la sortie de l’album. Mais ça
nous a quand même permis d’avoir une nouvelle
perspective car le fait de jouer notre premier album nous a permis de
nous apercevoir à quel point c’était
important pour les fans de revenir à la source
d’Apocalyptica. Et c’est ainsi que nous avons
commencé à envisager une sorte de retour aux
sources. Et que « Cell-0 » est devenu un genre
d’album concept avec cette unique partie instrumentale de
violoncelle. Et c’est pour ça que nous
n’avons pas de chant sur cet album, pour bien marquer la
séparation par rapport à ce que nous avons fait
précédemment.
Cet album n’a
pas de paroles comme tu disais, donc on ressent vraiment cette envie de
revenir aux sources.
Tout à fait c’est ce qui nous a donné
envie de le faire car le premier album a quand même vingt
ans, le groupe était diffèrent à
l’époque et c’était une sorte
d’hommage à nos racines.
On parle de «
Cell-0 », votre nouvel album, pourquoi ce titre
étrange ?
C’était important pour nous
d’écrire comme une histoire et ne pas choisir un
titre au hasard. On a donc développé un concept.
Si tu penses d’un point de vue moléculaire comme
des atomes que tu mélanges ensemble, tu obtiens un bout de
quelque chose. Ou penses à des cellules qui
créent quelque chose de vivant. Mais si tu prends une
cellule isolée rien de vivant ne se créera et
c’est ainsi que nous avons décidé de
créer cette particule imaginaire, un truc qui est au milieu
de tout. Ça marche aussi pour la musique. Imagine une
chanson, ce sont des petites particules assemblées, la
finalité est une chanson qui va en quelque sorte vivre car
elle a besoin d’une âme et cette « Cell-0
» est cette âme, ce chœur
émotionnel que tu ne peux pas poser sur papier. Ces
dernières années ont été
assez intenses sur la route et on s’est aperçu
à quel point les gens se sont
déconnectés de la nature et on pense
qu’à présent on a perdu la connexion,
on a perdu cette « Cell-0 », le centre de tout qui
connecte avec la nature et les autres personnes. Et le fait de ne pas
avoir de paroles, on n’essaie pas de diriger les gens vers
une façon de penser, on donne un début de piste
à suivre. On ne donne pas de réponses, on essaie
de suggérer plutôt. Voire même inciter
les gens à se poser des questions et
éventuellement créer leur propre histoire.
Qu'est-ce qui vous a
inspiré pour cet album ?
Nous sommes quatre personnes très différentes
avec des goûts musicaux bien distincts et nous avons tous
passés la quarantaine à présent, donc
on a absorbé tout ce que la vie nous a offert pour les
apporter en studio. Et ce que nous avons mis sur la table
c’est sur quoi nous avons réussi à nous
mettre d’accord et c’est ça
Apocalyptica. Cet album est très riche en tout point de vue
et c’est parce que nous sommes tous si différents.
Cet album reflète ce qu'est le groupe.
Question
sûrement un peu bête, mais comment donnez-vous ou
trouvez-vous les titres des morceaux ?
Il y a douze ans, ils ouvraient un dictionnaire et recherchaient des
mots qui sonnaient bien, cool. Mais pour cet album comme nous avions
décidé de faire un concept album avec une vision
très forte, on voulait des titres qui auraient rapport
à l’histoire que nous voulions raconter.
Ça nous a pris énormément de temps
pour trouver les titres qui provoqueraient une bonne
réaction des gens.
Comment arrivez-vous
à faire passer des émotions sans utiliser de
paroles et quelles sont les difficultés
rencontrées ?
Je ne dirais pas que c’est plus difficile car nous avons tous
un passé en musique classique qui est une musique qui
transmet énormément
d’émotions. J’ai aussi joué
beaucoup de jazz qui ne comporte pas de paroles donc depuis des
années on travaille à créer de la
musique qui transmet des émotions sans paroles.
Comment travaillez-vous ?
Chacun chez lui ou bien vous vous retrouvez
régulièrement ?
La majorité du temps on se réunit pour parler de
l’idée générale et ensuite
chacun compose dans son coin. Et deux semaines après la
première réunion, on se retrouve de nouveau pour
écouter les démos et on en parle ensemble et on
procède aux choix finaux et ce que l’on va garder.
Est-ce que le metal dans le
style symphonique ou prog est la musique qui se rapproche le plus de la
musique classique ? Je pense par exemple à «
Catharsis » qui pourrait être quasiment un morceau
de répertoire classique en enlevant la batterie par exemple.
Tout à fait ! Je pense qu’une chanson peut
être composée de pleins de façons
différentes et dans tous les styles. C’est
ça qui fait la beauté d’une chanson, le
fait qu’il n’y est pas de bonne façon de
la faire. Mais justement c’est marrant car sur «
Catharsis » en particulier on voulait vraiment une batterie
très puissante pour que ça fasse chanson rock car
on ne voulait pas qu’elle sonne trop douce.
Vous pensez pouvoir
encore aller plus loin avec vos instruments ? Je veux dire que vous
avez déjà beaucoup repoussé les
limites de ce qu'on pourrait attendre d'un violoncelle ?
Absolument ! C’est d’ailleurs l’essence
d’Apocalyptica, notre but est de
s’améliorer et de se challenger. On adore aller
là où personne ne nous attend. Je ne dis pas que
l’on va se réinventer totalement mais on aime
progresser afin de ne pas tomber dans la routine. C’est aussi
pour ça que nous sommes aussi fiers de « Cell-0
» car on a tout donné pour cet album. On
n’a rien gardé sous le coude pour le prochain. Et
je pense que lorsque l’on va commencer à les jouer
en live, elles vont nous offrir une nouvelle perspective, et qui sait
ce que cela va nous inspirer.
« Cell-0
» est-il votre album le plus abouti musicalement ?
Complètement ! Car cet album a une histoire
complète et je pense que l’on a mieux
réussi que par le passé à faire
quelque chose d’abouti.
Vous
préférez évoluer dans des salles ou en
extérieur. Je parle surtout au niveau du son, de la
qualité du son. Vos instruments sont
particulièrement délicats et précis
donc peut-être que c'est plus difficile d'avoir un super son,
ou une super qualité d'écoute en
extérieur ?
Si je parle que de la qualité du son, c’est quand
même plus agréable de jouer en salle. Mais si je
dois parler au niveau atmosphère, je pense que de pouvoir
faire les deux c’est vraiment génial. Dans les
salles, le public est proche, il y a une certaine proximité
et tout le monde est très concentré. Alors
qu’en festival les gens écoutent mais
s’éclatent en même temps. Les deux sont
géniaux. Je ne peux pas choisir ce que je
préfère.
Vous avez fait une cover
de Sabaton, « Fields of Verdun », puis maintenant
vous faites un clip commun, « Angels Calling »,
vous tournez ensemble, et vous partagez même quelques titres
sur scène avec eux (cinq titres sur scène
à Helsinki si mes sources sont bonnes), qu'est-ce qui vous
lie à Sabaton ?
C’est leur idée de faire une tournée ou
nous serions plus qu'un groupe de support. Pär, leur bassiste,
est arrivé avec l’idée de performer
ensemble mais pas que pour une chanson, plutôt la
moitié du set. Je trouve que ça donne une super
vibe quand ça se passe ainsi. Pär est
même allé plus loin en suggérant de
composer ensemble quelque chose de nouveau qu'on aurait
spécialement écrit juste pour le public, quelque
chose d’unique.
Vous avez
signé « Aquarela », bande originale du
documentaire éponyme par Victor Kossakovsky qui traite du
sujet de l’eau et des changements climatiques,
êtes-vous engagés sur le changement climatique ?
La personne qui réalise utilise beaucoup de musique
d’Apocalyptica, donc c’était une super
opportunité. Nous sommes conscients et soucieux des sujets
environnementaux mais ce serait hypocrite que de dire que nous sommes
engagés alors que nous prenons l’avion quelque
chose comme quatre-vingt fois par an. On fait attention à ce
que l’on consomme mais je ne me vois pas prêcher la
bonne parole et donner des leçons aux gens. Dans ma vie
personnelle, je suis devenu végétarien car je me
sentais mal d’imaginer ces animaux tués pour finir
dans mon assiette. Ensuite, tout n’est pas blanc et noir donc
il faudrait que chacun fasse un petit quelque chose afin que les choses
évoluent car ce sont les petites actions qui font la
différence.
Une dernière
question : quel est le dernier album ou le dernier morceau que vous
avez écouté ?
Miles Davis, « Seven Step To Heaven ».
Merci !
Propos recueillis par
Yann Charles et Virginie - Photo Gaelle C.
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