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Ecrit par Yann Charles |
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samedi, 11 janvier 2020
HYPNO5E
https://www.hypno5e.com/
Hypno5e est un groupe à part dans l'univers du metal
français. Les albums du groupe sont toujours très
attendus par les fans. Et avec « A Distant (Dark) Source
», le groupe revient à sa musique de
prédilection. Une rencontre, juste avant le début
de la tournée, avec Emmanuel, le leader chanteur/guitariste
qui nous entraîne dans l’univers particulier du
groupe. Une interview réalisée avec la
collaboration de Cédric Cambien.
Salut Emmanuel, peux-tu nous
présenter le groupe ?
Salut. Le groupe existe depuis 2003 et « A Distant (Dark)
Source » est notre cinquième album. Un retour
à notre style de prédilection après un
précédent album acoustique.
Pourquoi Hypno5e avec ce
5 ? C'est juste graphique ou le 5 a une signification
particulière ?
C'est en référence à notre premier
album « H492053 », ou Hypno5e. En fait on a
conservé le 5 à la place du S tout simplement.
Pas d'autre signification particulière.
Comment s'est
passé le processus de création de ce nouvel opus
?
La composition de cet album s'est fait dans la foulée de
l'album acoustique « Alba, Les Ombres Errantes ».
On était encore sur l'album acoustique qu'on
commençait à écrire
celui-là. Je compose généralement chez
moi. Je travaille plein de petits thèmes, un peu
éparpillés, pas structurés, et en fait
on compose directement en studio, quasiment quand on commence
à enregistrer. Je compose sur le vif. On essaie de faire
quelque chose de très instinctif. Les morceaux se
construisent au fur et à mesure qu'on avance dans
l'enregistrement. Même s’il y a pas mal de choses
écrites en amont, on compose et on arrange vraiment dans le
studio. C'est pour ça que pas mal de morceaux passent par
des strates différentes. On sait où on va, mais
on travaille chaque morceau pendant l'enregistrement.
Musicalement, on retrouve
à peu près les mêmes structures sur les
albums, quatre morceaux mais avec des "sous morceaux", c'est pour une
respiration pendant les live, que ce soit pour vous, mais aussi pour
votre public ?
Les coupures dans les morceaux interviennent après les
compositions. Les morceaux sont entiers, et c'est par la suite qu'on
fait des "coupures", des respirations. Sur les lives, on adapte les
morceaux en fonction des sets qu'on a à jouer.
Sur scène, on
ne retrouvera que cet album ? Ou vous revenez sur les albums
précédents ?
Non, on revient sur les morceaux d'avant. Mais c'est assez
compliqué car les morceaux sont très longs. C'est
pas évident à intégrer, même
si il y a des ponts entre les différents albums. Et
ça arrive à s'imbriquer assez bien.
L'enchainement
« Shores Of The Abstract » - « Alba
» par A Backward Glance On A Travel Road, le side project de
certains membres d'Hypno5e, n'a pas dû laisser beaucoup de
temps pour créer « A Distant (Dark) Source
» …
C'est vrai qu'on a la réputation d'être assez
longs entre chaque album. Mais c'est souvent dû
déjà au fait qu'on tourne pas mal, puis
à des problèmes de structure aussi. Mais moi
j'aime enchaîner les écritures d'un album sur
l'autre. Je travaille le futur album dès la fin de celui
qu'on a fait. Mais après, pour la réalisation,
c'est plus compliqué effectivement.
Beaucoup de recherches,
que ce soit visuelles ou sonores. Qui écoute ou visionne
toutes ces archives ?
On écoute et on lit beaucoup de choses. Et quand on entend
quelque chose qui nous intéresse, on l'enregistre et on le
met de côté. On a une sorte de
bibliothèque d'enregistrements qu'on peut ressortir et
intégrer dans nos compositions selon le thème
qu'on aborde sur l'album.
Vous mettez des samples
d'enregistrements, mais vous faites certaines voix vous-mêmes
?
Non, on a pris un comédien pour cet album. Mais pas nous,
non. On a des amis comédiens qui viennent faire nos textes.
Beaucoup de samples de
textes ont ce point commun de se déclencher à 4
minutes 30, est-ce une simple coïncidence ou est-ce clairement
une volonté de schématiser encore plus les
compositions ?
Ah bon ? Non c'est une coïncidence. J'ai pas fait attention
à ça. Je vais réécouter
mais ce n'est pas voulu non.
On retrouve beaucoup
d'instruments pour appuyer les aspects émotionnels des
compos, on entend des violons et du piano. Ces instruments se montrent
plus organiques et les compos s'en ressentent tant elles sonnent plus
humaines et par voie de conséquence elles sont plus
poignantes. Hypno5e se montrerait-il plus fragile ou plus sensible les
années passant ?
C'est surtout dans la manière dont a
été fait le mix je pense qui fait
peut-être plus ressortir ça. L'album reste quand
même très noir et mélancolique. Mais
c'est vrai que j'aime bien quand il y a des envolées
lyriques comme ça. Mais ce sont des sonorités
qu'on utilisait déjà avant, à part
peut-être le violon qu'on a ajouté. Mais je pense
que c'est dû au mixage qui donne plus de rondeur aux
mélodies.
Le premier et le dernier
titre font allusion au présent par « On The Dry
Lake » qui fait référence au Sala
d'Uyuni qui est ce qu'il subsiste du lac Taupa qu'on retrouve en
dernière piste ?
J'étais en repérage pour un projet de film que
j'ai là-bas, et j'ai appris l'existence d'un lac qui a
disparu il y a 14.000 ans, un lac salé. Et il a
laissé derrière lui le fameux désert
de sel, le Sala d'Uyuni qu'on connait. Et c'est en voyant maintenant
cette terre désertique et aride et c'est en voyant des
restes de ce qu'avait pu être ce lac et sa
végétation que je me suis posé la
question sur sa disparition et ce qu'il se passerait si l'eau revenait.
On retrouve un poème
de De Musset cité avec des vers dans le désordre,
on retrouve des citations plus critiques, plus acides, on se laisse
prendre par des passages plus désordonnés voire
chaotiques. Est-ce l'album le plus personnel du groupe ? (je n'ai pas trouvé
d'expression ...)
Il y a quelque chose de très brut oui. Je pense que oui, il
y a des choses très intérieures. Il y avait
quelque chose d'urgent qui devait sortir, être
exalté et mis en musique. Sur le dernier morceau,
« Taupa », où je finis seul au piano,
c'est une unique prise en One Shot.
Il semble tellement plus
"sorti des tripes" …
C'est ça. C'est plus intérieur, plus personnel
oui. Ça a toujours été, mais
là, c'est peut être encore plus fort, plus urgent
à sortir.
Beaucoup de
références aux images, au cinéma, un
clip de 18 minutes, Hypno5e c'est plus que de la musique, c'est un
univers total. Vous pourriez jouer le clip en live ? Images et musique
synchro ?
Oui, on va le jouer en live. Et il y aura des
éléments du clip qui seront diffusés
oui. On a une scénographie où l'on diffuse par
moments des images.
Doit-on voir dans cet
album, un voyage dans le passé, une espèce de
rétrospective ?
C'est un personnage qui est toujours à la recherche de
mémoires, qui est dans un espace de souvenir qu'il ne
trouvera pas ou qu'il perdra aussitôt. Oui, il y a un voyage
dans la passé mais ce n'est pas forcément
introspectif, même si tout ne vient pas de moi.
Même quand je parle de la Bolivie, ces espaces-là
sont tellement chargés de mémoire de ceux qui
l'ont habité et c'est quelque chose qui m'inspire beaucoup.
Mais ça reste principalement des espaces imaginaires.
L'idée n'est pas d'être enfermé dans
une mélancolie passive dans le passé, mais de
parler de ce passé en se tournant vers l'avenir.
Même si la musique peut paraître sombre, il en
ressort quand même un côté beau et
lumineux.
La beauté par
le Dark ?
C'est ça oui.
Vous partez en
tournée avec cet album ?
Oui, on commence la tournée le 10 janvier 2020 avec pas mal
de dates en France et à l'étranger. On sera
à Paris par exemple le 7 février, au Petit Bain.
On espère pouvoir tourner toute l'année avec cet
album.
Votre public est
plutôt français ou étranger ?
On a le plus de public en France quand même. Mais on joue
beaucoup à l'étranger. On va essayer d'y jouer
encore plus. On était au Mexique et ça a bien
accroché, donc on essaiera d'y retourner.
Ça doit quand
même être délicat de faire les set lists
avec les longs morceaux que vous avez. En fonction du temps que vous
avez pour jouer, le choix des titres doit être difficile ?
C'est l'enfer oui. On se pose à chaque fois la question. Si
t'as 40 minutes et qu'on joue tel et tel morceau on arrive à
44 minutes, mais si on en met un autre on n'est plus qu'à 36
minutes, donc oui c'est difficile. Donc tu es obligé de
faire des concessions. Et avec cet album là, c'est encore
pire !!
Vous arrivez à
retrouver sur scène les mêmes sonorités
que vous avez en studio ?
On essaye au maximum de garder le son studio sur scène. Pour
les samples tout est envoyé par ordinateur. Si on a des
instruments invités comme le violon, il ne sera pas
là ou alors ce sera enregistré.
C'est un autre travail
que de gérer et créer les visuels ?
Ah oui, totalement. J'ai beaucoup travaillé pour les visuels
qu'il y a sur scène. Mais il faut aussi travailler la
lumière qui correspond aux ambiances et aux
atmosphères. C'est un autre travail, différent,
mais quand même en restant toujours en rapport avec la
musique. Tout est travaillé au millimètre et
à la seconde près. Tout doit être super
précis.
Dernière
question, peux-tu définir le groupe en deux ou trois mots
seulement ?
Intense, mélancolique, sombre
Merci
Merci à toi.
Propos recueillis par
Yann Charles en collaboration avec Cédric Cambien
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