samedi, 01 novembre 2003
http://www.blues-sur-seine.com
http://www.festiblues.com
(Jumelé avec le Festiblues de Montréal)
Photos de Mike Lécuyer
sauf Stringers in the night (Patrick Demathieu)
http://www.bluesfr.net
Notre mascotte relookée pour
l'occasion
COMPTES
RENDUS DE CONCERTS
Riverside Blues
/ Bob Walsh - La Nacelle - Aubergenville - 7 novembre
C'est ce soir que démarre officiellement
pour le public la 5ème édition de Blues-sur-Seine
et si le cortège des VIP et autres sommités du blues
a déjà l'air bien fatigué par les activités
des jours précédents, le public est bien en forme
et attend de pied ferme cette soirée d'ouverture. La Nacelle
est remplie aux trois quarts de sa capacité, ce qui constitue
déjà un exploit en soi quand on considère
que certains spectateurs ont demandé le remboursement de
leur billet suite à l'absence de Bob Walsh, opéré
en urgence deux jours plus tôt
Dommage car la défection
du maître de cérémonie allait donner lieu
à un spectacle quelque peu inattendu !
C'est Riverside Blues,
groupe lauréat de la Relève Festiblues de Montréal
2002 qui se charge de chauffer la salle et une chose est certaine,
les trois artistes n'auront aucun mal à nous rassasier
de leur vieux blues des années 30 qui emprunte le son et
l'ambiance au delta et nous délecte de ses clins d'il
permanents à leur modèle, Robert Johnson. Accolés
à la grosse voix rugueuse de Martin Goyette et à
son harmonica magique, les guitares acoustiques de Patrick Robert
et Tytus Zurawski n'ont cesse de nous promener sous le halo bleuté
qui surplombe la scène. Instants magiques que nous offrent
en général les groupes québécois,
Martin nous amuse de ses interventions où il accentue son
accent et insiste sur les adaptations faites à la langue
française pour lui donner les couleurs du Nord de l'Amérique
Riverside Blues nous offre quelques ''tunes'', salue copieusement
Robert Johnson au travers de " Me and the Devil Blues ",
" Stop Breakin' Down ", " Crossroads " et
tant d'autres, nous présente " Hard Times ",
composition personnelle du groupe qui rappelle quelque peu Clapton
et nous quitte après une heure d'un concert ponctué
par un rappel d'anthologie où le guitariste gaucher le
plus célèbre de la planète est revisité
en meddley et en acoustique au travers de ses plus grands morceaux
qui vont de " Hey Joe " à " Voodoo Child
" en passant bien entendu par l'incontournable " Purple
Haze ".
Pour compenser la défection de Bob
Walsh, il était prévu que Gaston Breton, ex-bassiste,
ami et également chanteur viendrait le remplacer au pied
levé
C'était sans compter sur la passion
de Martin Goyette pour Walsh, qui connaît par cur
le répertoire du bluesman Québécois et qui
proposait de venir lui aussi apporter son soutien au groupe !
Deux chanteurs donc, mais également une configuration originale
puisque c'est le quatuor à cordes Allard qui accompagne
les musiciens de ses violons, son alto et son violoncelle. Apportant
une touche harmonique, voire symphonique, et quelque peu cérébrale
au blues de Bob Walsh, les cordes n'empêchent en rien la
spontanéité du groupe et l'harmonica de Guy Bélanger
vient régulièrement en découdre avec les
ivoires de Jean-Fernand Girard. La première partie du spectacle
est marquée par une reprise de BB King, " The thrill
is gone ", revue et corrigée à la sauce Walsh
et par la cover du " Je voudrais être noir " de
Nino Ferrer, tandis que la seconde moitié du set voit l'arrivée
de neuf jeunes musiciens de l'Ecole Nationale de Musique de Mantes-la-Jolie
qui apportent, eux aussi, leur lot de violons, altos et autres
violoncelles pour en arriver à une imposante section de
cordes. Girard orchestre le tout et fait un clin d'il à
son ami Bob Walsh, chante " Ma Tune ", un des ses rares
titres en Français, et le concert s'achève, non
sans avoir proposé " Georgia on my mind ", "
St James Infirmery ", emprunté au traditionnel, et
un excellent " You're so beautyfull " sur lequel la
complicité entre Guy Bélanger et Martin Goyette,
qui ne se connaissent pourtant que depuis 48 heures, est particulièrement
palpable. Il y a fort à parier que ces deux là vont
très vite se retrouver quand ils rentreront à Montréal
Riverside Blues
En attendant, La Nacelle se vide. Les badauds
se plaisent à admirer les superbes clichés de François
Berton qui trônent aux murs. Il reste seize journées
avant que Blues-sur-Seine ne soit entièrement consommé.
Long is the road, et pourtant
Elmore D / Mighty Mo' Rodgers - Salle Jacques
Brel - Mantes la Ville - 8 novembre
C'est une Salle Jacques Brel convenablement
garnie qui accueille cette seconde soirée de Blues-sur-Seine
et Elmore D est chargé d'y ouvrir le bal. Chanteur et guitariste
particulièrement renommé dans sa Belgique natale,
Daniel Droixhe est accompagné par un groupe que l'on pourrait
qualifier d'Européen puisqu'on on y trouve un Allemand
aux claviers, un Flamand à la guitare et un Français
à la batterie. Adepte d'un blues acoustique des années
20/30, Elmore D pose son set sur des compositions de cette époque,
empruntées aux esclaves mais également à
l'occasion aux marins anglais et adaptées à la manière
wallonne
Il se retourne de temps en temps sur son deuxième
album, " Saturday Night Rub " et n'hésite pas
à nous livrer quelques plaisanteries. Musicalement, le
très bon blues roots d'Elmore D vire parfois à la
country music et on se plait de temps en temps à s'imaginer
dans un gigantesque saloon. Après une heure de concert,
les deux guitaristes reviennent pour un rappel en forme de blues
mélancolique dédié à leurs pères
puis sont rejoints par leurs deux acolytes pour un dernier morceau
plus envolé. Une excellente mise en bouche en attendant
le parrain de cette édition !
Elmore D
Mighty Mo' Rodgers est un grand bluesman et
si sa carrière solo est relativement récente, elle
est déjà émaillée d'un succès
non négligeable. Le programme du chanteur à la barbe
grisonnante est simple et se résume à donner le
maximum de plaisir aux gens sans rien en attendre en retour
Un show altruiste donc, où Mighty Mo' Rodgers charme de
ses claviers et de sa voix, mais surtout un show où il
laisse un espace énorme à ses musiciens, offrant
une liberté d'expression à ses guitaristes qui ne
se privent pas d'instaurer un dialogue entre leurs instruments.
Le phrasé musical est impeccable, soutenu par une section
rythmique brillante, et on se prend très vite à
adhérer à cette fusion afro-américaine où
se retrouvent gospel, influences roots, rhythm'n'blues et soul,
le tout servi avec un feeling et une classe indéniable.
En homme de cur qu'il est, Mighty Mo' Rodgers ne pouvait
se résoudre à ne pas laisser son empreinte indélébile
sur ce festival et c'est avec modestie qu'il présente une
toute nouvelle composition, créée pour l'occasion
et tout simplement intitulée " Blues Sur Seine ".
Le public exulte, les organisateurs ne cachent pas leur émotion
Vient ensuite le tour de la Chorale de Bonnières-sur-Seine
de prendre part à la fête en posant ses voix sur
trois morceaux et en surprenant l'assistance de ses quelques refrains
entonnés. " Blues is my rainbow ", " Prisoners
of War "
Installés en front de salle, les choristes
recueillent les applaudissements d'un public conquis. De son côté,
Martin Laviolette, du Festiblues de Montréal, nous fait
part de son étonnement de voir le public assis aux concerts
de blues en France et compare cet état de fait aux soirées
VIP données au Québec
Mighty Mo' Rodgers
reprend son prêche en solitaire et nous emmène dans
son esprit, peuplé de JFK dont il évoque l'assassinat
mais aussi d'Eminem qu'il présente comme le nouvel Elvis
Presley et de tant d'autres encore. Un " Picasso blue ",
une deuxième interprétation de " Blues Sur
Seine " et un " Chicago " repris en cur par
le public qui égrène ses lettres en mesure et les
cinq musiciens nous quittent, non sans avoir pris soin d'enfoncer
le clou au travers d'un final instrumental de folie ! Les lumières
se rallument, les gradins commencent à se vider et Mighty
Mo' Rodgers revient pour nous offrir un troisième service
de sa chanson hommage
Cette fois, la salle est debout et
se presse sur le devant de la scène. A la québécoise
! Tout le monde applaudit, chante, tape des mains
Le pari
est réussi, " Blues Sur Seine " est devenu un
hymne qui restera éternellement gravé dans le Mantois
!
Mighty Mo' Rodgers, parrain du Festival.
La nuit sera courte puisque c'est bien avant
que le poulet dominical ne soit digéré que l'ami
Mike Lecuyer nous convie au Tremplin National de demain où
s'affronteront, dans une joute musicale, les huit finalistes retenus.
Tout le monde attend ce moment avec impatience et après
les quelques saluts et remerciements traditionnels, la soirée
se termine. Du moins pour nous
Tremplin Blues-sur-Seine - CAC Georges
Brassens - Mantes la Jolie - 9 novembre
L'affiche signée
Titouan Lamazou, second parrain du Festival.
Heureuse
surprise que nous avait réservé le public puisqu'il
avait daigné abandonner son sacro-saint déjeuner
dominical pour venir se masser dès 14 heures dans le CAC
Georges Brassens et assister à la finale du tremplin national
Blues-sur-Seine coordonnée par Mike Lecuyer et présidée
par Mighty Mo' Rodgers en personne
Huit groupes, venus de divers horizons, devaient
en découdre pour se répartir les huit trophées
décernés
On commencera par évoquer
le grand perdant de la soirée, Anquetil Blues Band, venu
spécialement de Caen et reparti chez lui les mains vides
malgré une prestation de haute volée
Souvent
très proche de la victoire, le groupe normand aura raté
plusieurs fois d'un poil le titre suprême, le jury, dont
nous faisions partie, ayant sans doute préféré
donner une chance à des combos moins connus. En guise de
lot de consolation, et non des moindres, Marie Hernandez, membre
du jury impressionnée par la qualité de leur prestation,
décidera de les programmer à une prochaine Nuit
du Blues de Chaumont !
Pour les traiter dans leur ordre d'apparition,
on se souviendra que le trio Harpsliders est retourné dans
le Nord avec le Prix Blues Passions de Cognac en poche, que Djam
Deblouze a regagné le Sud pour y savourer son " Pastiche
de Marseille " avec les 1200 Euros du Prix de la Fondation
La Poste qui récompense les textes en Français ou
que les Parisiens de Big Brazos iront se produire lors du prochain
Festival de Cahors dans la catégorie acoustique. Grands
gagnants de la soirée, les Stringers In The Night remportent
non seulement le Prix du meilleur groupe acoustique mais également
le Prix Festiblues de Montréal
Gégé
et Arnaud, qui avaient déjà recueilli une standing
ovation pour leur prestation, ont eu beaucoup de mal à
cacher leur émotion à l'idée d'aller se produire
devant plus de 20000 personnes dans le parc Ahuntsic pour l'édition
2004 du festival québécois
Malek et son Little
Big Band rentrent dans le 9.3 avec le Prix du meilleur groupe
électrique, les Valdoisiens de Bluesy Train empochent les
600 Euros du Prix de la Sacem et pour terminer, ce sont Stincky
Lou & the Goon Mat qui iront représenter Lille au prochain
Festival de Cahors dans la catégorie électrique
Stringers In The Night, grands vainqueurs
du Tremplin.
Que dire de plus, si ce n'est que pendant
les délibération, tout ce petit monde se retrouvait
sur la scène du CAC pour une jam bien appréciée
et qu'après une collation fort bienvenue, ce sont bon nombre
d'artistes et de membres du jury qui se lançaient dans
un gigantesque buf qui allait durer jusque tard dans la
soirée
Parmi les artistes présents, on reconnaissait
Lil' Mama Heather Hardy qui arrivait tout juste de New York, les
Riverside Blues, Guy Bélanger, Elmore D et tant d'autres
encore
La journée fut excellente et laisse augurer,
si on tient compte du niveau des concurrents, d'un avenir lumineux
pour le blues français ! A bon entendeur
Derrin Nauendorf / Blues and Trouble -
Salle Municipale - Buchelay - 10 novembre
Blues-sur-Seine fait escale ce soir à
Buchelay, dans une salle gonflée à bloc, et vient
nous présenter deux extraterrestres réunis sous
le patronyme de leur chanteur et guitariste, Derrin Nauendorf.
Venus d'Australie, Derrin et David Downing, son batteur, vont
s'acharner à malmener une assistance qui succombe à
leurs assauts dès le premier morceau. Une touche de sonorités
tribales, due au fait que David évolue avec des mailloches,
une grosse dose de folk puisée dans les influences Dylan
de Derrin, un petit cachet qui rappelle l'Irlande profonde, un
sens inné du break, un phrasé guitaristique qui
emprunte tour à tour à Knopfler, Santana ou Hendrix
Telle est la recette du country blues atmosphérique
que nous délivrent les deux jeunes gens. Passant dans le
même morceau des tempos les plus posés aux déluges
les plus furieux, Nauendorf use avec parcimonie de sa voix, superbe
au demeurant, pour laisser libre cours à la musique et
à l'imagination du public. Ce dernier se méprend
régulièrement, applaudissant en plein milieu de
morceau ou sur chaque baisse de rythme
Souvent surprenante,
toujours poignante, la musique proposée par Derrin et Dave
est d'une rare intensité et d'une conception originale.
Ce n'est pas Martin Laviolette, qui les a d'ores et déjà
repérés et invités au prochain Festiblues
de Montréal, qui viendra nous contredire. Pour finir de
nous achever, il nous sera proposé un magique medley où
les titres de Jimmy Hendrix seront si intelligemment interprétés
que l'on en regrettera presque que le Voodoo Child ne se soit
pas essayé en son temps au flamenco ! Ces deux Australiens
sont tellement captivants et charmeurs que l'on en serait presque
gêné de devoir battre leur équipe en finale
de l'actuelle Coupe du Monde de Rugby si l'occasion se présente
C'est au tour des élèves de
l'Ecole Pierre Larousse de Buchelay de venir restituer les initiations
à l'harmonica et au gospel qui leur ont été
proposées pendant six semaines par Greg Szlapczynski et
Sébastien Charlier pour l'instrument et par Anouch Adjarian
et Muriel Suissa pour la voix. On rappelle au passage que Muriel
est stagiaire dans l'équipe de Blues-sur-Seine et également
professeur de chant
Les classes de CM2 et de CM1/CE2 de
Madame Venuat et de Monsieur Massaloux se sont prêtées
au jeu et nous ont offert tour à tour quelques agréables
moments ponctués d'un amusant " Santiano " chanté
et joué par les jeunes harmonicistes ou d'un vibrant "
J'ai vu New York " entonné par les apprentis chanteurs
Un moment fort pour les familles de tous ces jeunes disciples
!
Il est temps pour Blues and Trouble de venir
relever le défi posé par les bondissants Australiens
en essayant de passer la barre qui a, ce soir, été
posée très haut
Gladys Amoros, chanteuse
au timbre large et au coffre surprenant, emmène un groupe
impressionnant d'efficacité dans un registre où
se croisent et s'entrechoquent gospel, swing, jazz, blues, boogie
et un peu de funk. Le résultat est à la hauteur
de nos attentes et s'avère être une musique pleine
de groove, faite avec les tripes et le cur mais aussi avec
beaucoup de matière grise et de talent ! En près
d'une heure et demie, Blues and Trouble nous conduira en terres
connues, de negro spiritual en boogie woogie ou de rhythm'n'blues
en rock, et ne manquera pas de rendre hommage aux femmes talentueuses
que sont Liz Mc Comb ou Maria Jackson dans un show qui emprunte
par moments à James Brown. En bon performer, Gladys s'essaiera
a capela dans l'allée centrale de la salle, soutenue sur
le final par ses musiciens qui se lancent dans des démonstrations
individuelles de leur maestria avant que Blues and Trouble ne
quitte une première fois la scène. La salle en redemande
et si les plus polis ont attendu que le groupe s'éclipse
pour quitter les lieux, c'est un parterre de passionnés
qui va se retrouver debout pour un rappel où les plus démonstratifs
vont se lancer dans des démonstrations de leurs talents
de danseur de madison
Un grand moment !
A l'heure de se quitter, la question se pose
de savoir s'il est judicieux d'inviter les enfants à ce
genre de spectacle. S'il est vrai qu'il est difficile de tenir
en place un groupe conséquent de jeunes de huit à
douze ans dans ce genre de soirée et que certaines attitudes
dissipées peuvent être préjudiciables à
une écoute religieuse et passionnée du blues, il
faut toutefois rappeler que ce même blues se veut populaire
et humain et qu'il n'y a pas d'age pour y goûter et pas
de manière académique de l'appréhender. Certains
se sont plaint de la gêne occasionnée par les enfants
Ce sont ceux-là même qui venaient s'enquérir
auprès de nous de quelques informations, contenues d'ailleurs
dans les programmes, pendant la restitution des élèves
de l'Ecole Pierre Larousse ! Qui a manqué de respect à
qui ? Qui a manqué de tact ? On peut se le demander parfois
Après avoir salué une dernière
fois l'équipe du Festiblues qui nous quitte demain pour
regagner Montréal, il est temps de quitter nos hôtes
en se disant quand même que l'ami Jean Guillermo a eu le
nez creux quand il a repéré Derrin Nauendorf dans
un bar de Beauvais pendant Blues Autour Du Zinc ainsi que Blues
and Trouble sur le Boulevard du Blues de Cahors à l'été
2003. Cela lui a permis de nous proposer une merveilleuse soirée
Qu'il en soit remercié !
Boubacar Traoré - Le Chaplin - Mantes
la Jolie - 11 novembre
C'est à un horaire quelque peu inhabituel,
en tout début d'après-midi, que Blues-sur-Seine
nous convie à un concert que beaucoup ont inscrit sur leurs
tablettes tant l'homme qui se produit est captivant et tant le
tarif proposé est alléchant. 5 Euros pour aller
voir Boubacar Traoré, il y a longtemps que l'on avait pas
vu ça ! Le public a donc répondu présent
et c'est une salle gonflée à bloc qui nous accueille
en ce jour traditionnellement dévolu aux commémorations
Boubacar Traoré fut une idole populaire
dans son Mali natal et sur toute la cote ouest de l'Afrique dans
les années 60. Il alterna ensuite les petits boulots, tel
marchand de lingerie sur les marchés, avant d'être
redécouvert dans les eighties puis de sortir deux albums
à la fin des années 90 avec comme ambition avouée
de rendre au blues ses racines africaines.
Boubakar Traoré.
C'est au sein de la plus grande communauté
malienne que Kar Kar se produit cet après-midi et on ne
peut que regretter que ses compatriotes n'aient pas été
plus nombreux à faire le déplacement pour l'accueillir.
En effet, la salle manque cruellement de couleur aujourd'hui
Le concert s'amorce sur des notes sensuelles et enchanteresses
mais tarde à prendre réellement sa véritable
dimension. Peu souriant sur scène, Traoré a du mal
à faire passer son discours musical auprès du plus
grand nombre. On regrette un peu l'absence d'interventions entre
les titres, qui s'imbriquent mécaniquement les uns aux
autres, magnifiés par le jeu de calebasse subtil de Sidika
Camara. Après trente minutes de concert, l'assistance se
déride tout de même un peu et les premiers youyous
fusent de part et d'autres. La température, qui était
déjà insoutenable, monte encore de quelques degrés.
Malheureusement, la pression retombera très vite et nous
assisterons à un concert qui, bien que parfait sur le plan
technique, ne parviendra pas à libérer cette petite
étincelle, cette pointe de magie noire qui aurait été
la bienvenue. Dommage
Avant de nous quitter, nous assistons à
la prestation des élèves de la " 5ème
Rouge " de l'Ecole Notre Dame de Mantes-la-Jolie qui restituent
les cours de gospel qui leur ont été prodigués
par les deux divas chargées de cet enseignement dans le
cadre de Blues-sur-Seine
Belle prestation !
Il est temps de rejoindre le QG du festival
où l'on peaufine les prochaines feuilles de route
Le programme va s'étoffer un peu plus encore et les concerts
vont bientôt être de plus en plus nombreux. Ce soir,
c'est relâche ! Un peu de repos nous fera le plus grand
bien avant le grand rush
Derrin Nauendorf - Le Gallia - Buchelay
- 12 novembre
Un petit détour par le Festival Off,
baptisé Bars en Seine, pour aller assister à la
prestation donnée par Derrin Nauendorf au café tabac
Le Gallia de Buchelay. S'étant déjà illustré
dans le village deux jours plus tôt, les Australiens ont
réussi à faire le plein en attirant une foule impressionnante
dans l'espace exigu qui leur était réservé.
Ambiance " Brèves de comptoir " donc, pour une
soirée chargé en émotion où Derrin
et David, véritables 2Be3, ou plus exactement 2Be2 du blues,
s'efforceront de conquérir un public à grands renfort
de leurs charisme, de leurs propres créations mais également
avec quelques morceaux empruntés à Tom Waits, Kurt
Russel, Jimmy Hendrix ou Bob Dylan
Se plaisant à
rappeler que " Papa was a rolling stone ", Derrin excelle
dans un jeu qui fait appel à différents accordages.
Un brin percussionniste, il s'exprime sur la caisse de son instrument
pour compléter les brillantes interventions d'un David
Downing particulièrement en forme qui évolue pieds
nus et offre à son public des gimmicks franchement amusants.
Les quelques têtes blondes restées dans le bar bondé
et enfumé ne sont pas prêtes d'oublier cet instant
de pure magie, d'autant que pour parachever le tout, Derrin invite
Lil'Mama Heather Hardy, violoniste émérite, à
le rejoindre pour un final endiablé où leurs instruments
dialoguent entre eux dans la plus pure tradition de ces jams dont
nous raffolons tous ! Un grand moment qui ne laissera personne
sur sa faim à en juger par le résultat des ventes
d'albums prises en main par la tenancière des lieux qui
semblait particulièrement ravie de cette soirée
Lil'Mama Heather Hardy - Forum Armand Peugeot
- Poissy - 13 novembre
Etape inédite pour ce concert puisque
la superbe salle de 800 places qui accueille Lil'Mama ce soir
est habituellement dévolue aux réunions ou aux présentations
du groupe PSA Peugeot Citroën, partenaire de Blues-sur-Seine.
Ce sont donc les New Yorkais qui auront la chance de donner le
premier spectacle musical dans ces lieux aux couleurs chaudes
et à l'atmosphère feutrée ! Après
une description de la soirée par nos hôtes, Lil'Mama
investit tranquillement la scène, présente ses musiciens
en entame son set. Les spectateurs, pour la plupart novices, se
demandent encore à quelle sauce ils vont être mangés
Deux premiers titres, avec beaucoup de blues et peu de
violon, les mettent tranquillement en confiance. Place au jazz
avec " Summertime ", le légendaire morceau emprunté
à l'opéra " Porgy and Bess " composé
en 1935, deux ans avant sa mort, par Georges Gershwin. L'affaire
est dans le sac, le public, même s'il reste religieusement
attentif, est dans son ensemble conquis. Il ne reste plus à
Heather qu'à dérouler un répertoire qui pioche
dans ses deux albums, " Violins " et " I Believe
", mais qui dérive également de temps à
autres vers Hendrix ou vers le traditionnel. On retiendra le vibrant
hommage rendu à Jacob Edward Hardy, le fils de la talentueuse
violoniste qui lui a écrit spécialement un morceau,
mais également celui rendu à Jean Guillermo, père
du festival, au travers du légendaire " Amazing Grace
", un vieux spiritual connu de tous
Après avoir
essayé en vain de faire bouger la salle avec ses boogies
et autres rhythm'n'blues, Lil'Mama se contente de la séduire
avec quelques blues ballads, aidée dans sa tache par un
Jon Diamond particulièrement efficace à la guitare
mais également par l'excellent Marc Gianmarrio à
la batterie et Dave Likhtiger à la basse. Encore quelques
facéties, dont la présentation de " Traffic
Violation " faite en Franglais, quelques démonstrations
personnelles de chacun et un rappel de deux titres dont le superbe
" I Believe " et l'héroïne de la soirée
nous quitte, non sans avoir reçu son lot d'applaudissements
après plus de deux heures d'un concert généreux
à souhait.
Dans le hall, la foule attend Heather Hardy
pour une séance de dédicaces à laquelle elle
se prête de bon cur, non pas d'une façon mécanique
mais plutôt en y mettant la forme, en s'attardant avec son
public et en prenant soin d'adresser à chacun un petit
mot personnel. Elle écoute, répond et remercie selon
les invectives de chacun prouvant une fois de plus qu'elle ne
se contente pas d'être une grande artiste mais qu'elle est
aussi et surtout une grande dame
Bravo !
Hoodoomen - Lil'Mama Heather Hardy - Salle
Municipale - Limay - 14 novembre
Limay accueille traditionnellement les soirées
les plus chaudes de Blues-sur-Seine et compte tenu du plateau
proposé, on est en droit de penser que la tradition sera
une fois de plus respectée cette année
A
deux kilomètres de là, Gospel Dream et les Chorales
du Val de Seine se produisent dans la féerique Collégiale
de Mantes la Jolie, sur aînée de Notre Dame
de Paris à qui elle servit de modèle en des temps
éloignés. La douzaine de choristes qui compose l'ensemble
vocal, issue de lieux réputés de la culture gospel,
y proposera un florilège des chants d'émancipation
du peuple noir soumis à l'esclavage et fera vibrer le millier
de personnes réunies dans ce saint lieu de la banlieue
parisienne. Accompagnés de près de cent vingt choristes
régionaux, Gospel Dream proposera un concert, une messe
pourrait on presque dire, certes un peu moins vivante que les
superbes gospels de Louisiane, mais fort agréable à
l'ouie !
Gospel Dream.
La soirée de Limay débute par
la restitution des leçons d'harmonica prodiguées
dans les classes de CM2 de l'Ecole Ferdinand Buisson. Accompagnés
de Nicolas Espinasse à la guitare et de Sébastien
Charlier à l'harmonica, les élèves de Madame
Rocher et de Monsieur Huguet nous présenteront les deux
morceaux qu'ils ont eu la chance d'étudier pendant ces
six semaines d'initiation à la pratique de l'instrument
Le résultat est surprenant !
Hoodoomen / Lil' Mama Heather Hardi &
Jean-Louis Mahjun.
Place aux Hoodoomen, groupe caennais vainqueur
du Prix Blues Electrique et du Prix Festiblues au Tremplin Blues-sur-Seine
2002. Emmenés par la section rythmique des frères
Marie, Bernard à la basse et le souriant Francis à
la batterie, les Hoodoomen articulent leur set sur leurs compositions
personnelles autant que sur les quelques reprises qu'ils interprètent
avec talent. Entre boogies effrénés, rythmes plus
introvertis et gros blues qui tache, l'harmonica et la voix rocailleuse
de Philippe Brière font mouche à chacune de leurs
interventions et magnifient le jeu de guitare méticuleux
de Pascal Fouquet et le toucher de claviers de Fabien Saussaye.
De blues New Orleans en Chicago blues, les Hoodoomen se feront
un plaisir de nous offrir une grosse heure de très bonne
musique où l'on aura tout le loisir d'apprécier
les énormes " Like a coyote ", " Shake it
" ou " Further on up the road " mais également
un excellent " Mama Mojo " pendant lequel le groupe
s'offrira un petit déambulatoire dans le public avec caisse
claire, tambourin, cloche, tom et autres washboard venues de Santo
Domingo. Les enfants, conquis, les suivront tout au long de leur
périple dans la salle et la plus téméraire
d'entre eux, armée d'un tambourin, les accompagnera même
spontanément sur scène d'où elle ne redescendra
qu'à la fin du concert qui sera marquée par d'impressionnants
soli individuels sur l'épilogue de " Oh ! Louise ".
Pour son dernier concert à Blues-sur-Seine,
Lil'Mama Heather Hardy se devait de marquer les lieux autant que
les esprits et c'est ce qu'elle s'efforcera de faire dès
le début d'un show qui laissera beaucoup plus de place
à son violon que celui de la veille. Après une première
demi-heure passée avec " Devil in your eyes ",
" Freak for pain " ou " Reach out ", Lil'Mama
nous offre une première surprise en invitant l'immense
Jean-Louis Mahjun à la rejoindre sur scène ! Instant
intense où les deux violonistes se parlent au travers de
leurs instruments, dont ils usent parfois comme d'une guitare
; saine émulation qui conduit chacun à donner le
meilleur de lui-même, non pour écraser l'autre bien
entendu, mais simplement pour en donner le plus possible à
un public qui apprécie et qui le fait savoir
La
suite du spectacle ne sera que purs instants de bonheur et nous
conduira de blues rock en jazz et de ballades en titres un peu
plus funk sans oublier bien entendu la poignante " Jacob's
song " que la violoniste adressera spirituellement à
son jeune fils de sept ans
Et comme souvent dans les grands
moments, tout cela finira par déraper et par tourner en
une jam session où se retrouveront sur scène les
Hoodoomen, Jean-Louis Mahjun mais aussi Philippe Stasiak à
la trompette pour un rappel de deux titres dont " Help Me
" de Sonny Boy Williamson qui n'aura d'autre effet que celui
de déclencher une standing ovation amplement méritée.
Si Freddy Mercury vivait encore dans notre Univers-Sale, il aurait
certainement conclu en lançant un sincère "
It's a kind of magic "
Il m'ôte les mots de
la bouche !
SM 58 - Friche André Malraux - Mantes
la Jolie - 15 novembre
Particulièrement original, l'art du
slam est né à Chicago dans les années 80.
Sorte de spoken words ou de joute oratoire, il consiste en une
déclamation où l'art de la parole est roi. Proche
du rap, le spectacle proposé par le collectif SM 58, dont
on supposera que le nom est un clin d'il aux célèbres
micros Shure, est un enchaînement de déclamations
où chacun des trois intervenants se lance à tour
de rôle dans la présentation de son speech en un
flot impressionnant de mots qu'il connaît sur le bout des
doigts. Le caractère se veut politique mais également
social et si le langage utilisé peut sembler quelque peu
cru, le résultat est d'une subtilité époustouflante.
Nada, se lancera même dans un superbe blues parlé
qui ravira les amateurs et donnera même quelques idées
à certains
Après un show qui durera environ
une heure, D' de Kabal, Nada et Félix Jousserand céderont
la place aux participants des ateliers de slam qui se lanceront
eux aussi dans une démonstration, mais aussi à quelques
jeunes danseurs de hip hop aux interventions remarquables.
SM 58
Scottland - CAC Georges Brassens - Mantes
la Jolie - 15 novembre
La programmation de ce soir est relativement
originale puisque Scottland n'est ni plus ni moins un tribute
band au mythique groupe australien AC/DC qui, il est bon de le
rappeler, est avant tout un combo de boogie rock musclé
ou de power blues selon l'expression que chacun choisira. Présence
surprenante donc, mais justifiée pour ce groupe lillois
bourré de talent qui espace ses apparitions scéniques
pour garder intacte l'envie et le plaisir de jouer et qui fait
montre d'un professionnalisme digne de celui de ses modèles
à leurs débuts.
Scottland
En attendant l'entrée en scène
de Scottland, le Café Concert Luther Allison, malheureusement
peu garni, distille les notes de " Répression ",
le plus célèbre des albums de Trust
Le ton
est donné et Eric Fermentel, leader et chanteur du groupe,
arrive bientôt accompagné d'une paire de guitaristes
surpuissants et d'une section rythmique fort adéquate.
Le charme opère et si le public reste un moment massé
en fond de salle, Eric parviendra très rapidement à
l'attirer devant la scène et à convaincre les plus
vaillants de s'agiter quelque peu ! Le CAC Georges Brassens résonne
ce soir des accords minimalistes des frères Young et des
paroles de feu Bon Scott, chanteur hors normes mais également
homme de cur. De " Rock'n'roll Damnation " à
" Highway to Hell " en passant par " Sin City ",
" Whole Lotta Rosie " ou " The Jack ", Scottland
parviendra à faire revivre pendant deux heures l'âme
du frontman de ce qui restera à tout jamais un des plus
grands groupes de rock de tous les temps. Clin d'il au festival,
le groupe jouera même pour la toute première fois
sur scène le célèbre blues " Ride On
" qui, pour l'anecdote, restera le dernier morceau sur lequel
Bon Scott ait chanté au cours d'une mémorable jam
session dans un studio londonien avec Trust, deux jours avant
son décès
Martin Duhamel Blues Band / Candye Kane
- La Nacelle - Aubergenville - 15 novembre
La Nacelle accueille ce soir la plantureuse
Candye Kane et le talentueux Martin Duhamel Blues Band, gagnant
de la Relève Festiblues de Montréal 2003, qui aura
le plaisir de présenter à une salle comble ses compositions
personnelles qui ne manquent pas de talent au cours d'une prestation
qui, si elle pêche un peu par manque d'expérience,
démontrera tout le potentiel intrinsèque du groupe.
Avec un registre qui tire essentiellement vers le Chicago Blues,
le combo conduit par Martin Duhamel à la guitare et au
chant, secondé de Patrick Dorval à la guitare ou
du jeune Gabriel Asseliein à la basse, proposera un trop
court instant de musique inventive qui se terminera par un superbe
instrumental joué en solitaire et à la guitare électroacoustique
par Martin Duhamel lui-même. Le rappel, très logiquement
réclamé, sera l'occasion d'entendre " Before
you accuse me " dans une version qui rappelle quelque peu
celle de Clapton.
Martin Duhamel Blues Band.
Place à Candye Kane, où du moins
à son groupe, qui débute le concert par deux morceaux
sans la diva, chantés par le génial guitariste Kyle
Jesler, avant que celle-ci n'entre enfin en scène pour
venir prendre part aux énormes boogies qui nous sont proposés.
Après un dernier ajustement du son qui est particulièrement
correct dans une salle à l'acoustique traditionnellement
médiocre, Candye se lance dans un show dévastateur
où elle se plait à jouer sans aucun complexe de
son physique et de ses attributs mammaires particulièrement
proéminents. Dotée d'une voix exceptionnelle, elle
nous propose des blues teintés de jazz et de country mais
également des titres aux intonations qui ne manquent pas
d'évoquer le scat.
Candye Kane.
Très théâtral, le spectacle
ne nous épargne pas les facéties de l'imposante
chanteuse qui sort tour à tour de son corset un stylo,
une banane et une poire avant de finir par y trouver son dernier
album qu'elle ne manquera pas de bien vouloir dédicacer
à la fin du concert. Particulièrement communicative,
Candye use de la provocation avec un don certain mais ne manque
pas de sérieux quand elle évoque son passé
de barmaid, d'opératrice ou même de strip-teaseuse
ou quand elle parle de la jeunesse et de l'éducation de
son fils, assis derrière la batterie
On se quittera
une première fois sur un énorme " All you can
eat, you can eat it all night long " repris par le public
qui lance de vibrants " Manger toute la nuit " avant
que Jean Guillermo ne vienne offrir un bouquet de fleurs à
la chanteuse qui fêtait son anniversaire deux jours plus
tôt et que cette dernière ne se lance dans un duo
digne d'un saloon avec Smedley B, son pianiste, puis dans un dernier
boogie avec le groupe au grand complet. La standing ovation spontanée
conduira Candye Kane à venir nous interpréter un
ultime morceau de Led Zeppelin, le magnifique " Whole Lotta
Love " qui sert de titre à son dernier album et qui
sera le plus bel épitaphe qui puisse être donné
à un concert qui restera gravé dans toutes les mémoires
Un superbe moment !
Fruteland Jackson / Gospel Feel - Eglise
St Pierre - Les Mureaux - 16 novembre
Blues-sur-Seine a choisi de nous convier en
cette fin d'après-midi à l'Eglise St Pierre des
Mureaux pour nous faire profiter d'un événement
particulier puisque c'est Fruteland Jackson qui ouvre le bal avec
une conférence musicale autour du blues qui va permettre
aux néophytes d'appréhender un peu mieux les différents
courants qui le composent. C'est devant une nef pratiquement complète
que le bluesman de Chicago commence ses explications, citant,
démonstration à l'appui, les trois courants majeurs
à l'origine du genre. On démarre par les chants
solitaires des champs de coton pour poursuivre par les chants
collectifs de travail, rythmés par le bruit des outils,
et pour en arriver aux chants religieux. Fruteland Jackson nous
présente ensuite le blues sous ses divers aspects qui vont
du country blues au Chicago blues en passant bien évidemment
par le delta
Pour asseoir son discours, il nous interprète
au passage une des premières uvres de blues recensées.
En une cinquantaine de minutes, l'Afro-américain parviendra
à éclairer notre lanterne et à susciter quelques
passions auprès d'un public particulièrement attentif
à ses explications.
C'est maintenant au tour de l'atelier gospel
du Centre des Arts des Mureaux de prendre place autour de Régine
et Denis Lapassion pour nous présenter le travail accompli
au cours des deux jours de master class qui leur ont été
proposés. Rappelant quelque peu la Cène, le tableau
réunit treize choristes en toges jaunes aux côtés
de leurs deux formateurs et nous délivre deux morceaux
qui s'avèrent être une prière d'une part et
d'autre part un chant de liesse et d'espoir qui annonce de par
les montagnes la naissance de l'enfant Jésus
Place enfin à Gospel Feel, qui s'articule
autour du piano de Denis Lapassion et des voix de Didier Querin,
Myriam Candé, Edna Renard et Régine Lapassion. Travaillant
sur des registres qui vont du ténor au soprano, le quatuor
vocal entonne un splendide " When the Saints go marching
in " avant de dérouler son lot de standards allant
de " Amazing Grace " à " Glory Alléluia
" en passant par un " Down by the Riverside " puisé
dans le negro spiritual et adapté pour le gospel. De manière
très théâtrale, Gospel Feel fait vivre son
spectacle en utilisant tout à tour chacun de ses chanteurs
pour mettre en valeur les morceaux selon leurs couleurs musicales
respectives et pour haranguer un public qui, s'il s'avérait
un peu coincé au début du spectacle, participera
au final aux diverses chaînes d'amour et autres manifestations
de joie spontanées. Après une heure d'une prestation
remarquable, Gospel Feel invitera les choristes de la master class
à les rejoindre sur deux titres, dont un " Swing low,
sweet chariot " quelque peu déplacé en ce jour
où l'équipe de France essuyait une plate défaite
en Coupe du Monde de Rugby face aux Anglais et un " Yeah
men " impeccablement interprété devant un public
debout et frappant des mains en semblant ne plus jamais vouloir
s'arrêter. Après les quelques remerciements d'usage,
Gospel Feel recevait un tonnerre d'applaudissements bien mérité
et s'en retournait dans la sacristie transformée pour l'occasion
en loges
Mr Boogie Woogie - Irish Corner - Cergy
- 17 novembre
Ambiance surnaturelle pour cette soirée
qui se déroule au beau milieu de nulle part, dans un pub
irlandais qui ne débite pas de Guinness à la pinte
et sur la dalle d'un centre commercial entouré de bureaux
et d'administrations, totalement désert à cette
heure tardive. Après avoir cherché un moment l'Irish
Corner, nous y pénétrons et une nouvelle surprise
nous attend
Blues-sur-Seine est loin de ses terres naturelles
et compte tenu de l'absence totale d'affichage dans l'établissement
et aux alentours, il n'y a sur place que quelques bénévoles,
le staff du festival et une poigné de jeunes spectateurs.
Arrivés en force avec Jean Guillermo, Egidio 'Juke' Ingala,
ses musiciens et Jean-Philippe Kaufmann, nous garnissons quelque
peu l'espace qui nous est proposé
Eric-Jan Overbeek est assis depuis peu au
piano, son Firesweep Bluesband à ses côtés,
et envoie son légendaire boogie woogie avec une dextérité
impressionnante. En toile de fond, on assiste au Top Tubes de
MCM2 et on s'amuse de voir les Bangles, The Verve, Paul Simon,
Indochine ou Noir Désir se trémousser en dehors
du rythme sur les notes distillées par Mr Boogie Woogie.
D'aucuns remarqueront le petit coté cartoon qui se dégage
du tableau. Tels des Aristochats qui joueraient devant un poste
de télévision, le Firesweep Bluesband se produit
spontanément ! Entré totalement dans son concert,
le groupe ne démérite pas et assure comme il se
doit, envoyant aussi bien rhythm'n'blues que jazz ou rock devant
un public d'aficionados qui, s'il n'est pas en nombre conséquent,
apprécie à sa juste valeur la prestation du Hollandais
qui nous offre quatre vingt dix minutes d'un show fabuleux, là
où d'autres auraient rendu leur tablier bien avant compte
tenu des conditions
Mr Boogie Woogie nous aura ainsi fait
l'honneur de nous offrir un concert privé. Après
tout, ce n'est déjà pas si mal !
Back to the Roots - Egidio 'Juke' Ingala
- Salle Municipale - Mézières-sur-Seine - 18 novembre
S'il est une soirée qui nous confronte
à un choix cornélien, c'est bien de celle là
dont il s'agit ! Simultanément se produisent Mr Boogie
Woogie chez Emmaüs, Back to the Roots et Egidio 'Juke' Ingala
à Mézières, mais également la fabuleuse
pièce de théâtre " 501 Blues " dans
laquelle les petites mains de l'usine Levi's de La Bassée
prennent une revanche sur l'histoire en retraçant sur scène
leurs mésaventures passées et la mort de leur usine.
Quand les mains bleues deviennent artistes, le ton sonne juste
et la performance est authentique
La pièce de théâtre
501 Blues.
L'alternative est simple puisque pour avoir
vu Overbeek la veille, nous choisissons le concert de Mézières-sur-Seine
en nous promettant d'aller voir la pièce de théâtre
dès son prochain passage dans la région. Les Back
to the Roots ont enchaîné les soucis techniques et
après la défection de Christophe, harmoniciste attitré
du groupe, ils doivent résoudre d'insolubles problèmes
de circulation qui ne leur permettront d'arriver dans la salle
qu'en même temps que leur public
Une balance faite
à l'arrachée couronne le tout et le combo de Lens
peut s'atteler à l'heure dite à son set. Homme à
tout faire, Alain Augustyniak nous offre quelques prouesses comme
celle de se produire sans micro ou encore celle d'arpenter la
salle en invectivant le public
Le son est exceptionnellement
bon et Dominique Grebert nous fait quelques jolies démonstrations
de son talent au dobro. Le blues traditionnel des petits gars
du Nord enchante l'assistance et si Back to the Roots pioche allègrement
dans " 16 Blues ", son album autoproduit, il n'en néglige
pas pour autant les standards et nous propose quelques "
Down by the Riverside ", " Before you accuse me ",
" Honky Tonk Woman ", " Hey, Hey Baby " de
Big Bill Broonzy mais également le légendaire "
That's Alright Mama " d'Arthur Big Boy Crudup immortalisé
par le non moins légendaire Elvis Presley
En une
heure de concert, Back to the Roots a réussi à convaincre
un public qui n'était pas forcément le sien. Magnifique
!
Place maintenant au traditionnel défilé
des enfants avec L'Ecole de La Villeneuve et la classe de CE2
de Monsieur Massy à l'harmonica, emmenée par un
Greg Szlapcynski en grande forme qui leur fait interpréter
deux titres dont un vibrant " Le lion est mort ce soir "
puis à Anouch Adjarian qui nous présente la classe
de CE1 de Madame Gambach de l'Ecole Les Tilleuls au travers de
deux chants qui ne sont autres que le superbe " J'ai vu New
York " et une chanson des îles interprétée
en Créole. Les parents apprécient à leur
juste valeur les démonstrations de ce qu'il est possible
d'inculquer à de jeunes enfants en peu de temps
Egidio 'Juke' Ingala.
Il est 22 heures quand Egidio 'Juke' Ingala
et ses trois compères investissent la scène au son
de leur excellent blues mâtiné de swing et de boogie.
Accompagné de l'impressionnant Alberto 'Blueyes' Colombo
à la guitare, de Billy Billiani à la basse et de
Gio Rossi à la batterie, Egidio brille à l'harmonica
mais également au chant. Charismatique à souhait,
le leader use de son Milanese fighting spirit pour délivrer
un set où se rencontrent technique et feeling. Il nous
propose un détour par le blues de Chicago mais aussi par
le Mississipi et nous présente quelques morceaux empruntés
à Guitar Slim, Little Walter ou William Clarke avec la
même maestria que ses propres compositions. Un petit passage
par le blues des fifties et par les pionniers du genre et Egidio
et consorts entament un gros boogie bien musclé puis des
démonstrations individuelles avant de nous quitter une
première fois. A la demande générale d'une
salle qui s'est malheureusement évaporée après
la prestation des écoles, les Italiens reviennent pour
un ultime morceau qui réunira tout le monde devant la scène.
Egidio 'Juke' Ingala a réussi à nous offrir une
heure et demie de pur bonheur et un concert bourré de réalisme
et d'ingéniosité qu'il ne fallait absolument pas
manquer !
Aubade de Limay - CAC Georges Brassens
- Mantes la Jolie - 19 novembre
Soirée soft puisque ce sont aujourd'hui
les apprentis musiciens de l'Ecole de Musique de Limay qui se
lancent dans la pratique collective du jazz et du blues et qui
viennent nous demander d'être les témoins privilégiés
du résultat de leurs ateliers d'initiation. Initialement
prévue à leurs côtés, l'Ecole de Musique
de Magnanville aura du déclarer forfait à la dernière
minute pour cause de maladie de la plupart de ses membres
Si la soirée tarde quelque peu à
démarrer, c'est en raison de l'arrivée tardive de
Greg Szlapcynski qui s'est retrouvé coincé dans
le train de banlieue qui l'amenait à Mantes-la-Jolie
A peine arrivé, il regroupe ses ouailles et monte sur scène,
lançant au pied levé la soirée
Ce
sont les élèves de Madame Carré et de Monsieur
Lessicard de l'Ecole Paul Bert qui sont appelés ce soir
à restituer les cours d'harmonica et de chant qui leur
ont été prodigués. Si les harmonicistes en
herbe en restent aux deux démonstrations habituelles, les
jeunes chanteurs conduits par Anouch Adjarian viennent ajouter
à leur répertoire un chant venu des champs de coton.
Conquise, la salle remerciera à sa manière les enfants
mais également les deux intervenants
Composé de musiciens âgés
de 10 à 23 ans, le groupe qui se produit devant nous aborde
sans aucun doute sa première expérience scénique,
du moins sous cette forme. La formation est conséquente
et regroupe deux claviers, deux saxophones, une trompette, une
guitare, une basse et une batterie. Les réglages, quelque
peu délicats dans une salle pas vraiment adaptée
à ce genre d'exercice, ne sont pas tout à fait au
point et c'est sous un déluge de basses que débute
la représentation. Vite résolu, le problème
de son se fait moins oppressant et les jeunes gens peuvent se
lancer dans un répertoire qui n'est pas sans faire penser
aux Blues Brothers
Majoritairement instrumental, le concert
de ce soir nous offrira toutefois deux titres chantés,
dont le splendide " Sweet Home Chicago " qui ne pèchera
que par un solo de guitare un peu sommaire. La demi-heure de concert
qui nous a été offerte aura surtout permis de constater
la qualité des cours prodigués par les écoles
de musique locales et notre seul petit regret résidera
sans doute dans le fait que les élèves aient été
trop rivés derrière leurs partitions alors que la
spontanéité est quand même une des composantes
du blues
Compte tenu de leur jeunesse et de leur manque
d'expérience, on ne pourra pas leur reprocher quoi que
ce soit et on se contentera de les encourager dans leur démarche
d'apprentissage !
Chicago Blues Festival - Espace Corot -
Rosny-sur-Seine - 20 novembre
Blues-sur-Seine tire à sa fin puisque
nous abordons ce soir l'antépénultième soirée
du festival
Si les mines sont toujours aussi réjouies,
les traits sont tirés et on décèle chez certains
un manque évident de sommeil. La bonne humeur reste pourtant
de mise et c'est toujours avec autant de plaisir que nous retrouvons
chaque soir les bénévoles, véritable âme
d'une manifestation au long cours qui, sans eux, ne pourrait pas
se dérouler de façon correcte.
Avant de gagner l'Espace Corot, il nous reste
quelques instants que nous utilisons pour faire un léger
détour par le Foyer des Jeunes Travailleurs de Mantes-la-Jolie
où va se dérouler un événement spécial
puisque Philippe Ménard accueille ce soir son public sur
fond de dîner concert avec au menu un assortiment de douceurs
dans le plus pur style de New Orleans. Montgolfière aux
écrevisses, Louisiana Meat
Les effluves nous ravissent
encore ! Côté musique, l'artiste et son one man band
se lanceront bien évidemment dans leur one man show avec
chant, harmonica, percussions, guitare
Transfuge de Tequila
dont il était le frontman, Philippe Ménard reprend
à son compte la tradition du blues et l'adapte à
sa manière. Bricoleur de génie, il remodèle
ses instruments pour mieux pouvoir s'en accaparer et devenir un
véritable homme orchestre des temps modernes. Outre son
propre répertoire, il revisite la musique des pionniers
qu'ont été Joe Hil Louis ou Juke Boy Bonner mais
également celle plus récente des Stones, Gallagher
ou Hendrix
Place au Chicago Blues Festival qui est conduit
ce soir par le Michael Burks Blues Band et qui s'articule autour
de la prestation de l'inénarrable et talentueux Maurice
John Vaughn, saxophoniste, guitariste et chanteur de son état.
Le show peine un peu à démarrer mais les sonorités
astucieuses tirées du saxo puis de la guitare de Vaughn
auront vite fait de réchauffer la salle. La formation,
qui évolue ce soir pour la première fois dans cette
configuration, peine quelque peu à se mettre en place et
les plus attentifs remarqueront quelques erreurs dans le positionnement
mais au final, personne ne se plaindra de la prestation d'un groupe
rejoint par la chanteuse Teeny Tucker sur quelques titres. On
retiendra l'amusant " The Telephone's Running My Life "
sur lequel Vaughn laissera libre cours à quelques facéties
mais globalement, le show restera un peu trop mou en raison de
l'absence de folie qui le caractérise
L'entracte est bien entendu consacré
à la restitution des cours d'harmonica prodigués
par Greg Szlapcynski aux élèves du CM2 de Madame
Arnaud de l'Ecole Justice qui nous offriront leur traditionnel
blues instrumental et le non moins traditionnel " Santiano
" repris en cur par la salle
On découvre enfin Michael Burks et
son Blues Band qui semble tout revigoré à l'arrivée
du maître de cérémonie. Le niveau monte instantanément
d'un cran et l'énergie arrive enfin, propulsée par
la rougeoyante Flying V du guitariste ! Pratiquant l'instrument
depuis l'age de deux ans, Burks le maîtrise admirablement
et ne se prive pas de nous le faire savoir au cours d'un show
qui, s'il peut paraître un peu mégalo, n'en est pas
moins riche et généreux. De Chicago blues en blues
rock ou en blues ballads, Burks nous fait visiter son propre répertoire
et ne laisse que peu de place aux reprises, préférant
nous faire découvrir ses uvres et nous régalant
à la demande de quelques " Snake Eggs " et autres
mets tirés de ses cuisines personnelles. Le public, pour
une fois resté en nombre conséquent, ne s'y trompe
pas et applaudit à tout rompre. Après un détour
en solo dans la salle et une démonstration d'orgue Burks
invitera Maurice John Vaughn et Teeny Tucker à le rejoindre
sur un morceau avant de nous quitter. Standing ovation à
l'appui, il reviendra sur scène pour un ultime gros rock
au cours duquel le public commencera, mais un peu tard, à
s'agiter comme il se doit dans ce genre de concerts à grosse
connotation musclée
Une fois le spectacle plié,
tout le monde se retrouvera autour du stand où les artistes
dédicacent leurs albums dans un brouhaha d'où s'échappent
des paroles encourageantes qui font particulièrement plaisir
à entendre.
Philippe Ménard - Hôpital
François Quesnay - Mantes la Jolie - 21 novembre
C'est face au Relais H de l'Hôpital
François Quesnay que se produit Philippe Ménard
en ce milieu d'après-midi. La sono a été
volontairement réduite à sa plus simple expression
pour ne pas déranger les patients et ce sont une vingtaine
de personnes qui observent le troubadour, véritable artisan
du blues, qui évolue sur un matériel lui aussi dépouillé
et restreint à un ensemble grosse caisse, tambourin joué
au pied, guitare électro-acoustique customisée et
harmonica. Démarrée sur quelques blues au ton léger,
la petite heure que durera cet excellent concert confidentiel
prendra rapidement un soupçon d'envol et Ménard
s'essaiera sur le tard à un rock un peu plus remuant. Appelé
à se produire le soir même à Bois d'Arcy,
le bricolo blues nous quittera prématurément en
nous promettant de venir nous rendre visite très rapidement
Un philosophe bordelais contemporain nous réjouira
au passage d'une de ses déclarations ô combien pertinente
! " Si l'on veut se revoir un jour, il faut se résoudre
à se quitter
".
The Duo - Le Colombier - Magnanville - 21 novembre
On retrouve ce soir Pascal Mikaelian et Claude
Langlois, harmoniciste et guitariste de renom qui uvrent
entre autres avec le trio Verbeke, au Colombier pour un concert
intimiste qui ne réunit qu'une soixantaine de personnes
The Duo s'efforce dans la bonne humeur de suivre une chronologie
du blues, interprétant des morceaux des années 30,
40 et 50 puis des débuts du rock'n'roll avec un medley
d'Elvis Presley reprenant les célèbres " Hound
Dog ", " That's Alright Mama " ou " GI Blues
"
Une pointe de zydeco au travers d'un hommage à
Clifton Chenier, quelques covers de Benoît Blue Boy mais
également des compositions personnelles telles que "
Tarantino " viendront émailler de notes bleues une
soirée éminemment sympathique où les deux
complices, pedal steel guitar en avant, s'efforceront de donner
le maximum à une assistance malheureusement clairsemée
En aparté, Pascal Mikaelian et Claude Langlois nous
annonceront que leur nouvel album est en boite et qu'il ne leur
reste plus qu'à trouver un label pour le sortir ! Tiendrait
on le scoop ?
The Duo
Amar Sundy - Hasna El Becharia - Espace
Maurice Béjart - Verneuil sur Seine - 21 novembre
Quand l'année de l'Algérie croise
l'année du blues, cela donne des soirées comme celle-ci
! Le blues du désert est à l'honneur ce soir et
c'est Amar Sundy qui se charge de faire résonner ses premières
mesures dans un Espace Maurice Béjart copieusement rempli.
Issu d'une famille de Touaregs, le guitariste autodidacte recèle
en lui les talents acquis auprès des légendes que
sont B.B. King ou Albert King. Interprétant ses titres
en Arabe, Amar ne manque pas de livrer quelques explications sur
leur signification et nous propose un show ethnique et cuivré
avec de gros morceaux de guitare dedans. Particulièrement
riche, sa musique apporte une ouverture d'esprit et nous permet
de découvrir une autre manière d'appréhender
le blues. Un peu statique, le spectacle prendra une nouvelle dimension
sur le tard avec l'entrée en scène de deux danseuses
qui se lanceront dans une sympathique chorégraphie. Après
" Elle disait ", seul morceau interprété
en langue française, et une sombre histoire de chameau
silencieux sur le sable mais bruyant sur les cailloux, Amar Sundy
nous quittera sur " Sunshine ", un rappel emprunté
à Bill Withers sur lequel une partie du public viendra
enfin se trémousser devant la scène
Après un entracte consacré à
l'exposition autour du blues qui occupe les sous-sols des lieux,
il est temps de rejoindre nos places pour assister à la
prestation d'Hasna El Becharia. Héritière d'une
lignée de musiciens gnawas, c'est une des grandes dames
de la culture du Maghreb qui se présente à nous
ce soir. Des rencontres musicales qu'elle a données à
la Bibliothèque Aragon de Mantes la Jolie, elle a tiré
les bénéfices et quelques femmes sont venues spécialement
en minibus du Val Fourré pour assister au concert en cette
nuit sacrée du destin qui annonce l'approche de la fin
du ramadan et où, selon la tradition, les gens ne dorment
pas et entrent dans des transes particulièrement impressionnantes.
L'émancipation arrivera par le mélange des cultures
et par l'intelligence qu'ont les gens qui le prônent !
en haut : Amar Sundy / en bas : Hasna El
Becharia
Entourée de ses cinq percussionnistes,
Hasna El Becharia entame un spectacle haut en couleurs à
la guitare électro-acoustique, nous entêtant d'une
musique lancinante et répétitive mais particulièrement
chargée en émotions. Elle attrape bientôt
une surprenante Gibson pour nous servir quelques nouveaux morceaux,
dont un qu'elle dédie spécialement à son
premier mari qui l'a laissée tomber
Devant la scène,
une première femme vient nous offrir une danse spontanée.
On attend les youyous mais ils tardent à se faire entendre
! Place ensuite au gumbri, sorte de guitare, ou plutôt de
basse made in le bled au son et à la forme caractéristiques,
dont Hasna est la seule femme au monde à jouer sur scène.
Les sonorités évoluent, quelques jeunes femmes dansent
sur le côté de la salle et les premiers youyous arrivent
enfin
Il est déjà temps de nous séparer
une première fois sur une vibrante incantation reprise
en cur par le public du cru avant que l'égérie
du Cabaret Sauvage ne vienne nous offrir un dernier morceau en
rappel. Si les confortables fauteuils nous invitaient quelque
peu à un sommeil bien mérité après
cette quinzaine passée à arpenter les salles obscures,
le spectacle proposé a réussi à tenir tout
le monde éveillé grâce à sa richesse
et à son intensité. On se quittera sur la déclaration
d'un éminent maître es-multimédia qui affirmait,
le rouge aux joues et les frisettes en berne : " Ma femme
adore, moi ça m'endort " !
Boney Fields / Lucky Peterson - Salle Jacques Brel - Mantes
la Ville - 22 novembre
Toutes les bonnes choses ont une fin et il
faut se résoudre à quitter Blues-sur-Seine qui,
pour l'occasion, lance un dernier baroud d'honneur et nous comble
de bonheur avec une Salle Jacques Brel pleine comme un uf
et dans une configuration où les sièges n'ont pas
leur place
L'ambiance promet d'être chaude ! Jean
Guillermo intronise cet ultime concert en prenant soin de saluer
et de remercier les bénévoles du Festival Bay Car
venus spécialement de Grande Synthe, en banlieue de Dunkerque,
pour épauler leurs amis Mantais. Greg Szlapcynski et Anouch
Adjarian nous offrent une dernière fois les restitutions
de leurs disciples, en guise d'apéritif, avec un étonnant
jeune soliste sur " Missié Banjo ", la chanson
en langue Créole interprétée par le Merisiers
Blues Band. La salle se lâche, applaudit
Les enfants
peuvent être fiers de leur prestation !
en haut : Boney Fields / en bas : Lucky Peterson
Il est déjà tard quand Boney
Fields et The Bone's Project investissent la scène pour
nous présenter leur show aux grosses connotations funky.
Entre soul et jazz, Boney et ses Bone's n'ont de leçon
à recevoir de personne et c'est un concert carré
qui se déroule sous nos yeux ébahis. Formé
à l'école des Luther Allisson, Albert Collins, Buddy
Guy ou Lucky Peterson, le génial trompettiste dont l'instrument
accentue et magnifie les traits négroïdes, faisant
encore mieux ressortir le bibi de paille posé sur des dreadlocks,
brille dans un registre qui revisite allègrement le rhythm'n'blues
et la tradition du Chicago blues sur un rythme soutenu qui laisse
toutefois un peu de place aux facéties et autres effets
de scène du charismatique Boney. Le public ne s'y trompe
pas et se lance dans les refrains. " Come Together ",
" Boogie All Night Long "
Autant de phrases facilement
mémorisables qui permettent de prendre part à la
fête et de remercier le groupe comme il se doit ! Débordant
quelque peu sur le timing, mais qui s'en plaindra, les Franco-Américains
nous auront régalés de soixante quinze minutes,
rappel inclus, d'un concert vif et coloré. Il y a fort
à parier que l'on se souviendra d'eux !
L'heure tourne et le black band de Lucky Peterson
arrive enfin sur scène pour nous présenter un premier
morceau avant que le prodige de Buffalo ne le rejoigne pour nous
proposer à son tour quelques morceaux aux accents funky.
Le blues arrive au bout d'une vingtaine de minutes, suivi de quelques
ballades et autres rocks plus énergiques
En véritable
showman à l'américaine, Lucky Peterson nous époustoufle
tant il gère parfaitement ses trois claviers, orgue Hammond
en tête bien entendu mais également Fender Rhodes
73 Mark 2 et Rolland XV88 à l'appui. Brillant guitariste,
il quitte ses ivoires et se lance dans des envolées magistrales,
s'installant un instant sur le bord de la scène, chantant
sans micro et perdant même son jack au cours d'une manifestation
de joie
Amoureux transi de sa Les Paul, Lucky lui fait
de véritables déclarations d'amour, " Oh Baby
I Love You
", avant que Ravi Coltrane ne vienne prendre
part au show, apportant un second saxophone à un édifice
Peterson déjà imposant. Encore quelques prouesses
individuelles et une relance très rock puis il est temps
de prendre congé d'un public qui semble vraiment impressionné
par le jeu de l'ensemble de la formation. En guise de rappel,
il nous sera proposé un gros quart d'heure d'une jam session
sur laquelle se rejoindront tour à tour Boney Fields, Ravi
Coltrane ou Philippe Ménard mais aussi quelques pointures
locales telles que Sébastien Debloos au saxophone et André
Hervé à l'orgue Hammond
Private party de clôture sur la péniche
"Le Boucanier" ...
Blues-sur-Seine s'achève sur quelques
derniers mots de Jean Guillermo, sur l'hymne festivalier de Mighty
Mo' Rodgers que la sono diffuse en boucle et sur la traditionnelle
haie d'honneur faite par les bénévoles qui remercient
le public à sa sortie
Il est temps pour certains
de regagner leurs pénates, pour d'autres d'aller à
l'after intime que leur propose le CAC Georges Brassens en attendant
la soirée d'adieux des bénévoles prévue
pour demain sur une péniche de Poissy. La nuit profonde
et sans étoile ne prête pas à la rêverie.
Cette cinquième édition brille pourtant déjà
au firmament des grands évènements internationaux
La seule lueur perceptible sera celle d'un couple d'anges
bleus qui me saluera d'un bref geste mécanique et m'invitera
à lui montrer mes papiers. Apercevant le pass qui se balance
à mon cou, l'aîné se contentera d'un sourire
et d'un aimable " Allez-y, bonne soirée, et soyez
prudent
". La radio crachouille une infâme purée
prétendue musicale mais d'autres notes sont bien ancrées
dans ma tête. " Blues sur Seine, Blues sur Seine, I
can hear you call my name, so I came, to take my claim, at Blues
sur Seine
". Mighty Mo' Rodgers l'avait si bien chanté
Un immense merci à tous, bénévoles, permanents,
organisateurs, photographes, journalistes, musiciens, techniciens
et autres gens admirables rencontrés tout au long de ces
deux semaines inoubliables !
Fred
Delforge pour
Zicazic.com - Novembre 2003
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