mercredi, 01 octobre 2003
FESTIVAL MOSAÏK 2
LES MUREAUX (PARC DE SAUTOUR)
17, 18 & 19 OCTOBRE 2003
http://www.musique.lycos.fr/mosaikauxmureaux/
Un an après la première mouture
d'un festival aussi ambitieux qu'éclectique, Mosaïk
remet le couvert avec une programmation tout aussi variée
que l'an passé mais cette fois plus audacieuse. Au programme
de cette deuxième édition, des groupes venus d'horizons
variés regroupés par couleur sur trois soirées
à thème riches en émotions. Résumé
de ce long week-end automnal
Vendredi 17 octobre 2003
C'est
dans une ambiance un peu étrange que s'ouvrent les portes
de ce festival. Les premières notes sont sensées
sonner à 19 heures 30 et les barrières sont toujours
closes
Plus inquiétant, il n'y a pas foule derrière
et ce sont à peine 500 personnes qui attendent le feu vert
pour rejoindre l'igloo où la soirée s'annonce bigarrée
puisque les quatre artistes qui s'y succèdent ne sont autres
que Fenoamby, Idir, Rachid Taha et Salif Keïta
Coté
Cosec, on accueille Adamo et le public a répondu présent
en quantité plus conséquente.
Sur les coups de 20 heures, Fenoamby prend
place devant un public épars
Sans le moindre complexe,
Marius, leur chanteur, s'installe derrière un pseudo djembé
fabriqué sur les restes d'un tonneau et entame la soirée
sur des rythmes puisés dans la culture malgache et plus
généralement de l'Océan Indien. Malgré
une équipe particulièrement statique, Fenoamby parviendra
à dérider l'assistance qui se prête peu à
peu au jeu et parviendra à atteindre son summum quand ledit
Marius, un bras plâtré, arborera un gigantesque phallus
à cordes et en sortira des notes cristallines sur un titre
nommé à juste titre " Donne-moi de l'eau "
Un couplet social plus tard, Fenoamby nous quittera sur
un rock zoulou à la Johnny Clegg et après une cinquantaine
de minutes d'un excellent spectacle, sans oublier de rappeler
son attachement à la ville des Mureaux puisque Marius a
vécu dans un de ses quartiers
C'est le moment de faire un détour
par le Cosec pour y prendre la température d'un spectacle
qui a fait recette puisque Adamo se produit devant une salle bien
garnie qui reprend en cur ses hymnes éternels. Très
proche de son public et servi par un son et des lights efficaces,
le chanteur aux nombreux succès est en pleine action et
nous délivre un vibrant " Tombe la neige " qui
nous rappelle que nous connaissons tous ne serait ce qu'une de
ses chansons
Il est temps de regagner l'igloo où
le spectacle ne va pas tarder à reprendre.
Après un entracte de vingt minutes,
c'est Idir qui entre en scène et entame un récital
haut en couleurs et en technique où se côtoient flûtes
irlandaises, guitares et instruments venus de Kabylie. La salle
s'est quelque peu garnie et, même si on ne peut pas parler
de foule concentrée, c'est au moins devant un parterre
convenable que le chanteur uvre. En amoureux transi de son
pays, l'Algérien au grand cur et à la langue
bien pendue se lance dans de longues transitions où la
politique rejoint la passion et où la tolérance
est le maître mot. Prônant l'égalité
entre hommes et femmes mais aussi entre les peuples, Idir revisite
ses classiques et en invoque à la Mère, source de
toute vie et femme absolue, avant de rendre un vibrant hommage
à son ami Matoub Lounes, lâchement assassiné
en juin 1999. Un détour par un arabisant " San Francisco
" revu et corrigé à la sauce " Tizi Ouzou
" puis par quelques morceaux plus vifs qui redonnent du corps
à la sauce et Idir nous quitte après une grosse
heure de concert.
Il faudra encore patienter trente minutes
avant de voir débarquer Rachid Taha, véritable attraction
de cette première soirée et artiste le plus rock
dans l'âme de cette riche programmation. Derrière
un guitariste exceptionnel, quoiqu'un peu poseur, Taha se lance
dans des transes endiablées qui pèchent un peu par
un son brouillon mais sont particulièrement bien accueillies
par un public qui n'attendait que lui. Une grosse heure suffira
à Rachid Taha et consorts pour asseoir une soirée
qui ne se remettra que difficilement des frasques de l'ethno rock
singer. Avant de venir nous saluer et après avoir rechaussé
son éternel bonnet, Taha rappellera qu'il faut jouer le
jeu des festivals et qu'il serait indécent de donner quelques
morceaux supplémentaires en pâture au détriment
de Salif Keïta qui attend son heure
Belle attitude
!
La soirée tire en longueur et il faut
patienter quarante longues minutes avant que Salif Keïta
ne vienne prendre place sur l'immense scène qu'il occupe
au plus juste. Il est minuit trente et la salle se vide à
un rythme soutenu. Dommage car le show du Malien est aussi intéressant
sur le plan visuel que sur le plan auditif. Pas moins de douze
personnes sont en scène, avec deux superbes choristes,
mais également avec une grosse ligne de percussionnistes
qui apporte un son du plus bel effet. C'est à une découverte
bluesy des sonorités africaines qu'il faut s'attendre ce
soir et Salif Keïta ne se prive pas de donner le meilleur
de lui-même pour combler le peu d'admirateurs restés
jusqu'au bout pour le soutenir et s'enivrer de son art de jouer.
Si d'aucuns s'ennuient un peu, force est de constater que Salif
est un grand nom de la musique africaine et qu'il est difficilement
envisageable de se passer de lui quand on aborde le sujet
Il est tard et les deux jours qui s'annoncent ne vont pas manquer
d'intérêt. Place au repos avant de revenir en pleine
forme sur la soirée rock qui s'annonce particulièrement
furieuse !
Samedi 18 octobre 2003
Grosse frayeur en arrivant aux abords de l'igloo
puisque la foule n'est guère plus impressionnante que la
veille. Le temps de valider le pass du jour et de saluer nos hôtes
et il est déjà l'heure d'aller sous l'igloo où
Watcha achève sa balance avant que nous ne puissions poser
quelques questions à Bob
Dans la foulée,
nous rencontrons Pierrot de La Ruda Salska qui répond gentiment
à toutes nos questions et nous offre même un petit
scoop avant de nous inviter à boire l'apéritif avec
le groupe au grand complet. Nous quittons les Ligériens
aux premières notes que Watcha envoie pour aller assister
au début des hostilités
Pierrot, intéressé,
nous suit pour ne pas manquer ça !
Pour connaître les hautes qualités
techniques de l'ingé son de Watcha et les prouesses dont
il est capable, on se désole d'avance en devinant que la
sono sera la mauvaise surprise de la soirée
En effet,
les Parisiens investissent la scène avec un son brouillon
qui laisse augurer des moments cataclysmiques pour la suite !
Pourtant, Watcha se donne à fond et assure un set énergique
et pointilleux qui fait la part belle à " Mutant ",
son dernier opus, mais n'oublie pas d'aller piocher dans ses premières
compositions pour contenter un public de fidèles qui est
acquis à la cause du groupe dès les premiers accords.
La salle s'est quelque peu garnie et ce sont environ 2000 personnes
qui composent le parterre puisque les gradins sont fermés
ce soir. Dans un pogo quasi-général, Bob met fin
à quelques 45 minutes d'un concert qui a parfaitement réussi
son travail de mise en bouche.
Enhancer est en terrain conquis et c'est sans
aucun problème que le groupe va assurer le coup avec un
set construit autour de ses trois chanteurs et d'un subtil mélange
de métal, de hardcore et de hip-hop ! Arrivé sur
scène avec des lampes de poche, le combo a très
vite allumé le feu grâce à un show électrique
et sans temps morts. La salle est désormais bien chargée
et le public, excellent et particulièrement chaleureux,
s'en donne à cur joie au point que plus de la moitié
de la salle est dans un pogo continuel ! Une vanne à l'encontre
de la Star Ac', un " Cinglé " dédicacé
à Watcha, un plongeon dans le public du haut de la moitié
de la structure et Enhancer nous quitte sur un judicieux "
J'ai pas sommeil " après les trois quarts d'heure
dévolus à leur set.
On se plaignait hier des longueurs des changements
de scène, nous atteignons aujourd'hui des sommets au point
que l'on en regrette l'absence de scènes jumelles qui permettraient
des enchaînements plus corrects en matière de temps.
En attendant, la buvette affiche complet et les vivres viennent
à manquer
Un comble puisqu'il n'est que 21 heures
20 et que la soirée est loin d'être bouclée
! Retour sous l'igloo pour aller voir les Silmarils qui sont affublés
d'un son horrible et particulièrement fort. La réaction
du public aux investigations des trois chanteurs est pourtant
bonne, même si elle n'a rien de comparable à l'accueil
réservé à Enhancer. Silmarils puise dans
son récent opus, " 4 Life ", mais n'oublie pas
les classiques à l'image d'un " Fils d'Abraham "
fédérateur, et assure relativement bien le coup.
Après trente minutes de concert, le groupe bidonne un rappel
et nous en colle vingt de plus ponctuées par un énorme
" Guérilla " avant de finir dans un registre
métal old school fort bien pensé.
Si les hardos pur jus commencent à
déserter les lieux, La Ruda Salska conservera une grosse
assistance pour un concert qui sera marqué par un son atroce,
véritable bouillie où l'on ne distingue ni les cuivres,
ni la voix de Pierrot ! La Ruda se défonce, balance son
punk rock alternatif teinté de ska et se donne à
300% mais n'arrive que difficilement à se faire comprendre
puisque les titres sont à peine identifiables. On est loin
de la superbe prestation de Furia en juin dernier, même
si le groupe est ce soir aussi bon. Le public ne s'y trompe pas
mais, par respect, participe quand même de bon cur
aux classiques, rappelle le groupe et porte son show à
une durée qui dépasse largement l'heure. Comme à
chaque fois, " Trianon " rassemblera tout le monde dans
une folie communicative et marquera un des temps forts de ce concert
qui ne restera pas dans les anales du groupe
Dommage car
La Ruda a joué le jeu ce soir !
Minuit a sonné, l'igloo n'a jamais
aussi bien porté son nom et, compte tenu des températures
difficilement supportables et des quarante minutes qu'il va falloir
encore attendre, le public commence sérieusement à
regagner ses foyers. Il n'a pas conscience de ce qu'il va rater
! La patience paie toujours et ce sont des Wampas olympiques qui
vont se produire ce soir pour le plus grand bonheur des fans qui
ont répondu présent. Didier a sorti la crête
des grands soirs et arbore une inénarrable veste jaune
poussin pour nous offrir un début de set classique où
l'on retrouve " For the rock " en amuse gueule et un
panaché de tous les albums en plat de résistance.
Le reste ne sera que gros délires, pogos furieux et autres
slams plus fous les uns que les autres, l'apogée étant,
au choix, cette incursion dans la fosse par un Didier porté
en triomphe tel un tribun par ses fans sur une table de jardin,
le strip-tease improvisé, les embrassades dans le public,
la plante verte monumentale qui sert de cache sexe à la
fin du set ou bien d'autres facéties encore
Les
Wampas sont magistraux ce soir et la sécurité a
quelques sueurs quand ils invitent toutes les femmes à
les rejoindre sur scène pour " Petite Fille "
mais aussi lors des continuelles incursions du maître de
cérémonie dans la fosse. En un peu plus d'une heure,
Didier Wampas et les siens auront joué plus de vingt titres
à un rythme effréné, dont les incontournables
" Bottes Rouges ", " Puta " ou " Manu
Chao " mais aussi quelques amusantes surprises telles que
" Ti Amo " et " Où sont les femmes ? "
Les derniers sceptiques sont tombés sur le cul.
" Oui, Didier Wampas est le roi, et non, il n'a pas peur
des skinheads grecs ! ". Il avait pourtant prévenu
Il est deux heures du matin, il a gelé
fort et il faut affronter le froid
Un bref salut à
une sécurité parfaite et nous regagnons l'autoroute
entre les cars de CRS venus encadrer la sortie qui se déroulera
dans un parfait esprit. Ce soir, Cherif Mbaw et Souad Massi se
produisaient au Cosec et à vrai dire, on avait complètement
oublié leur présence
L'enquête menée
auprès des amis présents nous confirmera que nous
avons manqué un des grands moments du festival. Milles
excuses !
Dimanche 19 octobre 2003
Après une courte nuit et quelques heures
passées à mettre toutes les informations à
plat, il est temps de rejoindre Les Mureaux
Au programme
du jour, un petit détour par le Cosec pour jeter un il
à la seconde vague, les valeurs montantes régionales,
puis direction le tour bus de Renaud où, après avoir
salué le chanteur et ses musiciens, nous procédons
à l'interview de Jean-Pierre Buccolo. Retour sur le site
du Festival, le public commence à arriver, calmement, et
nous prenons place dans l'igloo pour assister à la prestation
de Jack The Ripper. Derrière Arnaud, chanteur charismatique,
se presse un groupe qui rappelle tour à tour les Doors
ou Nick Cave. Le public, attentif, apprécie semble t'il
la découverte d'un rock entre psyché et jazzy et
se prête calmement au jeu des applaudissements à
la fin de chaque morceau
A l'heure dite, Jack The Ripper
libère la scène et les techniciens oeuvrent à
l'installation des instruments de Renaud.
Un Renaud qui nous livrera ce soir un de ses
concerts type, très peu différent de ceux du Zénith
et du reste de la tournée marathon. Ni plus, ni moins !
La salle est bien garnie. On attaque avec " Docteur Renaud
", la voix déraille, a du mal à se caler
On poursuit à l'arrachée en réglant
un peu la sono qui s'améliore de morceau en morceau, tout
comme la voix de l'homme aux tiags
Question son, le rendu
est étrange. La voix est uniquement diffusée sur
la gauche, le piano sur la droite
Difficile d'y trouver
une explication. Renaud excelle dans ses interventions, lasse
quand même un peu parfois et ponctue ses morceaux de bons
mots dans lesquels on retrouve les traditionnelles vannes à
l'encontre des Jean-Pierre, de la Star Ac', de Johnny
Derrière
lui, les musiciens sont détendus. Buccolo mâche son
chewing-gum avec force, joue magistralement et conduit l'orchestre
de main de maître. Renaud envoie ses classiques, "
Déserteur ", " Laisse Béton ", "
Marche à l'Ombre ", " Miss Maggie ", et
épluche les petits nouveaux, " Manhattan Kaboul "
en duo avec le public, " Cur Perdu ", " Baltique
"
Au final, il nous servira deux heures d'un concert
impeccable, sans grosse surprise, mais sincère et somme
toute fort honorable.
La salle se vide à peine que les techniciens
se mettent à démonter le décor à une
vitesse impressionnante
Il est temps de passer au Cosec
jeter un il à La Rumeur et à ses invités
qui ne sont autres que DJ Crazy B, DJ Pone, DJ Little Mike, DJ
Need ainsi que Daddy Mory, Sheryo et Casey
La jeunesse
locale a répondu présent et tout le monde semble
être content de sa soirée ! Une belle initiative.
Au moment de tirer des conclusions, on notera
une organisation pointilleuse, voire tatillonne par moments, un
service de presse efficace et compétant, une sécurité
au top et un son particulièrement médiocre sous
l'igloo. Les Mureaux confirment avec cette deuxième édition
de Mosaïk que la ville est capable de faire parler d'elle
en bien. C'était le but avoué et il est atteint
! Un dernier mot pour remercier les artisans de cette soirée,
ceux qui nous ont réservé un accueil chaleureux
et courtois, Philippe Blondel en tête bien entendu, mais
également Lily et Hélène, Nico d'Opus 64
et tous les autres sont le nom nous échappe. Bravo Mosaïk,
merci et à l'année prochaine !
Fred
Delforge pour Zicazic.com - Octobre 2003
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