mercredi, 01 octobre 2003
TIBET LIBRE
Compte rendu de "non Concert"
;-)
Paris - Le Zénith
14 octobre 2003
http://www.solidaritetibet.org
En
pleine semaine du goût, c'est l'Association Solidarité
Tibet qui déguste ! Organiser un concert de charité
n'est pas chose facile quand on ne s'appelle pas Jean-Jacques
Goldman et pourtant, il faut reconnaître que l'affiche justifiait
bien les 6.000 visiteurs escomptés. Jugez en par vous-même,
rien de moins que Yannick Noah, Nina Hagen, Tryo, Blankass, Matmatah,
Les Moines de Gyuto, Hubert-Félix Thiéfaine, Sergent
Garcia, Les Wampas, Silmarils, Mister Gang et Hightone. De quoi
émouvoir la groupie qui sommeille en nous et nous faire
débourser les 20 Euros pour le sésame qui ouvrait
les portes du Zénith parisien en ce mardi d'automne
Pour situer un peu les choses, il est bon
de préciser que le Tibet n'est ni une mode, ni une sorte
de Pop Star Académy qu'il ferait bon soutenir, ni une cause
très " tendance ", mais bel et bien un pays qui
souffre depuis une cinquantaine d'années. Multiples souffrancespuisqu'il
sert de poubelle à la Chine qui y entrepose ses déchets
nucléaires mais aussi et surtout parce que son peuple et
sa culture sont victimes d'une extermination, d'une euthanasie
puisque le mot est au fait de l'actualité, menée
en règle par les autorités chinoises qui ont sur
les mains le sang des 1.200.000 personnes plus ou moins sauvagement
assassinées. Il en a résulté un exode massif
des populations vers le reste du sous-continent indien mais aussi
la mise en place d'une autorité tibétaine en exil
représentée par le Dalaï Lama, apôtre
de la non-violence et Prix Nobel de la Paix, qui nous fait l'honneur
d'être en France ces jours-ci. L'accueil officiel est des
plus dérisoires. L'Elysée, fidèle à
ses traditions, lui tourne le dos, le Sénat cède
aux pressions et annule l'entretien initialement prévu
Les tenues vestimentaires minimalistes seraient elle un
domaine réservé au Fort de Brégançon
? Seul le Président de l'Assemblée Nationale acceptera
de rencontrer Sa Sainteté au cours d'une entrevue programmée
le mercredi 15 octobre 2003. On espère encore
A la veille du concert, la situation n'est
guère réjouissante. Un millier de places vendues
et très peu de promotion faite par les médias. Solidarité
Tibet fait le forcing et interrompt, avec son accord, la conférence
de presse du Dalaï Lama pour annoncer l'événement.
Christophe Lambert se voit lui aussi interrompu et se prête
gentiment au jeu
Jack Lang fait une intervention, PPDA
daigne enfin dévoiler la manifestation au journal de 20
heures. Trop tard, une vingtaine de billets supplémentaires
trouvera preneur mais le Zénith ne sera pas sauvé
pour autant. Trois semaines d'un travail qui n'a rien de fictif
pour une quarantaine de personnes seront réduites à
néant. La mort dans l'âme, Solidarité Tibet
annule le concert.
Mardi 14 octobre, 18 heures, les rares personnes
présentes à la conférence de presse sont
dépitées. Il y a là quelques journalistes
mainstream, Joël Giraud, député de l'opposition
et Vice-Président du groupe d'étude sur le problème
du Tibet à l'Assemblée Nationale, Véronique
Jeannot, Jean-Michel Djian, les membres de l'Association et les
représentants de Matmatah. Un maigre parterre qui, après
avoir réagi sur cette triste affaire, s'en ira garnir quelques
sièges d'un Zénith pathétique pour une photo
souvenir aux relents de " Tibet Vide ". Les artistes
ont majoritairement repris la route mais Nina Hagen veut jouer
coûte que coûte et c'est le Cabaret Sauvage, établissement
voisin, qui va accueillir les miasmes de la grand-messe annoncée.
Le public, prévenu et remboursé, fera en partie
l'effort de se déplacer et ce sont environ 400 personnes
qui se retrouveront dans cette superbe salle pour assister à
un concert très rock'n'roll dans l'âme et improvisé
à l'arrachée
Le maitre Gogol Premier en plein action
!
Un concert, oui, mais il va falloir en donner
au public pour son argent et compte tenu du départ des
artistes, la tâche n'est pas aisée
Appelé
à la rescousse, c'est l'ami Gogol qui se chargera d'ouvrir
le bal peu après 22 heures 30. En une petite demi-heure,
il nous retournera avec son punk rock chaud et furieux et dépoussièrera
les standards de La Horde. Viendra ensuite Christador, combo au
chanteur androgyne qui nous offrira une vingtaine de minutes d'une
musique planante à souhait ponctuée d'une reprise
du " Let's Dance " de Bowie
Dans la salle, quelques
sifflets fusent. Dommage car la tolérance était
jusqu'alors d'actualité !
C'est au tour de Nina Hagen de venir pousser
la chansonnette pour trente minutes et c'est en solo que la dame
se produit. Une guitare à la main ou accompagnée
par des bandes, Nina est un délice pour l'il et pour
l'oreille. Sa grosse voix chaude mélange blues, rock, jazz
et boogie pour le plus grand bonheur d'un public médusé
qui n'en attendait pas moins. A la fin de chaque titre, Nina lance
un vivant " long live to Dalaï Lama " repris en
cur par la foule
Elle terminera son set par les intenses
" Over the rainbow " et " Fever " qui apporteront
à la fraulein son lot d'applaudissements
Place à Matmatah qui a quelques soucis
de balance et qui tarde un peu à démarrer. Après
un bref speech de Stan, les quatre zef se lancent dans "
Toujours un coin qui me rappelle ", fort bien accueilli malgré
un son brouillon. L'envie de jouer est bien présente et
c'est là le principal. En sept titres, Matmatah nous offrira
son excellent " Sushi bar " et sa non moins talentueuse
" Petite mort " mais aussi un énorme " I
wanna be your dog " et un final apocalyptique avec "
Twist and shout ". Les fans demandent " L'apologie "
mais en vain
Le cur n'y était pas, la cause
non plus d'ailleurs. Ce soir, c'était " Tibet Libre
", pas " Pétard Libre " ! Nina Hagen reviendra
un instant faire un titre en solo pour saluer un public particulièrement
prévenant et pliera définitivement la soirée
Le Cabaret Sauvage se vide calmement. Dans les loges, l'ambiance
est feutrée. On se salue, on se donne rendez-vous la prochaine
fois, si tant est qu'il y ait une prochaine fois
Dans cette scabreuse affaire, la production
y est de sa poche pour un montant qui s'élève à
au moins 20.000 Euros
Diantre ! Mais en fait, qu'est ce
que 20.000 Euros ? Environ un mois de nourriture à la Mairie
de Paris il y a une dizaine d'années
Il conviendrait
peut-être que nos dirigeants se dédouanent de leur
attitude inqualifiable concernant l'accueil réservé
au Dalaï Lama lors de cette visite dans l'hexagone et envisagent
de mettre la main à la poche pour sauver, ne serait ce
que financièrement, une Association au grand cur
qui a tout mis en uvre pour que cet événement
dépasse le champ limité accordé par un état
qui porte des illères quand il est question du géant
chinois
En attendant, j'ai ce matin un peu honte d'être
Français. Ca me rappelle un certain 21 avril
Si
quelqu'un pouvait me donner la marche à suivre pour demander
l'asile politique au Népal, ce serait fort bienvenu !
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Fred
Delforge pour Zicazic.com - Octobre 2003
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