Ecrit par Fred Delforge |
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jeudi, 12 décembre 2019
Crossing
(Appaloosa Records
– 2019)
Durée
46’46 – 10 Titres
https://www.francescopiu.com
Fort d’une belle réputation sur la
scène européenne mais aussi
nord-américaine, Francesco Piu est un chanteur et guitariste
transalpin qui a su se créer une fanbase avec ses
prestations toujours très enjouées et avec pas
moins de sept albums, dont trois enregistrés en public.
Rompu à l’exercice des clubs et des festivals, un
terrain de jeu qu’il a partagé avec Johnny Winter,
Robert Cray, Charlie Musselwhite ou encore The Fabulous Thunderbirds et
John Mayall, le bluesman revient cette année avec un nouvel
album un peu particulier puisque « Crossing » est
né d’un rêve durant lequel Francesco Piu
s’est imaginé en tant qu’accompagnateur
de Robert Johnson au beau milieu de la
Méditerranée. C’est finalement en
reprenant une dizaine de morceaux du fameux bluesman de Hazlehurst et
en les agrémentant de percussions africaines mais aussi de
sonorités ancestrales venues de son ile natale que le
guitariste sarde vient nous proposer une musique au moins aussi
originale que séduisante, une rencontre impromptue entre
l’héritage de Robert Johnson qui a
déjà été très
éparpillé par les uns et les autres et de sa
propre culture, elle aussi empreinte de valeurs fortes et
d’un passé chargé d’histoire.
Difficile de décrire à quel point la
découverte de titres comme « Come On In My Kitchen
», « Stop Breaking Down », «
Stones In My Passway », « Crossroad Blues
», « Hellhound On My Trail » et autres
« Love In Vain » revus et corrigés dans
un bain bouillonnant des racines africaines du blues et des influences
méditerranéennes de l’artiste procure
non seulement un effet des plus surprenants mais aussi une sorte de
plaisir résultant du constat que tout n’a pas
encore été fait et dit en ce qui concerne Robert
Johnson. Des calebasses jusqu’aux scratches et aux samples en
passant par des guitares saturées, des harmonicas, un
accordéon et toute une panoplie d’instruments
traditionnels comme le daf, le djembé, la kora ou les
darboukas, c’est toute une panoplie ethnique et en
même temps moderne qui vient nous titiller
l’inconscient et qui finit à chaque fois par nous
convaincre de l’intérêt de telles
expérimentations faites d’une part de culture et
d’une autre d’ouverture. Un album d’une
telle audace qu’il en devient absolument indispensable !
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