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POPA CHUBBY pdf print E-mail
Ecrit par Frenchy  
vendredi, 29 novembre 2019
 

POPA CHUBBY

https://www.popachubby.com

The beast is back ! 60 ans le 31 mars prochain, 30 ans de carrière, nouvelle signature, nouvel album … Nous avions toutes les raisons de rencontrer Ted Horowitz, alias Popa Chubby, l’imposant bluesman de New-York City !

Salut Popa ! Tu peux te retourner, le temps que je vole ta Strat légendaire (NdR : Une guitare Fender de 1966. Popa ne joue QUE sur elle, depuis ses débuts. Elle est évidemment à côté du fauteuil sur lequel il trône) ?
Fais ça et je te tuerai, et j’y prendrai beaucoup de plaisir ! (Rires)

J’aimerais d’abord que tu nous parles de ce retour sur le label Dixiefrog, car c’est une grande nouvelle !
Philippe (NdR : Langlois, patron de ce label de Blues légendaire ET français) m’a appelé pour m’annoncer sa retraite mais aussi pour me dire que le label était repris par deux de mes amis, dont un que je connaissais très bien lorsqu’il bossait chez Gibson. J’ai aimé ce qu’ils me proposaient et je suis très heureux d’être de retour sur Dixiefrog

Trente ans de carrière derrière toi. Comment vois-tu ça, toi ?
Comme un voyage extraordinaire. Ça a été difficile aussi, rien ne t‘est donné dans la vie. Tu sais, Mohamed Ali a dit une fois qu’il détestait chaque minute de ses entrainements mais qu’il aimait être un champion ! (Rires) Ce que je retiens aussi de ma carrière, c’est que j’ai rencontré un nombre incroyable de gens étonnants, des gens comme Philippe Langlois par exemple, qui m’a vraiment aidé à être connu en Europe

Tu as produit une quarantaine d’albums en trente ans de carrière. Tu ne penses jamais que peut-être c’était un peu trop ?
Je ne sais pas si c’est bien ou mal. Je suis toujours là, les gens viennent à mes concerts, ils continuent d’aimer ma musique. Je me pose pas trop ce genre de questions …

Comment expliques-tu cette grande créativité ?
Ça m’évite de devenir dingue et de retourner dans « la maison des fous » …

Tu es plutôt du genre autodestructeur ?
Ça m’arrive, oui. Mais je m’arrange pour ne pas avoir le temps, et d’être occupé tout le temps

As-tu le choix par ailleurs, étant américain ?
Tu as raison, on n’a pas les mêmes services sociaux que vous avez ici et en étant musicien tu n’as droit à rien. Tu ne peux donc jamais arrêter de travailler

Comment ça se passe pour toi aux Etats-Unis ? Tu y tournes beaucoup ?
Oh oui, cet été par exemple j’ai fait une tournée qui allait d’une côte à l’autre, de New-York jusqu’à la Californie aller-retour !

Où trouves-tu l’inspiration pour faire tous ces albums ?
N’importe où ! Il n’y a pas d’excuse pour ne pas être inspiré. Chaque moment de la vie peut t’inspirer, chaque discussion, chaque pensée, chaque respiration… C’est aussi ce que Pete Townshend a dit un jour tu sais !

Tu prends ta guitare et ça vient ?
Parfois c’est avec la guitare, parfois en jouant de la batterie ou de la basse, parfois après avoir écrit une phrase ou une mélodie, parfois c’est juste un truc que quelqu’un a dit et que j’ai piqué (Rires)

C’est ce que disait Keith Richards !
Il avait raison, ça traîne dans l’air et il suffit de l’attraper au vol (Rires)

T’es aussi réputé pour ton sens de l’humour Popa
Ah oui, si t’as pas ça dans la vie, t’es mort (Rires)

Pas facile, surtout aux Etats-Unis en ce moment.
Au contraire ! La meilleure qualité de Trump, c’est qu’il nous fait beaucoup rire. Et si on arrive à le virer il y aura un autre connard, et ce sera Mike Pence, le vice-président, et lui il croit vraiment à ces conneries de ”Born Again Christian”, ce discours sur les femmes… Ce retour de la religion est vraiment terrifiant. Me lance pas sur la politique, s’il-te-plait ! (Rires)

T’écoutes quoi comme musique, quand tu as du temps ?
Là je me suis vraiment remis à écouter du rhythm’n’blues, la B.O. de Shaft par exemple ! J’écoute beaucoup de jazz aussi, Miles Davis, du bebop, beaucoup de funk aussi, les Meters par exemple, j’écoutais leur album « Rejuvenation » aujourd’hui, putain d’album !

Des trucs plus modernes aussi ? Du rap peut-être ?
J’adore le rap, mais pas trop celui de maintenant, plutôt les trucs old school comme le gangsta rap de la Côte Ouest, j’aime beaucoup Snoop Dog

Parlons donc de ce nouvel album, « It’s a Mighty Hard Road ». Quinze chansons, tu es encore très généreux !
J’aime en donner aux gens pour leur argent. Si t’achètes un album qui dure 30 minutes, tu vas te sentir floué …

La pochette est magnifique !
Oui, c’est un artiste de Montpellier, Ben Hijo, qui l’a faite. Ce mec est génial.

Tu as enregistré comme d’habitude, dans ton studio ?
Il y a eu trois étapes différentes. La première c’était moi tout seul expérimentant, et sur quelques morceaux j’ai fait tous les instruments, batterie, basse et guitare, des chansons comme « More Time Making Love », « Enough Is Enough », « The Best Is Yet To Come », « If You’re Looking For Trouble » ou « Let Love Free The Day », toutes celles-là … « Kiss » et « I’d Rather Be Blind » c’est moi et juste le clavier. Pour les autres chansons, la moitié a été enregistrée dans le studio d’un ami avec un super groupe, Steve Holley à la batterie, un type qui a joué avec Paul McCartney dans les Wings, le bassiste Brett Bass qui a joué avec Gregg Allman, et Dave Keyes le clavier. Et pour le reste, des morceaux comme « Gordito » ou « I’m The Beast From The East », j’ai enregistré avec mon tout premier batteur, un mec qui joue le shuffle mieux que personne !

T’as vraiment essayé des nouveaux trucs effectivement sur cet album. Ta manière de chanter sur « Let Love Free The Day » ou « Best Is Yet To Come » par exemple est étonnante. Comme si la « bête » se transformait presque en crooner (Rires)
Non, c’est juste que la « bête » peut aussi être amicale (Rires)

Et ce parfum de musique Sud-Américaine sur « Gordito » !!
Définitivement, mais c’est ce que le morceau réclamait.

C’est un instrumental et on sent même une influence de Carlos Santana à la guitare !
Absolument. Santana est un type qui m’a beaucoup influencé

« Enough Is Enough » sonne même reggae !
Le reggae est un groove vachement intéressant. J’adore le reggae des débuts, dans les années 60, King Chubby, Augustus Pablo, Mad Professor, Sly et Robbie, j’adore tous ces mecs !

Tu sembles maintenant plus ouvert pour incorporer des choses comme ça dans ta propre musique
Je sais pas, peut-être à cause de l’âge. J’ai changé humainement aussi…

La « bête » est morte ?
Oh, elle est toujours là. Je suis comme ça. A l’intérieur, je suis un animal, un animal dangereux. Là je suis calme, relax, et je ne sens aucun danger. Pas besoin de la « bête »…

Tu dirais que la musique t’a sauvé ?
Elle me sauve chaque minute de chaque jour

Et c’est quoi cette idée de finir l’album sur la reprise de « Kiss » de Prince ?
En fait, je n’avais pas l’intention de la mettre sur le disque et je l’ai fait écouter à des gens et ils m’ont dit qu’elle était très bien et qu’il fallait que je la mette sur l’album. Et je suis un gros fan de Prince. Mais je vais être honnête, j’avais enregistré cette chanson pour ma petite amie, parce qu’elle aussi adore Prince (Rires)

Pour finir, tu la sens, toi, la crise du milieu de la musique ?
Les temps changent. Les gens achètent du digital maintenant, on ne vendra plus jamais des centaines de milliers de copies d’un disque comme avant. Mais je vends beaucoup de disques sur les concerts.

Mais du coup, il faut tourner d’avantage …
J’aime tourner alors ce n’est pas un problème pour moi. Et les gens viennent me voir, il y avait 1100 personnes hier soir à Rennes. On a fait complet sur cette tournée de 4 semaines et demie en Hollande, Belgique, Italie et France. Et les réservations sont très bonnes pour ma prochaine tournée en Allemagne. Pour moi, tout va bien !

On se revoit fin janvier alors, quand tu reviens jouer en France !

Propos recueillis par Frenchy - Photos par Yann Charles